Benedikt, sorti de sa bulle en sentant les doigts de Vrass effleurer son cou, releva la tête pour s’apercevoir que le tatoueur était en train de parler, et que c'était à lui qu'il s'adressait.
« Mmmh ? »
La question répété, le botaniste fronça les sourcils en réfléchissant ; de quoi parlait-il... Jusqu'à ce que le souvenir de ses obligations surgisse dans son esprit et lui fasse écarquiller les yeux.
« Ah, mer- Zût ! On est lundi ! Il est quelle heure ?! »
Benedikt était déjà en train de détaler à l'étage lorsque la tartine à moitié grignotée qu'il venait de lâcher retomba sur la table. Ce fut pourtant beaucoup plus doucement qu'il redescendit les escaliers pour s'installer dans la cuisine et se rasseoir tranquillement sur sa chaise.
« En fait, c'est bon, j'ai encore pas mal de temps. » expliqua-t-il enfin. « Mais, oui, je vais devoir repasser là-bas cette après-midi, alors je ne pense pas pouvoir venir avec toi acheter la machine à laver... J'espère que tu n'as pas besoin d'aide pour la ramener ? »
Benedikt n'avait aucune idée de comment il avait l'intention de la transporter, en vérité. Mais après tout, il fallait bien qu'il ait un moyen pour les gens de ramener ce genre de chose chez eux, non ? En tout cas, il ne pouvait pas vraiment annoncer à ses employeurs temporaires qu'il ne viendrait pas pour cause d'achat d'électroménager, et ce malgré son envie d'accompagner Vrass dans les magasins. S'il manquait bien quelque chose dans son appartement à lui, c'était bien un grille-pain – à côté, avoir des meubles paraissaient bien moins attrayant -, et de toutes manières, un séjour dans un magasin était
toujours merveilleux. Mais avec la fréquence à laquelle il restait chez lui ces derniers temps, cela pourrait attendre un peu, surtout qu'il était préférable d'y penser quand il aurait les moyens de se le permettre. Le botaniste finit son verre de jus d'orange et regarda Vrass.
« Tu... Tu avais prévu d'aller voir Nathan, aussi, non ? »
Son ton était un peu hésitant ; le sujet était toujours plus ou moins délicat, et il ne voulait pas dire quelque chose qui pourrait être vu comme un reproche. Après tout, il n'avait rien à dire sur les agissements de Vrass tant qu'ils n'étaient pas réellement révoltant.
Mais ce fut à nouveau le bruit de la porte d'entrée en train de s'ouvrir qui fit disparaître en seul claquement de doigt Benedikt, cette fois sous la table, avant qu'on puisse lui répondre. En attendant que Vrass s'occupe de qui venait de rentrer, il découpa un morceau de sa tartine pour la donner à Iza, qui après l'avoir reniflé d'une manière peu convaincu, décida de l'engloutir tout de même.