C'est marrant comme dès qu'il était question de ce Sayah, les choses devenaient bizarres ! Entre le hamac fou de Shell et cet événement à la noix, fallait avoir la santé mentale bien accrochée. C'est son psy Téfal qui allait être content s'il racontait ce qui se passait ici, tiens. En fait, Haine allait plutôt faire comme s'il n'était jamais venu. Ça lui évitera la case thérapie, hein. Il haussa un sourcil devant l'énervement de son binôme à cornes. Bonne question ça tiens. Il avait failli se poser la même s'il avait pas été super occupé à fourrer son gros pif dans son coffre à trésor. Bah oui parce que c'était pas le tout d'aller s'arracher la moitié des bras dans les ronces pour sortir une boîte si on regardait pas ce qu'il y avait dedans. Nouvelle minute surprise. Deux crachins d'alpaga - charmant, merci. Haine n'avait aucune idée de ce qu'était ce truc. Enfin si, suffisait de regarder de plus près pour deviner qu'il avait à faire à un gros glaviot dans un flacon quoi. Par contre à quoi ça servait, mystère et boule de gomme... Par contre le coup du coffre qui disparaît, c'était limite flippant.
Nan en fait c'était carrément flippant !
Haine se retourna, prêt à en découdre avec les lianes qui remuaient derrière lui. Sauf qu'en fait, elles se contentaient de se barrer. C'est ça, qu'elles aillent voir ailleurs s'il y était ! Et en parlant d'aller voir ailleurs, il remarqua un autre coffre sous le sapin à quelques pas. Mouais... c'était pas bien compliqué de se faire plaisir dans ce jeu en fait. Un peu trop facile même. Ce Sayah usurpait un peu sa réputation à son avis. En attendant il se retrouva avec un spray entre les mains. Évidemment la notice était écrit en pattes de mouches à l'arrière du flacon - ouais je sais, c'est tendu de trouver l'arrière d'un truc cylindrique - et Neythen mit bien deux minutes entière à la déchiffrer avant de soupirer. Un déo, fantastique ! Ah ben il était pas déçu du voyage. Et le prochain lot c'était des mottes de beurre ? Il leva les yeux vers... vers il savait même pas son nom d'ailleurs, et pour être honnête il en avait strictement rien à carrer. C'est pas comme s'il était venu pour se faire des potes. Bref, il leva les yeux vers madame à cornes, prêt à lui refourguer son cadeau limite insultant - qu'on dise tout de suite qu'il pue aussi - lorsqu'un mouvement attira son attention. Et là, délire total !
Des serpents plus balèzes que des anacondas élevés au Banania sortaient de partout et nulle part à la fois : du puits, des buissons, de l'arbre, de derrière la stèle cheloue derrière lui, et même de derrière des touffes d'herbe dix fois plus petites qu'eux. C'était quoi cette hallucination encore ? Pas le temps d'attendre une réponse. Et comme on pouvait reprocher plein de trucs à Haine, mais pas son inertie face au danger, il avança aussitôt. Ah ouais, Sayah voulait les tuer à coup de serpents ? No problemo ! La flûte à ses pieds ? Il la vit même pas, trop occupé à lorgner sur ses futures victimes. Et franchement, quel abruti aurait l'idée d'aller pousser la chansonnette à des pythons ? Fallait être suicidaire ou très con...
Deux pas, trois, quatre. Neythen arma son bras, poing serré, épaule en arrière. Chers téléspectateurs, bienvenue sur la chaîne culinaire d'un mechanima. Ingrédients : un serpent de bonne taille. Mode de préparation : broyez-lui la gueule à coup de poing ! Un craquement d'os lui indiqua qu'il pouvait passer au suivant... mais la vache, ils étaient un peu nombreux quand-même. Sa main chercha instinctivement sa cheville d'où il décrocha son couteau de chasse. Petits petits petits... Des volontaires pour des Rangers en peau de serpent ? Oui ? Monsieur avec les anneaux rouges et noirs ? En guise d'air de flûte, Haine fit plutôt siffler sa lame et trancha dans le vif de deux autres reptiles avant de trébucher sur un quatrième. Furax, il secoua sa jambe autour de laquelle la bestiole s'était enroulée.
« Rah bordel, lâche-moi ! »
Mais rien à faire, et le temps de réfléchir à un moyen de s'en débarrasser, il se retrouva avec une écharpe en peau de python autour du cou. Ok, là ça craignait à mort ! C'était le cas de le dire... mais Neythen avait connu pire. Aaaah, les bons vieux souvenirs d'un lit de fleuve et de teignes affamées. Et encore, on parlera pas du combat épique contre un hamac fou... Y'avait pas eu une histoire de pies voleuses aussi ? D'ailleurs à y repenser, il s'était servi d'une méthode bien à lui pour avoir la paix... Vous voyez une clôture électrique pour les vaches ? Pareil ! Le lieutenant se concentra une fraction de seconde avant de générer une décharge. Ouuuuh... ça chatouille ! Ça brûle un peu, même. Les serpents venaient de se dérouler tous seuls. Comme des tiques bourrées, sauf que là c'étaient des serpents... et grillés. D'autres volontaires ?
Il leva les yeux vers biquette. Un coup d'patte ? Elle gérait à coups de hache ou elle jouait du pipeau ?