Juste avant une descente au Sud

[Benedikt]

Précédemment

La petite troupe passa donc une heure à revenir à la Basse-ville à pieds, accompagné d'un botaniste encore agacé par la tournure des événements. Il n'aurait pu choisir un autre endroit pour cacher son indice, monsieur le poulpe en chef ? Il avait tout Nideyle mais non, évidemment, il devait en fourrer un là !
Benedikt n'allait pourtant pas faire la tête jusqu'à ce qu'ils arrivent à Wingdrakk, aussi il tenta de prendre les choses du bon côté et occupa plutôt le chemin du retour à essayer de faire parler Kallistrat sur là d'où il venait. Le petit botaniste était très bon pour poser des questions, et les réponses de l'orphe lion était souvent amusantes vu son incompréhension des comportements des hommes des villes. Ce fut seulement aux abords de la ville que Benedikt se retourna vers Vrass au lieu de continuer à embêter Kallistrat.

« On n'est pas loin de ma boutique, on pourrait passer à l'herboriste, tu voulais de la poudre sacrée pour repousser les animaux, non ? Comme ça on pourra passer chez le Shaman juste après et demain matin, on pourra repartir puisque tout sera prêt ? » demanda-t-il.
Même si Benedikt n'avait guère envie d'aller à Wingdrakk, s'il devait le faire, alors autant le faire le plus vite possible. Il n'y avait aucune chance que faire traîner l'affaire les fassent changer d'avis, de toutes manières. Ils n'avaient pas vraiment déballé leur affaires de voyage à la maison et mieux valait repartir avant que le confort de la Basse-ville ne ramollisse leur enthousiasme - et le courage du botaniste.

Le botaniste essaya de se rassurer en se disant qu'après tout, ils avaient déjà Kallistrat et Pomporo qui ne donnaient pas envie de leur chercher des ennuis, et il y a avait aussi de fortes chances que Vrass choisisse de se transformer en une grosse bestiole qu'on avait pas envie d'embêter, vu sa fierté. À ce stade, Benedikt ne s’inquiétait pas pour lui, il n'avait peut-être que son arc pour se protéger lui-même, mais il avait aussi que quoi assurer ses arrières avec ceux qu'il ne venait de citer. Et puis bon, pourquoi des winghox chercheraient-ils des noises à Vrass Rannveig s'ils ne savaient que c'était lui ? On se rassurait comme on peut, et le petit botaniste soupira en tournant sa clé dans la serrure de l'herboristerie de la Basse-ville.

« Toi, Pomporo, tu restes ici. » arrêta-t-il d'une main la Maneki. « Je n'ai pas envie que tu ailles de me faire du bordel dans mes étagères ou que tu casses quelque chose. »
La bestiole s'assit toute penaude à l'entrée, déçue de s’apercevoir qu'elle n'était pas revenue complètement dans les bonnes grâces de son maître qui doutait un peu de sa capacité à rester sage à présent. À défaut de savoir quoi faire, elle se lança plutôt dans un concours de grognement à l'encontre de la plante carnivore près de la porte, qui lui semblait un peu trop agressive pour une fleur en pot.
« Bon ! Il nous faut quoi ? » se demanda à voix haute Benedikt se frappant des mains alors qu'il passait devant le comptoir de sa boutique. « Il me faut aussi des choses ici, à moi aussi. »
Parce que s'il avait bien une chose qui rassurait le petit botaniste, c'était remplir son sac de pot à l'odeur de plantes histoire d'être complètement sûr qu'il pouvait soigner n'importe qui n'importe quand.

[Sayah Cordylus]

~ Information ~

L'un de vous a choisi de son plein gré de participer à l'événement « Méli Mélo » organisé par Sayah Cordylus. Votre âme vous est donc empruntée quelques jours afin d'être transférée dans le corps d'un autre participant.
Prêt pour le voyage ?

Benedikt Bloom --> Shell Covald
Kallistrat Rusia --> Belladona
Vrass Rannveig --> Ciara Steban

[Raha Ben Salam]

L'adolescente était en pleine partie de course à dos de nox avec le Pelel'je de sa compagne d'aventure Belladonna. Elle le dépassait de quelques bons mètres quand sa vision devint floue, un picotement au niveau de sa nuque se faisait ressentir. Elle ferma les yeux, se gratta la tête et se massa le cou.
Le courant d'air qui lui balayait les cheveux se faisait moins présent, le nox ralentissait sûrement. Puis, quand elle rouvrit les yeux, sa vision, petit à petit, revenait à la normale, elle ne se sentait plus en mouvement, plus de brise pour lui fouetter le visage, que se passait-il ?

Raha regardait alentours, la vaste étendue des plaines avait laissé place à un intérieur truffé d'étagères sur lesquelles reposait toutes sortes de bocaux, fioles et autres sachets.
La jeune rousse ressentait une sensation étrange dans le bas du dos, là ou sa colonne vertébrale prenait fin, quand, tout à coup, une queue, oui une queue pleine de poils, vint lui caresser doucement la joue. La rouquine eut immédiatement un mouvement de recul mais la queue suivait, elle essaya de la chasser et elle vît que sa main, d'origine si fine, était désormais une patte, ses ongles, habituellement tout rongés s'étaient changés en griffe. Prise de panique elle cria :
" - Haaaaa !"
Sa voix fluette avait muée en une sorte de râle guttural et puissant. Elle porta ses mains à son visage, comme pour se le cacher, et là, encore une surprise : sa tête était étrangement grande et pleine de poils elle aussi. Elle se retourna violemment, son corps était lourd, ses bras s'agitaient et quelques bocaux dégringolaient d'une étagère pour se fracasser au sol.
Un miroir accroché sur un mur vint confirmer l'affreux pressentiment qui l'animait : elle n'était plus elle, la fraîche et frêle Raha, mais une sorte de lion, tout poilu, mesurant presque deux fois sa taille habituelle en hauteur et bien trois fois en largeur.

Elle se réfugia dans un coin et posa ses fesses, désormais moelleuses et rebondies, en tailleur. Elle porta ses paluches à son visage et se mit à pleurer sans se préoccuper de savoir si ele était seule ou non, elle était seulement désemparée....

[Archélas Ages]

Précédemment : Dans la panse du Mahjour

Puisque leurs problèmes semblaient s'arranger, Archélas porta sa mangue à sa bouche et s'apprêta à y mordre de bon cœur lorsque sa mâchoire se referma dans le vide. Persuadé qu'il allait rencontrer une résistance, et qu'un jus délicieux allait se répandre dans sa bouche autant que sur son menton, il avait avancé sa langue dans laquelle il mordit sévèrement, grognant aussitôt de douleur. Alors que le sang lui piquait déjà les papilles, le soldat jeta un coup d'œil contrarié à sa mangue pour constater qu'il ne l'avait plus. Juste après, il remarqua que son environnement n'était plus le même... C'est donc paniqué qu'il découvrit l'endroit où il se trouvait. Les lieux lui étaient familiers puisqu'il s'y était rendu quelques semaines plus tôt, et la voix du botaniste lui était toute aussi familière. Ce qu'il faisait là en revanche, demeurait un mystère très effrayant !

Croyant à une perte de mémoire, Archélas s'interrogea à toute allure. Combien de jours s'étaient écoulés depuis les Nafa'q ? Étaient-il à Ohime Quinah ? Non, cette boutique était celle des Ghettos, il le savait pour y être entré plusieurs... jours ? Semaines ? Mois plus tôt ? Étaient-ils revenus sur leurs pas ? Avaient-ils mené leur mission à bien ? Était-il toujours marié à Ceithli ? Quel âge pouvaient bien avoir ses enfants ? Qu'était-il venu chercher ici, si loin de son royaume et de son épouse ? Un éclair traversa alors son esprit. Shell avait peut-être la réponse à toutes ces questions ! Alors Archélas se retourna d'un bloc, espérant croiser le regard égal de l'Élite... mais il se figea en se retrouvant nez à nez avec un homme lion de deux mètres qui poussa une sorte de rugissement avant de se reculer dans un coin, l'air particulièrement contrarié. Le lieutenant en eut des sueurs froides, comme si sa vie s'était arrêtée subitement. Et en proie à une totale panique, il se retourna vers la seule personne qu'il connaissait plus ou moins : le botaniste !

« Qu'est-ce qu... Commença-t-il avant de s'interrompre, effrayé par sa propre voix. Qu'est-ce que... »

Qu'est-ce que cette voix venait faire dans sa gorge, pour commencer ? Était-ce un mauvais tour de Sayah ? Réconforté par cette explication, Archélas porta ses mains devant son visage afin de les observer. Ce n'étaient pas les siennes ! Pire encore, sur ses bras traînaient de longs cheveux couleur sang. Non... non. Tout mais pas ça !

« Ne me dites pas que je suis dans le corps de ce fichu tatoueur !!? » Reprocha-t-il à Benedikt comme si tout était sa faute.

Furieux mais encore suffisamment lucide pour avoir des idées quasi intelligentes, il se tâta le sommet du crâne. Sa colère ne fit que s'aggraver lorsqu'il identifia les cornes qui y étaient plantées.

« RAAAH, C'EST PAS VRAI !!! »

Au moins cela expliquait-il ce qu'il faisait chez le botaniste. Sans-doute était-il venu lui acheter cette potion qui contrait les effets des sortilèges de Sayah... Oui mais... il n'avait toujours aucune idée de la façon dont il était arrivé jusqu'ici, ni depuis combien de temps il s'y trouvait. À vrai dire, la situation était bien plus affolante qu'énervante...

[Antiphane Bevnadin]

Antiphane s'apprêtait à subir la colère de Ciara. Il est vrai qu'il ne l'avait pas ménagé, mais il espérait néanmoins qu'elle ne se braqua pas entièrement. Il attendait toujours des reproches furieux, d'une voix hystérique, mais rien ne venait. S'était-elle étouffée dans sa colère ? Ou, avec un peu de chance, s'était-elle aperçue qu'il avait raison ?

Lorsqu'il leva doucement le bout de son nez, de peur de se prendre une assiette en plein visage, il remarqua un comptoir. Il sentit comme une main gelée qui lui serra le cœur. Que venait-il de se passer ? Il se releva rapidement, entendant du bruit derrière lui. Il recula alors précipitamment jusqu'à ce que son dos fut en contact avec le comptoir. Il y avait un énorme lion sur pattes qui était assis dans un coin, en train de miauler. Il s'agissait très certainement de pleurs à voir sa façon de se tenir. Ainsi qu'un homme avec des cornes sur la tête. Très vite, il reconnut Vrass qui se tenait en face de lui, bien qu'il ne le connaissait pas si bien que ça, voire même pas du tout.

Il ressentait cette affreuse angoisse dont il souffrait à chaque instant d'incompréhension. Bien qu'il était totalement perdu, désorienté, il remarqua qu'il voyait différemment. Comme s'il était un peu plus proche du sol. Il regarda à ce moment ses pieds et constata qu'ils étaient plus petits que d'habitude ! Et pourquoi portait-il un autre pantalon ? Ce n'était tout de même pas Ciara, qui dans sa colère, lui avait lancé un mauvais sort tout de même ? Après tout, elle s'était intéressée à la magie à un moment durant leur discussion... Puis il remarqua enfin que ses mains n'étaient pas les siennes et lorsqu'il releva les manches, il fut effrayé de constater qu'il n'avait plus le moindre tatouage.

Il se retourna une nouvelle fois vers le comptoir, se pencha et regarda son reflet dans la vitre. Ce qu'il vit le fit tomber en arrière, sur les deux fesses. Il connaissait ce visage ! De même qu'il reconnaissait enfin cette boutique ! Il était à l'herboristerie et il ressemblait à Benedikt. C'était affreux, il se demanda si cette situation n'avait pas un lien quelconque avec l'attaque de la boutique. Avec horreur il se rappela que ce soir là, ils avaient tous fini au poste de police. Sur quel terrain se trouvait-il encore ?

Il entendit Vrass hurler derrière lui, ce qui le fit sursauter. Avec effroi, Antiphane se demanda comment réagirait Vrass s'il apprenait qu'il était dans le corps de son ami aux cheveux bouclés ? Comment sortir de cette situation désastreuse ? Réfléchissant à vive allure, il estima que dire la vérité était la meilleure des solutions, surtout qu'il ne désirait pas vraiment vivre certaines situations qui pouvaient être gênantes et vicieuses, pour lui comme pour Vrass...

Ce qui lui arrivait était angoissant, car il ne savait pas ce qui lui était arrivé. Mais il était à l'herboristerie avec un homme qu'il connaissait de très loin. Quant au lion, bien qu'il paraissait effrayant et violent, à cet instant on aurait plus dit qu'il s'agissait d'un chat abandonné. Il s'adressa alors à Vrass.

« Excu... » Puis il s'interrompit. Il avait parlé ! Il avait prononcé des mots avec ses cordes vocales alors qu'il s'attendait, comme de coutume, à parler dans l'esprit de son interlocuteur. Ainsi donc, il était bien dans le corps de Benedikt, sans quoi il n'aurait jamais pu prononcer le moindre mot. « Excusez-moi. Vrass ? C'est bien ça ? Ça peut vous paraître bizarre, mais je ne suis pas Benedikt. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. »

Puis, jetant un œil au lion dont l'attitude était quelque peu louche, il demanda afin d'être rassuré.

« Il est avec vous ? J'espère qu'il n'est pas dangereux... »

[Raha Ben Salam]

La jolie fleur dans la peau du lion remarqua enfin qu'elle n'était pas seule dans cette boutique. Elle se ressaisit et se leva. Son corps lourd ne lui posait pas de problème puisque sa force avait aussi décuplé. Il restait à apprendre à évaluer le gabarit de sa nouvelle enveloppe.
En écoutant et en voyant les réactions des deux autres protagonistes, elle comprit qu'elle n'était pas seule dans son cas et cela la rassurait un peu tout de même.

A pas de félins mal assurés elle s'avança vers les deux autres et prit la parole de sa voix grave et enrouée de fauve :
" - Bonjour, je m'appelle Raha et ce corps n'est pas le mien. Je n'sais pas ce qui c'est passé mais j'étais en train de chevaucher un nox à toute vitesse puis, POUF, d'un coup je me suis retrouvée ici, dans le corps d'un autre. Et ça c'est très bizarre !"
Sa voix était belle est bien différente mais les mots et le débit était bien les siens.

Elle se regarda un instant, essayant de garder la tête froide. Raha était jeune mais elle savait prendre du recul sur certaines choses et son naturel optimiste l'amenait à penser que tout finirai par s'arranger.
Aussi elle commença à penser à Belladonna et Erin. Ils devaient avoir eût une drôle de surprise eux aussi, ne sachant pas que la rouquine n'était plus dans son corps. Mais peut être qu'ils avaient été transportés dans d'autres enveloppes charnelles eux aussi...

Le jeune homme au bouc s'inquiétait sur les intentions de l'orphe, c'est normal au vu de la masse qu'elle imposait désormais, les crocs qu'elle pouvait sentir dans sa bouche devaient faire peur aussi. Elle resta à distance pour ne pas l'effrayer et lui répondit en tentant de prendre une voix rassurante :
" - J'suis pas dangereuse..." Elle insista sur le "euse" pour bien signifier que malgré les apparences elle était une fille.
"Normalement mon corps n'est pas comme ça, je suis une fille, adolescente, plutôt petite et pas très épaisse..."

La gamine dans le corps poilu soupira, ce qui se traduisit par une sorte de ronronnement. Étonnée elle poursuivit tout de même :
" - L'un d'entre vous sait où nous sommes ? J'connais pas trop le monde, je n'étais jamais sortie des ghettos il y a quelques jours en arrière..."

[Archélas Ages]

Le fait de se retrouver dans le corps d'un autre ne dérangeait pas Archélas plus que cela. Il fallait dire qu'après tous les sorts que lui et Vrass Rannveig ne cessaient de s'envoyer lui avaient donné une certaine habitude des bizarreries corporelles. Il se souvenait encore avec amertume de son passage dans le corps d'une femme, puis celui de Sayah, et enfin dans celui d'un chien, plus récemment. Autrement dit, changer radicalement d'apparence ne lui posait plus vraiment de problèmes... même si l'opération restait tout de même déroutante. Mine de rien, passer une journée dans un corps qui ne lui appartenait pas lui donnait la bizarre sensation de ne pas réellement exister... Ce qui affolait le soldat à l'heure actuelle était plutôt le changement de lieux. Se retrouver à des lieux de son point d'origine d'un battement de cil, sans avoir le moindre souvenir d'avoir fait la route jusqu'ici.

Du coup, Archélas ne cessait de se demander combien de semaines avaient bien pu s'écouler entre le moment où il avait quitté les Nafa'q et son arrivée ici. Pire encore, ce qui avait bien pu se passer depuis. Ces deux points d'interrogation l'angoissait bien davantage que le fait de se retrouver dans un corps qui ne lui appartenait pas. Ce furent les réactions des deux autres individus présents à ses côtés qui levèrent un peu son inquiétude. Une seconde étonné, il se sentit pourtant soulagé d'apprendre que personne ici ne semblait comprendre ce qui leur arrivait.

« Je vois... Murmura-t-il en prenant une profonde inspiration. Bien, pour commencer je ne suis pas Vrass Rannveig non-plus. Je m'appelle Archélas Ages, et j'ignore par quelle magie je me suis retrouvé... dans ce corps... »

Rien que de penser à toutes les horreurs que le tatoueur avait pu faire de son corps, Archélas eut un frisson de dégoût. Oui, la plume acérée d'Onirie sévissait jusqu'en Païlandune, grâce notamment à de petites gazettes. Se tournant ensuite vers l'immense homme lion qui revenait vers eux, le soldat recula prudemment, impressionné par cette masse de muscles, de crocs, de griffes... et de poils ! Fait curieux cependant, une minuscule calopsitte était perchée sur son épaule et se lissait les plumes comme si de rien n'était.

« Malheureusement je n'ai aucune idée de ce qui se passe. J'étais dans le désert du Mahjour il n'y a pas une minute... Bon sang qu'il détestait cette voix. Mais ce n'est pas plus mal que nous ayons atterri ici. L'herboriste a peut-être de quoi régler le problème... Quelqu'un s'y connaît ? »

Là, tout de suite, Archélas était prêt à essayer n'importe quelle potion pourvu qu'il quitte ce maudit corps !

[Antiphane Bevnadin]

Antiphane fut quelque peu soulagé d'apprendre qu'il n'était pas le seul à se retrouver dans cette drôle de situation. Il conclut donc que ce n'était pas Ciara qui lui avait lancé un sort. La créature aux apparences primitives semblait même inoffensive. Elle se présenta, ce qui finit de rassurer le cortésian. Enfin, celui qui avait l'apparence de Vrass expliqua qu'il était, lui aussi, désorienté par les circonstances. Chacun avait été présenté, il ne manquait plus que lui désormais. Mais était-ce une bonne idée ? Après tout, personne ne savait d'où provenait ce sortilège, s'il s'agissait déjà d'un sortilège. Mais taire son identité ne lui semblait pas être la bonne solution, sinon ces deux personnes auraient des raisons valables de douter de lui. Ainsi, il se présenta à son tour.

« Je m'appelle Antiphane Bevnadin. D'après mes derniers souvenirs, je me trouvais à Aspasie... »

Rapidement, le cortésian analysa la situation. Chacun venait d'un endroit totalement différent. Il ne pouvait donc s'agir que d'un hasard. Peut-être n'y avait-il aucune raison à cet incident. Comme le fit remarquer le dénommé Archélas, ils avaient la chance de se retrouver dans une herboristerie. Si le problème était d'origine magique, il existait nécessairement des plantes dont les effets pourraient les aider à retrouver leur propre corps. Il reprit la parole.

« Je n'ai absolument aucune connaissance dans ce domaine... Je suis peut-être dans le corps de l'herboriste, mais je n'ai malheureusement pas ses connaissances en la matière. »

Si la solution se trouvait parmi toutes ces plantes et toutes ces graines, ils allaient devoir chercher par eux-même, voire même de faire des essais sur eux. Néanmoins, Antiphane refusait catégoriquement de prendre le moindre risque de ne jamais retrouver son corps.

Tout à coup Antiphane réalisa que son corps était peut-être, lui également, occupé par l'esprit de Benedikt. Ce pouvait être n'importe qui, même quelqu'un de mal intentionné. Avec effroi, il réalisa aussi qu'on pouvait utiliser son apparence pour commettre des vols, des meurtres ou bien d'autres choses pire encore. Et même Ciara pouvait les mettre en danger. Si elle ne se rendait pas compte qu'elle n'avait plus Antiphane en face d'elle, elle pouvait à tout instant dire quelque chose d'indiscret qui était seulement destiné au cortésian. L'idée qu'elle s'énerve sur un inconnu, et non sur lui, ne le rassura même pas. Il aurait donné n'importe quoi pour se trouver en face de la gosse et subir ses cris hystériques.

« Vous pensez que nos corps sont aussi possédés par d'autres consciences ? Si nous pouvons faire ce que nous voulons de ces corps, il en est de même pour les nôtres. J'en ai bien peur ! »

Antiphane espérait faire prendre conscience de la gravité de la situation pour réussir à les motiver de se sortir de ce pétrin. Plus ils allaient attendre, plus il y avait de risque qu'on malmène leurs corps.

[Raha Ben Salam]

" - Pfiouuuu, j'suis soulagée de pas être toute seule dans c'cas... Et malheureusement j'y connais rien en plante non plus."
En disant cela elle furetait tout de même les étagères, mais que croyait-elle trouver ? Une fiole sur laquelle serait marqué "Pour retrouver ton corps boit moi" ? Elle balaya l'air devant son visage d'un revers de patte puis se gratta le dessus de la tête.

" - J'vois vraiment pas ce qu'on peut faire."
Elle soupira et, tout à coup, sa mine dépitée s'illumina, elle se souvenait de quelque chose.
"Mon amie Belladonna m'a présenté un certain Sayah quand on est allé chercher des noxs pour notre voyage vers Banba. Et elle m'a dit que c'était le roi de la magie. Peut-être qu'il saurait nous aider !"

Elle n'avait aucune idée de la distance qui les séparait de l'animalerie de Sayah mais elle savait que cette idée était une bonne idée.
"Vous en pensez quoi ?"

Elle se rappelait de ce lézard qui n'avait pas voulu que Raha utilise sa rampe qui avait pourtant l'air si rigolote et qu'il avait été un peu froid avec elle, mais si Belladonna lui trouvait un peu de sympathie c'est qu'il devait bien en avoir.

"C'est loin d'ici l'animalerie ?"

Oui Raha aimait poser des questions, puis elle parlait à toute vitesse aussi, et beaucoup, un vrai moulin à paroles cette gamine. Ca devait paraître bizarre dans un corps si grand et massif, plein de poils, qui devait surtout inspirer le calme à ceux qui l'entouraient. Mais que voulez vous, son esprit était le même, seul son corps avait changé.

[Archélas Ages]

Constatant qu'il n'avait pas été le seul à se retrouver catapulté à plusieurs lieues de l'endroit où il se trouvait, Archélas laissa échapper un soupir de soulagement. Les yeux fermés une infime seconde, c'était comme si un poids immense s'envolait de ses épaules. En les rouvrant pour considérer ses interlocuteurs - encore un peu méfiant vis à vis de l'immense orphe lion qui l'intimidait toujours ne serait-ce que par sa carrure - il chercha à se rassurer lui-même autant que les deux autres.

« Donc, j'imagine que Sayah s'est amusé à échanger nos corps aléatoirement... Conclu-t-il en croisant les bras. Il me semble me souvenir qu'il nous avait jeté des sorts de façon tout à fait arbitraire une fois... typiquement le genre de jeu susceptible de l'amuser. Bien... La bonne nouvelle c'est qu'aucun de nous n'est fou. »

La mauvaise, c'était que personne ne s'y connaissait suffisamment bien en plantes pour ne pas risquer de tous les tuer en voulant préparer une potion au hasard. Heureusement, le grand lion gris supposé être une frêle jeune fille eut une idée plutôt intéressante. La meilleure qu'aucun d'entre eux ait réussi à avoir compte tenu des circonstances. Mais alors qu'il allait répondre, une réflexion du botaniste qui n'était pas le botaniste lui glaça le sang. Les sourcils froncés sur un air vraiment contrarié - d'autant plus sur visage du winghox - Archélas serra les poings.

« Si ce Rannveig est dans mon corps à l'heure actuelle... je jure qu'il le paiera très cher s'il en fait quoi que ce soit !!! AH !!! Je ne veux même pas y penser, ce sale pervers... Je ne vais pas me gêner pour lui rendre la monnaie de sa pièce ! »

Imaginant déjà tout ce qu'il avait envie de faire subir au tatoueur, la colère lui faisait bouillir les veines. Selon lui, Vrass était capable de coucher avec Shell, tordu comme il était ! Et s'il la mettait enceinte ? Si Ceithli l'apprenait ? Et puis c'était son corps, zut ! Il n'avait pas le droit de s'en servir de quelque manière que ce soit ! Et encore moins pour ÇA.

« Allons voir Sayah...! Mais... s'il est l'auteur de ces sortilèges, il y a de grandes chances qu'il soit au courant que le botaniste n'est plus dans la peau du botaniste. Autrement dit... Il devrait suffire d'avoir un achat à effectuer pour le voir, non ? »

[Antiphane Bevnadin]

Chacun de ses deux compagnons semblaient être soulagés de ne pas être l'unique cas. Evidemment, Antiphane éprouva du soulagement à son tour. C'était toujours plus rassurant de partager ses mésaventures. Néanmoins, si chacun subissait ce que lui subissait, alors rien n'assurait qu'ils ne mentaient pas sur leur identité. Lui-même avait hésité, mais ne l'avait pas fait. Il se pouvait que ce soit deux meurtriers dans le corps de ces deux personnes en face de lui. Instinctivement, il fit un pas en arrière, prenant très discrètement de la distance. C'était peut-être ridicule, mais valait mieux prendre des précautions, et ce, même s'il ne s'agissait pas de son propre corps. Parce qu'il ne connaissait pas les effets que cela pourrait avoir sur lui. Peut-être, si un jour il retrouvait son corps, qu'il garderait tout ce qui serait arrivé au corps de Benedikt... Que de questions sans réponses !

Antiphane restait un peu en retrait, écoutant ce qui se passait et observant leur attitude. Ils trouvèrent une solution assez rapidement, grâce à Raha qui proposa d'aller voir Sayah. Il était le coupable ? Aussitôt, Antiphane eut envie de commettre un meurtre. Seulement l'envie, car s'il passait à l'acte, il aurait nécessairement de gros, de très gros problèmes et il risquerait d'en baver.

Il était toujours un peu en retrait, mais il craignit un instant que cela paraisse étrange. Il se rapprocha donc du petit groupe afin de s'intégrer à la discussion. Mais il n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'il se trouvait en présence de personnes qui n'avaient pas leur propre corps. C'était assez perturbant de ne pas pouvoir parler directement à la personne, il avait l'impression de parler à un inconnu lors d'un bal costumé.

« Je pense que s'il est l'auteur de ce sortilège... ou de ce que ça peut être. » Rajouta-t-il en marmonnant dans ses moustaches. « Il sera forcément au courant de qui a été touché. Ou alors il est vraiment inconscient ! Je sais pas si vous imaginez, mais si l'esprit d'un bébé se retrouve dans l'un de nos corps... Je préfère ne même pas imaginer ! »

Il sentit un long frisson parcourir son tout petit dos sans tatouage. Pensif, il releva les manches de sa veste et observa longuement les bras qui n'étaient pas les siens. Ils étaient blancs, il n'y avait pas autant de tatouages que sur ses propres bras. Cela lui paraissait tellement étranger, il n'arrivait pas non plus à se faire à l'idée qu'il habitait le corps d'un autre, car après tout, s'il fermait les yeux, comment pouvait-il faire la différence ?

« Ecoutez, si nous sommes nombreux dans cette situation, tout le monde risque d'avoir la même idée que nous, et de vouloir trouver une solution auprès de Sayah. Vous pensez réellement que c'est une bonne idée ? »

Antiphane craignait la foule, car celle-ci avait tendance à paniquer dès la moindre complication. S'ils décidaient tous de se rendre à la boutique, ça tournerait très vite à l'émeute.

« Mais je n'ai pas d'autres propositions à faire, cela dit. »

Il remarqua avec étonnement l'innocence qui émanait de sa voix lorsqu'il parlait. C'était tellement étrange de s'exprimer à travers un corps autre que le sien !

Peut-être qu'il s'agissait d'une magie supérieure à celle de Sayah, la magie d'un Dieu par exemple. Il s'agissait peut-être même d'une malédiction ! Dans ce cas, l'Escadron interviendrait. C'était frustrant de ne pas pouvoir avoir des réponses par soi-même. Ils ne pouvaient qu'attendre, chercher aveuglément et voir comment allait évoluer la situation.

« J'y pense... Si tout le monde décidait de faire comme nous, nous risquons de nous perdre. Et imaginez si l'on retrouve nos corps n'importe où. Ce serait peut-être plus sage d'attendre vous croyez ? »

En agissant ainsi, ils ne prendraient pas le moindre risque. Mais ils ne mettraient également aucune chance de leur côté pour trouver une solution. Que faire ? C'était peut-être de la folie d'aller dans la cité pour retrouver Sayah, mais si c'était leur seule solution...

[Raha Ben Salam]

La jeune fille à l'intérieur du corps massif écoutait attentivement les dires de ses compagnons d'infortune. Elle hochait pensivement la tête de temps à autres. Si ce Sayah était responsable de leurs mésaventures ils devait le retrouver et l'obliger à leur rendre leur corps.
La rouquine ne s'attendait pas du tout à ça quand elle avait décidé d'aller explorer le monde, mais, pour se rassurer, elle se disait que ça faisait partie de l'aventure, puis au moins elle rencontrait des gens et, qui sait, peut-être deviendraient-ils des amis.

" - Vous avez l'air de connaître Sayah. Vous croyez que si on le trouve il nous rendra nos vrais corps sans broncher ?"
Le ton de sa question reflétait son innocence mais elle imaginait le pire. Si le lézard magicien refusait de défaire l'enchantement ? Il faudrait peut être le contraindre par la force. Raha regardait ses paluches et se dit que d'un côté c'était tant mieux que son esprit ait été transporté dans un corps aussi musclé, elle serait plus convaincante et s'il fallait en découdre elle aurait un avantage, du moins de part sa force.
" - Peut-être qu'il voudra pas, qu'on devra le forcer."
Elle mima un match de boxe pour illustrer ses paroles et être sûre que le message était bien compris par les deux autres.

C'est à ce moment là que le jeune garçon émit l'idée du mouvement de foule auprès de Sayah, et le fait de se perdre. L'adolescente n'arrivait pas intégrer cette déduction :
" - Comment ça nous perdre ? On est déjà tous perdu non ? Je suis sûre que vous vous trouvez maintenant à des lieues de là où vous étiez avant... avant de subir ce... ce truc. J'étais en route pour Banba, et je suis quasiment revenue à la case départ..."
Elle soupira, c'est pas demain quelle prendrait ce fameux train dont Belladonna lui avait parlé et qu'elle verrait la mer à Balaïne.

Malgré tout elle voulait récupérer son petit corps d'adolescente, non pas qu'elle ne se sentait pas bien dans celui-là, mais un peu quand même, il était tellement... Gros.
" - Je suis pour aller trouver ce foutu lézard et je veux qu'il me rende mon corps !"
Son ton était désormais celui d'un adolescente capricieuse, ce n'était pas du tout son genre de faire des simagrées mais elle commençait à s'énerver et on pouvait entendre un sanglot monter dans sa voix. Raha retenait depuis un moment un flot de larmes et continua à ne pas se laisser submerger par ses émotions, c'était pas le moment de flancher. Elle se reprit :
" - Je m'inquiète pour mon corps, si c'est l'esprit d'un homme mal intentionné qui est dedans il pourrait lui...", elle marqua une pause et continua, "... me faire des choses pas sympas..." Elle ferma les yeux un instant puis les rouvrit et termina son monologue :
" - Puis mon amie Belladonna, elle est peut-être en danger aussi du coup ! Non, vraiment il faut que ça s'arrête."

[Sayah Cordylus]

Archélas étant l'un de mes comptes, je me permets de le jouer en PNJ afin de ne pas avoir à me déconnecter / reconnecter

Déjà foncièrement agacé rien qu'à l'idée de ce qu'un autre pourrait faire de son corps, Archélas fronça d'autant plus les sourcils lorsqu'Antiphane proposa de rester là sans bouger, à attendre que ça passe. Du coup, ce fut le visage d'un winghox véritablement mal luné qui le fusilla du regard. Quiconque connaissait le soldat savait qu'il n'était pas vraiment du genre à se tourner les pouces. Il n'y avait qu'à voir dans quelle mission suicide il s'était engagé pour ramener Euthalie parmi les vivants. Alors non, attendre bêtement qu'on veuille bien lui rendre son corps sans se battre pour le récupérer... jamais de la vie !

« Sayah est un vendeur polyvalent. Répondit-il à l'attention du grand lion en mesurant prudemment sa colère. Il remplace ses commerçants lorsqu'ils sont absents. Autrement dit, qu'il soit ou non l'auteur de ce sortilège, je mettrai ma main à couper qu'il est au courant que Benedikt ici présent - il désigna Antiphane d'un geste de la main - ne peut pas nous servir... Puisqu'il ne s'agit pas de lui. Et donc... »

Archélas se retourna, grimaçant en sentant le poids de ses cornes le déséquilibrer légèrement. Par Alrik, ce que c'était bizarre de porter de pareils bois ! À la place du winghox, il les aurait probablement fait scier depuis longtemps ! En attendant, il s'approcha du comptoir sur lequel il se mit à pianoter en attendant qu'un vendeur apparaisse.

Il n'eut pas à attendre longtemps. La porte de l'arrière boutique s'entrouvrit après une longue minute et Sayah s'avança sans bruit, un sourire qu'Archélas aurait juré narquois épinglé sur ses lèvres fines.

« Bonjour, bonjour... Que puis-je pour vous ?
_ Nous aimerions retrouver nos corps... je suis...
_ Je sssais qui vous êtes, sssir Agesss. Le coupa pourtant le reptile avant de jeter un œil vers les deux autres. Antiphane Bevnadin et Raha Ben SSSalam, sssi je ne m'abuse. Malheureusement, il faudra vous montrer patttient encore quelque temps.
_ Comment ça quelque temps !?? S'insurgea aussitôt Archélas qui arborait l'air menaçant de Vrass. C'est inadmissible ! Est-ce que vous vous rendez compte de ce que Rannveig pourrait faire dans mon propre corps ?
_ Oh oh... mais qui vous dit que votre corps sssoit habité par monsssieur Rannveig ? Et pensssez-vous être le ssseul à craindre pour l'intégrité de votre enveloppe corporelle ? Ne vous en faites pas trop pour cccela, vous sssemblez tousss sssi perdus et inquiets, je doute qu'un ssseul d'entre vous sss'amuse à ccce genre de messsquinerie. Essst-ccce votre intentttion, sssir Agesss ?
_ N-non mais...
_ Bien. Vous désiriez autre chose ?
_ Je veux retrouver mon corps !
_ Ççça viendra. »

Subitement muet, Archélas ne sut plus quoi ajouter d'autre pour faire entendre raison à ce maudit reptile. L'insulter ne mènerait à rien et il le savait... à vrai dire, le commerçant serait même capable de se venger d'une bien amère façon s'il insistait. Oui mais... il voulait retourner dans son corps !!! Désespéré, il se retourna alors vers Benedikt et le grand lion. Peut-être que l'animal pourrait intimider le reptile, avec toutes ces griffes et tout ces muscles ?

[Antiphane Bevnadin]

L'attitude du lion prouvait qu'il s'agissait en réalité d'une petite fille. Il imagina un instant la réaction de Ciara si elle avait à sa place... Celle-ci commençait à perdre patience et à se montrer totalement déroutée. Antiphane l'écoutait, tout aussi perdu qu'elle, mais contrairement à elle, il savait rester passible. Ce n'était pas en s’excitant que les choses allaient s'arranger.

« Certes, nous sommes tous perdus. Mais celui qui possède notre corps va aussi bouger. Si tout le monde décide de faire comme nous, notre corps ne restera pas sagement sur place ! Finalement, si nous retrouvons tous notre corps, nous pouvons nous retrouver n'importe où. »

Cette idée effrayait le cortésian. Il craignait de se retrouver dans une mauvaise situation. Il ferma quelques instants les yeux, retrouvant l'impression d'être à nouveau dans son propre corps. Cela était apaisant, mais également illusoire. Lorsqu'il les rouvrit il aperçut le regard meurtrier de Vrass, ou plutôt d'Archélas. Ne désirant pas montrer le moindre signe d'angoisse, il s'adressa aux deux autres le plus calmement possible.

« Ce n'est pas la peine de s'énerver, le mieux est de trouver une solution et Sayah est l'unique solution qui s'offre à nous pour le moment. »

A ce moment, Sayah arriva, ce qui surpris Antiphane. Il n'avait encore jamais eu affaire en personne à ce dernier. Les seules, et rares fois où il avait été faire des achats, un commerçant s'était chargé de lui. Toutes ses inquiétudes le quittèrent. Ils n'avaient même pas à bouger en réalité ! Voilà une bonne chose qu'ils avaient réussi à éviter pour le moment.

Sauf qu'il ne leur apprit pas ce qu'ils attendaient et espéraient tous. Ils devraient attendre malgré les efforts d'Archélas. De plus Antiphane réalisa que ce n'était pas nécessairement Benedikt qui habitait son corps. Ça pouvait être absolument n'importe qui ! Il espérait sincèrement que cela ne lui causerait aucun soucis, ainsi qu'à Ciara, si cette dernière avait été épargnée. Bien que sa carrure n'avait rien d'impressionnant à côté de celle de Vrass, qui n'avait rien obtenu, il décida d'aller voir lui-même le commerçant.

« Bonjour, je voulais savoir s'il n'y avait vraiment aucune solution. Il n'existe pas quelque chose nous permettant de raccourcir le délais ?
- Ccccela n'est pas le but. Sssinon il n'y aurait aucun intérêt à tout cceccci…
- Très bien, dans ce cas, nous ne pouvons pas nous arranger financièrement ? Nous pouvons peut-être nous arranger…
- Je n'accccepte pas cccela monsieur Bevnadin ! »

Penaud, Antiphane laissa, à son tour, le commerçant qui le regardait avec insistance. Il retrouva ses deux compères quelque peu gêné d'avoir proposé cette solution, mais il était persuadé que chacun était pourtant prêt à glisser quelques Ores pour retrouver leur corps. Il les regarda, les joues rouges de honte bien malgré lui.

« Je n'ai rien pu obtenir, désolé. »

Il n'espérait désormais plus qu'une chose, que Raha réussît à le convaincre même s'il se doutait que s'énerver ne porterait à rien ou même que la forte et velue carrure du lion ne l’impressionnerait pas le moins du monde. S'il fallait réellement prendre son mal en patience, Antiphane allait craquer. Il fallait faire quelque chose, tout ceci n'avait aucun sens et était bien trop dangereux !

[Raha Ben Salam]

L'adolescente prise au piège dans le corp de l'orphe lion était inquiète pour son enveloppe et pour son amie picaris.
Au moment où le jeune garçon au petit bouc leur annonça qu'il n'avait rien obtenu de Sayah, elle se demanda si elle allait jamais retrouver son corps.
Elle prit une grande respiration, un ronflement sourd se fît entendre et la fît même sursauter quand elle comprit que ce dernier venait d'elle, enfin, de son nouveau corps serait plus juste. Une seconde respiration, un second ronflement, elle se calmait.

Elle s'approcha quand Sayah s'adressa à elle :
" - Bonsssoir, je peux vous aider ? " En repensant qu'elle possédait un corps démesurément grand elle ne se laissa pas démonter :
" - Salut, j'suis Raha, tu sais ? Normalement j'suis rousse et pas plus grande que ça..." De sa patte elle montra la taille qu'elle avait habituellement puis elle ajouta :
" - La dernière fois t'avais pas voulu me laisser jouer avec ta super rampe à glissade, ben moi du coup j'veux pas qu'tu joues avec mon corps, alors, s'il te plait, rend le moi.
- Je me ssssouviens de vous chère Raha, mais il me plaît de jouer avec vous." Sa phrase était pleine de dédain et son ton mesquin.
" - Tu sais que je pourrais t'arracher la tête avec mes nouveaux muscles ?" L'adolescente avait prononcé sa phrase sans trop y croire et son ton avait du la trahir puisque le lézard magicien répondit au tac au tac :
" - Vous n'etes pas ssssérieuse mademoissselle ? Je pourrais vous faire disssssparaître d'un claquement de doigts ssssi l'envie m'en prenait !" Sur ce il se mit à rire et disparu.

Raha retournais vers ses compagnons :
" - Ben j'crois que j'lui ai pas fait peur... Va falloir attendre..."

[Sayah Cordylus]

~ Information ~

Le sort ayant transféré votre âme dans le corps de l'un de vos camarades de jeu prend fin ce soir à minuit. Vous n'avez plus que quelques heures pour en profiter.

[Archélas Ages]

Archévrass haussa un sourcil face à l'aplomb du botaniste. Tenter d'acheter Sayah, il fallait oser, ce qui fit penser à notre soldat que cet Antiphane ne devait pas beaucoup le connaître pour s'y risquer. Même lui qui était bon client n'avait pas essayé... Leur seul espoir se reporta alors sur les épaules velues du grand orphe lion qui n'eut malheureusement pas davantage de succès. Définitivement, Archélas détestait Sayah lorsqu'il n'admirait pas sa magie comme un gamin émerveillé. Déçu, il se contenta d'un long soupir avant de faire quelques allers retours dans la boutique. Le reptile s'était éclipsé, emportant avec lui les rares idées du lieutenant. À qui pouvaient-ils encore demander assistance ? Personne, et Archélas le savait pour la bonne et simple raison que mises à part les Infinitudes, aucun être de Nideyle n'égalait la magie du commerçant à la langue fourchue.

« Bon sang...! » Grogna le soldat en tapant du poing sur le comptoir, s'étonnant de sa propre force.

Il s'arrêta une seconde, ouvrant et fermant les doigts comme pour prendre conscience de cette main. Maintenant qu'il était dans ce corps il se rendait compte qu'en combat à mains nus contre le winghox, il n'aurait certainement pas le dessus... ce qui le vexa furieusement ! Et comme cette constatation ne résolvait pas vraiment son problème immédiat, il cogna encore le comptoir comme si tout était de sa faute. Vu de l'extérieur, l'humeur collait parfaitement au winghox ! Peut-être les Infinitudes s'étaient-elles trompées de corps lors de la grande distribution des âmes, au commencement... Mais n'était-il pas un peu trop tard pour corriger le tir ? Archélas préférait son corps... et Ceithli aussi ! Autant dire qu'il était hors de question de rester indéfiniment dans la peau du tatoueur.

« Ah !!! Combien de temps devrons-nous attendre ? Je suis en mission, je n'ai pas de temps à perdre avec les lubies d'un... »

Archévrass se mordit la langue pour s'interdire de terminer sa phrase. Insulter Sayah alors qu'il venait à peine de sortir n'était sûrement pas un bonne idée. Et puis tout à coup, il se dirigea vers le comptoir et se mit à fouiller tous les tiroirs de façon frénétique. Conscient que les deux autres devaient se demander quelle mouche l'avait piqué, il leva juste les yeux vers eux avec un drôle de sourire au coin des lèvres.

« Excusez-moi mais je déteste cordialement Vrass Rannveig. Si ce n'est qu'une question de temps avant que nous ne retrouvions nos corps, autant rendre au tatoueur un peu de la monnaie de ses Ores... »

Puéril, le soldat ? Tout à fait ! Persuadé que le winghox occupait son corps et qu'il en profitait pour l'humilier, Archélas s'appliqua à maquiller son visage temporaire à sa façon. Un joli masque à base de boue, d'algues qu'il accrocha à ses cornes, des boutons de fleurs dans les cheveux... tout ce qu'il jugea ridicule y passa jusqu'à faire du winghox un véritable sapin de Noël...!


La suite pour Archélas : Étendues de sable à perte de vue !

[Benedikt]

Benedikt cligna des yeux deux-trois fois. Il y a une seconde, le vent brûlant du désert lui soufflait encore dans les oreilles, et soudainement, il s'était à nouveau retrouvé dans sa petite herboristerie chérie, bien au frais, et dieu merci, dans son propre corps. Le botaniste fit un petit pas comme s'il n'était pas sûr de ce qu'il pouvait fabriquer avec ses propres membres tout en chair qu'il connaissait si bien, la tête lui tournait encore un peu.
« Vrass ! C'est toi ? Et Kallistrat, c'est bien toi aus- » Minute. Benedikt se retourna à nouveau sur le tatoueur et glapit. « Oh mon dieu, Vrass, tu... »
Il tripota son visage un peu par réflexe, comme s'il n'était pas sûr d'être recouvert lui aussi de cochonneries, et fila immédiatement aller chercher un torchon humide pour Vrass avant qu'il ne se mette à gronder. En revenant, pourtant, le botaniste aperçut quelques tiroirs ouverts à demi et un peu saccagés, si bien que ce fut lui qui se mit aussitôt à grogner.
« Mais ça vient de ma boutique, ce que tu as sur la figure ! Quel est l'andouille qui a osé touché à mes affaires ! Je jure que si je découvre qui étaient dans nos corps, je leur fait passer un sale quart d'heure ! »

Et là dessus, Benedikt avait de bonne raison pour imaginer que Vrass l'aiderait. Il se mit sur la pointe des pieds pour attraper le visage de ce dernier et le nettoyer un peu, avant de lui tendre simplement son torchon parce qu'il savait bien qu'il allait facilement se faire rembarrer à s'occuper de lui comme un gamin alors qu'il allait être de bien mauvaise humeur.
« Ça va, tout va bien pour vous ? Toi aussi tu as atterri ailleurs, Kallistrat ? Moi je suis tombé en plein désert ! Vraiment bizarre. Sérieusement, il faudrait qu'il se calme, Sayah, hein. On n'est pas ses jouets ! »
À bien y réfléchir, peut-être que si ; aussi Benedikt préférait ne pas y penser. « J'ai rencontré Kjeld ; il était dans le corps de Archélas Ages. Il avait l'air d'aller assez bien, même si avec lui, je ne sais vraiment trop... Il n'est déjà pas très joyeux d'habitude, mais là, avec cette histoire, il était un peu perturbé... »

Le botaniste roula sur ses talons en s'appuyant sur le comptoir.
« Et moi je suis un peu perdu, là, moi aussi, du coup... Ça fait combien de temps qu'on est parti ? On était là pourquoi ? Ah oui, de la poudre sacrée. »
Ce fut à ce moment-là qu'il sentit quelque chose se frotter comme sa hanche et il baissa les yeux pour découvrir Pomporo en train de le regarder encore un peu bizarrement. Benedikt se pencha sur elle pour la grattouiller et vérifier qu'il ne lui était rien arrivé de mal, oubliant ses ordres de la maintenir à l'entrée de la boutique.

[Kallistrat Rusia]

Pour toute réaction quant au fait de faire des bonds de corps en corps, Kallistrat se contenta de cligner des yeux, surpris par le contraste entre la luminosité extérieur réfléchie par l'herbe tendre, et l'obscurité de l'herboristerie. En fin de compte, chaton estimait ne pas avoir beaucoup voyagé en passant d'une boutique de plantes vertes à une plante verte directement. A vrai dire le retour était même moins désagréable, la sensation de picotement sur sa nuque ayant été provoquée par Erin, lorsqu'il avait été rejeté par l'esprit de l'orphe lion. Quant a s'étonner ou s'inquiéter de qui avait hérité de son corps, ça ne faisait pas vraiment partie de ses priorités. Pour tout dire, Kallistrat était surtout occupé à observer le visage de Vrass tout en se demandant quelle raison l'avait poussée à le couvrir de boue.

Contre les insectes peut-être ?

Secouant la crinière avec un petit air satisfait, chaton se tourna à demi pour constater avec grand plaisir que sa queue était toujours là, et qu'elle remuait quand il en avait envie ! En revanche il plissa un peu les yeux en constatant que Têk n'avait pas bougé. Cet oiseau était une menace perpétuelle pour ses tympans, et il aurait bien aimé qu'elle aille faire un tour ailleurs !

« Moi j'étais dans le corps d'une picaris toute verte, mais elle ne m'a pas dit son nom. Fit-il remarquer même si personne ne lui demandait son avis. J'étais à cheval sur un nox que je n'ai pas réussi à manger, parce que ce corps là n'avait pas de dents. Ce n'est pas pratique d'être un picaris... »

Retombant dans son silence de grand lion bien sage, Kallistrat ferma à demi les yeux, satisfait d'avoir retrouvé sa voix profonde... et sa faculté à ronronner !

[Vrass Rannveig]

Prendre soin de Kjeld, c'était la seule chose que je demandais pour l'instant. Cependant, je sentais que je commençais à avoir un léger tournis, et j'eus juste le temps de voir que la mechanimae dans le corps du gosse était elle aussi en train de tanguer que je m'écroulais pour ensuite me retrouver par terre, derrière un comptoir.
«Groumph... Sayah je vais te tuer...» - j'ai mal à la tête... je ramenais ma main sur mon front, avant de réaliser que j'avais une drôle de substance qui collait partout, je me redressais en regardant ma main avant de râler un bon coup - «et merde, c'est quoi ce truc? Ça pue en plus!» - je me relevais avant de voir que Benedikt se relevait aussi, qu'est-ce que je foutais derrière le comptoir moi?

C'est alors que le gosse se jeta sur moi en essayant de m'essuyer le visage. Dans un premier temps, j'avais cru m'être mis de la boue sur le front par rapport à ce que j'avais sur la main, mais rapidement je sentais qu'il me nettoyait partout et je fronçais les sourcils avant de le repousser pour m'approcher d'une vitrine et regarder mon reflet... me fichant pas mal de savoir qui avait été dans quel corps et pourquoi Kallistrat n'avait pas pu bouffer un nox!
«PUTAIN DE...» - s'en suivit un flot d'injures qui aurait fait rougir n'importe quel marin de Balaïnes avant que je ne me tourne vers le botaniste d'un air des plus furieux - «Archélas Ages!!! Tu dis que ce connard de soldat de ... il n'était pas dans son corps?? Il a subit le sortilège aussi??» - pourquoi mais pourquoi c'est tombé sur moi? Sérieusement! J'avais aucune preuve, mais pour sûr que j'allais très vite me renseigner pour avoir confirmation! J'attrapais de rage le torchon de Benedikt pour finir de me laver tout seul avant de me tourner vers le chaton qui devait se demander ce qu'il m'arrivait

«Celui qui était dans mon corps s'est amusé à me tartiner de boue pendant que je me faisais chier dans le corps d'une foutue gamine!! Je jure que qui que ce soit» - et honnêtement, j'étais prêt à mettre ma main au feu que c'était ce foutu Ages... le seul con qui aurait eu l'audace de faire un coup pareil à un winghox de ma carrure - «je lui fais bouffer ses tripes à la petite cuillère!»

De la poudre sacrée? Rien à foutre là! Une bestiole s'approche et je la démonte! Je ne me souvenais pas avoir déjà été dans un tel état de rage, mais je me tournais vers le gosse avec un air des plus furax
«Finis tes achats, toi! Ensuite on dégage et on va vers le Shaman! Belladona devrait pouvoir me renseigner!» - ou à défaut, j'appellerai Sayah... lui, si je lui achète un truc, il me dira qui a été dans mon corps! Je me fichais bien de la mission du poulpe là, je ne pensais qu'à une chose, à ma vengeance!