Ne rien faire. Elle disait ne rien faire, mais c'était quelque chose de totalement incorrect, déjà car même lorsque l'on pense ne rien faire nous sommes occuper à faire quelque chose, et car actuellement, elle était bel et bien en train de passer ses doigts sur mon cou, et ça, ce n'était pas rien. A son contact, je ressentais un frisson, non pas parce que ça peau était froide, en particulier car elle n'avait pas vraiment de température, mais plutôt car j'avais l'impression que son contact traversait entièrement mon corps, parcourant le moindre vaisseau sanguin, le moindre organe, pour finalement atteindre directement mon cœur, ce geste resserrant un peu l'étau qui l'emprisonnait, bien que ce n'était pas un poids douloureux, mais bien quelque chose qui faisait grandir en moi une certaine force, un désir.
Mais lentement, elle s'endormait à côté de moi, et comme je ne pouvais pas vraiment aller à l'encontre de ce qu'elle voulait, j'allais descendre pour récupérer quelque chose à manger, même si je n'avais pas spécialement faim. Je passais donc délicatement mes doigts sur sa joue, la regardant encore quelques instants pour être sûr qu'elle soit endormis. Il m'était agréable de la voir ainsi, si paisible, son regard ne décrivant plus aucune inquiétude. Cela m'apaisait un peu, et je me relevais lentement, un sourire aux lèvres.
Une fois à côté du lit, je n'arrivais pas à détacher mon regard d'elle. Sa peau avait de nouveau virée à une couleur sombre qui ne me rassurait pas vraiment, mais cette fois-ci je me disais que ce devait être normal dans la mesure où elle était épuisée. D'un autre côté, avec la journée que nous venions de passer, je comprenais totalement la raison pour laquelle elle était si fatiguée, et moi-même je n'allais sans doute pas tenir encore longtemps, même si je ressentais une certaine attraction dans le fait de contempler le ciel nocturne. J'allais de nouveau pouvoir apercevoir la première vision que j'avais eu de ce monde, ce qui c'était gravé comme mon ultime souvenir, comme l'unique chose qui me reliait à ce monde. J'aurais pût me réveiller à l'aurore, et d'ailleurs cela aurait été plus logique que je me réveil à cet instant dans la mesure où normalement l'obscurité n'aurait jamais dûe me tirer de mon sommeil. Après, peut-être que mon instinct de fauve voulait que je me réveil à un moment où je pouvais clairement voir malgré la nuit, comme quoi, en fin de compte, ce corps n'avait peut-être pas que des inconvénients…
J'allais alors sortir de la pièce quand quelqu'un frappa à la porte. Intrigué, sans doute s'agissait-il de l'Aubergiste à qui j'avais dis que nous souhaitions manger dans la chambre, aussi je tournais la clé dans la porte pour la dévérouillé et je posais ma main sur le poignet, entre ouvrant suffisament pour voir le visage de la personne qui se profilait devant. Étonnament, il ne s'agissait pas de l'homme que j'avais vu plus tôt mais d'un parfait inconnu, et mon regard s'assombrissait directement, mon pied bloquant la porte au cas où il essaierait de forcer le passage.
« Qui êtes-vous ? » Ma voix était grave, assez inquiétante, comme tout à l'heure quand le gérant de cet établissement avait voulu jouer au mâlin face à moi. Il ouvrit alors une malette devant moi où je pouvais voir des bandages, désinfectant et autre matériel utile au premier soin. Bien entendu, cela n'aurait jamais été suffisant pour guérir la plaie béante que j'avais eût plus tôt sur le corps, mais grâce à Belladona, cela devrait suffir. Du moins, je l'espérais…
J'ouvrais donc la porte, laissant entrer le médecin qui confirma d'ailleurs son identité. Dans son autre main se trouvait un plateau contenant un repas, ce n'était rien d'extraordinaire mais cela pouvait sans doute apaiser ma faim, puis il m'expliquait que c'était l'Aubergiste qui lui avait demandé de monter ça pour nous, sans doute car cela lui éviterait de nous voir…
Il regarda la jeune plante, et même si il reporta rapidement son attention sur moi, je sentais bien que d'une certaine manière, la voir ainsi dans un lit, au milieu de quelque chose de civilisé, lui était désagréable. Je n'y portais pas plus attention que ça, le laissant me soigner. Comme je n'avais déjà plus ma tunique, il s'appliqua à nettoyer correctement ma blessure avant de la bander. C'était tout ce qu'il pouvait vraiment faire dans la mesure où ma blessure était déjà refermée. Il me demandait comment je m'étais fait ça, mais je ne répondais pas, le laissant simplement faire ce pour quoi il était là. Bien entendu, en agissant ainsi j'aidais à entretenir mon apparence sombre et mauvaise, mais je n'étais plus à ça près, en particulier puisqu'il s'agissait de quelqu'un que je ne reverrais probablement jamais, et que cet homme semblait avoir le même genre de préjugé à l'égard de la belladone. Mais je ne pouvais rien faire, et j'avais envie de penser que c'était eux qui se privé du caractère agréable de la jeune plante. Et égoïstement, je pouvais penser qu'au moins, elle m'était ainsi réservée.
L'homme se releva, me disant qu'il avait terminé, et s'excusant car c'était tout ce qu'il pouvait faire. Je portais une main au niveau de mon cœur et je m'inclinais légèrement.
« Je vous remercie. » Puis je le laissais sortir après l'avoir rémunéré, me regard se portant sur le plat qu'il m'avait apporté. Je n'avais vraiment pas d'appétit, sans doute car j'étais même trop fatigué pour manger, mais je saisissais tout de même la viande qui m'était destinée. Elle n'était pas vraiment appétissante, comme si le cuisiner négligeait volontairement ce qu'il préparait, mais je mâchais tout de même, pour Belladona. Par moment, je me délectais aussi du pain presque rassis qui avait été donné avec, mais je ne me souciais même plus du goût de ce que je mangeais, n'ayant qu'une envie, rejoindre la nymphe végétale même si elle était endormis.
Je ne terminais donc pas mon assiette, mais au moins j'avais quelque chose dans l'estomac. Je déposais alors le plateau sur la commode puis je retournais sur le lit, soulevant légèrement la jeune plante pour la placer sous la couverture, et je la rejoignais doucement, sans la réveiller, même si je me doutais que c'était chose impossible maintenant qu'elle était plongée dans un profond sommeil. Je la callais contre moi car le lit n'était théoriquement pas assez grand pour nous accueillir tous les deux, sauf que dans notre cas ce n'était pas gênant. Je fermais alros les yeux, déposant ma main sur sa hanche, et sans même m'en rendre compte, je sombrais, attendant le lendemain…