Mon royaume pour un cheval...

Leurs pieds s'étalent en de curieux éboulis enchevêtrés de pins et de pavots... et puis là-haut, pour les plus courageux, les roches coupantes, les fragiles ancolies, les habiles mouflons, les éternelles neiges, et l'écho de vos pas dans un silence savoureux.

Re: Mon royaume pour un cheval...

Messagepar Ceithli » 29 Juil 2011, 01:46

Un sourire amusé passa sur le visage de la féline lorsqu'il commença à barbouiller ses épaules de boue, c'était un peu comme s'il cherchait la réchauffer et en soit, elle trouvait cela agréable. Mine de rien, même si l'odeur n'était pas des plus parfumée, elle se sentait apaisée dans cet endroit. Elle écouta alors ses mots doux, lorsqu'il lui disait qu'il ne la détesterait jamais, malgré tout, elle se disait qu'il ne pouvait peut être pas savoir, après tout comment savoir de quoi demain serait fait? Comment leur relation évoluerait? Elle se pelotonna un peu plus contre lui, appréciant le baiser sur sa tempe alors qu'il continuait de lui parler.

Elle ferma les yeux, un peu comme s'il était en train de lui raconter une histoire, en soit, elle comprenait ses inquiétudes, mais elle savait très bien qu'elle ne s'était pas embarquée dans une promenade de santé, que ce serait dangereux, certes elle ne s'était peut être pas attendu à ce point, mais elle était tout de même heureuse d'être là avec lui, car mine de rien, il est possible que si elle n'avait pas été là, qu'il serait simplement mort... et elle aurait sombré dans le chagrin. Cependant, elle écarquilla les yeux lorsqu'il mentionna le mot... «époux», d'ailleurs, lui-même sembla gêné car il se tut rapidement et se serra un peu plus contre elle. Machinalement, la jeune femme baissa les yeux et sortit la bague de la boue, la tenant alors dans le creux de la main. Il s'agissait d'une protection, une protection qu'il lui avait offerte, malgré tout il ne doutait pas qu'il aurait pu demander une boucle d'oreille ou quelque chose d'autre à la place qu'elle aurait pu porter tout en étant animale, mais il avait choisi une bague.

Elle l'imaginait bien, particulièrement gêné d'avoir parlé d'être son époux, même s'il s'était rattrapé... fermant de nouveau les yeux, la féline apprécia le massage qu'il lui faisait, passant délicatement la boue sur sa peau alors qu'il s'en voulait presque de ne pas pouvoir la protéger, elle sourit doucement, peut être même tristement, le laissant terminer avant de reprendre


«Disons que je ne me laisse pas vraiment protéger non plus. Mon instinct me permet d'anticiper certaines choses qu'un humain normal ne peut pas. Mais... avec le temps, tu me connaîtras suffisamment, tu sauras aussi anticiper mes réactions et là tu me protégeras... même de moi-même surement...»

Elle se retourna alors, la vase lui offrant comme une tenue protectrice, elle resta là, à genoux devant lui sans pour autant se jeter dans ses bras, plongeant simplement son regard un peu triste dans le sien

«Et... je pense qu'au contraire, il faut que tu m'en empêches... de m'interposer... ce rêve je... je ne veux pas que ça arrive. Ma mère était là et elle me disait que... que tu es un soldat, que tu aurais pu t'en sortir... que j'aurais du te faire confiance.» elle posa alors sa main sur le torse de son amant, oui, elle était triste à cet instant «le rôle... d'une épouse, c'est de panser les blessures de son mari, pas d'être blessée à sa place... n'est-ce pas?»

Du moins, c'était ce qu'elle pensait. Sa mère avait toujours laissé son père se débrouiller, que ce soit lorsqu'ils étaient encore chez les leurs ou lorsqu'il partait chasser... même si elle pouvait être aussi féroce que lui, elle l'avait toujours laissé se battre seul. Et elle était toujours là pour le rafistoler après. C'était probablement ainsi que ça devait être, même s'ils ne devaient jamais se marier. Contrairement à lui, elle ne rougissait pas vraiment à l'idée de parler d'épouse, mais elle ne put s'empêcher de préciser «enfin c'est aussi le rôle d'une simple compagne aussi, n'est-ce pas?»

Elle ne songeait pas vraiment au mariage, elle ne se sentait pas prête non plus à avoir des enfants, encore moins après le rêve qu'elle avait fait, aussi passa t'elle simplement sa main le long de la joue piquante du soldat pour se rapprocher et venir saisir ses lèvres entre les siennes, glissant ensuite ses doigts dans ses cheveux pour l'agripper un peu alors qu'elle semblait souffrir un peu de ce baiser, la peur de le perdre était évidemment là. Comme il le disait si bien, ils ressentaient la même chose, cet amour si fort qu'il leur faisait peur, peur parce qu'ils savaient qu'ils pouvaient se perdre, peur parce qu'ils avaient un modèle qui ne leur correspondait peut être pas vraiment et donc, qu'ils se trouvaient sans véritable repère... et qu'ils ne savaient pas où ils allaient. Elle se détendit un peu, prenant une profonde inspiration avant de reculer et de sourire tristement

«Je t'aime, Archélas. Je me fiche d'être blessée, du moment que l'on reste tous les deux en vie pour vivre ensembles...» aussi, elle essayait de lui faire comprendre par ces paroles qu'elle ferait aussi attention à sa propre vie, pour ne pas qu'il ait à souffrir de sa perte, lui non plus...

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Re: Mon royaume pour un cheval...

Messagepar Archélas Ages » 30 Juil 2011, 20:33

Archélas hocha la tête. Il espérait que ce jour où il parviendrait à enfin comprendre sa féline et à la connaître arriverait bientôt. Mais avant cela, rien de tel que de passer du temps en sa présence. L'observer, l'écouter, l'apprendre, c'était encore ce qu'il avait de mieux à faire. Oui, peut-être que prendre de la sève de Morphe était ridicule, mais ça l'avait rapproché de ce qu'elle était, au moins un peu, et même si l'expérience n'avait pas duré très longtemps, il avait conservé un souvenir assez particulier de la façon dont il avait ressenti les choses sous cette forme. Lorsqu'elle lui fila entre les doigts pour lui faire face, il resta interdit une seconde. Tout autour d'eux, la vapeur d'eau s'élevait dans l'air frais des montagnes, et Ceithli avait de la boue et de la vase jusque sous le menton, ce qui le fit sourire... à moins que le mot « épouse » y soit pour quelque chose. Il ferma les yeux afin d'accueillir le baiser de la jeune femme, sans un mot, sans un geste, comme s'il craignait de la blesser par l'un ou par l'autre. Mais lorsqu'elle se recula, il lui sourit de nouveau.

« Si tu me demandes quel est le rôle d'une femme, je ne sais pas. D'après ce que m'ont enseigné mes parents, elles sont supposées se taire et obéir à la volonté de leur époux. Tenir la maison, préparer les repas, le servir et surtout... lui donner des enfants... sont quelques uns de leurs devoirs. Mais d'après ce que m'ont enseigné mes voyages à travers le royaume, elles ne sont pas toujours aussi soumises et peuvent se révéler fourbes, dangereuses, meurtrières. Enfin, d'après ce que tu m'as appris, elles ont autant de volonté, d'intelligence, de courage et de force de caractère qu'un homme, sinon plus que la majorité d'entre eux. Et je suis sûr que notre petite virée dans ce village de guerrières me révèlera encore une facette des femmes que je préférerai ignorer... alors... le rôle de mon épouse, ce sera de faire ce qu'elle entend. »

Il posa ses mains sur les épaules de la jeune femme sans la quitter des yeux et entreprit de reprendre son massage où il l'avait laissé, s'amusant de la sensation de la boue sous ses doigts.

« De toute façon quand je te demande quelque chose, tu ne m'écoute pas. Reprit-il avec un sourire moqueur. Je t'avais dit de ne pas venir à Guttenvald... et qui je vois le jour où j'y mets les pieds ? Hum ? »

Il ne la lâcha brièvement que pour se gratter le menton, ce qui eut pour effet de lui laisser de la vase plein la barbe. Puis il se pencha pour l'embrasser, laissant ses doigts courir délicatement sur la nuque de la jeune femme jusqu'à la rapprocher de lui. Lorsqu'il sentit son propre souffle devenir trop rauque pour être contenu, il s'obligea à reculer. Non, là, ce n'était vraiment pas le moment. Pourtant, après un sourire, il fondit sur elle pour l'embrasser de nouveau, plus intensément cette fois, laissant sa langue glisser entre ses lèvres le temps de quelques secondes d'oubli, emprisonnant ce visage qu'il aimait tant entre ses mains. Lorsqu'il se recula pour la seconde fois, un peu tremblant, il gardait les yeux rivés sur la surface opaque de leur bain de boue improvisé, l'air coupable. Les bras posés sur les épaules de Ceithli, il inspira profondément.

« Je t'en empêcherai. De t'interposer. Compléta-t-il après une seconde de silence en la regardant de nouveau dans les yeux. Toi, empêche-moi de devenir odieux. Empêche-moi de te donner des ordres comme si tu me devais obéissance. »

Il se mordit légèrement la lèvre, repensant encore à quelques détails.

« Je... je suis désolé. Nous sommes en mission alors les décisions que je prends, les choses que je te demande, ce sont des ordres. Ce n'est pas ce que je veux pour toi. La prochaine fois je tâcherai de ne pas mélanger mon travail et ma vie privée. Tu n'as pas à subir ça. Et si on doit voyager encore tous les deux, on ira quelque part où il n'y a pas de Dragon des mers pour nous attaquer, pas de lieutenant-colonel stupide à supporter, pas d'hommes cornus pour nous jeter au fond d'un trou. On ne survivra peut-être pas au manque d'action, ajouta-t-il en retrouvant son sourire espiègle, mais on essaiera. D'accord ? »

Il l'embrassa à peine du bout des lèvres, comme s'il craignait de céder encore à la tentation.

« … et je t'aime aussi. »

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Re: Mon royaume pour un cheval...

Messagepar Ceithli » 31 Juil 2011, 21:03

Lorsqu'elle entendit la description de la famille au sens où Archélas - ou ses parents - l'entendait, la féline se disait qu'elle ne pourrait jamais agir ainsi. Non pas que ça lui poserait problème de porter ses enfants et de s'occuper «un peu» de la maison, mais de là à être totalement soumise, elle savait qu'elle ne pourrait pas. Cependant, le soldat poursuivit son discours, parlant des comportements des autres femmes dans le monde pour finalement en conclure qu'elle pourrait faire plus ou moins ce qu'elle voudrait. À cet instant, le regard de la jeune femme se fit doux et elle passa sa main le long de sa barbe et sourit en voyant qu'elle lui mettait encore plus de boue, puis il parla de Guttenvald et elle fronça les yeux, comme si elle faisait semblant de bouder

«Hey! Je ne suis pas allée à Guttenvald pour toi! Je pensais que tu n'y serais plus je te rappelle!»

Elle savait qu'il plaisantait, aussi se laissa t'elle faire lorsqu'il commença à l'embrasser, se laissant, elle aussi, un peu emporter, ramenant ses deux bras au niveau de son cou pour le serrer contre elle, son cœur s'emballant un peu comme à chaque fois qu'elle se trouvait si proche de lui. C'était assez perturbant l'effet qu'il pouvait avoir sur elle, elle avait toujours été d'une nature assez impulsive, surtout en ce qui concerne ses désirs, mais il avait un véritable pouvoir sur elle, peut être un magnétisme animal et la première fois qu'elle l'avait vu, elle l'avait tout de suite identifié à un fauve, peut être était-ce aussi cela qui l'attirait comme un papillon vers une flamme, au point de se brûler les ailes.

Il se détacha d'elle, probablement qu'il estimait qu'ils devaient être sages vu qu'il était souffrant et blessé, bien que l'idée de se laisser aller dans la beau avait un côté intriguant et aiguisait sa curiosité. Il plongea son regard dans le sien et lui promit alors de ne plus la laisser s'interposer, malgré tout, elle savait qu'elle le ferait toujours, mais de son côté, elle se promit à elle même de faire en sorte de ne pas s'interposer en risquant sa propre vie. Sacrifier un bras ou une jambe n'était pas bien grave, mais elle ne ferait pas barrage de son corps. Il s'excusa alors de lui donner des ordres et cette fois, ce fut elle qui l'embrassa cette fois lorsqu'il eut terminé, elle avait posé ses deux mains sur son torse et plongea son regard d'onyx dans le sien en souriant tristement


«Je t'ai accompagné parce que je voulais être près de toi, mais je savais que tu étais en mission... il... il faut que tu comprennes que je sais bien qu'il y a deux hommes en toi, l'homme que j'aime et le soldat du roi... le soldat du roi a le droit de me donner des ordres, car je lui là pour l'aider... après, je te promets que j'empêcherai l'homme de me donner des ordres... ça te va?»

Elle sourit plus doucement cette fois-ci, et elle se pencha encore, pour l'embrasser, délicatement, suavement, oui elle le cherchait peut être un peu, mais à cet instant, c'était plutôt inconscient. Elle n'y pouvait rien s'il lui faisait perdre ses moyens. Et lorsqu'il lui disait l'aimer de cette manière, comment pouvait-elle résister? Pour l'instant, elle ne voulait pas. Ils étaient là, tous les deux, que ça dégénère ou non elle était bien, se pressant un peu plus contre lui, la boue offrant une certaine sensation douce et glissante qui lui donnait l'impression qu'il lui échappait un peu, l'invitant alors à s'accrocher un peu plus avant de détacher ses lèvres des siennes et de glisser ses doigts dans ses cheveux, y mettant d'avantage de vase avec un air amusé

«Je pense qu'on ne pourra jamais être un couple normal de toute manière... tu ne sembles pas vouloir suivre le schéma de tes parents, et je ne suis pas faite pour vivre juste dans une maison à m'occuper seulement de ma famille.. j'ai besoin de vivre, de voyager et... et si nous avons des enfants, il est possibles qu'ils soient morphes également et dans ce cas, ils auront aussi ce besoin de liberté...»

Et sous forme guépard, car il était tout de même probable qu'ils soient de cette race, ils pourraient même marcher tous seuls... aussi il était vrai que leur famille, le jour où ils en auraient une, serait tout sauf «normale». Elle espérait ne pas l'avoir effrayé en parlant de leurs enfants, elle n'en voulait pas tout de suite évidemment, mais maintenant qu'ils étaient embarqués dans cette conversation, elle se sentait un peu plus libre d'en parler, malgré tout elle ne voulait pas lui faire peur

«Mais nous avons le temps... tout notre temps... de toute manière, il est impossible de voyager sur Nideyle sans affronter quelques dangers... même si nous ne faisons que prendre des vacances tous les deux, je ne pense pas que nous... «manquerons d'action»...» elle eut alors un sourire malicieux et frotta son nez contre le sien «et puis... il y a des actions qui sont plutôt plaisantes, non?»

Elle déposa un baiser furtif sur ses lèvres avant de reculer et de le fixer d'un air amusé... oui, il était peu probable qu'ils puissent s'ennuyer un jour...

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Re: Mon royaume pour un cheval...

Messagepar Archélas Ages » 02 Aoû 2011, 00:41

Le sourire d'Archélas se fit un peu fatigué. Des discussions difficiles, il en avait tenu un certain nombre avec le Seigneur Manôlis, mais jamais de cet ordre. Or, force lui était de constater qu'il était bien plus éprouvant de se confier que de parler plans de bataille. Malgré tout, ce n'était pas pire que ce qu'il avait subit à Aspasie lors de sa première rencontre avec la jeune femme, et il commençait à s'habituer doucement à ces échanges, même s'ils le mettaient souvent mal à l'aise. Il embrassa le front de sa compagne tout en laissant ses mains lui masser distraitement les épaules. À se taire, il le savait, il risquait les erreurs d'interprétation et les colères de Ceithli qui allaient avec. Le souvenir de son vol plané dans cette chambre d'auberge n'était pas prêt de le quitter, et le regard chargé de rancœur de la féline à ce moment là non-plus. Ce jour-là, il l'avait blessée parce qu'il s'était tut, et lui s'était blessé en parlant trop. Bien sûr, s'il y pensait, il devait bien avoir un principe tout prêt à propos des hommes faibles qui se répandaient en bon sentiments... mais ses principes, il n'y croyait plus trop. Alors il regarda Ceithli lui parler d'enfants et de liberté et lui sourit.

Qui pouvait espérer apprivoiser un guépard et en faire un gentil chat domestique ? Lui n'avait pas l'intention d'avoir cette prétention.

« Détrompe-toi, voyager sur Nideyle sans rencontrer de danger c'est possible, je connais des tas de gens qui vont et viennent sur les routes sans jamais croiser plus dangereux qu'un jackalope égaré. Mais dans notre cas, je dois reconnaître qu'on a la guigne... »

Peut-être n'était-il pas assez croyant ? Peut-être encore avait-il offensé Alrik dans une autre vie ? Ses yeux se posèrent sur les lèvres de Ceithli. Avec sa manie de gigoter à la moindre occasion, il la croyait sur parole lorsqu'elle lui assurait qu'ils ne manqueraient pas d'action. Pour le reste, il fit comme s'il n'avait rien entendu... en tous cas les deux premières secondes. Ensuite, et bien... la chaleur du bain lui fit dire que ses muscles étaient déliés et ses jambes glissèrent malencontreusement dans la vase jusqu'à faire de la jeune femme sa prisonnière. Non ce n'était pas raisonnable, non ce n'était pas prudent, non il n'avait aucune volonté. Et puis ? Était-ce sa faute s'il n'était qu'un homme ? Peut-être bien que l'excuse était facile... il en fallait bien une.

Les minutes suivantes s'égrenèrent entre deux soupirs et l'eau ne fut plus aussi calme que lorsqu'ils y étaient entrés. Bientôt, on ne sut plus si c'était la boue soumise à la larme de Fildar qui enfiévrait leurs corps ou l'inverse. De tendresse à passion, de passion à voracité, comme chaque fois qu'ils se livraient bataille à s'en faire mal. Puis le silence de leur coin de paradis interrompu de murmures et de plaintes retomba comme un voile sur les deux amants vaincus.

Quelques minutes encore, Archélas s'accorda le plaisir partagé de serrer Ceithli contre lui, comme s'il refusait de se séparer d'elle de plus d'un centimètre. Il lui embrassa les tempes, riant de la voir couverte de vase jusqu'au menton après ces quelques instants un peu agités.

« Ma puce... je vais me rincer. Profite encore un peu, d'accord ? Il se recula comme pour avoir une vue d'ensemble, le sourire aux lèvres. Je te conseillerais bien de nettoyer un peu tout ça, fit-il en désignant le visage de la jeune femme d'un geste circulaire, mais j'ai bien peur qu'il y ait plus de vase que d'eau clair dans ce bain... »

Surtout depuis qu'ils avaient remué l'ensemble. Un baiser furtif plus tard, il se hissait hors de la cuvette naturelle, appréciant la fraîcheur des montagnes sur sa peau. Se rincer fut une rude épreuve en revanche. L'eau du ru était glaciale et ne coulait qu'en quantité limitée. Il la recueillait dans le creux de ses mains pour s'en asperger, ce qui fit qu'il mit un temps fou à se débarrasser de la boue qui commençait déjà à sécher sur sa peau. Mais pour Ceithli, il eut l'idée un peu tardive de bloquer l'écoulement du ru par de grosses pierres, la laissant ainsi s'accumuler sous l'effet de ce barrage improvisé. Ce n'était pas très profond mais c'était déjà mieux que le filet naturel à peine plus épais qu'une corde. Puis un souffle de vent le fit se rhabiller plus vite qu'il s'était dévêtu. Il n'y avait plus qu'à espérer que le campement était intact.

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Re: Mon royaume pour un cheval...

Messagepar Ceithli » 02 Aoû 2011, 14:25

Ce qui devait arriver avait bien fini par arriver. Ce qui commença, comme bien souvent, dans la douceur et l'amour tourna rapidement à de la passion avec un brin de sauvagerie, ce qui conforta un peu la féline que son amant était bien loin de n'être qu'un simple humain docile. Elle l'enlaçait de ses bras blancs, embrassant ses lèvres avec gourmandise et probablement un brin de fatigue alors que la nuit tombait autour d'eux, berçant les environs d'un drap sombre. Elle resta quelques secondes dans leur cuve alors qu'il se rinçait, elle se reposait avec bien être contre le bord en l'observant se rincer, peut être avec une pointe d'amusement en voyant le temps qu'il y mettait alors qu'il suffisait de bloquer un peu le courant. Elle se garda bien de le lui dire, non seulement parce qu'elle ne voulait pas le mettre mal à l'aise face à sa propre bêtise, mais en plus parce que ça l'amusait de le voir se démenait un peu dans sa maladresse alors qu'il savait se montrer si adroit quand il le voulait.

Elle sortit de l'eau pour aller se rincer à son tour alors qu'il s'habillait rapidement, la vase lui offrait une tenue complète malgré sa nudité, aussi alla t'elle se plonger dans l'eau glacée, frottant énergiquement tout en grimaçant sous la fraîcheur qui raidissait ses muscles à peine détendus. Elle se courba en arrière, offrant une silhouette assez cambrée pour pouvoir bien rincer ses cheveux, elle aurait pu tout aussi bien se transformer et se rincer sous sa forme animale, cela aurait pris beaucoup moins de temps, mais le soldat avait supporté l'eau glacée, elle ferait de même. Elle remit le rubsang, l'accrochant autour de son cou pour qu'il recouvre les parties intimes de son corps avant de se mettre en route pour rejoindre le campement.

Tout était en place, l'odeur qu'elle avait laissée en temps que fauve avait du faire fuir bon nombre d'animaux, aussi alla t'elle s'installer près du feu. Elle n'était pas beaucoup vêtue, mais d'un autre côté, toutes ses affaires étaient soit sales, soit humides... malgré tout, le feu avait bien commencé à les faire sécher et il était temps que le soldat mange un peu. Elle lui sourit timidement, comme si c'était la première fois qu'ils passaient à l'acte et que le silence gêné des jeunes amants s'installait. Malgré tout, elle se sentait bien, simplement sereine car elle commençait petit à petit à y voir plus clair dans leur relation. Ils s'aimaient, mais seraient toujours un couple assez atypique, mais elle semblait vouloir s'en conforter, car c'était probablement ce qui rendait leur union si spéciale.

Elle attisa un peu le feu en ajoutant de nouvelles branches et en secouant les braises, la chaleur lui faisait du bien alors que sa peau tiraillait par l'eau glacée à laquelle elle avait été exposée juste avant. Elle ne put contenir un bâillement, pourtant elle avait dormi et au final, elle n'était pas si fatiguée. Elle se tourna vers lui, souriant avec une pointe de malice avant de regarder le sac


«Il faudrait que tu manges un morceau, puis je te masserai avec le baume de Belladona avant que tu n'ailles te coucher... puis je m'occuperai de la garde du campement...»

Elle l'attira jusqu'à elle, posant sa main sur la mâchoire piquante avant de l'embrasser à nouveau, profitant un peu de la paix dont ils pouvaient bénéficier pour le moment avant de repartir pour cette dangereuse aventure...

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Re: Mon royaume pour un cheval...

Messagepar Archélas Ages » 02 Aoû 2011, 15:33

Assis sur un rocher, Archélas attendit que la jeune femme ait fini de se rincer, profitant comme il se devait du paysage qu'elle étalait sous ses yeux... Il passa ses doigts dans ses cheveux pour les démêler grossièrement, puis dans sa barbe pour évaluer les dégâts. Là où ils se rendaient, il pouvait faire une croix sur un barbier. En fait, il pouvait même faire une croix sur sa vie, de ce qu'il avait compris des Tenaag'i. Lorsque Ceithli eut fini, il se leva aussitôt pour refaire la route en sens inverse. C'était toujours aussi pénible qu'à l'allée, mais au moins ils étaient propres et... détendus. De temps à autre, le soldat jetait des coups d'œil circulaires autour d'eux, chaque fois qu'il se retrouvait suffisamment en hauteur pour avoir un panorama intéressant. Mais à part quelques buissons épars et des éboulis de pierres, il n'y avait rien d'inquiétant aux alentours. Il tendait la main lorsqu'il voyait sa compagne en difficulté, pestant parfois lui-même lorsqu'il glissait sur un rocher, jusqu'à ce qu'ils débouchent enfin sur le campement. Rien n'avait bougé, au plus grand soulagement d'Archélas qui sentait la fatigue l'écraser peu à peu.

Aussitôt, il dégagea les pierres qui servaient à retenir leurs vêtements et la couverture afin de secouer le tout, le retourner, et le coincer de nouveau par des pierres. S'il avait espéré que le vent les ferait sécher plus vite, il devait se rendre à l'évidence que ce ne serait pas le cas avant le lendemain. Un peu essoufflé, il ramassa l'ensemble de chat de sa féline et le lui rapporta. Bizarrement, il était aussi propre qu'au premier jour. Et bizarrement, le sien aussi malgré le nombre incalculable de fois où il avait ripé sur les rochers. Il posa un regard suspicieux sur son pantalon. Est-ce qu'un petite langue de chat sortait du tissu pour tout nettoyer quand il ne regardait pas ? Ceithli reprenant la parole le tira de ses rêveries un peu fiévreuses.

« Oui, mais je veux que tu mange aussi. »

C'était lui qui avait rangé la viande. Il la sortit donc avec précautions – il ne s'agissait pas de mettre de la graisse partout et que leurs affaires sentent le chamois grillé à des kilomètres, même si c'était déjà le cas – et la servit sur une pierre plus ou moins plate, dégainant sa rapière pour y découper plusieurs tranches. Silencieux et un peu ailleurs, il tentait de réfléchir à un meilleur plan pour infiltrer le village des Tenaag'i, mais il n'en voyait pas d'autre. Et puis sa fièvre revenait à l'assaut, charriant avec elle son flot de pensées aussi bizarres qu'incohérentes... et épuisantes.

« Je... je suis fatigué, je vais aller me coucher. Tu veux bien me réveiller demain matin ? »

Il fouilla le sac à la recherche de l'Arnisauge qu'il tendit à Ceithli, et sans en ajouter davantage, il se défit de son haut. Curieusement, il n'aimait pas ne porter qu'un simple vêtement et sa brigandine lui manquait. Seulement voilà, une pièce d'équipement de cuir était bien plus lente à sécher que le reste, et il ne pourrait pas espérer s'en vêtir avant au moins deux jours, à moins de profiter d'un soleil cuisant le lendemain. L'esprit un peu embrouillé, il se laissa masser, savourant ce moment de détente supplémentaire. Puis il alla se réfugier sous la tente après un baiser de remerciement à sa féline. Autant dire qu'il s'endormit comme une masse, totalement rompu par les évènements de ces derniers jours.

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Re: Mon royaume pour un cheval...

Messagepar Ceithli » 02 Aoû 2011, 17:04

D'abord, manger un morceau, le reste on verrait. La féline laissa Archélas découper la viande par petits morceaux et apprécia de déguster la viande de chamois cuite, c'était assez bon en fait, mais le gibier avant tendance à ne pas se conserver trop bien, aussi il était probable qu'elle retourne chasser dans la nuit pour avoir de quoi manger le lendemain sans risquer en prime une intoxication alimentaire. Le soldat était bien assez malade comme ça, même s'il ne l'avait pas trop montré au cours de la «baignade».

Le repas terminé, il manifesta son malaise, elle fronça un peu les sourcils mais récupéra le pot avant d'aller dans la tente avec lui et le masser longuement, n'hésitant pas à mettre tout de même une couche importante de crème aux endroits qui lui semblaient les plus douloureux - et qui risquaient de l'être encore plus le lendemain après l'activité récente - avant de le refermer soigneusement et de déposer un baiser dans son cou


«Je t'aime... repose toi...»

Elle sortit alors, regardant le costume de chat qu'elle n'avait pas remis et se transforma. Pour monter la garde, elle avait besoin de moins de sommeil sous sa forme animale et tiendrait bien mieux éveillé ainsi, beaucoup plus aux aguets. La nuit fut assez tranquille, la féline faisant régulièrement des rondes, manquant de se friter avec une bande de loups qui semblait vouloir s'aventurer sur le territoire, mais visiblement, ils n'étaient pas suffisamment affamés en cette saison pour vouloir lui chercher des noises, après tout, l'hiver était loin et la nourriture était loin d'être rare. Elle avait même réussi à débusquer un lapin qu'elle ramena au campement pour le... petit déjeuner.

Le soleil pointa le bout de son nez, elle était assise là, le museau au vent à observer l'horizon de son point d'observation. De là où ils se trouvaient, elle avait une vue sur le Sud de Nideyle, d'ici elle ne pouvait voir Windrakk, dissimulé dans les montagnes, mais elle pouvait voir les forêts qui s'étendaient un peu à l'ouest des montagnes, et elle soupçonnait les amazones de vivre par là... les forêts étaient généralement source de vie pour ce genre de peuple, offrant chasse, cultures et pêche si des rivières coulaient par là... d'autant qu'un lac trônait lui aussi à l'Ouest alors elle pouvait s'être installées quelque part autour, ce serait assez logique en soit. Cependant, le tout était bien trop loin pour qu'elle puisse distinguer ne serait-ce qu'une habitation, et il n'était même pas dit qu'elle pourrait voir de la fumée si un feu était allumé là bas, aussi fit-elle demi-tour, attendant que le soleil se lève un peu plus pour réveiller son compagnon.

Elle renifla un peu le lapin qu'elle avait chassé, et finalement le dévora après s'être éloignée pour ne pas faire de bruit. Elle avait faim à patrouiller ainsi, et la fatigue n'aidait pas vraiment... si elle avait dormi la veille, l'activité qui avait suivi avait épuisé une partie des réserves fraîchement gagnées aussi... peut être demanderait-elle une heure de repos sous sa forme animale pour mieux se rétablir. Elle partit de nouveau en patrouille et faillit courir après une hermine, mais l'épisode d'Archélas sous cette forme la stoppa net et elle se retrouva un peu stupide, les quatre pattes écartées à regarder sa proie fila, en clignant des yeux d'un air éberlué. Comment avait-elle fait? En temps normal, elle n'aurait jamais laissé passer une telle proie sous prétexte qu'elle a une légère ressemblance avec l'humain qu'elle pouvait aimer sous son autre forme... elle resta figée plusieurs minutes, son cœur battant rapidement dans ses flancs alors qu'elle n'appréciait guère de laisser son instinct animal être ainsi bafoué, aussi repartit-elle rapidement à la chasse, trouvant un nouveau lapin qu'elle fut presque ravie d'égorger.

De retour au campement, elle le mit à l'endroit où elle avait laissé l'ancien, se léchant un peu les babines avant de reprendre forme humaine. La jeune femme prit alors l'outre des danaides et s'en servit pour se rincer un peu le visage et le cou avant d'entrer dans la tente et de se glisser dans le dos d'Archélas. Elle passa sa main sur son front, la fièvre avait «un peu» baissé, mais il était encore chaud, ce qui n'aidait pas vraiment à la rassurer, puis elle l'enlaça et déposa un baiser dans son cou, le rubsang ne couvrant presque pas sa peau, il pouvait en sentir le contact doux et chaud après sa transformation.


«Le soleil est levé...» murmura t'elle à son oreille...

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Re: Mon royaume pour un cheval...

Messagepar Archélas Ages » 03 Aoû 2011, 00:58

Archélas fouillait les poches de son ensemble de chat, à la recherche d'une petite fiole qu'il n'avait jamais vu mais qui – dans son rêve – lui était tout à fait familière. Il la montra à Ceithli qui s'était assise à califourchon sur lui et qui le caressait à le faire se consumer totalement.

« C'est un philtre des brames, il paraît que c'est aphrodisiaque... » assura-t-il avec un sourire évocateur.

Pourtant, au moment où il portait la fiole à ses lèvres, sa féline ouvrait la bouche pour lui crier d'arrêter, mais il était trop tard. Il se contorsionnait à présent sous le coup de la douleur, réalisant qu'il s'était fait avoir et qu'il venait d'avaler une fiole entière de sève de Morphe. Le plus étrange, c'est qu'il ne se transforma pas en animal... non. Il devint Sayah ! Et Ceithli essayait de l'étrangler en le traitant de tous les noms, lui disant que ses évènements étaient une honte, qu'il n'était qu'un sadique odieux tout juste bon à finir en sac à main. Et Archélas essayait de la calmer sans y arriver.

« Ccccccc'est moi... » sifflait-il.

Mais Ceithli ne s'arrêtait pas. Il la voyait, au-dessus de lui, le visage déformé par la haine et la cruauté. Elle voulait le tuer, lui. Non, elle voulait tuer Sayah. Mais il était Sayah. Elle ne comprenait pas... elle ne le reconnaissait pas.

« Ccccccc'est moi Cccccccccceithli... »

L'air lui manquait. Il ne pouvait plus respirer.


Image


Les mains sur sa gorge, Archélas rouvrit brusquement les yeux, essoufflé et le cœur affolé. Il battit plusieurs fois des cils en se demandant où il se trouvait avant de se calmer en reconnaissant la tente. Le jour perçait par l'ouverture et le chant des oiseaux lui parvenait depuis l'extérieur. Il remua légèrement à la recherche de Ceithli, mais elle n'était pas sous la tente, alors il s'accorda une seconde pour reprendre ses esprits. Les yeux fermés, il devait faire un effort conscient pour se calmer alors qu'une marée de pensées incohérentes se bousculaient derrière ses paupières à lui en donner une migraine de tous les diables. Enfouissant son visage au creux de ses bras, il pria pour se rendormir... mais ça ne fonctionna pas du tout. Quelques secondes plus tard, un bruissement fit entrer davantage de lumière encore sous la tente. Il ne bougea pas. Ni lorsqu'elle lui caressa le front, ni lorsqu'elle l'embrassa, imitant parfaitement le mort. Une minute passa ainsi avant qu'il se décide enfin à s'asseoir.

« Bonjour... » fit-il avec un sourire encore plus épuisé que la veille.

Il s'étira lentement, frissonnant légèrement lorsque le vent s'engouffra par l'ouverture.

« Je n'ai pas tellement envie de m'attarder sur ces territoires de barbares... si ça ne t'ennuie pas, j'aimerai qu'on se mette en route après le petit déjeuner. En fait, on peut même manger en marchant... »

Il se frotta les yeux comme pour chasser de force la fatigue qui ne voulait pas le lâcher et embrassa Ceithli au vol avant de se glisser hors de la tente. En se redressant, il en fut quitte pour une quinte de toux qui lui laissa un goût amer dans la gorge, mais il se contenta de rassurer Ceithli par un sourire avant d'aller boire un peu. Il délaissa le feu, préférant plier leurs vêtements à présent tout à fait secs et s'installer pour le repas. La viande était encore bonne, quoi que froide, mais le thym qu'il y avait mis la veille avait suffit à lui laisser un parfum suffisant. Curieusement, ça ne fut pas aussi bon que ce qu'il espérait, comme si son sens du goût était altéré. Il repéra quelque touffes de poils dans un coin, seule preuve tangible que sa féline avait déjà mangé... et deux secondes trop tard il remarqua le lapin qu'elle avait chassé pour lui. Il s'en mordit la langue.

« Désolé je... je n'avais pas vu... Tu n'étais pas obligée de chasser pour moi tu sais, le chamois que tu as rapporté hier sera suffisant jusqu'à au moins demain soir... »

Il ne sut pas trop comment s'excuser autrement qu'en l'embrassant avec un air un peu coupable. Non seulement il n'était bon à rien, mais en plus il ignorait les attentions de sa féline à son égard... un véritable rustre !

« On le fera cuire pour ce midi, ou bien tu le mangeras quand tu auras un petit creux. Je le garderai à la ceinture. »

À ce propos, il se hâta d'accrocher le fourreau de son épée à sa taille et s'activa à tout ranger afin de lever le camp au plus vite. Il ignorait tout à fait pourquoi mais ce matin, rester sur place l'angoissait bêtement. Si bien qu'en deux temps trois mouvements, tout fut plié, rangé et emballé. Jetant le sac sur son épaule, il constata alors qu'il n'éprouvait plus la moindre douleur aux reins, ce qui le figea dans une stupeur un peu étrange durant quelques secondes. En revanche, le martèlement incessant de son cœur dans ses tempes le rendait à moitié fou. Ceithli plia la tente en dernier tandis qu'il éparpillait les cendres et recouvrait les braises de terre humide. Fin prêt pour son expédition, il poussa un profond soupir.

« Prête ? » lança-t-il sur le même ton conquérant que s'il s'était exclamé « Tenaag'i... nous voici ! »

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Re: Mon royaume pour un cheval...

Messagepar Ceithli » 04 Aoû 2011, 22:20

Lorsqu'Archélas se réveilla, la féline fronça un peu les sourcils, il semblait un peu bougon, probablement un mauvais rêve? Possible, elle le serra un peu plus contre elle avant de le suivre à l'extérieur de la tente et de commencer à manger, approuvant la décision du soldat à l'idée de partir rapidement... s'il allait mieux, il était, en effet, temps de chercher à rejoindre le Sud.

Elle ne s'offusqua pas qu'il ne mange pas le lapin, selon elle, il était dangereux qu'il mange le chamois, aussi resta t'elle dans le silence alors qu'ils repliaient le camp. Elle se chargea de la tente, laissant le soldat ranger le reste, cependant, elle mettait également leurs affaires dans le sac pour pouvoir les récupérer en cas de besoin.


«Oui, je suis prête» dit-elle après avoir enfilé le costume de chat... c'était moins «esthétique» que le rubsang, du moins surement du point de vue d'Archélas, mais au moins elle serait couverte. Elle prit la gourde des danaides, laissant son amant porter le sac histoire de partager un peu et ils se mirent en marche. Le chemin était assez escarpé, Belladona les avait envoyés assez en hauteur, surement parce qu'ils auraient du partir pour le Nord afin de rejoindre Némesis, malheureusement, ce ne serait pas pour tout de suite... ils retournaient encore vers le Sud, ce qui arracha un léger soupir à la féline qui savait surtout qu'ils allaient au devant des ennuis. D'après ce qu'elle avait pu voir depuis les hauteurs, il fallait aller au Sud Ouest, alors elle prit cette direction. Elle aurait pu changer d'apparence, il aurait surement été plus pratique pour elle de se déplacer sous sa forme féline, mais de toute manière, elle devrait attendre Archélas. Si celui-ci ne semblait plus avoir mal au dos, il était encore un peu pâle et elle supposait qu'il devait encore être malade.

Le soleil s'élevait de plus en plus haut dans le ciel, mais heureusement, le paysage était suffisamment couvert pour qu'ils restent à l'ombre, aussi ils ne souffraient pas de la chaleur. Lorsqu'ils arrivèrent au niveau d'un petit ruisseau, elle en profita pour remplir l'outre des danaïdes, en buvant quelques gorgées par la même occasion et essuyant la sueur sur son front


«Nous sommes bientôt en bas de la montagne, je propose que nous faisions une pause une fois dans les plaines»

Ce sera plus sur, ils seront moins visibles... et puis il vaut mieux manger un morceau avant de s'aventurer dans les forêts qui se dessinaient désormais devant eux, si les amazones vivaient quelque part là dedans, il y avait du gibier, et qui dit gibier, dit chasseurs... ou prédateurs. Par conséquent, elle estimait que cette forêt devait abriter son lot de créatures bizarres, d'autant qu'elle se souvenait des paroles des winghox, les teignes se faisaient plus nombreuses ces derniers temps, elle n'avait pas souvenir qu'elles aimaient les forêts, mais on ne sait jamais.

Les genoux écorchés, les mains et les bras griffés, sans parler du cou et du visage à cause des branches et des quelques glissades en cours de route, mais elle ne montrait aucune fatigue ni frustration... ce n'était rien en comparaison de ce qui les attendait.

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Re: Mon royaume pour un cheval...

Messagepar Archélas Ages » 05 Aoû 2011, 17:53

Les premières heures de marche, Archélas eut l'impression de refaire un énième tour de garde autour du campement. Il jeta quelques coups d'œil inquiets autour de lui, s'attendant presque à voir toute une armée de Winghox armés jusqu'aux cornes surgir de nulle part. La main à la garde de son épée, il se tenait en alerte, animé d'une angoisse un peu absurde. Le souvenir de cette matinée où ils avaient été cueillis par deux de ces barbares semblait s'agiter quelque part sous sa fièvre. Pas question de se laisser prendre cette fois...

Il reconnut le buisson de thym qu'il avait déjà délesté de quelques branches, profitant de l'occasion pour en récupérer quelques unes supplémentaires au passage. C'était idiot mais ça pouvait servir, et puis le sac sentirait meilleur ainsi. Il s'autorisa aussi à monter sur les rochers dont il s'était servit de poste d'observation la veille. Les alentours étaient toujours aussi dépeuplés... mais lui n'était pas tranquille pour autant. Peut-être était-ce cela qui le dérangeait, cette sensation de trop connaître les lieux ou de les avoir foulés trop longtemps, ce qui leur faisait prendre le risque de devenir trop facilement repérable. Les animaux eux-même avaient cet instinct d'être sans-cesse en mouvement, certains naissant même sans odeur comme les faons, leur mère les laissant dans un buisson pour les protéger des prédateurs. Mais eux... eux n'étaient pas des proies, ils étaient des prédateurs. Et comme tout bon prédateur dans le règne animal, ils dégageaient une odeur suffisamment prononcée pour être détectée par d'autres. Des prédateurs plus gros... ou plus cornus.

Dans ses pensées, il ramassa quelques branches, quelques brindilles, un peu de mousse séchée pour un futur feu, râlant de temps en temps contre sa migraine qui lui faisait voir trente-six chandelles. Il trébucha quelquefois sur des pierres glissantes et joua à épier bêtement ses vêtements pour savoir à quel moment ils se nettoyaient... mais bien évidemment, c'était toujours lorsqu'il ne regardait pas. Il fit une pause de bon cœur lorsqu'il fallu remplir l'outre, buvant à son tour et observant Ceithli d'un air suspicieux. Il en était à se demander pourquoi elle transpirait alors que lui-même se sentait glacé jusqu'aux os, jusqu'à ce qu'il remarque qu'en réalité, lui aussi était couvert de sueur. Il s'essuya d'un revers de manche, un frisson courant sur sa nuque.

« C'est une bonne idée, nous aurons une vue dégagée depuis les plaines... »

Il s'étira, soupirant à ses accès de paranoïa qui le fatiguaient, et qui devaient sans-doute fatiguer sa compagne, sinon l'agacer. Il jeta un œil vers l'ouest. Une forêt d'épineux grignotait les pieds de l'Échine de Drakmonniss jusqu'à ensevelir totalement les montagnes sous sa fourrure dense et verdoyante. Puis son regard se posa de nouveau sur Ceithli. Pieds nus, elle était écorchées à divers endroits, et même si elle ne s'en plaignait pas, Archélas en eut un pincement au cœur. Pourquoi est-ce qu'elle ne se transformait pas ? Il voulu le lui proposer, mais il se sentait d'humeur tellement détestable qu'il préféra s'abstenir de crainte d'employer un ton blessant. Il soupira alors et fouilla ses poches.

« Je suis désolé, je crois que j'ai attrapé quelque chose et je n'ai pas envie de m'en prendre à toi... expliqua-t-il d'un ton froid. J'ai mal à la tête, ça me porte sur les nerfs. Dans cinq minutes j'aurai envie d'égorger le premier oiseau qui osera pousser sa chansonnette dans mes oreilles... »

Il sortit deux bonbons et en avala un sans réfléchir, tendant le second à Ceithli au cas où. Il doutait qu'elle en ait besoin, mais comme à l'origine il les avaient achetés pour elle, il trouvait un peu injuste de les lui « voler ». Quelques secondes plus tard, il eut envie de manger le second dans la foulée... Quelques secondes encore, il sourit. À la fin, il éclata de rire devant le spectacle qu'il devait donner, se trouvant ridicule alors que sa féline faisait preuve de trois fois plus de volonté et de courage que lui. Il se remit alors en route, embrassant Ceithli au passage comme pour l'encourager. Le reste du trajet, il le fit en sifflotant, s'autorisant même à prendre la jeune femme dans ses bras pour l'aider à franchir un rocher comme si elle était une princesse. Il lui proposa ses bottes, l'invita à devenir guépard ou à grimper sur son dos, lui offrit une fleur de pavot qu'il piqua dans ses cheveux blonds, lui demanda dix fois si elle avait froid, faim, ou si elle était fatiguée, jusqu'à ce que les plaines se dessinent enfin sous leurs yeux. Leur marche se fit alors plus rapide, même s'il y avait encore quelques rochers à contourner, et Archélas fit la pause que Ceithli avait suggéré.

« Je n'ai pas très faim, je vais me contenter de la Corne d'abondance. On reprendra la route après, sauf si tu veux dormir un peu. Tu n'as pas dormit cette nuit, tu devrais peut-être te reposer un peu. Je surveillerai les alentours si tu veux. Tu veux ma pèlerine ? »

Il se leva pour jeter les restes de chamois au loin, l'odeur qu'ils dégageaient trahissant une viande déjà faisandée. Il s'amusa même à viser plus loin chaque fois, comme un jeu. Puis il s'allongea dans l'herbe en écartant les bras comme s'il venait de fournir un effort violent. Ses yeux bleus observaient le ciel où flottait une crème de nuages blancs qui tamisait la lumière du soleil.

« Je vais mettre la sève de Morphe dans ma poche, je veux pouvoir l'avaler rapidement si nous sommes surpris. C'était déjà gênant que ces barbares me demandent de leur montrer mes... euh... Enfin, avec les us et coutumes de leurs voisines, j'ai un peu peur de ce qu'elles pourraient me faire. En fait, je sais ce qu'elles me feraient... et je préfère être une hermine en leur présence, si ça ne t'ennuie pas. Il tourna la tête vers elle. Je ne pense pas que tu risque grand chose. D'abord tu n'as pas de cornes, ensuite tu es une femme. Et puis tu es Morphe. Est-ce qu'elles aiment bien les Morphes ? »

Il bailla avant de se redresser. Il décrocha le lapin de sa ceinture et alla fouiller le sac à la recherche de la corne qu'il retourna dans le creux de sa main. Il se rallongea pour manger, picorant comme l'un de ces seigneurs oisifs vautrés dans leurs duchesses. Ce qui le fit rire à nouveau.

« Tu en veux ? Proposa-t-il en lui tendant les fruits. Tu sais, j'ai rêvé que la sève de Morphe me changeait en Sayah cette nuit, et que tu voulais me tuer. En fait tu voulais tuer Sayah, mais comme j'étais lui c'était pareil... Tu crois que les Infinitudes sont au courant de son commerce ? C'est étonnant cette magie qu'il possède, je me suis toujours demandé comment il faisait. Si ça se trouve, c'est une Infinitude aussi Sayah. Un fils d'Amroth peut-être ? À cause du côté saurien... »

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Re: Mon royaume pour un cheval...

Messagepar Ceithli » 05 Aoû 2011, 18:31

Comme il l'avait si bien supposé intérieurement, la féline refusa le bonbon, elle n'estimait pas en avoir besoin, d'autant qu'à le voir progressivement retrouver sa bonne humeur suffisait largement à ce qu'elle se sente mieux elle-même, aussi avança t'elle avec un peu plus d'entrain, répondant généralement par un simple «oui» ou «non» aux questions multiples du soldat histoire d'économiser son souffle... en fait, il avait un côté irritant à force car il ne cessait plus de parler et en vint à se demander s'il ne valait vraiment pas mieux qu'elle se transforme. Surtout qu'il vint lui mettre une fleur dans les cheveux, devait-elle lui préciser qu'elle n'était pas un vase?

Au moins, ils étaient enfin dans les plaines et lorsqu'il installa le campement, une fois de plus il vint lui demander si elle voulait manger, se reposer et... elle leva alors la main, oui elle avait la migraine en fait, il n'avait pratiquement pas cessé de parler de tout le voyage et elle n'en pouvait plus... il lui tardait que le bonbon cesse de faire effet, au final, elle préférait presque qu'il lui gueule dessus


«Non, je n'en veux pas... je vais aller chasser un peu et je me reposerai, oui. J'en ai bien besoin...»

Elle retira les vêtements de chat, se retrouvant alors avec le rubsang mais gardant ses distances pour le cas où Archélas, dans un énième état euphorique, décide de lui sauter dessus, là elle n'était pas d'humeur câline. Elle se transforma donc le plus rapidement possible, tout en faisant attention de ne pas se faire mal, elle lécha un peu ses pattes là où les petites plaies faites au cours de sa marche étaient encore présentes, puis elle partit à toute vitesse en courant, se piquant un petit sprint pour se défouler et évacuer son stress et sa mauvaise humeur. Sentir le vent se faufiler dans ses poils et ses moustaches lui faisait un bien fou, et sous sa forme animale, elle se sentait bien plus libérée de ces petits tracas humains. Débusquant rapidement une antilope, ne se souvenant plus qu'elle connaissait une morphe de cette race, elle fit la course pour la rattraper, se jetant sur son dos, toutes griffes dehors et plantant ses crocs dans la gorge offerte. Elle resta plantée là, dégustant son repas, prenant son temps, puis elle laissa la carcasse, Archélas avait déjà un lapin. Elle se lança donc dans une petite toilette minutieuse, il n'y avait pas de cours d'eau dans le coin aussi nettoyait-elle le sang avec attention, ce qui lui permettait de se détendre un peu plus.

Elle fut bien absente pendant une heure avant de revenir en courant, rejoignant tranquillement le campement et s'allongeant près du sac... elle se reposait mieux sous cette forme aussi préféra t'elle rester ainsi, supposant que l'effet du bonbon était terminé. Les pattes arrière étendues, la tête couchée sur les pattes avant, elle ferma les yeux... Archélas la réveillerait lorsqu'il voudrait partir... elle avait presque hâte de l'entendre ronchonner en disant qu'il fallait qu'ils y aillent, tiens...

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Re: Mon royaume pour un cheval...

Messagepar Archélas Ages » 05 Aoû 2011, 23:21

Détendu comme un imbécile heureux, Archélas avait croisé ses mains sous sa nuque et continuait d'observer le ciel, sans se rendre compte qu'il s'y brûlait les yeux. Ceithli s'était transformée et avait à présent disparu derrière les hautes herbes tandis que lui paressait tranquillement. Il lui avait bien semblé que l'humeur de sa féline tirait sur l'agacement, mais malgré les efforts du soldat pour la faire sourire, il n'avait rien pu y faire. Évidemment il était loin de se douter que c'était précisément ses sollicitations constantes qui lui portaient sur les nerfs... Il soupira après avoir pris une profonde inspiration. Il faisait frais et le sol était confortable. Il n'avait plus mal au dos. Il se couvrit toutefois de sa pèlerine. Le bonbon pouvait faire disparaître son mal-être, il n'en restait pas moins qu'il avait de la fièvre et qu'il avait froid. Puis, les paupières lourdes d'une migraine carabinée, il ferma les yeux un instant... et s'endormit presque aussitôt. Il ne daigna ouvrir un œil qu'une heure plus tard, lorsqu'il entendit des bruits de pas près de lui.

Sursautant comme s'il avait rêvé qu'il ratait une marche, il écarquilla les yeux pour voir le guépard à quelques mètres, étendu de tout son long, ce qui lui arracha un nouveau sourire. Mais lorsqu'il voulu se lever pour la rejoindre, il grimaça en sentant son cœur battre ses tempes et grommela, une main dans ses cheveux comme s'il espérait empêcher sa tête de résonner comme un tambour. L'effet du bonbon s'était déjà dissipé et il avait mal, il avait froid, et il se sentait stupide comme jamais.

Après coup, il se remémorait les dernières heures et en rougissait de honte. Il se rendait compte tout à coup à quel point il avait pu être... irritant ? S'il avait du subir ça, il aurait fait un massacre ! Il se demanda même comment sa féline avait pu résister à l'envie de l'égorger sur place. Ses yeux glissèrent sur la fourrure tachetée, accrochant une tâche en forme de chat sur la hanche. Aussitôt il reporta son regard sur les pattes, mais dans la position dans laquelle elle se tenait il ne pouvait pas voir si l'ortie était visible. Il étira sa nuque, cherchant une manière de se faire pardonner ces dernières heures... intérieurement, il jura de ne plus jamais reprendre de ces bonbons, à moins que la jeune femme n'en prenne avec lui. Quitte à être stupide, autant l'être à deux. Pour le moment, il se contenta de se taire, estimant qu'il en avait assez dit pour la journée. À la place de Ceithli, il serait épuisé...

… en fait il l'était, mais ça n'avait rien à voir avec son comportement. Il fallait croire qu'on ne se fatiguait jamais d'être pénible... Un nouveau soupir quitta ses lèvres, puis il se décida enfin à bouger.

« Je vais cuire la viande, repose-toi... Souffla-t-il avant de fouiller le sac à la recherche d'un peu de matériel. Et... pardon... »

Il n'était pas certain qu'elle comprendrait cette excuse à sa juste valeur. Après tout, il pouvait tout aussi bien s'excuser d'avoir besoin du sac alors qu'elle dormait à côté, mais quelque part il se sentait agacé de s'être montré sous un jour aussi stupide. Cette fois c'était sûr, Sayah était une créature d'Amroth ! Le diable en personne... sauf que les bonbons étaient fabriqués par Belladona... Archélas grogna en s'éloignant, pas vraiment ravi d'être assailli de raisonnements sans queue ni tête à longueur de temps. Ce devait être au moins aussi irritant que lorsqu'il débitait des âneries à Ceithli sur la route. Comment ne s'était-il pas rendu compte avant qu'il était idiot ? C'était comme se réveiller en ayant rêvé qu'il avait été un autre... sauf qu'il n'avait pas rêvé. Maudits bonbons !

Le soldat alluma un feu assez rapidement – peut-être un avantage de la main leste – puis débarrassa le lapin de sa peau. Ce faisant, il se rappela qu'ils avaient toujours la peau du phacochère au fond du sac. À force, ils pourraient s'en confectionner tout un manteau. Il jeta un coup d'œil vers Ceithli. Le chamois en revanche avait été trop massacré pour en tirer quoi que ce soit, et là encore, ça avait été sa faute... Vexé de se découvrir toujours plus minable, il décida que son gibier cuirait plus vite en morceaux et le découpa rageusement à l'aide de sa rapière. En fait, la pauvre bête n'avait pas grand chose à manger sur le râble, mais tant pis. Il se leva pour faire le guet, laissant sa féline tranquille. Le vent s'était levé de nouveau et il tressaillit en apercevant du mouvement à l'est. Le regard fixe, il ne daigna respirer que lorsqu'il reconnut une autre meute de Teignes, et chercha machinalement des yeux l'endroit où il avait jeté les restes du chamois. C'était bien la seule chose intelligente qu'il avait fait sous l'effet du bonbon !

Les minutes s'écoulèrent jusqu'à devenir une bonne heure. Archélas s'occupa à laisser refroidir le repas qu'il réservait pour le soir avant d'aller rejoindre la jeune femme. Il posa une main prudente sur son épaule, accroupit et prêt à bondir en cas de réveil trop brutal. Les chats avaient parfois des réactions étranges.

« Ceithli ? Des Teignes viennent par ici, on file. »

Sans attendre de réponse, il récupéra le sac et y rangea la viande, puis jeta le tout sur ses épaules et se couvrit de sa pèlerine. Un œil inquiet posé sur la harde d'une dizaine de créatures qui s'avançaient vers eux sans frémir, il attendit que le guépard ait fini de s'étirer pour se remettre en route. Le feu était éteint, les cendres dispersées. Mais si la première fois les Teignes avaient pu se contenter de trois corps humains entiers, Archélas doutait que quelques morceaux de chamois avarié leur suffisent cette fois. Aussi accéléra-t-il le pas vers l'ouest. Leur progression dans les plaines fut rapide, si bien qu'ils gagnèrent rapidement la forêt de pins toute proche dont les essences les enivrèrent rapidement. Rassuré de se retrouver sous le couvert des arbres, le soldat souffla un peu, sans lâcher le moindre mot cependant. D'une part parce qu'il s'en voulait encore pour cet étalage de bonne humeur très agaçante, d'autre part parce qu'il sentait la maladie le consumer littéralement et l'épuiser. Chercher à infiltrer ce village était risqué dans son état. C'était même risqué tout court et davantage encore au vu de sa faiblesse, mais il en avait assez. Il voulait se débarrasser de cette mission qui n'avait été qu'une succession de catastrophes. Il voulait revoir Nemesis, retrouver le confort d'une auberge, pouvoir parler sans avoir l'impression que sa tête était sur le point d'exploser. Et puis il voulait offrir autre chose à Ceithli qu'une mission désastreuse. Du repos. Du réconfort aussi, qu'il n'était pas en mesure de lui procurer autrement qu'en lui faisant avaler l'une de ces friandises infernales...

Donnant un coup de pied dans une pierre qui lui avait fait l'affront de se mettre en travers de son chemin, il grogna aussitôt sous le coup de la douleur. Fichues bottes ! Ses orteils gémissaient dans le cuir et lui étouffa un juron. Non, ce n'était pas juste de demander à la jeune femme de le suivre dans de telles expéditions. Elle méritait mieux qu'un prétendu capitaine incapable de se défendre sans son secours, ne sachant pas nager, tombant malade à la première occasion. Qu'avait-il pour lui ? Rien. Il n'avait pas chassé une seule fois : c'était Ceithli qui le nourrissait. Il n'avait acheté que des objets de petit intérêt : la tente, l'outre, c'est Ceithli qui y avait pensé. Il s'était fait enfermé sur le Hart Nacré là où la jeune femme s'était parfaitement intégrée. Il lui avait fait subir Chaemil et ses hommes. Il l'avait jetée dans les pattes de Drakmonniss. Il n'avait pas eu la présence d'esprit de lui signaler les torches. Il n'avait pas ouvert la bouche une seule fois à Wingdrakk pour leur libération. Pour résumer, il n'était qu'une source d'ennuis intarissable dont elle le sauvait constamment. Non, elle ne méritait pas un tel traitement.

… et lui ne la méritait pas non plus. Il n'en était pas digne.

D'un geste agacé, il repoussa un escadron de moustiques qui devaient le trouver particulièrement appétissant tant ils s'agitaient autour de lui. Une branche lui gifla le visage, un buisson de ronces s'entortilla autour de ses cuisses. Chaque fois il grognait, se contentant de cet unique son là où il rêvait d'injurier Nideyle entière. Lorsque le soleil fut trop bas pour continuer, il s'affala au pied d'un troène soupira de lassitude comme d'agacement. Dire qu'il ne savait même pas où se situait ce fichu village ! S'il le fallait, il était tout aussi introuvable que Wingdrakk... Que Livian aille au diable ! Le cœur battant trop vite, Archélas se laissa aller contre le tronc inconfortable. L'estomac vide et une fièvre brûlant ses réserve constamment venaient d'avoir raison de lui pour la journée. Pâle, silencieux, furieux contre tout et n'importe quoi, il ferma les yeux. Il aurait bien exprimé sa fatigue à voix haute, mais sa fierté de mâle dominant lui intima de se taire.

« Je monterais la garde cette nuit. Laisse-moi juste une minute. »

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La suite : Forêt amazonienne

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Archélas Ages
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