C'est bon, on peut respirer !

Les plaines recouvrent la grande majorité du territoire Nideylien. Fertiles et verdoyantes ou au contraire arides et hostiles, elles s'étendent sans trouver d'autre barrage que les montagnes ou le désert. Par ici, si vous aimez crapahuter dans l'herbe !

C'est bon, on peut respirer !

Messagepar Antiphane Bevnadin » 21 Sep 2012, 14:28

Précédemment

Antiphane se faisait piétinait. Un squame avait fait son apparition juste à côté de lui, le projetant au sol. Evidemment, personne ne fit attention aux deux individus à terre. En même temps, beaucoup de cadavres jonchaient le sol désormais... Mais maintenant que la foudre avait frappé, tout le monde fuyait l'impact, si bien qu'on cessa de le piétiner. Il n'eut pas l'occasion de souffler, de profiter de ce bref moment de répit, car à nouveaux deux squames leur tournaient autour, dans l'espoir qu'ils inspirent. A choisir, il préférait s'asphyxier plutôt que de se transformer en cette fumée ténébreuse.

On lui donna un coup de pied dans le dos. Il vit que ce n'était pas accidentel, mais ne réagit pas malgré tout. Avant de s'énerver, de crier et donc de gâcher de l'oxygène précieux, il devait fuir. Ce qu'il fit lorsqu'on lui cria de se lever. Tout à l'heure, c'était lui qui trainait par la main la petite, désormais c'était à son tour. Mais à une chose près, elle ne le tenait pas par la main. Ce qui n'était pas plus mal. Il était plus simple de courir seul et au moins elle prenait ses responsabilités. Il semblait qu'Antiphane n'avait plus à la diriger.

Les rues se désertaient. Les trottoirs se remplissaient de cadavres. Il n'y avait pas que des habitants, des gardes étaient aussi étendus sur le sol. Si l'angoisse de se faire à nouveau frapper par la foudre ne le hantait pas, ses lèvres se seraient certainement étirées pour sourire. Ils n'étaient plus que deux maintenant qu'ils venaient de franchir la grande porte. Il ralentit un peu afin de se retourner et contempler les dégâts. Fléau n'avait toujours pas cessé de tourner autour de la capitale. Il était de même pour la foudre. Pourtant de nouveau il accéléra l'allure, pour être certain d'être hors de portée. Inconsciemment il suivait la petite qui avait d'ailleurs pris de l'avance. Ses jambes ne lui répondaient plus, elles se mouvaient sans qu'il ne leur ordonne. Aussi, il continuait de retenir sa respiration. Il savait la fumée loin, mais il était toujours aussi terrifié à l'idée d'en respirer. On dit que la peur donne des ailes. C'était bien le cas, au sens figuré évidemment ! L'esprit se focalisait oubliant alors toute douleur. Ce n'est que lorsqu'il la vit s'arrêter qu'il l'imita.

On lui avait toujours dit ne jamais s'arrêter brusquement après avoir couru. Il marcha alors, faisant des ronds autour d'elle. Puis lorsqu'il eut l'impression que son cœur ne cherchait plus à sortir de sa poitrine, il s'affaissa sur sur le sol, les membres totalement relâchés. C'est à ce moment précis qu'il sentit ses muscles lui brûler. Même sa gorge l'irritait maintenant qu'il respirait plus sereinement.

« Je n'ai jamais autant aimé respirer ainsi ! » dit-il en fixant le ciel. Les nuages n'avaient presque pas bougé, ignorant totalement l'intervention de Fléau. Il plaqua ses mains contre son visage afin de réaliser ce qu'il venait de se passer. « Tous ces gens... » murmura-t-il à la façon d'un homme qui avait fait la guerre et vu des innocents mourir. « Mais je... enfin nous sommes saufs ! » Et c'était bien tout ce qui comptait pour lui. Il ne faisait pas exception à la règle, seul son sort lui importait dans ces moments.

Il releva la tête difficilement et s'assit en s'aidant de ses coudes. Il fixait Epthéria se remémorant l'enfer qu'il venait de vivre. Maintenant qu'il était loin de ces remparts, il sentait l'air ébouriffer ses cheveux. Ses cheveux ne ressemblaient d'ailleurs plus à rien, jamais on aurait pensé qu'il avait une queue de cheval auparavant. C'était un bien triste incident qu'il avait vu, beaucoup d'innocents étaient morts. Mais son âme de chef des Rebelles prit le dessus sans qu'il ne s'en rende vraiment compte. « Epthéria en ressortira affaibli, le Roi aura du mal à s'en relever... »

Il avait imaginé garder cela pour lui, mais la petite qui respirait bruyamment derrière lui venait d'entendre ses pensées.

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Re: C'est bon, on peut respirer !

Messagepar Ciara Steban » 12 Oct 2012, 23:27

Penchée en avant, les mains sur ses genoux, Ciara reprenait le souffle que sa course effrénée lui avait pris. En relevant la tête, elle vit les herbes hautes remuer doucement au souffle d'un vent léger, ce qui la rassura. De ce qu'elle en savait, Fléau avançait devant le vent que l'on disait capable de le disperser. Il n'y avait plus qu'à espérer que cette rumeur n'en était pas une. En attendant, son regard se posa sur l'homme à la capuche qui marchait tout autour d'elle et à qui elle rêvait d'enfoncer la tête dans la boue. À cause de lui, ils avaient bien failli mourir piétinés. D'ailleurs, c'était aussi de sa faute s'ils avaient été emmenés par ces soldats. Quant à sa réflexion à propos du Roi Livian d'Ephtéria, elle lui arracha un soupir. De son avis à elle, non seulement Livian se moquait bien de ses sujets, mais en plus il n'aurait aucun mal à recruter d'autres soldats dans ses nombreuses provinces. Nombreux étaient les hommes prêts à s'enrôler pour un solde et des rêves de gloire. Si seulement les Squames avaient pu prendre l'âme de ce rat... enfin bien sûr, encore fallait-il qu'il ait une âme.

Se gardant bien de faire ce genre de remarque à voix haute, elle se contenta de se redresser tout en respirant le plus calmement possible.

« Nous sommes saufs oui, et ce n'est pas grâce à vous ! Reprocha-t-elle d'un air exaspéré. Quelle idée de se jeter au milieu de la foule ? Je vous avait dit de longer les murs, vous n'avez vraiment aucune jugeote ! »

Culottée ? Complètement ! De fines gouttes de pluie commencèrent alors à tomber, et elle pesta contre Nideyle entière qui semblait lui en vouloir ces derniers temps. Posant un regard boudeur sur l'homme qui n'avait pas l'air décidé à la laisser tranquille, elle se pinça les lèvres. De son avis, il posait trop de question et faisait trop d'allusions pour être honnête. En fait, elle commençait de plus en plus à le soupçonner de faire partie des Rebelles. L'ennui justement, c'est qu'à ce sujet elle ne pouvait faire confiance à personne. Et s'il s'agissait d'un espion à la solde du Roi ? Pire encore, s'il s'agissait réellement d'un Rebelle, mais envoyé pour lui faire payer la capture d'Artégal ? Quelle que puisse être la réponse, elle préférait rester méfiante et préféra donc se taire pour le moment. Il serait toujours temps d'en découvrir davantage plus tard.

« Bon et bien, monsieur dont je ne connais toujours pas le nom, puisque vous vous êtes proposé pour mon Pèlerinage, j'espère au moins que vous saurez vous montrer efficace pour cette tâche... Je dois me rendre au temple d'Aspasie. Un petit tour par le puits à souhaits nous sera sans-doute utile, en passant. Je n'ai pas très envie que ces soldats me courent après toute ma vie... »

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Messagepar Antiphane Bevnadin » 21 Oct 2012, 11:24

« Ce n'est pas grâce à moi ? » répéta-t-il. « Sans moi vous seriez certainement aux quartiers des soldats ! » Elle était bien culottée tout de même. Il avait prit le risque d’assommer le garde. Il aurait très bien pu feindre l'ignorance et la laisser dans le pétrin. Il se releva difficilement prenant appui sur ses genoux. Elle ne devait pas oublier qu'il était plus âgé qu'elle, plus grand et certainement plus fort. Il n'était pas certain, mais pour cette fois-ci il pouvait se fier aux apparences.

Il y avait malgré tout une part de vérité dans ce qu'elle disait. Dans la panique il n'avait pas suivi son conseil, se fondant alors dans la foule. Certes, mais c'était dans l'unique but de quitter Epthéria !

« Peut-être, mais mon manque de jugeote nous aura tout de même tiré des Squames ! » Il répliqua quelque peu vexé. Il cherchait à respirant le plus calmement possible pour ne pas s'énerver. Il n'avait pas vraiment envie de cela après ce qu'ils venaient de vivre, mais ce n'était pas seulement ça. Elle était jeune et dans le fond, il en était certain, elle n'était pas méchante. Il sentit alors la pluie tomber, ce qui l'aida à s'apaiser sans effort. Il trouvait ça vraiment agréable, car la fraicheur des gouttes ne pouvait lui faire que du bien.

« Le pèlerinage ? » S'étonna Antiphane. « Oh ! Le pèlerinage ! » Il avait totalement oublié toute cette histoire. Il posa sur elle un regard étonné. Elle ne mentait donc pas ? Il pensait qu'elle avait raconté cela uniquement pour se tirer d'affaire ! Mais le problème, il s'en souvenait, était qu'il était rentré dans son jeu sans avoir anticipé ce genre de situation à venir.

« Tu penses réellement à faire un pèlerinage ? » La réponse n'avait aucune importance, il ne voulait pas l'accompagner. Si leurs chemins ne s'étaient pas croisés, comment aurait-elle fait ? Elle se serait très bien débrouillée seule et en plus elle avait l'air d'être débrouillarde. « C'est hors de question ! » rajouta-t-il en secouant la tête. Il avait eu sa dose d'émotion pour la journée et même pour les jours à venir !

« Tu ferais bien de rentrer chez toi, tes parents habitent où ? » Antiphane se doutait qu'une fille de son âge vivait chez ses parents. Elle ne pouvait pas encore avoir un – chez soi – à elle. Même lui à son âge vivait encore chez un parent à lui. Certes ce n'était pas ses parents à proprement parler, mais il habitait sous le même toit que son frère. Il n'avait jamais vraiment pensé à le quitter... Et étrangement il ne l'avait même jamais pensé !

« On passera faire un vœu au puits à souhaits si tu veux... Sinon je m'appelle Antiphane. »

Tu croyais que ça allait être simple hein ? :sifflote:

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Re: C'est bon, on peut respirer !

Messagepar Ciara Steban » 21 Oct 2012, 21:33

Je me permets d'insister sur le fait que Ciara n'est qu'une sale gosse. Ne te vexe pas, elle pique ses crises toute seule mais moi je n'ai rien contre toi.


Ciara serra les poings. Elle aussi aurait bien aimé faire preuve de sang froid, se calmer, se modérer, et ne pas laisser éclater sa colère chronique. Malheureusement, elle en était incapable ! Tant pis pour Antiphane...

« Dites donc, c'est vous qui êtes venu me trouver en haut des remparts je vous rappelle ! Je ne vous avais rien demandé moi que je sache ! Si vous m'aviez laissée tranquille, je ne serais pas partie aussi vite, et puis ce garde ne m'aurait pas rattrapé ! En plus c'est vous qui l'avez agressé, alors il peut bien se réveiller et témoigner, moi je suis tranquille, parce que je n'ai rien fait ! ET PUIS ARRÊTEZ DE VOUS INVITER DANS MA TÊTE COMME SI VOUS Y ÉTIEZ CHEZ VOUS !!! » Hurla-t-elle tout à coup.

Et pour illustrer ses propos, son énervement et sa fureur absurde, elle poussa Antiphane de toutes ses forces à l'aide de ses deux bras, envahie par une furieuse envie de lui faire avaler sa capuche et de lui arracher ses tatouages avec les ongles ! Non mais pour qui est-ce qu'il se prenait celui-là ?!! Frappant à l'aide de ses petits poings, elle ne s'arrêtait plus, pleurant en même temps qu'elle criait, ce qui la faisait hoqueter plus qu'autre chose.

« ARTÉGAL VOUS LE FERA PAYER !!! »

Elle se recula vivement, réalisant trop tard que sa colère lui faisait dire n'importe quoi. Oui, Artégal lui aurait fait payer d'avoir mis sa vie en danger... mais Artégal était mort, pendu au bout d'une corde à l'heure qu'il était, et il n'y avait plus personne pour faire payer ceux dont elle ne pouvait pas se venger elle-même. Autrement dit, Nideyle entière ! Les mains sur ses yeux et immobile au milieu des champs, elle se mit donc à pleurer à chaudes larmes, sans parvenir à se calmer. Un jour, elle apprendrait à être aussi forte que lui l'avait été... Ce jour là, elle étranglerait Antiphane d'une seule main. Comme ça. Mais en attendant elle était faible, et à moins de faire profil bas et de rester prudente, elle n'irait pas bien loin... même s'il était un peu tard pour ça.

« Laissez-moi tranquille... je vous déteste... je vous déteste tous !!! »

Forcément, la panique créée par les Squames ne l'aidait pas à se calmer. C'était étrange comme son sang froid en situation de crise pouvait devenir rage et violence une fois l'adrénaline retombée...

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Re: C'est bon, on peut respirer !

Messagepar Antiphane Bevnadin » 22 Oct 2012, 13:21

C'était un drôle de sentiment que ressentait Antiphane. Ce n'était pas de la colère et il était encore moins énervé. La gosse s'effondrait sous ses yeux et il la regardait faire, restant passif. Il mentirait s'il disait qu'il ne s'était pas pris d'affection pour elle. Il avait été attiré par elle, peut-être était-ce sa solitude qui l'avait amené jusqu'à elle.

Oui il s'était mêlé de ses affaires, il commençait même à culpabiliser, à s'en vouloir. Mais pourquoi ? Il ne la connaissait pas, que pouvait-il se reprocher ? Il avait beau l'écouter vider son sac, une partie de son esprit cherchait à comprendre. Elle le poussa de ses deux bras et il recula sans broncher, un peu comme s'il était ailleurs. Il n'avait pas senti de violence dans ce geste, elle s'était presque laissé tomber sur lui. Un peu comme si elle cherchait à se débarrasser, à balancer sur Antiphane toute sa colère. Sa peine ?

Il restait debout sans savoir quoi faire, ni comment réagir. Le mieux aurait très certainement été de la gifler, non pas pour la punir, mais pour la réveiller, pour l'aider à lui faire reprendre conscience. Mais il fut incapable d'agir de la sorte. Il voulait également lui crier d'arrêter, mais il savait que s'il intervenait, s'il la coupait, elle serait d'autant plus frustrée.

Puis un mot, un nom même fut le déclic. Déjà en début d'après-midi il s'était rendu compte que la mise à mort d'Artégal avait été le soucis. D'ailleurs c'est pour cela qu'il s'était intéressé à elle. Il était coupable de l'arrêt de l'ancien chef des Rebelles et bien qu'il ne regrettait pas son geste, il était également coupable si la gosse en souffrait. Mais une question empiétait son esprit. Etait-elle simplement au courant de la vie mené par cet homme ? Ou bien était-elle dans le mensonge ? Cependant il ne pouvait aborder le sujet sans risquer de mettre son identité en péril...

Toutes ces choses faisaient que Antiphane ne réagissait pas. Comment pouvait-il faire face à cette situation ?

« Artégal n'est plus là. » Elle était de toute évidence bouleversée par sa disparition et Antiphane voulait qu'elle réagisse, qu'elle prenne conscience de son départ. Il remarqua que pour parler de la mort on employait d'autres mots que la mort. On disait – untel est parti – ou encore – il nous a quitté – jamais on annonçait clairement la mort. Peut-être parce que la nouvelle était plus facile à assimiler.

Il décida de poser une main sur son épaule, la tenant assez fermement afin qu'elle ne se libère pas de son emprise.

« Ecoute, Artégal est mort, petite. » Finalement dire les choses telles qu'elles étaient était peut-être la véritable façon de dire les choses. L'impact était bien plus grand ! Il la tira alors vers lui, ne lui laissant pas d'autre choix que d'agir comme il le voulait. Son emprise se fit plus forte lorsqu'il plaqua sa tête contre son torse.

Alors là... Je ne savais absolument pas comment faire réagir Antiphane ! Mais vraiment pas du tout ! Toute la nuit ça m'a perturbé ^^ Finalement j'ai opté pour la compassion, même si à la base ça m'enchantait pas vraiment. Mais je ne voyais pas d'autre solution que celle-ci pour que ça ne finisse pas aux mains!

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Re: C'est bon, on peut respirer !

Messagepar Ciara Steban » 31 Oct 2012, 13:48

La jeune fille sursauta lorsque la main d'Antiphane se posa sur son épaule, et sa rage redoubla lorsqu'il l'attira vers lui contre son gré. Se débattant férocement, elle recula jusqu'à se placer hors de portée, un regard haineux planté dans celui de Cortesian. Cette fois-ci, ni douleur ni tristesse ne se lisait plus sur son visage. Non. Seule une fureur pure l'habitait, au point qu'elle l'aurait volontiers étouffé en lui faisant avaler la totalité des hautes herbes des plaines.

« Évidemment qu'il est mort, il a été pendu !!! Hurla-t-elle. Et arrêtez de me prendre pour une gamine ! »

Elle détourna le regard pour observer une dernière fois Fléau qui glissait vers le nord, fuyant sans doute le mauvais temps susceptible de le disperser. La rumeur disait qu'il n'aimait pas le vent. Ni l'eau d'ailleurs. Peut-être serait-il plus prudent de vivre à Aspasie alors ? Oui, mais son repère - celui des Rebelles - se trouvait à Guttenvald. L'ennui étant qu'elle n'était plus certaine de pouvoir y retourner à présent que les autres la considérait comme une traîtresse. Il n'empêche qu'elle avait été la seule à se rendre à Ephtéria pour tenter de le libérer... Fichue guilde !

Toute à ses pensée, elle ne se rendit pas compte qu'elle se calmait progressivement. Bien sûr elle serrait toujours les poings sur sa colère persistante, mais elle n'était plus aussi furieuse envers Antiphane. Le calme après la tempête, pourrait-on dire. Lorsqu'elle se retourna, c'est à peine si elle lui jeta un regard dans lequel on pouvait lire de la rancoeur comme du mépris. Définitivement, elle ne supportait pas ces adultes qui la prenait pour une enfant stupide. Et s'il fallait se coltiner celui-là pour son Pèlerinage, elle n'aurait pas fini de s'énerver !

« Je vais à Aspasie ! » Décréta-t-elle en passant devant le Cortesian.

Et sans attendre ni réponse, ni quoi que ce soit d'autre de sa part, elle rejoignit la grande route pavé menant à la ville aux moulins. Le train serait trop cher et de toute façon, avec les évènements récents, elle doutait qu'aucun soit affrété avant longtemps. Marcher ne lui faisait pas peur, et la détendrait peut-être un peu après tant d'émotions.

Il n'y avait plus qu'à espérer que cet Antiphane ne sache pas qui était Artégal O'Callagan... et qu'il oublie rapidement qu'elle le connaissait suffisamment pour être affectée par sa mort.

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Re: C'est bon, on peut respirer !

Messagepar Antiphane Bevnadin » 04 Nov 2012, 11:21

Après s'être calmée assez soudainement, la gosse partit l'air décidée. Antiphane la regarda s'éloigner sur le chemin pavé ne sachant pas vraiment s'il devait la laisser continuer seule ou bien l'accompagner. Il jugeait en avoir suffisamment fait pour elle, cependant il pourrait également en savoir plus sur l'homme qu'il avait fait condamner. En fait à bien réfléchir c'était peut-être une chance unique qui s'offrait à lui. Etant donné qu'elle semblait connaître plutôt bien Artégal, il aurait peut-être l'occasion de la ménager pour plus d'informations. Et ce, même si elle avait un caractère bien trempé !

Ne portant pas un dernier regard à Fléau qui pourtant commençait à se calmer, il rattrapa la gosse.

« Je viens avec toi ! » Sa présence ne la dérangerait certainement pas étant donné qu'elle lui avait demandé de l'accompagner auparavant. « Au fait je vous ai donné mon nom, moi ! Et le votre ? » Ce sera doublement utile, car il allait passer une bonne partie de son temps avec elle, mais aussi pour voir si elle était connue de la guilde. Il s'y attèlerait le moment venu, pour l'instant il n'avait pas le temps, ni l'occasion en fait.

C'était bon de marcher dans le silence après avoir connu l'enfer à Ephtéria. Il ne pouvait pas expliquer l'intervention de Fléau, ni même dire si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Ce n'était pas une catastrophe en soi, car Fléau était indépendant de la nature, il était comme déterminé à agir. Cela devait arriver, un point c'est tout. Pour beaucoup il était une catastrophe, pour d'autres il était une voie de secours, comme tombant du ciel. Sans lui, où en serait Antiphane et... et la gosse à cette heure précise ? Il eut un frisson simplement à l'idée d'être avec les gardes. Sur le coup, il avait eu de la chance. Il faisait partie du groupe de personne qui considérait Fléau non pas comme une catastrophe, mais comme un bienfait.

« Vous êtes vraiment prêtresse ? Vous semblez bien jeune tout de même... » Ses pensées s'étaient de nouveau réorientées vers la gamine sans nom. Ce détail l'avait frappé, et d'autant plus après sa crise. Une prêtresse jeune, pourquoi pas. Mais une prêtresse avec un tel caractère n'existait certainement pas, ou alors elle serait bien unique en son genre.

« Prêtresse ou pas, tu restes une enfant et moi un humain. Avant de continuer on devrait se reposer. » L'émotion, la fatigue et le reste avaient méchamment épuisé le cortésian. Le voyage s'annonçait encore plus éprouvant s'ils continuaient à pieds. Mais après Fléau, Antiphane doutait qu'ils puissent utiliser des montures. La capitale devait avant tout se remettre sur pied. Quant à voyager en train, l'idée était aussi à exclure ! La circulation devait être arrêtées.

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Re: C'est bon, on peut respirer !

Messagepar Ciara Steban » 07 Nov 2012, 23:55

Comme je participe à l'évènement « Imbroglio », mon sortilège est le suivant : Ciara Steban
22 = Falsus / Le personnage ciblé ne pourra pas s'empêcher de mentir dès qu'il ouvrira la bouche.


En guise de réponse, Ciara croisa les bras. Le mauvais temps se levait et il commençait à faire d'autant plus froid après l'afflux d'adrénaline, les émotions et surtout cette course poursuite jusqu'à la porte sud. Enfouissant ses mains dans ses manches et rentrant un peu la tête dans ses épaules, elle préféra ignorer Antiphane et continuer de marcher, bravant le vent qui lui venait de face. Mais l'encapuchonné était bien accroché et semblait bel et bien décidé à l'escorter pour son pèlerinage. Zut !

Elle lui jeta un regard en biais. Définitivement, elle ne supportait plus les adultes qui prétendaient lui apprendre les « choses de la vie », comme ils disaient. Cette manie de se croire plus sage, plus mature, plus intelligent. Il n'en restait pas moins qu'ils étaient tous plus hypocrites les uns que les autres. Seulement voilà, l'âge leur donnait l'illusion d'être supérieurs en tout. Ils tutoyaient avant de connaître, jugeaient sans savoir, donnaient des leçons sans faire mieux. Oui, elle les détestait ! Antiphane ne dérogeait d'ailleurs pas à la règle, lui et ses réflexions stupides. De quel droit la traitait-il d'enfant ?

« Pimprenelle. C'est mon nom. Ajouta-t-elle. Je ne suis pas prêtresse, je suis trop vielle pour ça... et puis je suis fatiguée, j'aimerai arrêter de marcher... » Répondit-elle sèchement sans même ralentir l'allure.

Son regard se reporta de nouveau sur Antiphane, mais la colère avait laissé la place à l'étonnement. C'était une idée ou elle venait de dire l'exact inverse de ce qu'elle pensait ?

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Re: C'est bon, on peut respirer !

Messagepar Antiphane Bevnadin » 09 Nov 2012, 21:05

Comme je participe à l'évènement « Imbroglio », mon sortilège est le suivant : Fabula / Le personnage ciblé ne pourra plus s'exprimer autrement qu'en rimes !


Elle continuait de marcher, toujours aussi décidée à rejoindre Aspasie. Elle n'en faisait qu'à sa tête et n'écouta pas l'avis d'Antiphane concernant le repos qui, lui semblait-il, était nécessaire. Ne souhaitant pas la contrarier plus qu'elle ne l'était, il décida de la suivre sans siffler mot. C'était assez ridicule comme situation ! Comment en était-il arrivé à suivre une gamine qui devait faire un pèlerinage ? Aussi, elle décida de se présenter.

« Pimprenelle ? » Etrange comme nom pensa-t-il pour lui-même. Mais après tout, même lui avait un nom qui se confondait avec les Anticus, il savait qu'il n'avait pas son mot à dire. Mais aussi, elle commençait à s'ouvrir à lui, il n'allait pas prendre le risque qu'elle ne referme à nouveau sa coquille ! Il savait que s'il voulait obtenir ce qu'il cherchait, il ne devait pas faire le moindre faux pas. C'est pourquoi, tel un danseur qui ne connaissait pas sa danse, il l'encouragea à continuer, se laissant mener par la gosse.

Mais il fut surpris de la suite, elle avoua elle-même qu'elle n'était pas prêtresse ! Bon sang, mais à quoi pouvait-elle jouer ? Antiphane supportait difficilement que l'on puisse se payer sa tête. C'était complètement absurde ! Elle faisait un pèlerinage qui s'annonçait être éprouvant alors qu'elle n'était pas prêtresse ! Il serra les poings intérieurement, restant passif à l'extérieur. Malgré le fait qu'elle disait être fatiguée, elle continuait de marcher avec conviction. Antiphane s'arrêta, ses propos étaient tout à fait incohérents. Elle était trop vieille à quinze ans pour être prêtresse et elle continuait de marcher alors qu'elle voulait s'arrêter sous prétexte qu'elle était fatiguée. Où était la logique ?

« Vous avez là, un bien jolie prénom,
Mais de vos propos, je n'en tire rien.
Je ne peux comprendr', malgré réflexion
De ce que vous me dîtes, l'air de rien ! »

S'il ne s'était pas arrêté quelques temps auparavant, il se serait de toute évidence stoppé net tant il était confus. Pourquoi parlait-il de cette manière ? Serait-il poète dans l'âme ? Pourtant, jamais il ne s'était intéressé d'assez près à la poésie pour parler d'une telle façon. Il voulait l'avis de la gosse, savoir si elle aussi trouvait cela étonnant, même perturbant. L'idée que Fléau en soit la cause l'effleura, mais jamais il n'avait entendu que cette créature provoquait ces effets secondaires.

« N'êtes vous pas, comme moi, bien choqué
de la belle façon fort poétique
que j'ai de parler, avec légèreté ?
Avec sincérité j'attends réplique !

Si avec une telle tirade elle ne se rendait pas compte de l'étrangeté de la situation...

Je crois qu'Antiphane va graver ce jolie prénom dans sa tête =)

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Re: C'est bon, on peut respirer !

Messagepar Ciara Steban » 11 Nov 2012, 21:17

Cette fois, Ciara s'arrêta net et fixa Antiphane comme s'il était... fou !?? Non seulement il parlait dans sa tête, paniquait pour un rien, agressait des soldats au sein même de la capitale, mais en plus il parlait en rimes ! Et bien, son pèlerinage commençait bien !

« Vous n'êtes pas du tout cinglé ! Ah et puis zut ! Moi non-plus je ne suis pas victime d'un sort étrange : je ne dis que la vérité ! Nous ferions mieux de ne surtout pas nous rendre à Aspasie, les Infinitudes ne pourrons rien pour nous... »

Immobile une longue minute, la jeune fille fixait Antiphane sans parvenir à croire ce qu'elle venait de dire. C'était certain, ils allaient avoir du mal à se comprendre pendant quelques temps ! Le mieux était peut-être de ne pas parler ? Ça tombait bien, elle n'avait rien à dire à cet individu ! Faisant volte-face, elle reprit donc sa marche déterminée. Il pleuvait à présent, et elle avait froid. Rester active devenait sa seule chance de gagner Aspasie avant de mourir de froid ! La pluie sur ses paupières l'obligea à battre des cils et ce faisant, elle se remémora les derniers évènements. La pendaison. Le sursaut lorsqu'une voix avait retenti dans sa tête. L'agression du soldat...

L'agression du soldat...? Elle s'arrêta de nouveau, un regard à la fois suspicieux et furieux se plantant sur l'encapuchonné qui la suivait toujours.

« Dites donc, vous. Ce n'était pas risqué d'aider ce soldat à l'extérieur même d'Ephtéria ! Et maintenant que j'y pense, vous n'aviez pas l'air de savoir qui était exécuté, puisque vous avez affirmé qu'il s'agissait de quelqu'un de bien ! C'est pour cela que vous ne vouliez pas quitter la capitale ? Parce que vous ne faites pas partie des Rebelles ? Vous savez que je suis incapable de vous dénoncer si je ne le veux pas ? »

Elle eut un geste agacé signifiant quelque chose comme « laissez tomber, ce que je dis n'a ni queue ni tête ». Renonçant à la discussion pour le moment, elle reprit donc sa route, gardant sur Antiphane un regard méfiant.

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Messagepar Antiphane Bevnadin » 16 Nov 2012, 10:03

Antiphane l'écoutait sans réellement comprendre ce qu'elle cherchait à dire. Il remarqua néanmoins qu'elle utilisait assez régulièrement la négation pour s'exprimer. Un peu comme si... comme si elle disait le contraire de ce qu'elle pensait ! La négation n'était-elle pas employée pour dire le contraire d'une chose ? N'est-ce pas ? C'est avec cette idée nouvelle qu'il chercha à décrypter ce qu'elle ne disait pas.

« Je crois avoir saisi, sans trop capter
Que nous sommes, tous deux des victimes,
Mais je ne sais de quel calamité
Nous avons désormais, bien mauvaise mine

Vous qui parlez en vous contredisant
Bien que cela semble vous ressembler,
Moi qui n'use que de pales faux-semblants
J'espère bien que je me fais écouter ! »

Avec étonnement il constata que ce n'était pas difficile de parler ainsi. Il n'avait même pas besoin de réfléchir ! Il avait juste à exprimer ses pensées et quelque chose faisait le reste. Si Pimprenelle était également victime de cette même mauvaise blague, elle aussi ne devait pas contrôler ses mots. Comme si elle avait besoin de ça pour se contredire... Dans tous les cas il était désormais impossible de continuer dans ces conditions. Ils devaient se reposer, attendre que – cette chose – cesse, attendre pour voir ce que l'avenir leur réserverait. Après tout, ce n'était pas son pèlerinage et rien ne le pressait.

« Je vous le propose en toute amitié
Allons nous reposer dans une demeure
Que l'on se repose, vous dis-je par pitié
Et que nous repartons à la bonne heure !

Antiphane ne l'invitait pas chez lui. D'une part parce que ce n'était pas la porte d'à côté et qu'ils n'allaient pas faire un détour alors que Aspasie était plus près et d'autre part parce que ce serait trop dangereux qu'elle ne découvre sa maison. Il ne devait pas oublier qu'elle semblait avoir un lien avec les Rebelles d'une façon ou d'une autre. Cependant elle semblait vraiment têtue, car elle reprit la route malgré la pluie qui tombait. Il ne manquait plus que ça ! Et voilà que de nouveau, elle accusait Antiphane d'être la source de tous ses problèmes. Avait-elle oublié que c'était elle qui s'était fait prendre par un garde ? Il voulait le lui rappeler, mais il n'avait pas envie de sortir une nouvelle tirade. Ça n'en avait pas l'air comme ça, mais cela lui provoquait des maux de tête. Il n'avait jamais aimé la poésie ! Cependant sans même chercher à comprendre ce qu'elle disait, parce que c'était chiant et qu'il avait mal à la tête, il entendit le mot qu'il redoutait, qui l'effrayait tant : Rebelle. Il fit alors un effort pour décoder ses paroles. Il ne lui répondit pas tout de suite, le temps qu'il comprenne ses propos. Il l'attrapa par l'épaule, le visage grave.

« Bien-sûr que je sais de qui nous parlons,
Mais toi, comment connais-tu ce rejeton ? »

Voilà que maintenant elle l'accusait d'être un rebelle. Elle était hâtive dans ses déductions, mais elle ne se trompait pas pour autant !

« Je ne sais pas si cela est une menace,
Mais ce n'est pas moi qui le pleurait
Cessez, je vous pris, d'être tenace
Et dîtes moi ce que, de lui, vous savez !

Il pouvait faire de même et la dénoncer. Elle l'accusait d'être Rebelle sous prétexte qu'il avait assisté à l'exécution, c'était absurde même si cela était le cas. Tout le monde savait que l'homme exécuté était le chef des rebelles. Pour cause, c'était lui-même qui l'avait dénoncé ! Dans ce cas, tout ceux qui étaient présents étaient également des rebelles ? Même elle était concernée !

Il était certain d'une chose, innocente ou pas, Pimprenelle avait un rôle dans cette histoire.

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Messagepar Ciara Steban » 25 Nov 2012, 01:12

Ciara soupira, sans chercher un seul instant à masquer son impatience. Les bonnes manières ? Oui, on les lui avait apprises. Non, elle ne les employait plus. Ou du moins pas avec tout le monde. La vie – particulièrement ces derniers temps – lui avait enseigné à s'adapter à ses interlocuteurs. Il fallait savoir se montrer mielleuses avec les soldats du Roi Livian d'Ephtéria, et mettre en avant son atout de prêtresse. Pour les autres, seule la colère la guidait. À quoi bon respecter ceux qui la traitait comme une gamine écervelée ? Des douleurs et des coups durs, elle en avait vécu plus que la majorité des adultes n'en subirait jamais. Elle avait grandit vite, durement, injustement. Aujourd'hui, elle se défendait en méprisant Nideyle entière, autant que la vie l'avait méprisée, elle.

« C'est facile de vous suivre. J'espère que vous parlerez ainsi durant toute la durée du pèlerinage, ça nous facilitera la tâche. Répondit-elle sèchement. Puis elle lui lança un regard amer avant de reprendre. Je retournerai volontiers à Ephtéria prendre une nuit à l'auberge. J'ai tellement hâte de retrouver ces soldats qui nous cherchent... sans compter tous ces morts. Mieux vaut faire demi-tour et ne pas nous rendre à Aspasie immédiatement, vous avez tout à fait raison ! Vous êtes tellement intelligent... »

Secouant la tête d'un air dépité, elle bifurqua légèrement afin de prendre la direction de la voie ferrée et la longer dès qu'elle fut sur sa trajectoire. Les trains ne roulaient pas bien vite, et il était parfois possible de monter en marche. Si jamais un convoi était envoyé à Aspasie depuis Ephtéria, ils pourraient en profiter pour grimper et arriver plus vite à bon port. En attendant, la pluie ne semblait pas décidée à leur céder du terrain. Ciara était trempée, frigorifiée, de méchante humeur et totalement perdue d'avoir perdu la seule personne à s'être jamais intéressée à elle. La fureur aussi, ne la quittait pas. Car oui, elle était furieuse de la faiblesse de son maître. Comment avait-il pu se laisser prendre si facilement ? Pourquoi ne s'était-il pas battu ?

Ses pensées furent de nouveau interrompues par l'homme qui prenait un malin plaisir à s'adresser directement à son esprit. Bon sang, il ne lui ficherait donc pas la paix ? De nouveau hors de ses gonds, elle fit volte-face, espérant sans doute intimider celui qui faisait deux fois sa taille et sa corpulence...

« CONTINUEZ DE ME SUIVRE PARTOUT ! JE VOUS AIME !!! » Hurla-t-elle en le repoussant vivement pour la seconde fois.

Plus qu'Antiphane, c'était le sortilège dont elle était victime qui la rendait folle de rage. Et forcément, après s'être entendue dire ce qu'elle venait de dire, elle fut prise d'une subite envie d'égorger ce maudit « cartésien », selon la façon dont l'avait qualifié le garde d'Ephtéria. En attendant, elle ne faisait pas le poids, et mis à part l'invectiver constamment pour l'obliger à partir et à lui fiche la paix, elle ne savait pas trop comment s'en débarrasser. Moins encore depuis ses derniers propos... Par Alrik, faites qu'il ne s'entiche pas d'elle comme ces admirateurs éplorés dont on ne sait plus quoi faire.

« Je ne connaissais pas cet homme, je vous l'ai déjà dit !!! Les bourreaux ont annoncé son nom avant la pendaison, c'est tout. Il était là pour l'exemple. Je n'ai rien à voir avec ces Rebelles, je n'ai rien à voir avec cet Artégal O'Callaghan, et je ne pleurais pas !!! »

Mais plutôt que de continuer sur sa lancée, Ciara s'interrompit, surprise de s'entendre dire exactement ce qu'elle voulait alors que l'inverse était sorti de sa bouche toutes les fois précédentes. Interloquée quelques secondes, elle se mit à réfléchir... puis à paniquer. De deux choses l'une : soit le sortilège qu'elle subissait depuis de trop longues minutes la contraignait à dire l'inverse de ce qu'elle pensait, et dans ce cas il venait de prendre fin au vu de ce qui venait de lui échapper. Soit ce sortilège l'obligeait à mentir et elle était toujours sous son emprise, ce qui expliquait que volontairement ou non, elle ait pu débiter sa « vérité » sans que ses propos ne soient déformés cette fois.

L'ennui étant que si Antiphane réalisait cela... elle était cuite !

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Messagepar Antiphane Bevnadin » 27 Nov 2012, 17:46

Il avait peut-être le don de parler dans la tête des gens, mais Pimprenelle quant à elle avait le don de causer de sacrés maux de tête. Oui car il fallait déchiffrer ce qu'elle disait et ce n'était pas chose aisée en ce moment, elle passait son temps à crier et en plus elle le secouait dans tous les sens. Cette sale gosse méritait un bon coup de poing au sommet de son crâne, histoire de lui remettre les idées en place. Mais pour le moment, il avait bien trop besoin d'elle. Ou plutôt de ce qu'elle savait. Si elle était vraiment ce qu'elle paraissait être, elle serait pour Antiphane une source non négligeable.

« Me comprendre est selon moi chose bien plus aisée
Que de vous écoutez brailler de tels discours
Qui, faut avouer, n'ont ni queue ni lucidité
Cessez de parler, poursuivons notre parcours ! »

Il ne pouvait pas la secouer comme il l'entendait, donc il pouvait malgré tout se permettre de lui dire de la boucler... ne serait-ce que deux minutes ! Toujours fidèle, Antiphane emboita le pas de Pimprenelle lorsqu'elle décida de suivre les rails. Marchant derrière elle, il esquissa un sourire. Cette situation qui était loin d'être plaisante, portait malgré tout à sourire. Aussi il lui dit quelque peu moqueur.

« Allons, vous êtes bien jeune pour m'aimer de la sorte,
Mais rassurez-vous, je vous apprécie aussi !
Montons dans le prochain train, ne soyez pas sotte
Nous pourrions dans ce cas nous reposer ainsi. »

Evidemment, il avait entendu ce qu'elle avait dit à propos d'Artégal... Mais il avait volontairement changé de sujet afin que la discussion ne redevienne pas conflictuelle. Ou du moins un conflit plus conséquent qu'il ne l'était pour le moment. Un peu d'humour avec une pointe d'ironie et elle abaisserait de nouveau sa garde, car il avait bien vu son attitude changer après s'être trahie elle-même. Elle s'était interrompue, comme consciente qu'elle en avait trop dit. Il décida alors de garder ce détail pour le moment. Il pourrait l'utiliser à un moment plus propice, où elle ne pourrait rien répliquer. Il la voyait déjà chercher à se justifier, mais en vain !

Un tumulte lointain le tira de ses rêveries de victoire. Lorsqu'il se retourna il vit un train se diriger vers eux. D'un petit saut il se dégagea des rails afin de ne pas se faire percuter. Il avait encore le temps, le train arrivait assez lentement pour monter dedans en cours de route, mais assez rapidement pour gagner du temps. Il ferma les yeux lorsque la machine passa tout près de lui. Le vent provoqué par la vitesse se faisait violent, aussi ses cheveux fouettaient son visage. Il valait mieux qu'ils montent à l'arrière des wagons, ainsi ils limiteraient les risques de se faire attraper. Lorsqu'il jugea le moment favorable, il s'accrocha d'une main ferme à l'escalier qui permettait de charger les bagages. Il eut l'impression qu'on lui arrachait le bras ! Mais il souleva tout son corps pour enfin être stable. Il se pencha en avant et tendit le bras pour qu'une main puisse le saisir.

« Pimprenelle ! Venez donc, montez donc par ici
Avant que par la distance je vous vois rétréci ! »

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Re: C'est bon, on peut respirer !

Messagepar Ciara Steban » 02 Déc 2012, 02:06

L'Imbroglio est terminé, je me débarrasse donc du sortilège pour qu'on puisse discuter plus sérieusement... et aussi pour noyer un peu le poisson de sa dernière réplique :p


Ciara porta une main à sa bouche. Tout à coup – et sans qu'elle sache véritablement pourquoi – elle était prise d'une incontrôlable envie de rire. La situation, absurde, mais aussi la façon dont s'exprimait Antiphane. Lui demander de fermer son clapet de façon si poétique était une grande première ! Quant à lui répondre qu'il l'aimait aussi et s'acharner à l'appeler Pimprenelle... non, ça n'aidait pas à rester de marbre. Aussi, après avoir masqué son sourire et s'être mordu la joue, elle parvint à reprendre un semblant de sérieux lorsqu'elle entendit le sifflet plaintif du train. Elle se retourna donc en même temps que son escorte et se rapprocha doucement, cherchant elle aussi le moment adéquat pour grimper. Le « cartésien » venait de prendre la direction d'Ephtéria afin de gagner l'arrière du train, et ainsi Ciara longea-t-elle les rails en sens inverse, se dirigeant plutôt vers l'avant et Aspasie. S'ils étaient deux à monter à bord en marche, mieux valait qu'ils soient à bonne distance pour ne pas risquer de se gêner.

Mais le train avançait vite, et la jeune fille commençait à renoncer de pouvoir monter sans se faire mal ou pire, passer sur les rails ! S'arrêtant pour se retourner et voir ce qu'Antiphane faisait, elle fut surprise de ne pas l'apercevoir parmi les herbes hautes. Était-il parvenu à monter à bord ou s'était-il fait écraser ? La réponse lui parvint en une silhouette accrochée à l'escalier, la main tendue vers elle. Et en un sursaut, Ciara décida de se saisir de cette chance. Prenant son élan, elle couru sur quelques mètres avant d'attraper la main d'Antiphane et de sauter sur le marchepied, son autre main relevant sa robe qui l'aurait fait tomber. L'habitude de prendre le train en marche lui avait valu un certain savoir-faire. Étonnant si l'on se fiait à son apparence de petite fille.

« Merci... » Murmura-t-elle avant de se diriger vers une petite plateforme à l'arrière du wagon.

La pluie battante, décuplée par la vitesse du train, les fouettait rudement. Aussi Ciara ne se fit-elle pas prier pour ouvrir le compartiment et s'engouffrer à l'intérieur. Il n'y faisait pas bien chaud, mais au moins y seraient-ils au sec et à l'abri du vent. Une dame noble à la robe si large et chargée de dentelles qu'elle prenait toute la largeur du couloir les dévisagea d'un air de dégoût, puis s'éventa avec dédain. Opportuniste, Ciara sauta sur l'occasion pour s'avancer, un sourire satisfait aux lèvres.

« Celle-là ne peut pas s'asseoir à cause de sa robe à panier. Chuchota-t-elle à l'attention d'Antiphane. Ça veut dire qu'il y a au moins une place de libre dans l'un des compartiments... Vous n'avez qu'à faire comme si vous étiez ici de votre plein droit, vous verrez, personne n'osera vous poser de question. »

Un sourire trahissant son amusement, elle passa derrière la noble sans rougir ni baisser les yeux, et après un rapide repérage des lieux, se glissa à l'intérieur d'une cabine occupée par un couple. L'homme lisait – et leva un regard étonné de ses lorgnons – tandis que son épouse brodait.

« Bonjour ! » Leur lança Ciara en s'asseyant comme si elle était dans son bon droit.

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Re: C'est bon, on peut respirer !

Messagepar Antiphane Bevnadin » 03 Déc 2012, 14:18

Idem pour moi


Lorsque Pimprenelle le remercia, il ne remarqua pas qu'elle parlait normalement. Il se contenta d'hocher très simplement la tête. Ils étaient désormais en route vers Aspasie et s'éloignaient donc de la capitale. C'était une bonne chose pensait Antiphane, il ne remettrait plus les pieds là-bas avant un bon moment. Il regardait distraitement le paysage défiler à vive allure, mais lorsqu'il entendit le compartiment s'ouvrir il se retourna surpris. Mais ce n'était que la gosse. Il se permit de soupirer, soulagé.

Il la suivit à l'intérieur, bien décidé à ne pas la lâcher d'une semelle. Au passage, ils durent contourner une grosse dame qui, lorsqu'ils passèrent devant elle, tenta de rentrer sa poitrine avant d'éviter tout contact. Pimprenelle était peut-être jeune, mais elle avait un bon esprit ! Ce qu'elle déduisait de cette situation banale était tout à fait cohérent. Mais Antiphane fut d'autant plus surpris lorsqu'il remarqua – enfin – qu'elle s'exprimait normalement.

« Mais vous parlez ! Enfin je veux dire que vous parlez normalement ! » Puis il rajouta pour être certain de ce qu'il avançait « Moi aussi non ? »

C'est le cœur léger qu'il entama ses recherches. Désormais ils étaient plus simple pour eux de passer inaperçu... Lorsque les rideaux étaient ouverts, Antiphane en profitait pour jeter un rapide coup d'oeil à l'intérieur. Généralement les cabines étaient pleines. Les passagers le regardaient curieusement, ce qui les changeaient du paysage flou qui défilait à toute vitesse. Parfois un homme, ou même une femme, se levait et tirait les rideaux mécontent.

Il aperçut au loin Pimprenelle qui entrait dans une cabine. Il décida d'arrêter de rechercher et la rejoignit sans prêter la moindre attention aux autres cabines. Il ne voulait pas se séparer d'elle, car elle semblait assez fourbe pour se défiler. Après tout, peut-être qu'elle mentait encore sur ce fameux pèlerinage.

Lorsqu'il entra dans la cabine une femme brodait les sourcils froncés. Elle semblait compter et Antiphane se demanda bien ce qu'elle pouvait compter. Quant à l'homme, il avait un livre ouvert entre les mains et parlait à celle qui venait de le précéder. Il souriait et semblait sympathique. Ce dernier terminait à l'instant une phrase.

« … Et donc vous êtes sa fille ? »

Le cortésian se doutait qu'il y avait là un sacré quiproquo, cet homme devait prendre Pimprenelle pour la fille de la grosse dame qui ne pouvait s'assoir. Ce qui paraissait être juste puisqu'il y avait là deux places libres. Une place pour la mère et une pour la fille devait penser l'inconnu. C'était parfait en tous cas ! Mais il se douta que ces deux places étaient en réalité réservait à une même personne... Antiphane prit place aux côtés de Pimprenelle et salua de la tête l'homme qui semblait attendre une réponse.

« Madame est une bonne connaissance de ma femme, je lui ai proposé de prendre place auprès d'elle pour qu'elles puissent discuter le temps du trajet. Nous avons procédé à un échange en bonne et due forme. »

Il restait à espérer qu'il ne serait pas bavard, que le trajet n'allait pas durer des heures, mais aussi que le contrôleur était passé.

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Re: C'est bon, on peut respirer !

Messagepar Ciara Steban » 05 Déc 2012, 12:04

Je rappelle que Ciara est une sale gosse. T'as le droit de lui en coller une aussi :D


Ciara se tourna vers Antiphane avec un sourire franc, voir très franchement ironique.

« Vous parlez dans la tête des gens je vous rappelle. Personnellement, je n'appelle pas ça s'exprimer normalement ! »

Choisissant de laisser le « cartésien » réfléchir à sa pique, elle s'était donc engouffrée dans ce compartiment, s'y était légitimement installée et avait fait mine de regarder par la fenêtre lorsque l'homme en face d'elle avait eu l'idée absurde de lui adresser la parole. Et zut, voilà qu'elle tombait sur une pipelette. Lui offrant un sourire poli, Ciara avait alors pris le parti de répondre à ses questions sans faire de mystère. Le secret d'un mensonge bien ficelé, c'était de faire en sorte qu'il ne soit qu'un demi mensonge. Mais bien entendu, ce fut sans compter sur l'intervention d'Antiphane et de ses gros sabots ! Sursautant presque sur le coup de ses propos, la jeune fille se tourna vers lui avec ce même air furieux qu'il avait déjà pu lui voir à plusieurs reprises. À sa décharge, Ciara s'énervait avec une facilité déconcertante.

L'homme en face d'eux, quant à lui, observait le tatoué avec des yeux ronds. Impossible de savoir s'il était davantage choqué par ses paroles ou par le fait de s'entendre parler dans son esprit. Sa femme en avait oublié où elle en était dans son compte et s'était piquée le doigt avec son aiguille, jetant sur le Cortesian un regard effaré.

« E-excusez-le... Parvint à prononcer Ciara au bout d'une minute d'hébétude. Il m'accompagne pour mon pèlerinage. Je n'ai trouvé personne d'autre pour m'escorter... et puis... Elle se pencha légèrement et baissa la voix comme pour faire en sorte qu'Antiphane ne l'entende pas, bien qu'elle sache pertinemment qu'il intercepterait chacun de ses mots. Alrik nous enseigne à être tolérant, alors j'ai pensé que je devais lui donner sa chance. Il est assez fort pour me protéger... mais intellectuellement...
_ Oh... »
Répondit le Noble d'un air compatissant.

En se redressant, il adressa l'un de ses sourires que l'on sert habituellement aux personnes âgées qui radotent ou aux benêts, le prenant manifestement pour un imbécile heureux qui ne savait pas trop ce qu'il disait. Sa femme se contenta d'un battement de cils désolé et reprit son travail, ce qui lui permettait d'avoir une bonne raison de détourner son regard d'une personne qui la mettait mal à l'aise. On ne savait jamais trop si ce genre de tare était contagieuse.

« Nous parlions de mon père... Lança alors Ciara à Antiphane en le fusillant du regard. Tomas Steban, qui est une connaissance de monsieur. Venez, je vais vous offrir un chocolat chaud... »

Elle se leva en saluant les deux locataires du compartiment et sortit en faisant signe à Antiphane de la suivre, avec ce petit air maternel comme s'il était complètement idiot. L'entraînant un wagon plus loin, elle se retourna brusquement lorsqu'elle fut certaine que personne ne pourrait les entendre et se planta face au « cartésien » les poings serrés.

« Vous voulez bien vous tenir tranquille à la fin !?? Quand j'aurai besoin que vous me mettiez dans le pétrin je vous ferai signe !!! »

La prochaine fois en réalité, elle s'amuserait certainement à partir en courant, en hurlant que l'homme tatoué derrière elle lui voulait du mal. On croyait toujours les petites filles en pleurs... rarement les adultes bardés de tatouages. C'était sournois, oui. Mais lorsqu'on avait une carrure aussi frêle que celle de Ciara, on apprenait très vite à se défendre autrement que par la force.

Évidemment, ce fut ce moment là que choisit un contrôleur pour faire son apparition, et prise au dépourvue, la jeune fille dévisagea Antiphane avec insistance.

« C'est le moment de dire n'importe quoi... je suis à court d'idées... » Murmura-t-elle entre ses dents.

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Messagepar Antiphane Bevnadin » 07 Déc 2012, 21:12

Oui mais on l'aime comme ça ^^


Il avait tout simplement souhaité l'aider même si elle paraissait être à l'aise avec les mensonges. La prochaine fois qu'elle le solliciterait, elle pourrait toujours attendre. Et plus elle parlait pour – rattraper – sa bêtise, plus la haine montait en lui. Heureusement pour chacun, il savait se contenir, mais au fond il bouillonnait de colère. Pour qui se prenait-elle pour le faire passer pour un idiot ? Même s'il avait réussi à se contenir jusque là, il lui aurait volontiers fait avaler ses jolies dents bien blanches. Mais s'il le faisait, il allait détruire le peu de chance qu'ils avaient de s'en tirer. C'est en faisant un effort surhumain qu'il continuait de fixer, le regard vide, le paysage qui défilait par la fenêtre. Alors même que son visage était serein, il avait mal aux dents tant il serrait sa mâchoire, peut-être pouvait-on les entendre grincer si on tendait bien l'oreille.

Elle lui proposa un chocolat chaud. Il lui adressa un sourire digne du plus beau des ahuris.

« Mais j'aime le chocolat chaud, il se tourna vers le couple, au revoir. »

Lorsqu'ils quittèrent la cabine Pimprenelle le devança et lui fit la morale la première. Le comble de tous les combles ! Comme si son intervention les avait sauvé de la situation. Elle aurait tenu, pour une fois, sa langue de vipère dans sa bouche n'aurait fait aucun mal, au contraire ! Mais sa colère ne s'était pas atténué et elle ne faisait rien pour que cela ne se produisit. Il la poussa contre le mur avec colère.

« Ecoute gamine, t'aime peut-être me faire passer pour un con, mais je suis loin de l'être ! Je n'aurai aucun scrupule à t’assommer et à te laisser mourir dans les soutes à bagages ! Tu te prends peut-être pour une petite princesse mais ça prend pas avec moi ! Je n'aurai pas tant besoin de toi je... »

Il se tut conscient qu'il en avait trop dit. Il eut peur de l'avoir effrayé, même s'il lui en fallait certainement plus que ça pour l'intimider, mais sait-on jamais un homme tatoué de la sorte pouvait peut-être faire peur. Et il lui avait dévoilé le fait qu'elle lui était utile et ça, ça ne faisait pas partie de son plan. Le contrôleur arriva dès lors, ne laissant aucune chance à Antiphane de se ressaisir ou même à Pimprenelle de répliquer. Apparemment il n'était pas encore passé...

Elle osa lui demander de l'aide... ou comme elle le disait si bien « dire n'importe quoi ». Soit ! C'était là une douce vengeance qui pouvait les mener tous deux à leur perte, mais il prit le risque. Il prit le ton d'un illuminé et dit au contrôleur qui leur avait déjà réclamé leurs tickets.

« Pimprenelle est notre prêtresse à tous ! » Pour plus d'effet il leva les bras. « Elle est notre guide, sa parole est d'or, ses pas sont le chemin menant à la vérité ! »

Il aurait pu continuer, en dire des plus belles, mais il décida de ne pas pousser le bouchon un peu trop loin.

« Notre mission est des plus importantes et l'ordre divin ne vit pas d'ores, nous vivons de la charité de tous, mais surtout de chacun. Des personnes tel que vous nous aident à progresser vers la vérité ! »

Le contrôleur avait pris du recul comme s'il craignait de se faire frapper à tout instant. Il rivalisa avec Antiphane dans le domaine du regard le plus ahuri, mais il gagna de loin. Il bafouilla quelques mots et ils purent saisir – en résumé – qu'il ne voulait pas contrarier les divinités, car il redoutait le fléau. Il continua sa route oubliant de réclamer le billet des autres passagers. Pimprenelle pouvait être heureuse, Antiphane l'avait écouté et avait dit n'importe quoi.

Après cela, Antiphane se sentait doublement apaisé.

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Re: C'est bon, on peut respirer !

Messagepar Ciara Steban » 15 Jan 2013, 20:26

Désolée, non seulement j'ai mis le temps pour répondre mais en plus c'est court ><


Ciara avait entrouvert la bouche comme si elle s'apprêtait à interrompre Antiphane dans ses éloges, avant de se raviser. Muette face à cette nouvelle situation qu'elle n'avait pas prévu, elle dû se mordre la joue et se concentrer sur autre chose pour ne pas éclater de rire. Tout à coup, le « cartésien » revêtait des allures de grand manitou d'une secte obscure dont elle serait la déesse imaginaire... Le pire étant que le contrôleur semblait avaler toutes ses couleuvres sans rien suspecter de plus qu'un brin de folie chez Antiphane ! C'est donc avec un air parfaitement ahuri qu'il les laissa là tous les deux, hébété comme s'il réfléchissait encore à la portée des propos de l'escorte de la prêtresse...

Le suivant des yeux avec un sourire, Ciara laissa s'envoler un rire trop longtemps contenu dès que l'homme fut hors de portée.

« Ah ah ah... vous êtes dingue...! » Complimenta-t-elle en essuyant une larme qui venait d'apparaître au coin de ses yeux gris.

Il lui fallu quelques longues secondes pour se remettre de ses émotions, puis lorsque ce fut le cas, elle resta un moment face à la fenêtre à contempler le paysage d'un air absent. Son souffle sur la vitre formait une tâche de buée qui allait en s'élargissant, floutant sa vision sans que cela ait l'air de la déranger. Lorsqu'elle reprit la parole, elle parla d'une voix vague et fatiguée après les évènements d'Ephtéria.

« Alors comme ça vous avez besoin de moi...? Je me disais bien que vous ne m'aviez pas accostée par hasard. »

À y repenser, cela expliquait tout à fait pourquoi cet homme tout bariolé ne cessait de la suivre comme son ombre malgré les efforts qu'elle faisait pour s'en débarrasser. D'autres auraient eut tôt fait de partir de leur côté. Abandonnant ses rêveries devant le paysage détrempé des plaines, elle se tourna alors vers l'intéressé, un air à la fois suspicieux et amusé épinglé au visage.

« Au fait, je ne m'appelle pas Pimprenelle... »

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Re: C'est bon, on peut respirer !

Messagepar Antiphane Bevnadin » 17 Jan 2013, 12:42

Antiphane ne s'attendait pas à une telle réaction. A vrai dire il s'attendait à une nouvelle colère digne d'une adolescente en manque d'amour. L'entendre rire atténua la colère qui avait surgi sans prévenir. Lui-même eut envie de rire avec elle, mais il se retint. C'est vrai que maintenant il se sentait vraiment ridicule d'avoir agit de la sorte.

« Merci. » dit-il tout simplement lorsqu'elle le complimenta d'être dingue.

Il remarqua aux fenêtres des cabines des regards indiscrets qui les observaient. Mais sitôt qu'il croisait leurs regards, ils se retiraient précipitamment. Désormais il se sentait vraiment ridicule, mais au moins le mensonge de Pimprenelle concernant son – intelligence – paraissait vrai désormais ! Ils ne faisaient pas une si mauvaise équipe finalement pensa-t-il.

« Besoin de vous ? Non... Enfin si ! C'est-à-dire que j'ai besoin de vous pour voyager. C'est bien ça, vous m'êtes précieuse, car grâce à vous je peux voyager sans qu'on me pose de questions. » Pourquoi la vouvoyait-il ? Il sentait qu'il s'emmêlait les pinceaux et il en perdait tous ses moyens.

« Vous... Tu ne t'appelles pas Pimprenelle ? » L'heure était peut-être aux confidences... Il était prêt à en dire plus sur lui, à condition qu'elle fasse de même et la première ! « Et bien, je pense que nous devons discuter... Mais pas ici, nous pouvons trouver des oreilles indiscrètes. »

Le mieux était peut-être d'attendre la fin du voyage afin d'être sur de ne pas être entendu. Pour le moment, ils avaient déjà beaucoup trop attiré l'attention sur eux et cela le mettait mal à l'aise.

« Je propose d'attendre notre arrivée à Aspasie pour discuter en toute sécurité, pour le moment profitons du voyage pour pouvoir souffler. »

Puis il regarda par la fenêtre. Il ne savait pas si le voyage allait être long, c'était rare qu'il prenne le train pour voyager. Puis ses pensées se tournèrent vers la gosse qui avait menti sur son nom. Avait-elle également menti concernant son voyage ? Mais que cela pouvait-il lui apporter ? Il avait du mal à comprendre qui elle pouvait être et cela le frustrait. Et dire que tout cela était à cause d'Artégal... Même mort il posait encore bien des soucis au tatoué.

A moins que... Il se tourna vers elle et la dévisagea.

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Re: C'est bon, on peut respirer !

Messagepar Ciara Steban » 05 Mar 2013, 03:52

Plus les minutes s'écoulaient, et plus les soupçons de Ciara vis à vis d'Antiphane se confirmaient. En tous les cas, le jeune homme ne faisait rien pour la dissuader de se faire des idées. Bien au contraire, son comportement comme ses paroles invitaient à se poser beaucoup de questions à son sujet. Peut-être même un peu trop, d'ailleurs. Soupirant de lassitude ; sans que l'on sache si cela était dû à la fatigue ou à un retour imminent de son agacement chronique, elle croisa les bras en se plantant face à lui.

« Des oreilles indiscrètes, dites-vous ? C'est drôle, à vous entendre j'ai de plus en plus l'impression que vous avez de nombreuses choses à cacher. Il ne s'agit que de mon nom, et à moins d'être recherchée pour un crime quelconque, je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'en faire tout un secret... »

Ses yeux se plissèrent légèrement alors qu'elle le toisait avec insistance. Cette manie qu'il avait de sous entendre plus qu'il n'énonçait clairement les faits lui inspirait deux comportements opposés l'un à l'autre. Une part d'elle ne lui faisait pas confiance, estimant que trop de secrets était gage de mauvais augure... C'était comme s'il en savait plus qu'il ne voulait l'admettre, mais qu'il attendait comme un prédateur sournois qu'elle se dévoile en premier. Avait-il des soupçons sur son appartenance à la guilde des Rebelles ? Avait-il été dépêché par le Roi ? Artégal avait-il dénoncé chacun de ses hommes pour s'acheter une liberté qui ne lui fut finalement jamais accordée ?

Le regard de la jeune fille délaissa brièvement Antiphane pour observer le paysage. Le Artégal qu'elle connaissait n'aurait jamais trahit sa propre guilde. Peu importait ce que les autres en disaient qui les arrangeait ; elle, savait qu'il aurait préféré insulter, cracher au visage de ce Roi comme de ses soldats plutôt que de conclure le moindre pacte avec eux. Douter de sa loyauté était donc totalement injustifié, et c'est en se mordant la joue que Ciara se tourna de nouveau vers Antiphane. Son air suspicieux n'avait pas quitté ses traits.

Une autre part d'elle même lui murmurait que si cet homme en savait autant sans oser l'admettre, alors c'est qu'il faisait partie du même camp. En vérité, cette possibilité expliquait même parfaitement les raisons qui le poussait à se montrer si prudent et à vouloir discuter en privé, comme il venait de l'exiger. Forcément, vanter les derniers potins des Rebelles devant témoins n'était pas forcément la meilleure idée de l'année... et mieux valait se méfier d'une prêtresse dévouée à Alrik et sans doute trop intègre. Cela dit, il était évident - et ce depuis les premières secondes où il l'avait accostée - qu'il en savait beaucoup plus qu'il ne voulait l'admettre sur ce condamné qu'il prétendait ne pas connaître.

« Ciara Steban. C'est mon nom. J'ai été élevée au pensionnat Speranza d'Ephtéria, et ce pèlerinage est en quelque sorte un voyage initiatique, ou quelque chose supposé signifier que je suis capable de me débrouiller par mes propres moyens. Une épreuve de passage pour le monde des adultes si vous préférez. Lança-t-elle avec une ironie amère. Même si je pense avoir vécu davantage que la plupart des prétendus adultes que j'ai pu croiser... »

Ses yeux gris se détachèrent une nouvelle fois d'Antiphane, même si cette fois il était question de fuir son regard et non plus de réfléchir à autre chose. En fin de compte, elle n'aimait pas parler d'elle, même si par réflexe, c'était toujours quelque chose qu'elle faisait naturellement. Peut-être avait-elle conservé cette nécessité de se confier, mais une crainte immense d'être rejetée. Encore.

« Merci de m'accompagner... si vous êtes toujours d'accord pour être mon escorte, bien sûr... »

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