Le Squiz, bar d'automates

[Adamance]

Précédemment : En plein quartier Sud


Je poussai la porte et nous rentrâmes. Le Picaris dû se baisser pour passer la porte, mais le plafond à l'intérieur était si haut qu'il pouvait être à l'aise. Dans la pièce se dressaient de nombreuses petites tables en verres, autour desquelles trônaient des tabourets confortables en suspension. Il y avait un peu de monde, ais rien d'étouffant. Un automate s'approcha de nous et nous dit de sa voix métallique :
"Une table pour deux ?"
Je hochai la tête.

[Ch'ipipipiq Algodón]

Je regardais curieusement tout autour de moi. Comment ces sièges pouvaient-ils se tenir en l'air comme ça ? Et puis ce drôle de personnage qui nous avait proposé une table... Encore un être de métal mais entièrement cette fois. L'endroit était un peu sombre, cela me soulageait un peu, après tout j'avais l'habitude des coins sombres dans ma grande forêt dense. Les quelques personnes présente semblaient plutôt calmes, une légère odeur fruitée chatouillait les narines et l'ensemble de la pièce était esthétiquement très épurée. Un peu trop moderne pour moi mais l'originalité me plaisait beaucoup, je ne connait que depuis peu de temps ce genre d'intérieur design comme ils disent. Un peu ostentatoire quand même mais cela restait suffisamment sobre. Nous allâmes nous assoir a une table en verre tout aussi propre que le reste de la pièce. J'eus peur de casser le siège en m'asseyant mais rien n'y fit, le siège me supportait tout à fait. Je regardait toujours autour de moi, tant de choses nouvelles pour moi se trouvaient ici. Derrière le bar de métal brillant, je vis trois étagères couvertes de bouteilles de toutes les couleurs, de toutes les formes... Et surement des liquides que je ne connait pas. J'aurais pu en essayer mais j'avais entendu parlé d'effet étrange que produisait certains liquide. Dans ma forêt aussi nous avons une quantité de liquides psychoactifs considérable mais ne sachant pas les effets exact et les puissances de ces liquides inconnus je préférait m'abstenir pour le moment. Le bar s'étalait sur toute la longueur du mur qui était réellement grande. Il y avait trois automates qui s'affairaient à servir les clients mais je ne vis pas d'êtres vivants autre que les clients. Je devinait que ce n'était pas l'heure ou affluait le plus de monde, vu la taille du lieu comparé au nombre de personne présente. J'étais plutôt content d'avoir suivit cette mi femme mi automate finalement.
"Merci." Dis-je en la regardant.

[Adamance]

Je lui souris. Je pensai : "Vous êtes content d'être venu ici ?" et soudain les mots sortirent automatiquement de ma bouche, comme par magie.
"Vous êtes contents d'être venu ici ?"
C'était comme si j'avais réappris à parler. Je me sentais libérée, adieu la frustration des mots qui ne veulent pas glisser sur ma langue ! Je fus soulagée et, sans même lui laisser le temps de répondre, j'enchainai en m'exclamant :
"Ah c'est pas trop tôt ! Désolée d'avoir été aphone tout ce temps. "
Puis je lui demandai :
"Cet endroit vous plait ? Personnellement, j'aime beaucoup."
Au centre de la table, incrusté dans le verre, se trouvait un petit écran rectangulaire à partir duquel nous pouvions commander ce qui nous plaisait. Il y avait toute sorte d'amuse-gueule provenant de tout Nideyle, des boissons, des liqueurs, des rafraichissants en tout genres... J'adorais cet endroit pour la variété des choses proposées, et ce pour un prix qui restait raisonnable ! Malheureusement, je savais très bien que je ne pourrais pas faire bombance non plus, moi qui comptais ramasser plus d'argent à cette fichue boutique, je n'avais pris que peu d'ores. Tout en parlant à Ch'ip, je feuilletai le menu, me demandant ce qu'un Picaris choisirait dans un endroit comme ça.

[Ch'ipipipiq Algodón]

"Oui, c'est bien comme endroit." répondis-je en regardant le petit écran qu'Adamance observait. Quel drôle d'engin encore une fois.
Je regardais la liste interminable de mets tous plus incroyable les uns que les autres. Il y avait à peu près autant de mets que je connais que d'inconnu. C'était assez impressionnant. J'avais envie de tout essayer mais je ne savais pas ce qu'étaient ces étranges plats, je ne savais même pas s'ils se mangeaient réellement. Peut-être que c'était des décorations en fait, il faut dire qu'il y en avait des plus beaux qu’appétissants. Et puis il y en avait qui ressemblait à des objets comme ce... "bento paysage". On aurait dit un tableau mais en riz coloré ! Je me demandais alors si c'était une nourriture locale et quotidienne, peut-être mangeaient-ils ça tout les jours ?
"hum... Tout se mange dans ce petit écran ?" Demandais-je. Ce qui m'étonnais aussi c'est que bon nombre de plats que je considérait comme important et évident ne faisait pas parti de la carte. Mais après tout j'étais un Picari, ce n'était pas très fréquent ici visiblement, je n'en ai pas croisé un seul depuis mon arrivée. Ma curiosité était à son comble, que pourrais-je essayer d'amusant...

[Adamance]

"Oui, absolument tout ! Mais bon, tout n'est pas donné non plus.", fis-je en voyant un plat à 5 ores.
Je me mis du temps à me décider. Je n'avais pas vraiment faim, je voulais surtout prendre un petit remontant pour combler ma déception. J'hésitais entre un Alc'Azar, boisson forte faite de liqueur de fruits sauvages, bon marché et peu chère et un Wince Kuko, mélange également fort de deux baies et d'une liqueur qui m'étaient inconnues. En réfléchissant, je regardai autour de moi. De plus en plus de monde affluait. C'était l'heure à laquelle arrivait les gens qui sortaient des usines environnantes, seulement, c'était la partie la plus aisée des ouvriers qui venaient ici, les autres se contentaient de petits bars directement dans le centre industriel du quartier sud. L'ambiance était bonne, c'était une ambiance de détente, de soulagement, de plénitude. La plupart des travailleurs donnaient rendez-vous à leur moitié ici, avant de rentrer à la maison. C'était une pause dans le quotidien, une pause avant de rentrer chez soi et de devoir s'atteler aux corvées du foyer : le repas, les enfants... Je pensai à ma petite chambre, silencieuse et tranquille, et souris. A part lorsque mes frères décidaient de me rendre visite, je vivais toujours dans le calme... Un peu trop d'ailleurs.
Je revins au menu, et me décidai. Allons-y pour la nouveauté ! J’effleurai du bout des doigts l'écran pour toucher l'image de ce joli liquide bleuté et, une petite minute après, un automate arriva et posa le verre devant moi, avant de repartir aussitôt.
Je jetai un œil à Ch'ip, et lui dis d'un air satisfait :
"Alors, vous avez choisi ?"

[Ch'ipipipiq Algodón]

"Hum..." Impossible de choisir, il y avait beaucoup trop de choix, j'étais perdu. Je regardais les tables autour de moi. Une jeune femme demanda à son voisin ce qu'il prendrait à sa place. Je réfléchit un instant puis me lançais d'un coup.
"Tu prendrais quoi à ma place ?" je brulais à l'intérieur d'avoir osé lui demander ça. Je baissais pudiquement les yeux, elle va me trouver avenant, elle va vouloir être mon amie, elle va exiger des tas de chose de moi, que je sois gentils avec elle, qu'on se voit de temps en temps, nom d'Amroth, un enfer que ça !

[Adamance]

Je fus amusée de la réaction du grand arbre. Lui que je trouvais si réservé, si peu avenant, il s'était mis à me tutoyer ! Étrange, mais nullement dérangeant. Je décidai alors de faire comme lui. Je souris d'un air totalement détendu, contrairement à lui qui regardait ses pieds, et observai le menu. Qu'est-ce que pourrait bien prendre un Picaris ? Honnêtement, je n'en savais rien. Déjà, j'étais quasiment sûre que ça ne mangeait pas d'aliments d'origine animale, ça enlevait déjà une bonne partie des plats proposés. Je voulais vraiment lui faire manger quelque chose qui lui plairait, mais je n'avais aucune idée de ce qu'il voulait.
"Je t'avouerais que je ne connais pas du tout les habitudes des Picaris..."
Je comptais dans ma tête l'argent qui me restait et, bien décidée à l'inviter, je calculais ce que je pourrais me permettre de lui offrir.
"Dis-moi d'abord si tu veux boire, ou manger quelque chose. Ou bien les deux !"
Peut-être pourrait-il prendre un verre d'Azdum, boisson très rafraichissante et qui, même en petite quantité, était hydratante ? C'était important pour un Picaris ça, d'être bien hydraté, non ? Sans lui laisser le temps de répondre, je lui proposai donc cette boisson, vantant ses caractéristiques hydratantes.
"En plus, c'est vraiment très bon, ce n'est pas trop sucré, mais ça a un léger parfum fruité... Et puis, c'est une boisson typique d'ici ! Enfin, je crois..."
Amusant comme j'étais à l'aise pour louer les qualités de ce breuvage, comme si j'en buvais tous les jours.

[Ch'ipipipiq Algodón]

"Je peux manger aussi, enfin pas beaucoup..." dis-je d'une petite voix. "ça à l'air très bien ce... cette boisson. Je vais prendre ça." Je n'avais pas très envie de continuer trop longtemps la discussion et puis cette boisson avait l'air tout à fait original et intéressante. Je touchait l'écran et une minute après, un automate e l'apportait. Une grand coupe avec des petits cristaux de sucre collés sur les bords et un liquide rose foncé à l'intérieur avec quelques glaçons et une paille. Je glissais la paille entre mes écorces et aspirait un peu de liquide. Je fus tellement surpris du gout de ce liquide ! Sucré, acidulé, pétillant, fruité, parfumé ! J'adore !
"C'est vraiment très bon !" dis-je les yeux pleins d'étoiles. Je repris alors une grosse gorgée.

[Adamance]

Ah, j'avais vu juste, il aimait bien !
Je sirotais également ma boisson, observant les gens aux alentours. Un peu plus loin, à une table, un homme grand et très mince essayait tant bien que mal de faire tenir un petit garçon - sûrement son fils - tranquille. Celui-ci était à peine plus haut que le tabouret et semblait ne pas tenir en place. Il descendait du tabouret puis remontait sous le regard noir de son père, gesticulait dans tous les sens, se balançait, parlait fort en parlant des gens environnant et regardait tout et tout le monde de ses grands yeux mauves plein de curiosité. Son regard violacé se posa alors sur notre table et je vis ses yeux s'illuminer en se posant sur Ch'ip. Il parut alors pris d'une grande excitation et descendit aussitôt de son tabouret, un large sourire sur les lèvres.
"Hezekiel !", le reprit son père, "reviens ici tout de suite !"
Mais le gamin ne l'écoutait pas. Le père soupira et voulut se lever mais une jeune femme qui passait par là attira son attention, alors il ne sembla plus s'inquiéter de son fils outre mesure. Le petit courut vers nous, faisant des bonds sur ses petites jambes et, une fois arrivé à notre table, se posta près du grand arbre et leva vers ses branches les plus hautes un regard ébahi.
Ch'ip ne s'en était même pas rendu compte, et je ne songeais pas à le lui dire, curieuse de voir ce que le petit garçon allait dire. Mais il ne dit rien, il s'empressa de poser sa petite main sur le bras recouvert d'écorce du Picaris, et commença son ascension sur le colosse de bois.

[Ch'ipipipiq Algodón]

Rah, encore des parasites, je sentis mon bras me gratter et passa ma main dessus. Un petit cris s'éleva alors et je regardais vers mon bras, intrigué, ou un petit être se balançait au bout d'une de mes branches comme un petit singe.
"mais qu'est ce que c'est que ça ?" dis-je en attrapant le petit bonhomme par son buste. Je le reposais par terre aussitôt tellement il gesticulait dans tout les sens. "qu'est ce que vous voulez petit euh... petit bonhomme ?"
Plusieurs personnes s'était retournées en entendant le petit hurler et regardait avec de gros en notre direction, je me sentais horriblement mal à l'aise. Pourquoi est-ce que ce truc était venu m'embêter maintenant ? Pourquoi nom d'Alrick ?

[Adamance]

"T'es un gros Picaris, c'est rigolo", fit le petit, "je peux te grimper dessus ?"
En voyant la tête de Ch'ip, je sus très bien que tout cela était loin de l'amuser, ou encore de lui plaire. Au contraire, il semblait gêné et mal à l'aise. Je me levai alors et pris le petit garçon que je déposai à terre.
"Tu sais, je ne suis pas sûre qu'il aime bien qu'on l'escalade", dis-je en pendant à une heure plus tôt, quand j'avais grimpé sur son dos.
Le petit me regarda d'un air très frustré en fronçant les sourcils et dit de sa petite voix criarde que j'étais méchante et qu'en plus je faisais peur. Bon, depuis le temps que j'étais faite à moitié de métal, j'avais l'habitude que les enfants réagissent de cette manière avec moi. La plupart du temps, ils étaient justes curieux et voulaient savoir comment et pourquoi, mais d'autres pouvaient aller jusqu'à pleurer en me voyant.
J'ignorai donc sa remarque et, le tenant par le bras, cherchai son père des yeux parmi l'assemblée de personnes qui se faisait de plus en plus dense. Malheureusement, pas du trace du père indigne qui avait délaissé son fils pour la première rousse charnue qui passait. Je poussai un long soupire et lui dit de s'asseoir à coté de nous, en attendant que son père revienne.
"Tu te tiens tranquille, hein ?"
Il me regarda d'un vilain petit air mesquin et me dit :
"J'te connais pas, j't'écoute pas.", avant de repartir à travers la salle.
J'hésitai un moment. Devrais-je suivre ce gamin, le rattraper et veiller sur lui jusqu'à ce que son père ne revienne ou le laisser partir ? D'un côté, si celui-ci était si peu prévenant, le petit devait avoir l'habitude de trainer seul... Je jetai un coup d'oeil à Ch'ip puis reviens m'asseoir en face de lui.
"Eh ben, sacré gamin... T'as pas l'air très à l'aise avec eux toi, t'es jamais venu en ville ? D'où tu viens au fait ?"

[Ch'ipipipiq Algodón]

Ouf, j'étais content que cet enfant ai enfin disparu, un peu plus et je partais sans avoir fini ma délicieuse boisson. "je viens des ruines d'Ohimes, dans la forêt, je t'avoue que je n'en avais jamais bougé avant mardi dernier." dis-je d'un air détaché. "et toi euh... tu vis ici alors ? T'as jamais vu de Picari avant ?" Tout le monde semblait tellement étonné de me voir depuis que j'étais parti de ma forêt que j'en déduisait qu'il ne devait pas y en avoir beaucoup ici. Cela me gênait horriblement mais je remarquais tout de même que je m'y habituais de plus en plus. Je reprenais une gorgée de ma boisson et soufflais un peu, oui j'allais m'habituer à cet endroit peut-être à force.

[Adamance]

"Si, il y en a quelques uns en ville, mais très peu."
J'essayai de me souvenir de tous les Picaris que j'avais vus pendant mon enfance.. Pas tant que ça en fait. Je lui expliquai alors que je n'avais jamais quitté la Basse-ville. Je n'avais jamais voyagé, ce n'était même pas quelque chose qui m'étais venu à l'esprit. Mes parents étaient bien trop occupés pour ça, ils travaillaient presque tout le temps. Et puis, ce n'était pas facile de voyager avec six enfants turbulents ! Et depuis que je vivais seule, ça ne m'avait pas attiré non plus... Je m'étais plutôt concentré sur la chimie, même si j'étais loin d'avoir un rythme de travail régulier, n'en déplaise à mon frère, et je n'avançais pas tellement dans mon apprentissage.
Je finis mon verre et le posai sur la table. Il faisait chaud, de plus en plus de gens avaient pris place autour de nous, le bar était à présent plein et les automates affluaient dans tous les sens pour servir leur client. Il y avait un léger bruit brouillé de conversations, les mots des uns se mêlant avec les mots des autres, et tout cela formait un brouhaha limpide. Je regardai Ch'ip. Lui qui venait des forêts calmes et silencieuses, cela devait bien le changer !
"Dis-moi, comment tu trouves la vie en ville alors ? Et où est-ce que tu dors d'ailleurs ?"
Je me demandai s'il y avait des établissements où les chambres étaient assez hautes de plafond pour contenir ce grand arbre. Si ce n'était pas le cas, comment faisait-il au juste ?

[Ch'ipipipiq Algodón]

Olala, tout ce monde qui grouillait partout, je n'osai pas bouger de peur de bousculer une dizaine de personne d'un malheureux coup de bras.
"Je.. Je dors plutôt dans les parcs, à la belle étoile, c'est le plus agréable" répondis-je. Je lui racontais alors que je n'avais que très peu d'argent, j'étais parti les mains dans les poches sans savoir que j'aurais besoin d'autant de chose. Malgré cela je souhaitais découvrir un peu le monde afin de voir quel endroit serai le mieux pour moi.
"mais ça ne t'intéresse pas de voyager ?" demandais-je après mon petit récit. Je songeais à bientôt partir, ce lieu commençait à m'insupporter un peu, trop d'activité en même temps, c'est stressant.

[Adamance]

"Oh, tu sais, je saurais pas trop où aller..."
Je haussai les épaules. Voyager, c'est bien, mais pour aller où ? Et puis il faudrait que je prenne mes dispositions parce qu'avec ma carcasse de métal bon marché, ça risquerait d'être compliqué. En plus, je n'étais pas vraiment riche et pas très aventureuse... Au final, même si je ne voulais pas l'avouer, j'étais grandement attachée à mon petit train-train quotidien. Dommage, j'aurais pu faire des choses exceptionnelles et être extraordinaire ! Mais non, je me contentais de ma petite chambre de bonne, et de mes fioles et mes liquides. Ca m'allait.
Je regardai mon verre vide et celui de Ch'ip et, au vu du monde qui se faisait de plus en plus dense, pensai qu'il était peut-être temps de partir. J’appelai un automate un arriva derechef, d'une démarche glissante et articulée. Je le payai et voayant la tête de Ch'ip, insistai :
"C'est moi qui t'invite !'
L'automate nous laissa avec un "Merci, au revoir, bonne journée" très programmé et je me levai, prenant soin de ne pas marcher sur mes cheveux.

[Ch'ipipipiq Algodón]

"Bon. Merci pour la boisson." Dis-je en sortant. Il faisait si chaud, c'était agréable ce temps. Je fermais un instant les yeux et respirais un peu, c'était tout de même mieux dehors. Je songeais même à aller me poser dans un parc pour profiter un peu, mais j'avais trop de problèmes pour me prélasser. Il me fallait de l'argent à tout pris pour pouvoir repartir.
"Tu ne voudrait pas m'acheter de la poterie ?" Dis-je alors très soudainement. J'avais presque oublier que j'avais une dizaine de poterie à vendre dans mon sac. J'affichais un grand sourire comme j'avais vu certains vendeurs faire "ça attire le client". Je me disais que je devais faire un peu peur avec ce sourire sans dent... Mais puisque ça attire le client, autant le faire.

[Adamance]

Ch'ip ne devait sûrement pas avoir l'habitude de sourire, et ça se voyait. Aussi je ne pus pas m'empêcher de rire un peu, mais me ressaisis devant son air interloqué. Une poterie ? Je réfléchis un instant. Avais-je besoin d'un poterie ?
"Je ne sais pas... ça dépend ce que tu as à me proposer", dis-je en regardant vers son sac.
Peut-être quelque chose pour mes travaux, mais les mélanges liquides et la terre ne faisaient pas bon ménage... Peut-être un pot dans lequel mettre toute sorte de chose, histoire de ranger un peu ma table ? J'oublierais forcément avoir rangé les choses... Oh et puis après tout, je pouvais très bien lui acheter une poterie qui me servirait de décoration, ou quelque chose du genre ! Si ça pouvait l'aider.

[Ch'ipipipiq Algodón]

Je m'asseyais par terre tout de suite. J’espérais avidement qu'elle m'achète une petite poterie. Je sorti alors un à un mes petits plats, assiettes, bols etc... J'avais bien fait de me rappeler de mes petites affaires.
"Voila, je les ai faites à la main, avant de partir. S'il y en une qui te plait, dis moi." Je les avais peint avec du vernis teintés et je m'étais amusé à faire des petits motifs au couteau dessus. En tout il y en avait dix, trois assiettes bleues dont j'avais mis des motifs de feuilles sur les bords, deux bols rose et rouge avec des frises florales et entrelacs sur les bords, quatre plats en dégradé de bleu à vert d'un mètre de diamètre avec des poissons gravés regroupés en petit banc un peu partout dessus et finalement une toute petite cruche bleu avec des stries en longueur assez espacé. Je les trouvais plutôt sympa mais je n'avais pas la moindre idée si ça pouvait plaire au gens en général en fait... Je remarquais alors que je m'étais mis en plein milieu de la rue et je me reculais un peu contre un mur puis regardait Adamance qui s'était penchée sur mes poteries.

[Adamance]

"Hm..."
Je me mis à observer les poteries, d'un air qui se voulait au maximum intéressé. Trop de petites fleurs ! C'était clair et net que ces poteries avaient été faites par un Picaris.. Mais rien qui puisse vraiment me plaire ou aller dans ma petite chambre de bonne. Néanmoins, je ne voulais pas lui faire de peine, aussi dis-je, feignant l’enthousiasme :
"C'est super sympa !"
En plus, je me doutai qu'il avait besoin d'argent, et ses poteries n'étaient pas si chères... Je laissai mes yeux gambader sur chaque assiette, bol, plat... jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent sur une petite cruche. Pas de petites fleurs sur celle-ci, juste des traits. Simples, et efficaces. Et puis, une cruche, ça pouvait toujours servir ! Je la pris et lui demandai le prix, avant de lui tendre l'argent demandé.
"Tiens, voilà."
Je regardai mon acquisition. Ce n'était pas si mal. Et puis, au moins, j'avais agi en faveur de l'artisanat ! C'est sûr que ça changeait de tous les objets fabriqués par milliers dans les usines de la Basse-Ville. Au final, j'étais plutôt satisfaite. Je regardai Ch'ip et lui souris.
"Je vais rentrer chez moi maintenant, tu sais où dormir ?"
Ma propre question me sembla stupide. Même s'il ne savait pas où dormir, je ne pourrais pas l’héberger chez moi, faute de hauteur de plafond.

[Ch'ipipipiq Algodón]

J'étais tout content. Non pas d'avoir gagné un demi ore mais plutôt d'avoir fait quelque chose qui avait plu à quelqu'un. Elle n'avait pas l'air totalement hypocrite en choisissant ma petite cruche.
Quand elle me posa sa question, je réalisais alors qu'il commençait à se faire tard.
"Hum, je vais surement aller me planter dans un parc si tu en connais un bien... ?" Je n'avais pas encore cherché de la terre bien fraiche et humide où enfoncer mes racines et qui sait sur quels parasites nocifs je pourrait tomber. Demain, je ferais quelques provisions en eau et repartirais pour une autre ville.