La nuit qu'ils passèrent à Banba fut calme pour la Winghox, qui partit immédiatement se coucher une fois la chambre à l'auberge reservée, évitant du mieux qu'elle pouvait la compagnie de l'Orphe. Celui-ci en revanche, s'étant rendu chez le soigneur du coin pour soulager ses douleurs dues à ses nombreuses blessures, finit par passer la soirée chez celui-ci, et même la nuit. Alrik seul sait ce qu'il fit cette nuit-là. Cependant, le lendemain, ce fut plus revigoré que jamais qu'il rejoint Enarys pour la suite du voyage à travers les plaines.
Alors qu'il chevauchaient depuis de nombreuses heures, Philéas décida de rompre la glace. "Chère Enarys", dit-il, "nous allons passer huit jours dans les plaines, sans croiser peu de monde... tu ne penses pas qu'il sera de bon ton de se réconcilier ?" Il attendit une quelconque réaction de la jeune fille, puis enchaina : "Si tu es en colère après moi pour la nuit à Apasie, je m'excuse. Je ne voulais pas te sembler.. grossier ?" L'idée de passer huit jours dans le silence terrifiait l'Orphe, qui avait peur de finir par perdre totalement la tête à force. Il s'était mis en tête de réussir à discuter avec la Winghox. "S'il te plait..?", ajouta-t-il, implorant.
Ces huit jours passèrent lentement, notamment à cause du temps qui ne fut pas aidant. Il plut énormément, ralentissant les deux compagnons dont les montures s'embourbaient dans le sol gorgé d'eau. Ce fut donc une traversée pénible par bien des aspects, mais étrangement, les tensions entre les deux compagnons s’atténua. Au bout du troisième jour, Philéas réussit à avoir une conversation avec la Winghox. Pour cela, il avait bien soigné son attitude, et même s'il continuait toujours ses petites avances, il tâchait de les espacer au maximum, ce qui put donner l'impression qu'il était moins lourd qu'avant. De plus, étant plus léger que la Winghox, il s’avéra très utile à certains moments où la progression était particulièrement difficile. La dernière nuit avant d'arriver aux Marais fut la plus agréable, notamment car ils dormirent au sec, mais également car ce fut la première où Philéas ne tenta rien.
Ils arrivèrent au Marais au milieu du neuvième jour. La journée s'était plutôt bien déroulée, le temps étant plus clément. La première chose que le satyre remarqua en arrivant fut l'impression de calme que donnait l'endroit. Il n'y avait que très peu de bruit, et il semblait également que peu d'êtres vivants peuplaient cette grande étendue d'eau boisée. Philéas arrêta Tasha lorsque l'odeur l'atteignit de plein fouet. "Bah !", s'exclama-t-il en fronçant le nez, "et dire qu'on va devoir passer du temps ici à récolter des sangsues !" Il descendit du maneki. Ses bottes s'enfoncèrent d'un bon centimètre dans l'herbe marécageuses en faisant un délicieux bruit de succion. Il grimaça et regarda autour de lui avant de se tourner vers Enarys. "Tu sais à quoi ça ressemble toi, des sangsues lumineuses ? J'imagine qu'on va devoir attendre qu'il fasse nuit pour les repérer.."