Seule une escale, à Aspasie, les voit tous réveillés ; mais Vrass est le seul à vraiment se lever pour s’occuper de la situation et garder le wagon des jeunes brigands qui aimerait bien poser leur pattes sur les précieux colis. Cela dit, même si les gardiens dormaient tous, la simple vue de l’orphe lion aurait peut-être été suffisante pour les dissuader de s'y introduire ! Enfin, les cornes du winghox ne sont pas de trop pour cela non plus, et ajoutée à sa carrure, plutôt impressionnante il faut l’avouer, les importuns détalent vite fait. Jonah est resté dans le foin, prêt à agir si le besoin s’en faisait sentir, surveillant d'un œil vigilant les agissements de Vrass. Il se demande vaguement s’il se sent plus du côté des deux voleurs potentiels, ou du riche marchant. Celui-ci lui a paru réellement détestable sur le quai, la veille, et les deux autres doivent avoir bien besoin d’argent ! Mais le trafiquant est plus souvent amené à traiter avec les gens de la haute, enfin, ce sont eux qui lui rapportent le plus, quoi. Sans eux, il galèrerait pas mal ! En définitive, Jonah est plutôt du côté qui rapporte.
Et sur cette conclusion, quand le train repart, il ouvre sans se cacher l’une des valises, afin de voir un peu ce qu’elle dissimule. Bof, des tissus… Sans doute qu’ils valent pas mal, mais ce n’est pas son rayon ; qu’en ferait-il ? A qui les refiler ? Soupirant, l’homme remue encore un peu les étoffes - soie, et autres trucs vaporeux qu'il ne mettrait jamais, du moins pas en public (chez lui, c'est à voir), puis, ne trouvant rien d’intéressant à se mettre sous la main, remet tout plus ou moins en ordre et referme la valise, avant de se recoucher dans le foin moelleux – mais piquant.
La seconde partie de la nuit se passe comme la première, excepté que tout le monde reste tranquillement dans le compartiment, cette fois. Et, les minutes passant, l’obscurité totale – eh oui, pas de lumières dans cette partie du train, et à l’extérieur, c’est la campagne profonde – s’éclairci peu à peu, passant d’un noir bleuté à un gris poussiéreux, puis ensuite rosé. C’est l’aurore, et sans doute ne sont-ils plus très loin d’Ephtéria.
Il soulève une paupière, pour tomber sur une belle vue du dos velu de l’énorme lion, dont les flancs se soulèvent doucement, presque régulièrement, comme une mer tranquille. Cette vue apaisante le renvoie à son sommeil, qu’il a le loisir de prolonger une demi-heure environ ; avant que le train ne se mette à ralentir de manière évidente puis, frustré d’être ainsi freiné, siffle furieusement.
Jonah est debout sur ses pieds rapidement, passant avec une facilité déconcertante de somnolence à action, et regarde vite fait par la fenêtre afin d’être sûr qu’ils sont bien arrivés à destination. Et ouaip, ça ressemble bien à Ephtéria ! Même s’il n’y était jamais allé, il est difficile de s’y tromper ; la ville est clairement la plus riche de toutes celles du nord, et ça se ressent dans l’architecture. D’autant plus que le quartier de la gare n’est pas le plus dégueulasse.
Il époussette ses fringues, faisant tomber une myriade d’aiguilles de foin partout sur le sol et sur ses compagnons, qu’il réveille avec bien peu de douceur en donnant des coups répétés dans le bois du wagon.
« Allez allez on s’réveille, on descend. »
Et sans même attendre de voir si les autres le suivent ou pas, Jonah sort du compartiment et saute sur le quai, semant toujours quelques brins de foin derrière lui.