«Laisse, j'y vais. Y'a de la pâte de colporte à Aspasie, j'en n'ai pas pour longtemps.»
- «Merci Louis! Tu es un amour!»Ainsi donc l'Orphe singe s'appelait Louis. Pourquoi pas. Et la Picaris toujours aussi sincère et amicale. Dès que Louis fut partis, elle s'avança vers elle d'un pas dansant. Arrivée à sa hauteur, Elle lui tendit la main. Pour Daé, elle irradiait de bonheur, de simplicité. Elle était aussi colorée et joyeuse que Daé était noire et maussade.
«Au fait! Je crois pas m'être présentée, moi c'est Belladona, et vous?»Toujours cette simplicité. Daé en était presque gênée de découvrir la Picaris à nue ( dans tout les sens du terme ), et que se soit elle qui se découvre aussi facilement. Daé n'était qu'hypocrisie et manipulation. Pas Belladona. Un nom qui rappelait une musique. Un chant. Quelque chose de joyeux en tout cas.
«Vous êtes vraiment belle vous savez? "Au compliment, lesdites oreilles frémirent. Un mouvement quasi indétectable. Et apparemment, la Picaris ne s'en rendit pas compte. Daé eut de nouveau des doutes, et si tout ceci n'était qu'un manœuvre de diversion. Et si l'Orphe était parti appeler la garde ? Elle se recula légèrement, de nouveau méfiante. Mais Belladona continuait :
"Mon amoureux est un orphe félin lui aussi, mais il n'a pas de jolies oreilles comme vous!»Elle avait un amoureux ? Daé retint un rire jaune. Charmant. En même temps, elle comprenait. Belladona faisait si fragile, si vulnérable. Elle était si spontanée et serviable, qu'elle en était attachante. Mais était-elle une plante carnivore, qui se rendait belle afin de faire tomber ses victimes dans le piège de son apparence, ou était-elle vraiment sincère ? Le doute s’insinua encore plus profondément. La curiosité la dérangeait aussi, et elle retint un mouvement de recul lorsque la Picaris se pencha, serrant les lèvres pour ne pas les retrousser et montrer les crocs. Personne n'entrait dans sa bulle sans qu'elle l'ait décidé. A ce moment, et pour son plus grand soulagement, Louis revint.
Toujours de sa démarche sautillante, Belladona alla cherche se qu'il avait ramener.
«Ah! La voilà! Vous appliquez ça sur votre dent avant de vous coucher, c'est facile, vous ouvrez le petit capuchon, et vous appuyez! Vous avez deux doses là! Vous verrez, je lui ai donné un goût de menthe! Vous en mettez juste une noisette sur votre doigt par exemple, et après vous le mettez là où vous avez mal! Et le lendemain, pouf ce sera fini!»Ces mimes sincères la rajeunir, elle se voyait comme une petite fille à qui on explique la chose, en mimant pour être sur qu'elle ait bien compris. Ou alors, pour un sourd. La prenait-elle pour une simplette ? Daé trancha en se disant qu'elle devait être comme ça avec tout le monde.
«Ça ne coute que deux ores le tube. Vous en voulez alors?»Daé hocha la tête, de la façon la plus convaincante qu'elle put, tout ce qu'elle voulait maintenant c'est partir. L'honnêteté de la plante et sa joie renforçait le malaise qui venait avec les espaces clos. Elle se souvint alors, que dans tous son babillage, Belladona lui avait demandé son nom. Elle hésita à le lui fournir.
" Oui, je vais le prendre"Elle n'avait pas grand chose en poche, mais 2 ores ce n'était pas la mort, et autant jouer le jeu jusqu'au bout, de plus que cela pourrait être utile, un jour. Sait-on jamais.
" Et je m'appelle Aedrala."Ce n'était qu'un demi mensonge. C'était un de ces nombreux second nom. Un usage de sa famille peut-être ? Elle ne le saurait jamais. Elle sortit les deux pièces de sa bourse et s'avança vers le comptoir pour payer quand un bruit d'armure retentit à l'extérieur, et l'instant d'après, deux soldats entrait dans la boutique.
" Bonjour, nous recherchons une voleuse Orphe, l'auriez-vous vu ?"
Elle se retourna lentement. Par réflexe, elle rabattit ses oreilles sur son crâne. Et sans rien dire hocha négativement la tête. Il fallait qu'elle sorte d'ici avant d'amener les ennuis à Belladona. D'où venait cette envie de la protéger ? Peut-être parce qu'elle se souvenait d'une petite fille qui elle, ne l'avait pas été. Et qu'elle estimait que tout le monde devrait pouvoir garder cette innocence.
Elle alla poser l'argent sur le comptoir, et pris la pâte en échange, sans un mot, les soldats avaient le don de la refroidir quelque soit son humeur et ce malgré leurs politesses. Elle fit demi-tour et se dirrigea vers la sortie. Malheureusement, elle raccrocha une plante, qu'elle n'avait pas vu avec son champs de vision restreint, et la capuche glissa. Les soldats eurent un instant de surprise et l'un esquissa un mauvais sourire. Elle se tendit.
" Dis donc, que caches-tu d'autre sous ta cape ma mignonne ? "Qu'avait-elle dit à propos de la politesse des soldats ?
" - Nous recherchons une voleuse Orphe féline. Et tu ressembles beaucoup à la description que j'ai entendu.
- Je ne suis pas une voleuse" rétorqua Daé du tac au tac et en agitant la pâte sous les yeux dudit soldat, comme si elle était la preuve de l'évidence même.
La situation la mettait de plus en plus mal à l'aise. Mais elle ne voulait pas se retourner pour solliciter la Picaris. Parce que si elle le ferait, la Picaris serait jugée comme étant sa complice. Et elle ne voulait pas la mêler à ça.
Elle serra les poings. Il ne voulait pas la laisser passer. Comment allait-elle s'en sortir cette fois ?