Le botaniste se déshabilla avec rapidité et sans un bruit avant de se pencher sur le rebord en fonte ; il plongea la tête sous l'eau pour embrasser Vrass, rajoutant encore plus de bulles qui n'y en avait déjà avant dans l'eau chaude. Benedikt ne se redressa, les cheveux trempés, que pour se mettre à rire légèrement, et cette fois, il enjamba carrément le rebord de la baignoire pour se glisser entre les jambes du tatoueur qui lui laissait déjà la place de s'installer, trop habitué.
« Ça va, quand même, tu n'es pas trop fatigué ? » Le petit botaniste attrapa la main sans vie de Vrass pour masser ses doigts, sa paume et son poignet. Il devait avouer que la magie du tatoueur était plus impressionnante, il s'était bien réveillé en sursaut lorsque la terre s'était mise à trembler sur ses fesses, faisant tomber un de pots de fleurs. Benedikt se demanda un instant s'il pouvait convaincre un jour le vieil Hermite de lui apprendre quelque chose de nouveau, quelque chose qui ferait aussi sursauter les gens des alentours, parce que ça changerait de leur air condescendant du genre « il est mignon, ce gamin ». Mais pour l'instant, il n'avait qu'à compter sur Vrass pour impressionner les autres ; lui aussi profiterait bien d'une bonne nuit de sommeil, même avec sa petite sieste.
De toutes manières, avec Vrass qui avait un bras en moins, le petit botaniste n'avait plus qu'à attendre au moins quelques heures pour satisfaire ses envies délaissées depuis trois jours à cause de leur entraînement, si bien que cela allait devoir attendre au moins demain matin, où plutôt probablement demain soir. Benedikt soupira et leva un air boudeur sur le tatoueur, avant de décider d'aller se blottir contre lui, à défaut d'avoir autre chose. Il se redressa soudain quand même alors qu'il était encore en train de tripoter la main de Vrass, comme pour vérifier qu'il allait bien.
« Oh ! J'avais oublié pourquoi on était venu jusqu'ici ! » s'exclama-t-il avant de se mettre à rire. « Ah bah, c'est plutôt bien, comme ça maintenant, je serais moins impatient que si j'avais dû attendre encore quelques jours. »
Ce qui suffit à motiver le petit botaniste pour redevenir un petit moulin à parole bouclé le temps qu'ils se lavent – Benedikt n'hésita pas à profiter de l'état de Vrass pour l'embêter en faisant tout à sa place – et sortent de l'eau. À ce stade, la chaleur et la fatigue l'avait rendu bien plus silencieux et mou, et le matelas du lit qui grinçait sous leur poids paru plus accueillant qu'il n'aurait dû l'être.
Le lendemain fut le premier jour ici où le vieil Hermite ne vint pas les réveiller en fanfare, et lorsque le botaniste ouvrit un œil et s'étira tranquillement, une certaine inquiétude vint aussitôt le démanger. Ben, qu'est-ce qu'il était arrivé au vieil homme pour qu'il ne vienne pas les embêter ?
Benedikt redescendit à pas de loup dans la cuisine, se frottant encore les yeux, mais celui qu'il cherchait était déjà installé tranquillement dans un fauteuil en train de bouquiner.
« Bah, me regarde pas comme ça, viens manger. » déclara ce dernier sans lever les yeux de son livre, et le petit botaniste ouvrit de grands yeux, parce qu'en général, il arrivait à rester discret, mais il fallait croire que ce vieux hibou savait tout ce qui se passait dans sa maison.
« Va donc nous préparer du thé maintenant que tu sais où est la boite, tiens. »
Benedikt s’exécuta sans trop réfléchir, habitué à obéir, et décida de retourner aller réveiller Vrass avec un peu de nourriture puisque le vieil Hermite ne semblait vraiment pas pressé par le temps aujourd'hui. Peut-être même qu'il allait regretter leur présence quand il se retrouverait à nouveau tout seul ?
Pour avoir fréquenté pas mal de gens dans son genre, le botaniste savait qu'il était inutile de poser des questions sur ce sujet, et se contenta de préparer une assiette avec deux tartines de beurre pour remonter à l'étage. Un Vrass réveillé réveillé par l'odeur de quelque chose de comestible et des câlins était souvent un Vrass de bonne humeur, ce qu'il n'avait pas eu l'occasion de voir depuis qu'il était ici.