Je m'étais laissé guider par la jeune plante, incapable de me déplacer de moi-même, comme si mes yeux restaient simplement ouverts sans que je ne puisse regarder autour de moi, baisser la tête ou quoi que ce soit. J'étais simplement tétanisé, alors que pourtant je n'avais pas vraiment de raison de ressentir de la peine. Est-ce que les sentiments que j'avais ressentit à l'époque me revenait en même temps que mon souvenir ? Possible. En tout cas, Belladona semblait accéder à ma requête en me guidant hors de cet endroit, la lumière venant traverser mes iris pour m'éblouir, bien que je ne semblais pour le moment pas assez conscient pour plisser les yeux sous l'effet des rayons du soleil. D'ailleurs, je n'étais visiblement pas capable de faire autre chose que de me laissait guider par la belladone, et lorsque nous nous retrouvions de nouveau dehors, des hommes semblaient nous rechercher. Instinctivement, c'était comme si une décharge électrique traversait mon corps, un sursaut me faisant réagir alors que je sentais tous mes muscles se tendrent, mes doigts se cripser, prêt à trancher le moindre individu qui chercherait à s'en prendre à nous, et surtout à ma protégée. A cet instant, je craignais qu'il s'agisse d'individus responsable de mon amnésie et qui cherchaient à corriger leur erreur en me supprimant définitivement, mes rapidement je pouvais constater qu'ils n'avaient pas de mauvaises intentions, jetant un sac rempli d'Ores que je saisissais, le donnant à Belladona pendant que je restais devant elle, attendant que les hommes s'en aillent.
Je n'avais pas dis un mot, mais au vue de la manière dont avait réagit la nymphe végétale, je préférais me méfier de ces types, qui même si ils n'avaient rien tentés à notre égard restaient bien trop menaçant, mais je ne pouvais prendre le risque de dire quelque chose, sans quoi j'aurais été bien trop désagréable, et je ne voulais pas mettre la vie de la jeune plante en jeu. Au moins, leur intervention m'avait permis de sortir de mon état presque catatonique, même si c'était désormais elle qui se trouvait figée et tremblante. Aussi, lorsqu'ils ne se trouvaient plus dans mon champ de vision, je me retournais pour faire face à la demoiselle, venant presser avec fougue mes lèvres contre les siennes, aussi bien parce que j'en avais besoin que pour lui signaler qu'ils étaient partis et qu'il n'y avait plus lieu de s'inquiéter. J'entre ouvrais légèrement ma bouche, et je ne pouvais nier que j'avais envie d'aller un peu plus loin avec elle, mais je continuais de me contenir, en particulier car ce n'était ni le lieu, ni le moment.
« C'est bon, ils sont partis. » Lui disais-je en souriant après l'avoir libérée de mon baisé. La manière dont ils lui avait fait peur me donnait simplement envie d'aller les tuer, mais j'étais conscient que c'était bien trop excessif comme comportement, et qu'elle n'accepterait sans doute jamais un amour aussi passionnel. Je lui prenais donc les mains avant de la faire avancer d'abord lentement, qu'elle sorte petit à petit de sa peur, puis je nous faisais prendre un chemin certes un peu plus long, mais qui nous empêcherait de tomber sur ces hommes qui auraient tout aussi bien pût penser que nous les suivions si nous étions restés dans leur sillage. Au moins, la région bien qu'assez sombre restait relativement calme, et nous avions peu de chance de croiser du monde sur la route. Mais dans le doute je remettais la capuche de la jeune plante sur sa tête, la serrant contre moi pour éviter le plus possible que l'on puisse la voir, la moitié de son visage étant donc caché contre mon torse.
Cette fois-ci, je ne parlais pas beaucoup. J'essayais de mettre un peu d'ordre dans ma tête, mais je n'y parvenais pas vraiment, bien qu'au fur et à mesure je commençais réellement à penser que j'étais autrefois quelqu'un de mauvais, ce qui pouvait expliquer la raison pour laquelle j'avais revu l'un de mes souvenirs où l'on avait cherché à me tuer, ainsi que l'un où ce qui était visiblement ma sœur jumelle mourrait de la même manière dont on avait cherché à m'éliminer. Après, je ne savais pas vraiment dans quel ordre chronologique se diposaient mes bribes de souvenirs, mais j'optais plutôt pour le décès de ma sœur en premier puis du mien, cela afin de me torturer un peu plus psychologiquement avant de m'achever. Du moins, c'est ainsi que j'aurais procédé si j'avais de la rancœur envers quelqu'un.
Enfin après, je pouvais tout aussi bien être un homme bon qui avait cherché à faire changer le système, et bien entendu losque l'on cherche à faire justice on se fait toujours des ennemis : la truanderie étant bien entendu un filon qui pouvait rapporter gros, et surtout bien plus facile d'accès. Et ainsi il suffisait que quelqu'un d'influent apprenne que je voulais rendre ce monde plus juste et honnête et j'étais quelqu'un à éliminer, et à ce moment là on aurait pût commencer par tuer ma sœur pour l'exemple, puis moi si je m'étais acharné.
Naturellement, dans les deux cela ne restaient jamais une excuse que de chercher à tuer quelqu'un, qu'importe si j'avais été bon ou mauvais, la mort n'était jamais une option envisageable, même si j'avais moi-même pût causer celle-ci. Aussi, d'une certaine manière je pouvais considérer mon amnésie comme une seconde chance, qu'importe ce que j'avais pût faire au cours de ma vie passée, j'imaginais avec aisance que des millier de personnes tueraient pour être à ma place, que c'était comme un nouveau départ. Puis je ne m'étais pas non plus réveillé sans argent, et j'étais loin d'avoir une faible constitution, aussi j'étais pleinement capable de me débrouiller seul en cas de problème.
Je n'avais pas le temps de terminer mes pensées que déjà nous arrivions en ville. Directement, je pressais un peu Belladona pour que nous retournions à l'Auberge. Je n'avais pas envie de trainer plus longtemps en ville, je voulais me reposer et me détendre à ses côtés, aussi une fois dans le bâtiment je me rendais directement vers le gérant de l'établissement, gardant la jeune plante bien serrée contre moi, un bras sur son épaule pour le cas où quelqu'un arriverait derrière nous, bien que je gardais un œil et une oreille à l'affût du moindre geste suspect, ma main libre prête à venir découper ce qui se montrerait menaçant.
« Une chambre pour deux. Avec baignoire si possible. » Je pouvais déjà sentir le dégoût de l'Aubergiste, mais quand je déposais ma main sur le comptoir, les doigts crispaient, il ne sembla pas vraiment vouloir dire ce qui lui passait par la tête : si j'avais été capable d'aider à abattre une créature dont ils ne pouvaient se charger, il valait sans doute mieux pour lui de se taire sur ce que je pouvais faire avec la demoiselle. « Et je prendrais le repas directement dans la chambre : montait le quand il sera prêt. »
Je laissais la somme nécessaire qu'il m'indiqua puis, sans regarder qui pouvait se trouver dans la salle, je nous guidais en direction de notre nouvelle chambre, montant rapidement les marches. J'avais vraiment, vraiment besoin de repos, et une fois la porte ouverte et refermée derrière nous, je me laissais glisser contre celle-ci, toute la pression retombant d'un coup qui semblait plus fatal que ceux que j'avais pût ressentir la veille en affrontant les monstres. Je croisais mes bras sur mes genoux et venais appuyer ma tête sur ceux-ci. Le soleil était encore assez haut, bien qu'il avait commencé à décliner depuis une heure ou deux le temps que nous nous rendions et revenions de la Crypte, et je pouvais sentir la chaleur traverser les fenêtres pour réchauffer le haut de mon crâne maintenant penché vers l'avant, brûlant légèrement ma chevelure. Je pouvais encore revoir la scène dans ma tête… ainsi que la douleur serrer mon cœur dans un étau…