Précédemment pour Kjeld Ares : Chiens perdus
Source = dragon by ~akizhao
Là-haut, l'humidité, le vent, le froid. Autant d'états qui ne dérangeaient absolument pas notre Infinitude au sang froid, mais qui devaient sans le moindre doute saisir sa proie et l'engourdir plus que de raison. Entre ses serres à peine serrées mais d'entre lesquelles il valait mieux éviter d'essayer de s'extirper sous peine de faire une chute mortelle, Kalavati n'avait pas d'autre choix que de prendre son mal en patience. Le vol ne fut pas très long cependant, et le dragon imposant amorça bientôt sa descente alors qu'il filait vers le nord et son climat bien plus rude. Là, comme un grand serpent bleu paressant dans les plaines, le Larme offrait ses rives à nos deux voyageurs du ciel. Grossissant à mesure qu'Amroth chutait, sa surface renvoyant comme un miroir le reflet des nuages tumultueux qui lui faisaient face.
Comme il l'avait fait quelques heures plus tôt, l'immense dragon déploya ses ailes et brossa sous leur envergure les quelques arbres dispersés à fleur d'eau. Un battement quasi imperceptible de son bras droit le fit virer sur la gauche. Sur plusieurs centaines de mètres, il vola en suivant fidèlement le dessin du fleuve sous sa masse imposante, comme une route toute tracée vers sa destination. Mais à mi chemin, sa serre droite s'ouvrit enfin... larguant sa prise sans autre sommation au milieu des eaux tumultueuses !
Savait-elle nager, au fait ? À vrai dire, ça lui était totalement égal !
Quelques battements d'ailes plus tard, l'Infinitude n'était déjà plus visible. Sur la rive en revanche, accroupi près d'un saule et les bras autour de son visage en guise de maigre protection, un jeune homme. Brun. Frêle. Glabre. Seul. Kjeld Ares, perdu au milieu du Royaume Païlandais venait de se faire livrer d'un compagnon de route pour la seconde fois par Amroth en personne ! À la différence près que cette fois, son invité surprise risquait bien de se noyer ! Plonger dans une rivière passait encore, mais un fleuve était beaucoup moins amical, et ses courants violents risquaient fort de venir à bout du pauvre erre qui venait d'y être largué...