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Il s'arrêta, contrarié de se retrouver nez à nez avec une palissade marquant un cul-de-sac là où aurait dû se trouver un chemin. Fichu plan ! Il y jeta un regard accusateur avant de le fourrer dans sa poche. Manifestement, il était plus efficace de demander son chemin que de suivre le moindre dessin fléché... Et en se retournant pour faire demi-tour, il croisa le regard de sa compagne et se figea. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il avait traîné Ceithli derrière lui tant il avait marché vite, sous le coup de... de son humeur ? Réalisant qu'il s'était une fois de plus montré désagréable, il soupira. Ses épaules s'affaissèrent un peu alors qu'il y réajustait le sac.
« J'ai une solde, même si je ne l'ai pas touchée depuis longtemps à cause du voyage. S'il te plaît, laisse-moi être utile au moins en t'offrant ce dont tu as besoin. Je suis là à te regarder chasser et dépenser tout ton argent pour nous deux, ça me met mal à l'aise. Je... j'ai l'impression d'être l'une de ces Courtisanes qui profite du Noble un peu naïf et trop généreux. Je ne veux pas que tu m'entretienne. Je n'ai rien fait pour toi qui mérite que tu donne tout ce que tu as et moi rien. J'ai été stupide, j'ai été malade, j'ai été pénible... et je suis toujours en train de te disputer pour rien. Tu ne devrais pas. Et puis... si tu ne me laisse pas participer je... c'est comme si tu n'avais pas besoin de moi... »
Il secoua la tête comme s'il trouvait son propre discours affligeant. Dans un sens, c'était de sa faute. À toujours hésiter et reporter à plus tard, il obligeait Ceithli à prendre les décisions pour deux. La prochaine fois, il ne lui laisserait pas le choix... sauf qu'il ne voulait pas décider sans elle, parce qu'il ne voulait pas devenir l'un de ces odieux personnages parlant à leur femme comme ils parleraient à leur Orios de compagnie. Non.
« Excuse-moi. J'ai du mal à accepter d'être celui qui suit sans effort, sans qu'on lui demande son avis, et sans exister. Je... je ne veux pas ressentir ça. Je veux... compter. »
Derrière lui, la palissade remua et une planche bascula pour laisser passer une farandole d'enfants qui jouaient à chat. Archélas se retourna juste à temps pour repérer l'ouverture amovible et s'y dirigea dès que la marmaille se fut dissipée. C'était tout juste assez large pour lui s'il ôtait le sac de ses épaules. Ceithli passerait sans problème... sauf peut-être la poitrine ? De l'autre côté, il pouvait distinguer le fameux puits à souhaits qui ne ressemblait à rien de ce qu'il avait imaginé. En fait, il semblait s'agir d'une fontaine. Une margelle de cinquante centimètres de haut formait un bassin large de deux bons mètres, parfaitement circulaire. Mais aucun système de poulie ne permettait d'y puiser, et aucun autre garde-fou ne le protégeait.
« Après vous... » l'invita-t-il en tenant la planche branlante en hauteur.
Sa compagne n'avait plus qu'à se glisser dessous avant lui et ainsi traverser la palissade jusqu'au puits... à moins qu'elle ne préfère se défendre de ses accusations et le gifler pour lui remettre les idées en place.