PrécédemmentIls repartirent juste après le petit déjeuner, et Benedikt était à peine monté sur Pomporo qu’ils galopaient à travers les forêts. Les montagnes arrivèrent bien vite sous leurs pieds et pattes, ralentissant leur progression, mais lorsqu’ils redescendirent de l’autre côté du versant, apportant la silhouette prometteuse de Yeillstrand tout au loin, cela ne pouvait que les enthousiasmer d’autant plus. Ou plutôt, leur donner l’espoir d’y arriver rapidement pour en ressortir rapidement. Le petit botaniste n’était pas sûr de comment ils s’étaient retrouvés dans cette situation, mais le pire dans tout ça, c’était que c’était lui qui avait proposé à Vrass de partir à l’aventure, à la Basse-ville. Flûte, s’il avait su qu’ils allaient devoir passer par le Sud, il serait resté à s’ennuyer dans son canapé, dans la boutique de tatouage.
Lorsqu’ils arrivèrent aux bordures de Yeillstrand, le soleil projetait déjà des ombres interminables sur le village. Benedikt sortit la dernière coquille d’escargot qu’il avait, grimaçant sous le goût, et aussi l’impression de croquer dans… ben… une coquille d’escargot. Vraiment pas agréable. Mais efficace, si bien que le petit botaniste se retrouva immédiatement avec une paire de sein, quelques centimètres en moins, et des hanches.
Il se tripota un instant, c’était toujours un peu difficile de s’habituer tout de suite à toute la place qu’il avait dans l’entrejambe de son pantalon, mais dans l’ensemble, Benedikt décida que porter des vêtements d’hommes ne poserait guère de problèmes, ce qui était plutôt pratique, parce qu’il n’avait pas de robes sous la main.
« Flûte, mes chaussures sont un peu trop grande, maintenant. » murmura le petit botaniste, qui finit par les enlever pour les mettre dans son sac. Entre marcher pieds nus et avoir des ampoules, le choix était vite fait ! Pomporo, elle, le reniflait avec surprise.
Ils s’étaient arrêtés derrière un buisson d’arbustes, à la bordure bien gardée d’une entrée du village, et le petit botaniste était en train de se demander comment entrer – fallait-il tirer la chevillette pour que la bobinette choit ? -, quand une amazone sortit de nulle part et se planta devant eux. Benedikt sursauta et hurla de surprise. Heureusement, elle ne sembla pas l’avoir vu se transformer ; puisqu’elle contenta de pointer sa lance vers lui, son regard méfiant passant d’un félin à un autre, derrière lui.
« Qu’est-ce que vous faites ici, et qui t’es, toi ? »Le petit botaniste mit une seconde pour reprendre ses esprits et retirer quelques longues boucles anglaises qui lui tombait dans la figure.
« Heu, je m’appelle… Minoune, et heu, je viens seulement à Yeillstrand chercher des informations sur une légende… »Minoune ? Non, mais, tu ne pouvais pas penser rapidement à un prénom féminin autre que Minoune, s’horrifia le petit botaniste intérieurement. De tous les prénoms de gens qu’il connaissait, au lieu de prendre Nessy, ou Belladona, non, il fallait que ce soir le dernier prénom qu’il avait prononcé ! Ce n’était même pas un prénom d’humain !
Heureusement, la tenaag’i ne semblait pas trop s’en inquiéter, juste un peu surprise. Mais bon, quoi de surprenant avec une gamine ailée mal coiffée et mal habillée, flanquée d’une bande de tigres de compagnie ? C’était plutôt le reste qui l’intriguait, de toutes évidences.
« Une légende ? Quelle légende ? »