Aspasie derrière

Les plaines recouvrent la grande majorité du territoire Nideylien. Fertiles et verdoyantes ou au contraire arides et hostiles, elles s'étendent sans trouver d'autre barrage que les montagnes ou le désert. Par ici, si vous aimez crapahuter dans l'herbe !

Aspasie derrière

Messagepar Maître du Jeu » 29 Mar 2009, 10:27

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Précédemment : L'auberge du Moulin à Paroles
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Kjeld Ares :
    Ils avaient quitté l'auberge, non pas aux aurores comme cela était prévu, mais le soir même, dès le jeune Quilbeeg endormi. Kjeld, qui partageait sa chambre, avait immédiatement donné l'alerte à Zlata, manquant de ce fait de se faire égorger à coup de pipe en bois, et tout deux s'étaient faufilés à l'extérieur comme deux voleurs. Bien entendu, ils avaient payé leur chambre respective, pourtant...

    Pourtant, Kjeld se sentait coupable. Quilbeeg n'avait pas l'air d'un mauvais bougre, bien au contraire. Il semblait sympathique, leur avait offert à boire, à manger et à dormir. Seulement voilà, les deux jeunes gens avaient eu leur dose de gamins à se traîner dans les pattes et le jeune blondinet avait beau sembler gentil, il n'en était pas moins pire que la gamine ! Kjeld eut un frisson en repensant à la manière dont le jeune homme s'était vanté de détester l'autorité en place, provoquant la colère de la grande brute au visage enfariné. Non. Ils ne pouvaient décidément pas se permettre de se promener avec un tel danger public dans les jambes. D'autant que leur prochaine étape était Guttenvald et que, d'après ce que Kjeld en avait entendu dire, ce village n'était pas spécialement hospitalier !

    « Vous dites que vous connaissez le chemin, saurez-vous le retrouver ? » hasarda le jeune homme qui hésitait sur la façon de renouer un semblant de dialogue avec Zlata.

Zlata Bolt :
    Zlata, pour sa part, ne regrettait en rien leur départ précipité ; Quilbeeg était dangereux. Non seulement il traînait derrière lui une flopée de problèmes, mais en plus, il s’arrangeait pour les partager avec les autres. La Winghox songea soudain que le jeune homme blond était peut-être l’incarnation de la générosité ; il partageait tout, son repas avec ses ennemis…

    De toute façon, Zlata était misanthrope. Sa propre compagnie lui suffisait généralement et rare étaient les personnes qu’elle acceptait de supporter. Kjeld en faisait partie. Peut-être était-il d’ailleurs à plaindre car si la mercenaire l’aimait bien - il ne parlait pas trop et savait être discret - elle ne sera pas pour autant plus agréable avec lui. Elle lui reprochait surtout sa trop grande gentillesse qui agissait comme un appât à poids mort, cela le perdra un jour ! Et puis il y avait aussi eu cet événement bizarre le soir où la petite teigne s’était jetée sur eux… Kjeld avait l’air fatigué. Or, il s’était soudain redressé pour murmurer tout en scrutant Zlata : « Enfant maudit… ». S’ils n’avaient jamais reparlé de cet épisode, Zlata ne l’avaient pas oublié.

    Perdue dans ses pensées, elle eut un peu de mal à émerger lorsqu’il l’interrogea. Si elle retrouverait le chemin ? Assurément.

    « C’est facile : on descend à Guttenvald pour dormir. Ensuite, on passera par les mines de Jaspes. Il ne faudra en parler à personne car je ne suis pas censée connaître les galeries »

    Elle se tourna vers lui et le fixa pour appuyer ses mots :

    « Ce que nous allons faire est interdit. Les habitants de Guttenvald ne vont pas apprécier que des étrangers les arpentent leurs murs car ces mines sont leur bien le plus précieux. Tu peux toujours renoncer si tu veux. »

    Pour sa part, Zlata devait simplement apporter un paquet au contenu non défini à un marchand de Guttenvald. Elle n’avait donc aucune raison de descendre plus au Sud mis à part l’envie de voir du pays. Alors là-bas ou ailleurs, peu lui importait.

Kjeld Ares :
    Facile ? Kjeld tressailli. Zlata avait parfois de drôles de phrases. Elle oubliait juste un tout petit détail insignifiant : il leur faudrait des mois rien qu'avant d'arriver à Guttenvald. À condition qu'ils ne se fassent pas attaquer en chemin par des bandits ou d'autres créatures plus dangereuses, à condition qu'ils trouvent un bac pour traverser le Lapis et à condition qu'ils ne meurent pas de faim en cours de route. Il haussa les épaules. Une telle route ne lui faisait pas peur, il en avait l'habitude pour les avoir souvent parcourues à pieds. Guttenvald, il y avait fait un court séjour une fois mais n'était pas resté, pour sa sécurité. Ce n'était pas tout à fait le village auquel il s'était attendu. On lui avait pourtant parlé de beaucoup de légendes émanant de la ville minière mais les habitants, eux, ne semblaient pas d'humeur causante. En fait, Kjeld avait eu la sensation que plus il posait de question, plus sa longévité se raccourcissait, à en juger par les regards noirs qui se posaient sur lui. Non. Les Guttenvaldois n'aimaient pas les questions et ils n'aimaient pas non plus les curieux.

    Pourtant, peut-être parce que la présence de Zlata le rassurait, le jeune homme ne se sentait pas intimidé. Pour tout dire, il commençait à se sentir très excité par cette aventure, plus même qu'il ne l'avait été à sa première rencontre avec Zlata. En effet, lorsqu'ils étaient à Ephtéria, Kjeld errait encore sans véritable but, à l'écoute des rumeurs et légendes du pays. Puis, lorsqu'il avait vu la jeune femme avec ces cornes curieuses, quelque chose l'avait interpellé, sans qu'il parvienne à déterminer quoi exactement. Sa conversation, bien que brève, lui avait alors fait comprendre qu'une vie plus intéressante s'ouvrait à lui. Enfin, il allait pouvoir faire face aux mystères dont il n'avaient que vaguement entendu parler. Et qui sait ? Peut-être allait-il trouver des réponses aux questions qu'il refusait de se poser, comme, par exemple, qui il était.

    « Je n'ai pas envie de renoncer, au contraire. » lâcha-t-il distraitement.

    Un sourire discret vînt trahir le plaisir nouveau qu'il prenait à faire quelque chose de concret. Il n'avait pas d'objectif particulier mais la seule idée de voir des choses secrètes et mystérieuses suffisait à l'enthousiasmer.

Zlata Bolt :
    Zlata haussât le sourcil devant le sourire discret de son compagnon de route, elle qui pensait l’avoir cerné. La guerrière était persuadée que le jeune homme était un pacifiste profond plus proche du gamin naïf que du sage vénérable. Ce simple sourire à l’idée de partir à l’aventure lui prouvait qu’elle l’avait mal jugé. Et s’il était plus impétueux qu’il n’y paraissait ? La Winghox haussât les épaules, quoi qu’il en soit ils s’apprêtaient tout deux à se jeter tête la première entre les griffes de villageois barbares afin de violer une de leurs lois la plus chère. Que de réjouissance en perspective

    Un bruit de galop titilla l’oreille de la Winghox qui se retourna. Filant à bon train sur la route poussiéreuse, deux cavaliers portant la livrée du Roy se rapprochaient d’eux. Les deux hommes ralentir l’allure à quelque foulées et achevèrent de rattraper les voyageur au pas avec la lente assurance d’un fauve traquant son repas. Zlata leur jeta un coup d’œil suspicieux lorsqu’ils se séparèrent pour les prendre en tenailles. Les cavaliers, au vu de leur carrure impressionnante, de leurs biceps sur gonflés et de leurs chevaux mi-lourds, étaient plus que probablement guerriers. La Winghox songea avec ironie que l’idée que ces deux monstres se soient simplement perdus et souhaitent leur demander quelle route emprunter, bien qu’amusante, avait peu de chance de se confirmer.

Kjeld Ares :
    Le soldat afficha un sourire brèche-dent victorieux, il ne lui avait pas était bien compliqué de retrouver le jeune homme silencieux et la grande chèvre qui l’accompagnait sur la route rectiligne et déserte partant d’Aspasie pour aller se perdre dans la forêt des Ombres. Avec un peu de chance les dires du patron de l’auberge du Moulin à paroles se confirmeraient bientôt et lui-même, Jean de Valtours, serait honoré par le Roy lui-même pour son travail extraordinaire au service de l’ordre.

    Il se rapprocha de Kjeld, ignorant avec panache la femelle cornue qui le toisait désagréablement, et jeta avec mépris :

    « Holà manant ! Nous recherchons le dangereux criminel Quilbeeg Vulpia. Tu as été vu, toi et ta…femme, en sa compagnie la veille. Parle et ta vie sera peut être épargnée ! »

    Le soldat se réjouit à l’avance à l’idée de voir les visages des deux marcheurs se décomposer de peur, peut être même qu’ils s’oublieraient. Ce serait vraiment drôle si cela arrivait.

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Re: Aspasie derrière

Messagepar Kjeld Ares » 29 Mar 2009, 11:45

Tout occupé à ses pensées d'aventure palpitante, Kjeld ne sortit de ses rêveries que bien plus tard, lorsque le galop des chevaux devînt si proche qu'il en fit vibrer le sol sous ses pieds. Par réflexe, il fit un bond de côté, habitué à esquiver les soldats lorsqu'ils chargeaient ainsi, au mépris de la sécurité des autres voyageurs. Pourtant, les deux cavaliers avaient changé d'allure et se rapprochaient à présent d'un pas vif et nerveux... mauvais signe. Seuls sur la route, il n'était pas bien compliqué de deviner à qui les soldats allaient s'adresser. Restait à savoir ce qu'ils voulaient et d'après les rumeurs et ce qu'il en avait vu, ça n'était jamais très bon.

Le jeune homme serra les poings, priant de toutes ses forces pour que les hommes passent leur chemin. Malheureusement, il n'en fut rien. Pire même, ils s'adressèrent à lui. Bon sang, ce qu'il n'aimait pas cela ! Non pas qu'il détestait l'autorité en place, il était bien trop jeune et naïf pour s'intéresser à ce genre de choses, mais il en avait une peur instinctive, forgée par l'expérience. Car les soldats, quels qu'ils soient, n'usaient jamais d'une grande amabilité et faisaient au contraire bien trop souvent étalage de cruauté et de mépris. Oui. Mais ils étaient soldats et on ne contestait pas ces gens-là. Kjeld se souvenait de son vieux père adoptif lorsqu'il le menaçait de le livrer à la garde du Roy Livian si jamais il ne courrait pas plus vite derrière la roulotte.

Son regard s'attarda sur Zlata, à la recherche de réconfort ou d'aide peut-être. Rapidement, il souhaita pourtant qu'elle n'en fasse rien, connaissant son manque de tact et sa propension à la susceptibilité. Sûr que les deux cavaliers n'apprécieraient pas d'être remis à leur place par une femme. D'ailleurs, il y avait fort à parier qu'ils n'apprécieraient pas qu'elle daigne ouvrir la bouche, car lorsqu'un soldat ne vous adressait pas la parole, mieux valait ne pas s'incruster dans leur conversation. Oui mais voilà, la question était épineuse et Kjeld se refusait à dénoncer Quilbeeg qui lui avait offert son repas. D'autant que dans l'état dans lequel ils l'avait laissé ne lui offrait aucune chance de s'en sortir...

Alors Kjeld hésita... Bien sûr il avait peur et bien sûr, son visage pâlit rien qu'à l'idée dont la situation risquait d'évoluer.

« Excusez-moi... ce n'est pas ma femme. » répondit-il bêtement, éludant la question au risque de provoquer la colère des deux soldats.

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Re: Aspasie derrière

Messagepar Maître du Jeu » 12 Avr 2009, 16:55

Jean de Valtours était abasourdi. Abasourdi et déçut. Il avait espéré que ces gueux se seraient jetés à ses pieds pour implorer son illustre générosité. Il aurait balayé avec flegme leurs balbutiements et les aurait fait molester par son compagnon. Mais voilà, l’un était d’une telle honnêteté qu’il s’était contenté de faire la vérité sur ses relations avec l’autre qui semblait furibonde. Mais lui, le seigneur de Valtours, n’avait que faire de leurs histoires de ménage.

Et puis zut, il allait les bouger un peu ! Jean fit pivoter son cheval et la bête bondit sur les deux voyageurs. Peut être qu’une fois qu’ils auraient manger la poussière d’Aspasie les fourbes seraient plus enclins à la conversation.

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Re: Aspasie derrière

Messagepar Kjeld Ares » 23 Avr 2009, 12:00

Il s'y était attendu et pourtant, comme un ingénu, il était resté là, presque offert à une imminente répression.

Kjeld n'était pas très vieux et n'en était qu'à ses balbutiements en matière de « vie d'homme ». Un homme si naïf, si discret, si timide et introverti qu'il n'avait même jamais interrogé personne sur les vraies questions de la vie. Un jeune homme de dix-huit ans, ayant l'apparence physique d'un jeune homme de dix-huit ans... Comment prendrait-il la nouvelle lorsqu'il apprendrait qu'en Païlandune, les jeunes hommes d'apparence de dix-huit ans comme lui en avaient en réalité vécu quatre-vingt dix !? Quand comprendrait-il enfin qu'il n'appartient pas à ce peuple ? Et qu'adviendrait-il si Zlata se décidait à lui toucher un mot à propos de ce prénom – Kjeld – typiquement Winghox ? Nul ne le sait et le destin n'est pas à forcer.

Toujours était-il que le jeune Hybride était resté là, presque sans bouger. Il avait esquissé un mouvement de recul en voyant le soldat faire exécuter une pirouette de tous les diables à sa monture, mais ce mouvement ne fut pas suffisant. Dressés pour la mêlée et la guerre, les chevaux de la cavalerie Royale n'hésitaient jamais à aller au contact, ce qui fut le cas à cet instant. L'animal, comme s'il se savait plus puissant, se jeta littéralement sur Kjeld et le bouscula de son poitrail en une vigoureuse foulée vers l'avant. Le jeune homme tenta bien d'esquiver mais il fut trop lent et fut percuté avec force. Il recula de quelques pas, entraîné par sa perte d'équilibre, lorsque son pied alla s'engouffrer dans un trou de renard, achevant ainsi très sûrement de le jeter à terre. Le long manche de sa Francisque accrocha le sol, la faisant remonter d'un coup et l'amenant à heurter l'arrière du crâne de son porteur. Les deux chocs, l'un avec le sol, l'autre avec sa propre arme, furent pour le moins brutaux. À tel point que les lanières retenant la Francisque se rompirent et que Kjeld mit quelques secondes avant de pouvoir bouger de nouveau.

Lorsqu'il se redressa doucement, cherchant à s'asseoir, il semblait évident qu'il n'était pas au mieux de sa forme. Une main sur sa tête qu'il semblait tenter vainement de soutenir, il gardait les yeux fixés sur un point du sol, comme s'il cherchait à reprendre ses esprits ou – plus exactement – à ne pas les perdre. Malgré les repas frugaux auxquels il avait eut droit ces derniers temps, c'étaient les semaines de privation qui prenaient le dessus, lui rappelant qu'à trop négliger ses besoins vitaux il le paierait très cher. Un regard perdu vers Zlata sembla l'interroger sur l'endroit où il se trouvait et les derniers évènements passés. Puis la vue des deux cavaliers le plongea dans l'incompréhension.

Il tenta de se remémorer la situation et y parvint vaguement. Ah oui. Ils voulaient Quilbeeg... mais sa tête le faisait atrocement souffrir et il ne se sentait pas la force de soutenir un nouvel effort pour ne serait-ce que parler.

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Re: Aspasie derrière

Messagepar Zlata Bolt » 24 Avr 2009, 13:49

Tout c’était passé si vite. Zlata n’avait pas vraiment comprit. Le cheval avait bondit et Kjeld avait prit le plus gros du choc. En tombant il l’avait bousculée et elle avait chu à son tours, comme dans un pathétique jeux de quille. La Winghox était tombé de côté et l’une de ses cornes s’était fichés dans le sol, cela avait bloqué la chute de la guerrière et sa nuque avait du amortir le reste. Heureusement pour elle les Winghox étant prompte à donner des coups de tête, la nature les avait pourvu de cervicales extrêmement résistantes. La cornue se releva donc presque aussitôt malgré un port chancelant et un mal de crâne carabiné. Elle voyait floue mais constata que Kjeld bien qu’assis était probablement hors combat pour le moment. Elle même doutait de sa capacité à affronter deux soldats surentraînés avec son petit poignard, et encore aurais t’il fallut que ces brutes daignent descendre de cheval et qu’elle-même parviennent à se mouvoir sans trébucher. Son orgueil avait beau être surdimensionné, il ne pouvait aller jusque là.

Zlata regretta soudain de ne pas leur avoir fiché un carreau en pleine tête quand ils étaient encore à distance de tirs. Maintenant ils étaient trop près, et puis de toute façon elle viserait mal. Elle recula d’un pas pour se mettre à la hauteur de Kjeld. Il n’avait vraiment pas l’air bien mais Zlata renonça à s’en assuré car pour se faire elle aurait du baisser sa garde face aux soldats. Trop de risque.

Restait une solution, la coopération. Zlata n’aurait eut aucun scrupule à dénoncer Quilbeeg, le seul problème c’était que son soudain revirement d’attitude serait plus que douteux. D’un autre côté elle ne s’était pas encore expliquer avec eux et même si sa hargne était flagrante elle n’avait pas encore dit contre qui cela se tournait. La Winghox cracha par terre avant de lancer hargneusement:

« Ce chien galeux de Quilbeeg mériterait qu’on l’éviscère ! Il nous a détroussé dans la nuit avant de s’envoler. Mais je crois qu’il nous a dit avoir à faire près Ephtéria. »

Zlata était loin d’être bonne comédienne mais sa rage d’être ainsi bafouée par de vulgaires soldats donnait à ses propos un éclat de vérité. Avec beaucoup de chance elle leurs ferait avaler ses couleuvres, et puis les gardes royaux n’était pas réputé pour leur extraordinaire perspicacité. La Winghox sera les poings, par Amroth pourvut que ça passe.

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Re: Aspasie derrière

Messagepar Maître du Jeu » 27 Avr 2009, 17:02

Jean de Valtours tardait à ce décider. Après tout la grande chèvre avait vraiment l’air d’en vouloir à Quilbeeg. Ce fut le dernière phrase qui le décida. Sa proie sur la route d’Eftéria ? C’était une chose possible. Si lui, le grand seigneur de Valtours, parvenait à interpeller le criminel alors qu’il se rendait chez un complice, l’affaire pouvait prendre de l’empereur et il monterait en grade !

Restait à ne pas perdre la face, la femelle avait osait lui parler, il fallait lui en tenir rigueur.

« Silence ! Vous ne nous êtes d’aucune utilité. »

Sur ces paroles recherchées et toujours à cheval il assena un coup de pied au visage de la Winghox en faisant volter sa monture. Le sang jaillit et elle poussa un crie de douleur assez proche du juron. Le soldat était déjà loin fier de son départ, faire demi-tours pour vérifier s’il y avait insulte ou non ne le rendrait que ridicule aux yeux de son comparse. Tant pis, ce sera pour la prochaine fois.

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Re: Aspasie derrière

Messagepar Kjeld Ares » 27 Avr 2009, 17:37

ATTENTION
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Si mon texte n'est pas clair et que tu ne pige pas vraiment ce qui se passe, n'hésite pas à m'en faire part, j'éditerai. Je te laisse juger de la réussite, ou pas, de l'entreprise de Kjeld.
*°*°*°*°*°*°*°*°*


Héroïque ou stupide, Zlata s'était interposée entre lui et les cavaliers. Il fallait bien admettre qu'elle était plus solide qu'elle n'en avait l'air, car elle avait été bousculée au moins aussi violemment que Kjeld et pourtant, elle s'était relevée sans trop de dommages. Impressionnant. Le jeune homme serra les doigts sur son crâne. Pourquoi, au juste, avait-il se genre de pensées qui ne lui ressemblaient pas ? Il se sentait moins fatigué. Le choc et le flot d'émotions qu'il avait provoqué s'estompaient doucement... à vrai dire, pas si doucement que cela. Zlata semblait furieuse mais elle ne montrait aucun signe d'agressivité physique. Ah ! C'était bien une femme !

Comment ?

Kjeld se leva, étonné de la facilité avec laquelle il parvînt à exécuter ce mouvement. Sa tête ne tournait plus et il était tout à coup parfaitement lucide. Ce qu'il voyait, ce qu'il ressentait... tout semblait se dérouler à l'extérieur de lui, comme s'il était spectateur de lui-même, derrière la fenêtre de ses yeux. « Ce n'est pas moi...! » s'effrayait-il, incapable de contrôler ce corps qui ne lui appartenait plus. Il y eu un picotement dans sa tête. Sa vision était nette mais devenait lointaine et lui, paniqué, ne pouvait plus ni agir, ni parler de son propre chef. Durant tout le temps que dura cette lutte intérieure, le soldat l'ayant bousculé avait pris sa décision et, d'une nouvelle pirouette exécutée par son cheval, il envoya sa botte en pleine face de Zlata, riant grassement de sa curauté.

Kjeld n'eut qu'à tendre les bras pour réceptionner la jeune femme. Il accompagna doucement son mouvement – c'est qu'il devait encore rester un brin de conscience là-haut – et l'aida à s'asseoir, mais son geste ne fut pas désintéressé. Dans le même mouvement, il s'était emparé de l'arbalète et de quelques munitions. Il se redressa, fier et droit comme un guerrier aguerri, chargea l'arme et... Et il visa, muscles détendus, tranquille, le fuyard un peu trop vaniteux...

Shaaaaaaaah

Brusquement libéré, le carreau siffla et alla érafler le bras du cavalier, entaillant un morceau de son uniforme. De sa position, Kjeld engagea un nouveau projectile avec un calme déconcertant. À cet instant, seul le petit cliquetis des pièces de l'arbalète mises à contribution se firent entendre. Il ignorait totalement Zlata mais sa voix s'éleva pourtant, comme s'il se parlait à lui-même. Une voix que la Winghox avait déjà pu entendre quelques jours plus tôt, lors d'une halte sur les routes nord d'Aspasie, bien différente de celle du vrai Kjeld.

« Voilà qui semble moins aisé à mettre en pratique qu'à observer... » commenta-t-il de son précédent tir.

Puis il se remit en position, immobile sur ses jambes, les coudes résolument plaqués sur ses hanches afin de résorber le recul de l'arme qu'il avait fait sienne. Il fermait à demi les yeux, concentré sur sa cible qui venait d'exécuter un vertigineux demi tour...

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Re: Aspasie derrière

Messagepar Zlata Bolt » 01 Mai 2009, 15:29

Pas de problème
______________________________________________________________________

Le choc avait fait momentanément perdre ses repaires à Zlata et c’est tout juste si elle se rendit compte qu’on l’aider à s’assoire. Sa tête tournée de plus belle et l’odeur douceâtre du sang l’envahit, son goût aussi. Cela lui rappela des souvenirs qui se succédèrent en images confuses sur ses paupières clauses. Son nez lui faisait atrocement mal mais avec un peu de chance il ne serait pas cassé. Après tout les Winghox sont costauds. Où était-elle déjà ?

Un bruit reconnaissable entre mille la ramena à la réalité plus vite qu’un seau d’eau froide. Une arbalète…non…son arbalète ! Sa propriété, son arme ! Zlata ouvrit les yeux. Kjeld se tenait debout en contre-plongée, arme à l’épaule, l’œil fixe et visant les deux soldats qui fonçait sur lui à toute allure Un deuxième carreau bondit du chargeur, fila droit vers les cavaliers et se planta dans la gorge du premier. L’homme resta à cheval encore quelques secondes, il bascula et s’écroula dans la poussière. Sa monture quitta la route en traînant le cadavre derrière elle. Pied coincé dans l’étrier.

La Winghox jura, c’était un sacré tir ! Le deuxième soldat rebroussa chemin. Pur folie que de s’en prendre à des soldats ? Trop tard. Zlata se redressa, le regard fiévreux. Kjeld n’était plus lui-même mais cela les arrangeait. Les explications attendraient. Elle plaça sa manche sur son nez et brailla, la voix plus rauque que jamais :

« Dézingue le deuxième ! S’il ameute la ville nous sommes fichue ! »

S’ils survivaient à cette épreuve le jeune homme allait avoir intérêt à éclaircir la situation.

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Re: Aspasie derrière

Messagepar Kjeld Ares » 01 Mai 2009, 16:32

En plein dans le mille ! À dire vrai, Kjeld avait plutôt visé le cœur mais étant donné l'efficacité de son tir, il n'allait pas se plaindre. C'était même un miracle qu'il soit parvenu à tuer ce soldat de manière aussi... simple ? Il baissa les bras et suivit la trajectoire du cheval du regard. Il sentit, sans la voir, Zlata se relever près de lui et lorsqu'elle prit la parole, il se tourna enfin vers elle.

« On se tutoie ? » demanda-t-il, entre ironie et amusement.

Sans lui laisser l'occasion de répondre, il jeta l'arbalète dans les bras de sa propriétaire et se retourna.

La monture, désorientée par les évènements, s'était arrêtée plus loin. Gênée dans sa progression à cause du poids mord qu'elle traînait à ses pieds, elle n'avait effectué qu'une dizaine de mètres à peine. Kjeld y vit là un avantage non négligeable et, sans demander son reste, il s'élança en courant à travers les champs d'herbes coupantes, jusqu'à arriver près du corps.

Le pied du soldat avait glissé au travers de l'étrier. L'homme - encore à l'agonie - était suspendu là, par la cheville, comme une vulgaire poupée de chiffon que son cheval avait non seulement traînée mais piétinée. Réalisant que le dégager lui prendrait trop de temps, Kjeld ne s'embarrassa pas des détails et arracha l'épée appartenant au soldat de son fourreau. Le soleil se refléta sur la lame et le jeune homme trancha, sans précaution, la sangle qui maintenait la selle sur le dos de l'équidé. Le tout tomba à terre dans un fracas de boucles et de pièces métalliques. Ses gestes étaient rapides, précis et n'avaient pas grand chose à voir avec ceux, plus doux et posés du véritable Kjeld. Mais peu importait. Trop occupé à mettre en oeuvre sa nouvelle idée, Kjeld ne prêta guère attention à Zlata qu'il avait laissée seule et d'un bond souple, il se hissa sur le dos de l'animal.

L'armure de cet imbécile de soldat et la selle en moins, le poids léger du corps de Kjeld soumis à d'incessantes privations alimentaires, tout cela jouait en sa faveur afin de le rendre plus rapide. Et de la rapidité, il en avait un besoin vital en cet instant, puisqu'il s'agissait de rattraper le fuyard et à le « dézinguer », comme disait la femelle. D'ailleurs, en parlant d'elle... le jeune homme fit faire un demi-tour sur les jarrets à « son » cheval, prêt à se lancer à la poursuite de ce couard... à moins que Zlata ne se soit déjà occupée de son sort...?

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Re: Aspasie derrière

Messagepar Zlata Bolt » 08 Mai 2009, 15:54

Quelle promptitude ! Zlata n’avait pas encore eut le temps de remettre son arbalète d’aplomb que Kjeld cavalait déjà derrière le cheval du soldat qu’il avait proprement refroidit. La Winghox tenta de se concentrer sur la situation actuelle mais viser lorsque l’on n’a plus toute ses facultés physiques relève du miracle. La femme vit quand même que son compagnon de route s’affairait près de la monture. Il n’allait pas se faire la malle maintenant alors qu’il les avait mis en mauvaise posture ! Quoique, Zlata n’était plus sur de rien…

Plutôt que de réfléchir en cercle fermé, l’arbalétrière se tourna vers sa cible. Elle enclencha un carreau et visa du mieux qu’elle pu. Zlata se redressa, expira et son trait se libéra avec le petit claquement qu’elle appréciait tant. Il ne fallait pas s’attendre à un beau tir au vu des circonstances, le carreau décrivit une large courbe au dessus du cavalier. Petite chance tout de même, l’arme se ficha juste devant le cheval qui, effrayé, pilla et jeta son cavalier à terre. Le craquement sinistre qui coïncida avec la chute ne laissait que peu de doute sur l’état des os du soldat. S'il n'était pas mort il resterait au moins tranquille.

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Re: Aspasie derrière

Messagepar Kjeld Ares » 10 Mai 2009, 17:06

Immobile sur sa monture, Kjeld observait. Voir Zlata charger son arme l'avait cloué sur place, curieux de découvrir ce que pouvait bien valoir cette femme au combat. Hélas, son enthousiasme s'envola bien vite. Raté ! Bigre, à quoi pouvait bien lui servir son arbalète si elle ne savait même pas s'en servir ? Depuis que son « hôte » côtoyait cette femelle, elle ne lui avait guère fait impression. En fait, mis à part ses grognements de bête à cornes, elle n'avait pas grand chose d'exceptionnel. Pitoyable, lorsque l'on savait de quoi était capable sa race... Déçu. Kjeld assena un sévère coup de talon dans les flancs de son cheval qui le fit cabrer de surprise, juste avant de le lancer dans un galop effréné, piétinant une dernière fois celui qui avait été son cavalier durant tant d'années. Puisque la jeune Winghox se montrait incapable d'abattre le second, alors il s'en chargerait lui-même !

Seulement voilà, juché là-haut, le jeune homme ne faisait pas le malin. C'est qu'il n'était pas si évident de tenir en équilibre sur ce genre de créature ! « Encore une chose, pensa-t-il, qui semble plus aisé à observer qu'à pratiquer. » Il se sentit glisser, imperceptiblement, et son mouvement pour tenter de retrouver sa place déséquilibra le galop de son cheval qui obliqua vers la droite. Bon sang ! Ce n'était pas le moment ! Un coup d'œil furtif le renseigna sur la direction improbable qu'il empruntait, lorsqu'il aperçu Zlata, à quelques mètres devant lui.

Loin de s'en inquiéter, il semblait faire plus grand cas de sa position inconfortable. Se remettre correctement en selle, voilà ce qui lui importait. La jeune femme devant lui n'aurai qu'à se pousser... ou mourir ! Pourtant, son regard avait vacillé quelques instants, à peine une seconde. Kjeld, le vrai, se battait pour reprendre possession de ce corps ou, tout du moins, pour l'empêcher de faire n'importe quoi... comme piétiner Zlata par exemple, tandis que l'autre se désintéressait de cet « obstacle » en travers de son chemin. Il y eut une seconde d'hésitation, flottement incertain, et ses yeux brillèrent, comme s'il cherchait à se remémorer quelque chose, sans réaliser immédiatement que ce « quelque chose » se trouvait devant ses yeux. Puis les doigts serrés sur la bride tirèrent subitement à gauche et la monture se déporta en roulant de grands yeux terrifiés, la tête au vent, l'encolure tordue.

« Maudite femelle... »

Déstabilisé par ce brusque changement de direction et par le mouvement de panique de son cheval, le jeune homme avait agrippé une poignée de crins, mais ce fut insuffisant et il s'effondra lamentablement aux pieds de la Winghox, son cheval allant s'arrêter plus loin, débarrassé de son cavalier brutal.

Le choc fut violent, bien que l'herbe grasse du bord de route ai amortit la chute, et Kjeld ne se releva pas. L'intrus – s'il fallait lui donner un nom – fut incapable de résister plus longtemps à la détresse physique d'un corps qui ne lui appartenait pas. Épuisé, ou conscient qu'insister risquait de tuer son hôte, il venait de se rétracter.

Au milieu des plaines au Vair, le plafond de nuage venait de céder. Un éclair zébra le ciel, l'orage gronda et une pluie drue s'abattit soudain sur les corps dispersés ça et là. Deux soldats à demi morts, deux chevaux terrifiés, Kjeld évanoui et Zlata, la seule à tenir encore sur ses deux jambes.

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Re: Aspasie derrière

Messagepar Zlata Bolt » 18 Mai 2009, 11:55

Avec l'accord de Kjeld

____________________________________________________________________________________________

L’animal était d’une puissance effroyable. S’il percutait Zlata à cette vitesse s’en était finis d’elle. Mais voilà, le cheval était déjà trop proche pour qu’elle l’évite. Elle n’eut pas le temps de se raidir pour recevoir le choc qu’elle constata avec ahurissement que la bête avait dévié de sa route, l’œil écarquillé et l’encolure étrangement tordus.

La cornue suivit des yeux Kjeld bringuebalé par l’animal et comme en proie à une soudaine…baisse de régime. Lui qui l’instant d‘avant se montrait aussi prompte à l’action qu’un guerrier cahotait maintenant maladroitement sur sa selle. Soudain il disparut. Zlata mit quelque seconde à réalisait que son compagnon avait chus. A force de dévisser la tête de sa monture, il fallait s’y attendre !

La pluie s’abattit soudain avec fracas sur les protagonistes de cette risible pantomime, on aurait dit des applaudissements. Seule Zlata put en apprécier les effets d’une part parce qu’elle était la seule consciente mais aussi pour sa culture Winghox. La pluie est bienfaisante et purificatrice, la migraine de la guerrière s’apaisa.

La Winghox se rapprocha avec précaution au cas où le jeune homme fasse encore des scènes. Elle s’agenouilla près de lui alors que l’orage grondait. Il respirait encore mais ne bougeait plus. Il n’avait pas l’air d’être en trop mauvais état mais Zlata le poussa tout de même de côté pour qu’il ne s’étouffe pas. N’ayant rien à sa disposition pour le protéger de la pluie et étant donné qu’il avait peu de chance de venir se plaindre elle le laissât sur place pour aller s’occuper des chevaux.

Les deux hongres, un brun sombre et un bai rougeâtre s’étaient réunis pour se rassurer. Lorsque Zlata les appelât il s’approchèrent sans hésitation, trop heureux de revoir un humain et la Winghox remercia Amroth que cela n’ait pas était plus compliqué en attachant les bêtes à un buisson, les arbres faisant défauts. Elle s’approcha ensuite calmement du premier soldat, celui qui l’avait frappé, et le poussa du pied. Il était déjà mort, dommage, elle aurait aimer se venger. Elle acheva le deuxième en lui tranchant la carotide et tenta de le traîner jusqu'à son compagnon d’infortune sans succès, elle dus s’aider d’un cheval pour y parvenir. Arrivé là elle récupéra un peu d’argent et une pierre à feu dans leur poche mais leur laissât leurs armes frappées du sceau du roi. Enfin elle les enterra en luttant avec la boue, elle travaillait lentement mais n’avait aucune raison de se pressée. L’orage était son protecteur, personne n’oserait s’aventurer sur les routes par un temps pareil et nul ne pouvait la voir derrière le rideau de la pluie. Quand se fut finit elle était crotté, trempée et épuisé mais sur que personne ne découvrirait les cadavres.

Elle rejoint Kjeld, le hissât sur un cheval en constatant à quel point il était maigre et léger avant de monter sur le deuxième hongre. L’étrange cortège s’ébranla. Sur sa selle Zlata souriait, elle aimait vraiment la pluie.


*************************************************************


La pluie n’avait pas cessé mais l’orage s’était calmé. A présent des trombes d’eau s’abattaient sur la région, gorgeant la terre, dévalant le long des sentiers bourbeux et ricochant incessamment sur les tuiles d’une bicoque abandonnée en haut d’une colline broussailleuse. C’était là que Zlata avait décidé d’attendre la fin du déluge en compagnie d’un Kjeld inconscient et de deux chevaux de combat attachés dans un coin. La Winghox avait installé le jeune homme sur une couverture près d’une cheminée branlante qui tirée mal mais dans lequel elle été parvenue à allumé un feu timoré sur les planches à peu près sèche encombrant les lieux.

La guerrière connaissant les habitudes de la région avait reconnue dans cette antique bâtisse de pierre un des abris bordant jadis les routes d’Aspasie et offrant à quiconque le souhaité un abris pour la nuit. On y trouvé généralement quelques ustensiles divers et un peu de nourriture de grande conservation, la coutume voulait que l’on y laisse quelque chose pour les prochains arrivants. Cependant Zlata avait appris que depuis l’avènement de Livian cette habitude s’était perdue, les maisonnettes avaient été abandonnées après que plusieurs groupes de brigands s’en soient servie pour piégé d’honnêtes voyageurs. Il n’y avait rien à craindre pour l’instant, même les tueurs s’abritent de la pluie.

Aussi le repas serait maigre, un peu de pain trouvé dans les fontes des chevaux et une flasque d’alcool fort.

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Re: La bicoque

Messagepar Kjeld Ares » 19 Mai 2009, 15:26

Le tapotement sur le toit se faisait plus distinct, plus clair, et d'un murmure confus, il devînt la complainte des gouttes de pluie s'abattant sur les tuiles vermoulues. Il pleuvait ? Kjeld battit plusieurs fois des paupières, l'esprit encore confus. Il sentait, dans chacun de ses membres, une douleur sourde qui l'écrasait complètement, lui interdisant le moindre mouvement. Respirer même était presque devenu un supplice et pourtant, le jeune homme manquait d'air. Ses rêves agités l'étouffait et il ouvrit grand la bouche au réveil, aspirant une grande gorgée d'oxygène comme un homme resté trop longtemps sous l'eau. Il fut pris d'une quinte de toux, s'étranglant presque tout seul, avant de regagner un peu de calme.

Du coin de l'œil, il vit la cheminée où brûlait mollement un feu récalcitrant et Zlata, penchée au dessus, d'humeur au moins aussi exécrable qu'à son habitude.

Kjeld glissa de côté et tenta de se redresser en prenant appui sur un coude, retenant, de son autre main, sa tête devenue lourde. Que s'était-il passé au juste ? Il voulu interroger la jeune femme, mais son regard s'arrêta sur les lèvres de Zlata, salement entaillées. S'était-elle battue tandis que lui gisait inconscient ? Il rougit, honteux.

« Où sommes-nous ? » fut la seule chose idiote qu'il fut capable d'articuler.

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Re: La bicoque

Messagepar Zlata Bolt » 24 Mai 2009, 16:11

Le réveil brutal de Kjeld fit sursauter Zlata. *En voilà un qui savait se faire remarquer !* songea t’elle sans aucune compassion. La guerrière lui jeta un regard torve en se demandant comment elle parvenait à garder son calme alors qu’elle n’avait qu’une envie, étriper le jeune homme, peut être était ce les bienfaits de la pluie.

La Winghox avait prit un sacré coup dans la tête, mais le gamin était en bien pire état, il avait l’œil hagard et le souffle court. Zlata lui passa une gourde remplit d’eau tout en répondant avec agressivité :

« A l’abris. ». Réponse sibylline s’il en ait et évidemment d’aucune utilité pour Kjeld.

La cornues songea un instant à lui proposer une gorgée d’alcool pour lui redonner des forces avant de commencer son interrogatoire mais renonça presque aussitôt, Kjeld devait avoir les idées claires et puis de toute façons il sembla à la Winghox qu’il ne buvait jamais. Elle se tourna vers lui et le fixa de son œil gris, la pluie au dehors et la lumière froide du feu donnaient à la scène un aspect irréel.

« Maintenant tu vas m’expliquer ce qui t’as prit avec les soldats. » Droit au but, comme à son habitude. Zlata gardait son calme mais son ton rocailleux était lourd de menace.

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Re: La bicoque

Messagepar Kjeld Ares » 24 Mai 2009, 22:20

À l'abri ? Soit.

Curieusement, la réponse sembla convenir au jeune homme, trop tourmenté pour afficher autre chose qu'un air las et bêtement d'accord. Il ne se souvenait pas avoir aperçu le moindre abri la dernière fois qu'il avait été conscient et pourtant, il s'y trouvait bel et bien. Quelques secondes encore, il soutînt sa tête, faisant d'inconcevables efforts pour rester conscient. Il sentait, angoissé, les picotements typiques du sang qui cherche à se rétracter. Ramenant ses jambes vers lui, il resta assis un moment ainsi, le buste vers l'avant comme si cela avait pu l'aider à se remettre. Le front appuyé sur ses genoux, il se força au calme. Ses pensées restaient floues, comme chaque fois qu'il émergeait de l'un de ses abominables cauchemars. Il tentait vainement de se souvenir, fouillant son esprit à la recherche de la moindre image susceptible de le mettre sur une piste, mais son cerveau restait lent et embrumé.

Le feu crépitait, se tortillant dans la cheminée restée froide durant de trop nombreuses semaines et ce son, en harmonie avec la pluie ruisselant sur le toit, l'apaisa bientôt. Lorsqu'il se redressa enfin, son visage avait repris quelques couleurs, certes encore trop pâles, mais suffisantes pour soutenir une conversation pendant quelques temps. Et puis, Kjeld s'était habitué à cette sensation angoissante. Les privations constantes, le manque de sommeil lui étaient si familier qu'il ne prêtait plus même attention aux signaux d'alarme envoyés par son subconscient. Il inspira, l'estomac noué, incapable de déterminer s'il avait faim ou s'il se sentait écœuré. Ses bras tremblaient légèrement, comme tremblent les muscles trop longtemps sollicités mais une nouvelle fois, le jeune homme mit cela sur le compte de la fatigue accumulée.

Quant à Zlata, loin d'être de mauvais poil comme il l'avait soupçonné, elle était tout simplement d'une humeur à faire des lambeaux de Kjeld ! Son ton froid et agressif le fit sursauter et il se revit, un bref instant, quelques années plus tôt. Oui. Alastar avait l'habitude d'employer le même ton lorsqu'il avait décidé de le rouer de coups... Il hésita, partagé entre la soif et la crainte de ce qu'il pourrait lui arriver si jamais il se saisissait de l'outre tendue vers lui. Ses yeux se firent fuyants, il était anxieux de la manière dont la Winghox pourrait interpréter un seul de ses regards. D'instinct, il préféra se taire, replié sur lui-même à l'image d'une proie terrifiée qui souhaite se faire oublier, conscient que sa non-réponse risquait de susciter la colère de la jeune femme. Alors, quoi faire ? S'excuser. Il n'était pas certain de savoir de quoi mais restait persuadé être coupable de quelque chose.

Un tonnerre nonchalant gronda dehors. Pas un orage très violent, surtout de la pluie. De la pluie et un froid mordant.

Kjeld ouvrit la bouche, prêt à se confondre en un flot d'excuses maladroites, mais juste à l'instant où elles furent sur le point de franchir le seuil de ses lèvres, Zlata reprit la parole. Une seconde, le cœur du jeune homme s'arrêta de battre, lui procurant une douleur curieuse. Comme si la serre glacée d'Amroth s'était refermée sur lui, écrasant sa poitrine et sa vie. Sous le coup de la surprise, il planta ses yeux sombres sur Zlata et le regretta aussitôt.

« Je suis désolé... » balbutia-t-il.

C'était tout ce qu'il avait trouvé. Oui. Évidemment qu'elle lui en voulait. Il avait été comme un fardeau, encore. Il en avait toujours été ainsi. De nouveau, il baissa le menton, enfant soumis. Dans sa tête, par bribes confuses, les souvenirs de la journée écoulée quelques heures plus tôt. Il se souvenait des soldats. Ils cherchaient Quilbeeg. Kjeld n'avait pas répondu immédiatement. Les soldats s'étaient impatientés. Et quoi d'autre ? La monture de l'un d'eux l'avait bousculé et il était tombé. Sa vision s'était obscurcie et ensuite... ensuite, plus rien d'autre que ses mauvais rêves habituels, ceux-là même auquel il tentait d'échapper, obstinément. La suite, il pensait la deviner. D'abord, ils étaient toujours en vie, ce qui signifiait que. Zlata avait dû donner Quilbeeg. Avait-elle eut d'autre choix ? Connaissant les soldats et à la vue de la lèvre coupée, certainement pas. Le jeune homme ne lui en voulait pas. En revanche, il réalisait qu'elle avait du le porter longtemps pour l'emmener jusqu'ici et sans-doute était-ce ce qui expliquait sa colère à peine dissimulée...

Ce qui lui avait pris avec les soldats ? Et bien, il avait tout bonnement été pris de vertige après les avoir provoqués à demi mots. Il n'avait servit à rien, s'était montré sous son jour le plus minable et il lui apparaissait tout à coup que Zlata aurait tôt fait de l'envoyer voir ailleurs. N'y avait-il pas un dicton prétendant qu'il valait mieux être seul que mal accompagné ?

« Les avez-vous dirigés vers Aspasie ? » s'enquit-il tout de même, repensant à Quilbeeg.

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Re: La bicoque

Messagepar Zlata Bolt » 01 Juin 2009, 12:00

Rire ou hurler ? Zlata ne savait pas vraiment comment réagir. D’une part la timidité soudaine et maladive de Kjeld contrastait si violement avec son assurance d’il y a quelques heures que s’en était risible. Et puis comment en vouloir à ce gamin perdu et comme totalement tétanisé par sa présence ? D’un autre côté quoi de plus rageant qu’un dialogue de sourd ? Kjeld semblait totalement fermé à la conversation, à croire qu’il n’avait pas assisté aux évènements précédents. C’était pourtant lui qui avait tout précipité en attaquant les soldats. Certes Zlata avait été très contente de la vengeance qui lui avait été offerte, bien qu’elle n’ai pas pu tuer elle-même Jean de Valtours, mais elle avait ensuite du effacer les traces du combat et puis surtout les risques étaient énormes. En effet, en Aspasie, si tuer un honnête villageois ou un immonde gredin était rarement puni par la loi, s’en prendre à un garde était du suicide et même Zlata qui n’était pas du genre à se soucier d’assassiner son prochain n’avait jamais tué de soldat. Ces êtres étaient intouchables et quiconque s’attaquait à l’un d’entre eux le payer au mieux de sa vie, au pire…et bien mieux valait ne pas y penser.

Lorsque Kjeld demanda en toute bonne foi si les soldats se dirigeaient vers Aspasie, Zlata comprit qu’il n’y avait pas de quoi rire. Elle ferma les yeux quelques instants pour éclaircir ses idées. Pour ce qui était du danger, ils étaient en sécurité car il était peu probable que quelqu’un ait assisté à l’affrontement avec les gardes. Et même si un paisible passant en avait été témoins, l’ardeur au combat de Kjeld suffirait à lui faire garder le silence. Les chevaux « réquisitionner » tenait presque des bêtes de trait, leur ancienne appartenance à la garde royale pourrait ainsi rester dissimulée. Au pire ils pourraient toujours être vendue. Enfin Zlata avait prit garde à enterrer tout les effets personnels des soldats portant un écusson.

Ce qui inquiété la Winghox était la soudaine amnésie du jeune Kjeld. Et s’il avait vraiment oublié ses agissements ? Zlata songea anxieusement à un conte de son pays. La légende voulait que, parfois, certains guerriers gravement blessés voyaient leur destin pris en charge par Amroth lui-même. Le dieu dragon leur attribuait une force surhumaine, l’oublie de leurs blessures mais volait leurs souvenirs en retour. Ce mythe était il fondé sur des événements s’étant réellement produit ? Si c’était le cas, cela ne faisait il pas de Kjeld un être dangereux ? Non, Zlata divaguait. La borgne décida tout de même de répondre à sa question pour voir sa réaction. Après tout, peu être que sa mémoire s’en raviverait ?

« Les soldats sont morts. Tu en as tué un. »

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Re: La bicoque

Messagepar Kjeld Ares » 01 Juin 2009, 15:10

Kjeld tressailli, encore. Cette fois, ses yeux allèrent se planter dans celui, unique, de Zlata. Il arborait un air tout à fait curieux, entre la crainte, l'incompréhension et un vif étonnement. Pourtant, il avait beau interroger la jeune femme du regard, cela ne l'aidait pas. Elle, semblait lasse et avait fermé l'oeil, signe que ce n'était pas une inexplicable colère qui alimentait son humeur. Non. Il y avait autre chose. Quelque chose dont il valait mieux ne pas connaître les détails.

« Je... je ne comprends pas... »

Malheureusement sincère, le jeune homme venait de retrouver à peu près ses esprits. Envolés, les vertiges, la peur d'une correction imminente, la culpabilité. À son tour, il tentait de s'éclaircir les idées mais rien d'autre que la douleur, dans chacun de ses muscles, ne se rappelait à lui. Avait-il déjà eu aussi mal ? Oui. Le soir où son ivrogne de tuteur était mort après l'avoir tant roué de coups que Kjeld en avait perdu connaissance. Jamais plus depuis, jusqu'à ce soir. Comme une alerte, un sifflement dans sa tête le mettait en garde : n'y pense pas. Oui mais, chaque fois qu'il se réveillait ainsi, un homme était mort. Coïncidence ? Son regard sombre n'avait pas quitté celui, bleu gris, de Zlata lorsqu'il sembla enfin sortir de sa stupeur.

« Ce n'est pas amusant Zlata. Je suis désolé si j'ai pu nous mettre dans une situation embarrassante et... je vous promets de ne plus recommencer. Je ne vous reproche rien pour les soldats, je sais que vous n'aviez pas le choix. »

Il hocha la tête comme pour appuyer ses propos navrés, sans comprendre que la dernière affirmation de la jeune Winghox n'avait rien d'une boutade.

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Re: La bicoque

Messagepar Zlata Bolt » 02 Juin 2009, 16:25

Atterrant. Le voilà maintenant qui tentait de justifier son absence de réaction ! Mais s’il s’était contenter de ne pas bouger devant ces fichus soldats tout aurait été plus simple.Les gardes serraient partie à la recherche de Quilbeeg, ne l’auraient pas trouver et toute cette histoire serait tombé dans l’oublie.

Zlata soupira, Kjeld avait un comportement tout simplement improbable. Autant tout lui expliquer, ils avaient largement le temps avec la pluie qui continuait à tomber drus. La Winghox n’aimait pas particulièrement jouer les conteuses, pour se donner une contenance et le temps de choisir ses mots elle sortie sa pipe, la bourra de tabac et l’alluma à la cheminée.

« Je ne plaisante pas », commença t’elle avant de s’interrompre, les mots n’étaient vraiment pas complaisant avec elle. Elle inspira une bouffé, hésita encore un peu et se lança enfin :

« Le cheval t’a bousculé. Tu es tombé. Tu t’es relevé. Tu m’as pris l’arbalète. Tu as tiré sur les soldats… C’était stupide. »

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Re: La bicoque

Messagepar Kjeld Ares » 05 Juin 2009, 12:36

Kjeld frissonna. Trempé jusqu'aux os à cause de cette pluie battante, le feu ne suffisait pas à le réchauffer. Sa chevelure de suie ruisselait encore, l'averse qu'ils avaient essuyés quelques heures plus tôt ne les ayant pas épargnés. Pourtant, plus que l'humidité de brumaire, il avait plus à craindre du froid jeté par les propos même de Zlata. D'abord interloqué, il avait posé un regard interrogatif sur celle qui prétendait ne pas plaisanter. Une hérésie, compte tenu du fait qu'il n'avait jamais eu l'occasion de se battre avec quiconque... alors de là à tuer, comme elle le disait ! Tuer ? Il se leva, cherchant à se soustraire à une conversation qui lui déplaisait. Ses vêtements, imbibés de pluie, collaient à sa peau, entravant ses mouvements. La jeune Winghox perdait patience – en fut-elle jamais dotée – et semblait faire d'invraisemblables efforts pour conserver son calme. Elle avait ressortit sa pipe, celle-là même avec laquelle elle avait souhaité l'égorger le matin même, s'il s'en souvenait correctement. Cette fois-ci pourtant, elle semblait plus disposée à s'en servir pour l'usage auquel l'objet était prévu...

Kjeld, lui, n'avait rien de tel pour occuper ses mains ou son esprit et ainsi échapper au ton abrupte auquel il était exposé. Les faits, hachés, lui étaient jetés à la figure de manière tout à fait brutale, agrémentés au passage de quelque commentaire sarcastique. Le jeune homme inspira aussi profondément qu'il en fut capable, cherchant à se souvenir, sinon à comprendre. Stupide ? Certes, si ce qui lui était reproché était réel alors le mot convenait. Cependant, il doutait que ce fut possible ou refusait d'y croire, ce qui revenait de toute façon au même.

« Oui, je me souviens de cela. Le cheval... et la chute aussi... » admit-il d'une voix éteinte.

Il chercha autour de lui, quelque chose à faire qui pourrait l'occuper et lui interdire de trop réfléchir par la même occasion, mais il ne trouva rien qui puisse y satisfaire. En fait, la petite bicoque était d'une sobriété révoltante, dépouillée, sans le moindre doute, par de malhonnêtes individus de passage. Par dépit, le jeune homme se dirigea vers l'une des lucarnes aux verres crasseux, fêlés par endroit. Il lui sembla un instant qu'observer la pluie, au dehors, suffirait à apaiser ses tremblements, ses craintes et cette douleur inexpliquée qu'il ressentait au cœur. Hélas, ses regards se heurtèrent immédiatement aux deux chevaux restées devant l'abri. Leurs encolures basses, comme écrasés par le poids de l'averse, ils avaient été débarrassés de leurs selles et de tout autre objet pouvant témoigner de leur appartenance « Royale ». Cependant, Kjeld les reconnu. Un bai cerise et un bai brun foncé, tous deux finalement assez sombres de par leurs robes détrempées par la pluie. De sa place, le jeune homme pu voir les nuages de vapeur caractéristiques s'élever mollement des croupes. Son cœur s'était serré, sa respiration, coupée.

D'un mouvement affolé, il se tourna vers Zlata.

« ... sont-ils vraiment morts !!? »

Oui, atterrant. Mais il n'attendait pas de réponse cette fois, cette dernière se trouvant dehors, à l'attache. Sa main n'avait pas lâché le chambranle, tremblante et son esprit s'était remis en marche, tout à coup bousculé par l'évidence qu'il avait refusé d'admettre jusqu'à présent. Il fouillait, tentait de retracer les évènements sans parvenir à assembler ses pensées de manière logique, totalement paniqué à l'idée d'être incapable de se souvenir d'un morceau de sa vie. Bousculé, avait dit Zlata. Oui. Tombé ? Oui. Relevé ? Peut-être, ça lui rappelait vaguement quelque chose mais était-ce parce qu'elle le lui avait conté que cela lui paraissait familier ? Prendre l'arbalète ? Il porta une main à son crâne. Prendre l'arbalète...?

« Je n'ai pas pu prendre l'arbalète, pensait-il tout haut, vous la teniez... c'est votre arme... »

Tiré ? Non, certainement pas. Il n'avait jamais touché une arbalète de sa vie. Et pourtant, jusque là, la Winghox n'avait pas eu tord sur le déroulement des évènements. Morts. Tués. Par lui. Par elle. Par eux. Il vacilla, ses doigts crispés sur la lucarne, puis ses pas chancelants le portèrent jusqu'à la porte qu'il ouvrit de justesse avant de tomber à genoux sur le perron de bois vermoulu. La pluie battante s'abattit sur lui. Haletant, il avait subitement chaud et se sentait mal, au point de souhaiter perdre connaissance une seconde fois et ne plus supporter cela. Oui, mais qu'adviendrait-il s'il sombrait encore ? Était-il réellement capable de commettre pareils actes ? L'estomac s'était noué et puis, il avait vomit.

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Re: La bicoque

Messagepar Zlata Bolt » 09 Juin 2009, 22:20

La porte grande ouverte laissait entrer la pluie glacée qui venait inonder le sol de la masure, Kjeld, déjà bien humide, prenait de nouveau la pluie de plein fouet, prostré dans l’embrasure de la porte. Zlata s’avança précautionneusement et lui toucha l’épaule. Il n’avait l’air ni prompte à la bagarre ni à la discussion et cela arrangeait bien la Winghox. Elle l’aida à s’asseoir et alla chercher la gourde pour qu’il puisse se rincer la bouche avant de refermer la porte.

La mercenaire avait beau ne se soucie que dans une certaine mesure de son entourage, elle était quand même inquiète pour Kjeld. Il agissait étrangement, sans aucune logique, comme si deux avis opposés se disputaient en lui pour prendre possession de son corps. Même si cela leur avait causé nombres d’ennuies, Zlata s’était réjouit de découvrir d’extraordinaire aptitudes guerrières chez le jeune homme, sa réaction de pur horreur en apprenant qu’il avait tué avait non seulement agacée Zlata, mais l’avait aussi décontenancée. En quoi tuer était il à ce point effroyable ? La vie ne tenant qu’à peu de chose sur Phorior, Zlata n’avait cessé de côtoyer la mort dans son enfance. Et Aspasie ne valait guère mieux. Kjeld était il à ce point utopique ? Zlata soupira d’exaspération. Et puis zut, il devait bien avoir ses raisons, non ?

De toute façon il y avait plus urgent, Kjeld débloquait complètement. La Winghox lui sortie le pain des fontes jugeant qu’il valait mieux qu’il mange un peu. Il est vrai qu’il n’avait guère l’air porté sur les plaisirs de la table, mais de là a en être malade, il exagérait. Zlata songea soudain que le jeune homme était assurément plus honnête qu’elle et n’avait probablement jamais volé le moindre quignon. Tout le contraire de cet autre Kjeld que la borgne avait connus à Wingdrakk. Quel fin tire-laine il était, et un vrai bout en train avec ça ! Toujours le mot pour rire. Ah, Kjeld…Kjeld ? Un prénom typiquement Winghox bien que peu porté. La jeune femme n’avait jamais fait le rapprochement pourtant évident. Et si…

Elle saisit soudain Kjeld par les épaules et le forçat à la regarder. L’exaltation l’envahissait soudainement. L’œil fixe et le souffle cours, elle avait l’air d’une démente.

« Kjeld. Réponds moi. Connais tu tes parents ? » aboya t’elle.

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