Précédemment : Forêt amazonienne
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Juché tout en haut de son perchoir improvisé, Archélas jetait des œillades méfiantes aux deux Tenaag'i sans réellement s'intéresser à ce qu'elles pouvaient dire. Tout ce qui l'inquiétait à l'heure actuelle était l'éventualité qu'elles s'en prennent à Ceithli, mais ce ne fut pas le cas. Pourtant, il tressaillit légèrement en voyant surgir de nulle part une main qui prétendit lui grattouiller la tête, et s'empressa d'en renifler les doigts avec intérêt afin d'en identifier la propriétaire légitime. L'odeur féline le rassura, et il se laissa faire de bonne grâce en fermant doucement les yeux. Ensuite... et bien ensuite son perchoir se mit à remuer et il du se rattraper de justesse à l'aide de ses griffes afin de ne pas tomber. Il s'en voulu un peu et se dépêcha de lécher les petites traces qu'il avait faite, remarquant au passage que depuis sa position il avait une vue très plongeante sur d'autres marques... faites ailleurs, lors de ce bain de boue improvisé. En fait, il s'en fallu de peu qu'il n'aille les lécher aussi dans son élan à vouloir la soigner, mais sa part humaine lui souffla que ce n'était peut-être pas une si bonne idée... alors il s'abstint et se contenta de regarder le paysage.
La tente, leur sac, et toutes leurs affaires, il n'y songea même pas. Tout ce qui était matériel semblait ne plus avoir la moindre importance. Non. Ce qui comptait, c'était Ceithli et elle seule. Ne pas la perdre de vue, ne pas la lâcher d'une semelle. Et si plus d'une fois l'instinct de l'hermine interceptait des bribes d'invitations à s'aventurer dans la forêt, lui préférait rester là, à se balancer au rythme des pas de la jeune femme. De temps à autre il levait le nez pour mieux regarder son visage, lorsqu'elle soufflait ou qu'elle retenait un gémissement sous la morsure d'un caillou sous ses pieds nus, et pour la réconforter il n'avait rien trouver de mieux que de lui lécher le lobe de l'oreille. Il ne savait pas trop pourquoi, mais ça lui semblait une excellente idée sur le moment. Il passa plusieurs fois d'une épaule à l'autre, agité par sa fièvre qui ne le lâchait pas sous cette forme là non-plus, s'emmêlant les pattes dans la chevelure dorée et appelant sa féline à l'aide lorsqu'il réalisa qu'il ne pourrait pas s'en dépêtrer tout seul. Le nez en l'air à capter toutes les odeurs qui passaient à sa portée, il s'interrompait à peine pour se gratter les puces – étaient-elles comprises dans la fiole – ou grignoter un bout du Rubsang de Ceithli. En fin de compte, il fut presque aussi pénible que s'il avait avalé un de ces fichus bonbons...
Heureusement pour la jeune femme, il finit par se calmer et, avachi comme un minuscule sac de pommes de terre en travers de l'épaule de sa promise, il tomba dans une demie-somnolence. Ses yeux coulaient un peu, preuve qu'il n'allait vraiment pas bien, et la dénommée Ai Vaan sembla s'en rendre compte puisqu'elle proposa l'aide de sa sœur sitôt arrivées au village. L'autre se contenta de grogner qu'elle n'aimait pas ces bestioles et qu'elle préférait les Orios.
Deux bonnes heures et demie de marche plus tard, ils arrivèrent tous trois en vue du village et Archélas rouvrit les yeux. Son instinct d'hermine lui soufflait de suivre l'odeur d'un lièvre qui ne devait pas être bien loin, et son instinct d'homme lui interdisait de bouger. Hors de la protection de Ceithli, il serait une proie trop facile. Et s'il se perdait, il aurait l'air malin de redevenir un homme en territoire ennemi...! Alors il ne bougea pas, se contentant de saluer la jeune femme après son sommeil en allant fourrer son nez au fond de son oreille... Il se nettoya ensuite consciencieusement les poils avant de s'immobiliser et d'observer les environs. Là, c'était l'homme qui prenait le dessus... non sans quelques difficultés, mais c'était toujours mieux que de regarder voler les papillons et en oublier sa mission.
De grandes palissades de bois ceignaient un village bâtit comme un enchevêtrement de beffrois. Le plus haut au centre et les plus bas en périphérie permettait une portée de tir optimale, et ce sans être inquiété par les tirs adverses. Autrement dit, et malgré le côté presque primitif des constructions, le village était quasiment imprenable, à moins d'y emmener balistes et trébuchets, chose qui lui semblait impossible pour plusieurs raisons. D'abord l'Échine de Drakmonniss ne laisserait jamais le passage à de tels engins, à moins de les acheminer par bateau, et là encore, Drakmonniss s'en mêlerait sûrement. Ensuite Livian pouvait tout aussi bien espérer faire monter ses armes de siège sur place, les territoires du sud étant constamment arpentés par un peuple comme l'autre – et ils en avaient fait les frais – il y avait fort à parier que ses troupes n'auraient pas le temps de monter une bricole que toute une faction de barbares leur tomberait déjà dessus. Pour résumer, il en avait déjà assez vu, mais cela, Ceithli ne pouvait pas le savoir... et son cœur se mit à battre à toute allure lorsqu'ils pénétrèrent l'intérieur du village.
Oui, c'était véritablement sommaire. Partout, des guerrières trop peu vêtues les regardèrent passer avec suspicion mais sans réelle animosité. En tous les cas aux yeux d'Archélas, c'était toujours mieux que le traitement auquel ils avaient eu droit à Wingdrakk. Ils longèrent une grande arène qui accueillait plusieurs femmes occupées à se battre, et là encore le soldat nota leur dextérité autant que leur sauvagerie comme autant de raisons de ne pas se frotter à ce peuple guerrier. Le sable soulevé le fit éternuer et il se détourna. Il remarqua un autel encombré de fruits et de statuettes, sans reconnaître l'effigie de l'Infinitude à laquelle il était dédié. Une femme sans la moindre hésitation... mais Archélas ne connaissait des Infinitudes qu'Alrik et Amroth... et aucun des deux n'était une femme... Y-avait-il une Déesse des Gourgandines ? Il fallait croire que oui ! Il se retourna à plusieurs reprises pour mieux observer les lieux, laissant Ceithli libre de faire ce qu'elle voulait, jusqu'à ce que Ai Vaan les entraîne vers l'une des huttes.
« Viens, c'est chez ma sœur. Elle te donnera quelque chose pour ton furet. »
Archélas couina légèrement en allant se cacher dans la chevelure de sa féline. Les odeurs de la hutte le rendait fou. Il y avait là des concurrents s'il s'en référait à son instinct d'hermine, et il y avait aussi des femelles qui n'attendaient que lui... mais lui, il voulait rester avec Ceithli... et en même temps, les phéromones n'arrêtaient pas de le provoquer. Au final, il plongea dans le Rubsang de sa compagne et se réfugia... contre sa poitrine, cachant sa tête où il pouvait comme un animal terrifié. C'était mieux s'il ne voyait, n'entendait et ne sentait plus rien d'autre que sa femelle à lui...
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Juché tout en haut de son perchoir improvisé, Archélas jetait des œillades méfiantes aux deux Tenaag'i sans réellement s'intéresser à ce qu'elles pouvaient dire. Tout ce qui l'inquiétait à l'heure actuelle était l'éventualité qu'elles s'en prennent à Ceithli, mais ce ne fut pas le cas. Pourtant, il tressaillit légèrement en voyant surgir de nulle part une main qui prétendit lui grattouiller la tête, et s'empressa d'en renifler les doigts avec intérêt afin d'en identifier la propriétaire légitime. L'odeur féline le rassura, et il se laissa faire de bonne grâce en fermant doucement les yeux. Ensuite... et bien ensuite son perchoir se mit à remuer et il du se rattraper de justesse à l'aide de ses griffes afin de ne pas tomber. Il s'en voulu un peu et se dépêcha de lécher les petites traces qu'il avait faite, remarquant au passage que depuis sa position il avait une vue très plongeante sur d'autres marques... faites ailleurs, lors de ce bain de boue improvisé. En fait, il s'en fallu de peu qu'il n'aille les lécher aussi dans son élan à vouloir la soigner, mais sa part humaine lui souffla que ce n'était peut-être pas une si bonne idée... alors il s'abstint et se contenta de regarder le paysage.
La tente, leur sac, et toutes leurs affaires, il n'y songea même pas. Tout ce qui était matériel semblait ne plus avoir la moindre importance. Non. Ce qui comptait, c'était Ceithli et elle seule. Ne pas la perdre de vue, ne pas la lâcher d'une semelle. Et si plus d'une fois l'instinct de l'hermine interceptait des bribes d'invitations à s'aventurer dans la forêt, lui préférait rester là, à se balancer au rythme des pas de la jeune femme. De temps à autre il levait le nez pour mieux regarder son visage, lorsqu'elle soufflait ou qu'elle retenait un gémissement sous la morsure d'un caillou sous ses pieds nus, et pour la réconforter il n'avait rien trouver de mieux que de lui lécher le lobe de l'oreille. Il ne savait pas trop pourquoi, mais ça lui semblait une excellente idée sur le moment. Il passa plusieurs fois d'une épaule à l'autre, agité par sa fièvre qui ne le lâchait pas sous cette forme là non-plus, s'emmêlant les pattes dans la chevelure dorée et appelant sa féline à l'aide lorsqu'il réalisa qu'il ne pourrait pas s'en dépêtrer tout seul. Le nez en l'air à capter toutes les odeurs qui passaient à sa portée, il s'interrompait à peine pour se gratter les puces – étaient-elles comprises dans la fiole – ou grignoter un bout du Rubsang de Ceithli. En fin de compte, il fut presque aussi pénible que s'il avait avalé un de ces fichus bonbons...
Heureusement pour la jeune femme, il finit par se calmer et, avachi comme un minuscule sac de pommes de terre en travers de l'épaule de sa promise, il tomba dans une demie-somnolence. Ses yeux coulaient un peu, preuve qu'il n'allait vraiment pas bien, et la dénommée Ai Vaan sembla s'en rendre compte puisqu'elle proposa l'aide de sa sœur sitôt arrivées au village. L'autre se contenta de grogner qu'elle n'aimait pas ces bestioles et qu'elle préférait les Orios.
Deux bonnes heures et demie de marche plus tard, ils arrivèrent tous trois en vue du village et Archélas rouvrit les yeux. Son instinct d'hermine lui soufflait de suivre l'odeur d'un lièvre qui ne devait pas être bien loin, et son instinct d'homme lui interdisait de bouger. Hors de la protection de Ceithli, il serait une proie trop facile. Et s'il se perdait, il aurait l'air malin de redevenir un homme en territoire ennemi...! Alors il ne bougea pas, se contentant de saluer la jeune femme après son sommeil en allant fourrer son nez au fond de son oreille... Il se nettoya ensuite consciencieusement les poils avant de s'immobiliser et d'observer les environs. Là, c'était l'homme qui prenait le dessus... non sans quelques difficultés, mais c'était toujours mieux que de regarder voler les papillons et en oublier sa mission.
De grandes palissades de bois ceignaient un village bâtit comme un enchevêtrement de beffrois. Le plus haut au centre et les plus bas en périphérie permettait une portée de tir optimale, et ce sans être inquiété par les tirs adverses. Autrement dit, et malgré le côté presque primitif des constructions, le village était quasiment imprenable, à moins d'y emmener balistes et trébuchets, chose qui lui semblait impossible pour plusieurs raisons. D'abord l'Échine de Drakmonniss ne laisserait jamais le passage à de tels engins, à moins de les acheminer par bateau, et là encore, Drakmonniss s'en mêlerait sûrement. Ensuite Livian pouvait tout aussi bien espérer faire monter ses armes de siège sur place, les territoires du sud étant constamment arpentés par un peuple comme l'autre – et ils en avaient fait les frais – il y avait fort à parier que ses troupes n'auraient pas le temps de monter une bricole que toute une faction de barbares leur tomberait déjà dessus. Pour résumer, il en avait déjà assez vu, mais cela, Ceithli ne pouvait pas le savoir... et son cœur se mit à battre à toute allure lorsqu'ils pénétrèrent l'intérieur du village.
Oui, c'était véritablement sommaire. Partout, des guerrières trop peu vêtues les regardèrent passer avec suspicion mais sans réelle animosité. En tous les cas aux yeux d'Archélas, c'était toujours mieux que le traitement auquel ils avaient eu droit à Wingdrakk. Ils longèrent une grande arène qui accueillait plusieurs femmes occupées à se battre, et là encore le soldat nota leur dextérité autant que leur sauvagerie comme autant de raisons de ne pas se frotter à ce peuple guerrier. Le sable soulevé le fit éternuer et il se détourna. Il remarqua un autel encombré de fruits et de statuettes, sans reconnaître l'effigie de l'Infinitude à laquelle il était dédié. Une femme sans la moindre hésitation... mais Archélas ne connaissait des Infinitudes qu'Alrik et Amroth... et aucun des deux n'était une femme... Y-avait-il une Déesse des Gourgandines ? Il fallait croire que oui ! Il se retourna à plusieurs reprises pour mieux observer les lieux, laissant Ceithli libre de faire ce qu'elle voulait, jusqu'à ce que Ai Vaan les entraîne vers l'une des huttes.
« Viens, c'est chez ma sœur. Elle te donnera quelque chose pour ton furet. »
Archélas couina légèrement en allant se cacher dans la chevelure de sa féline. Les odeurs de la hutte le rendait fou. Il y avait là des concurrents s'il s'en référait à son instinct d'hermine, et il y avait aussi des femelles qui n'attendaient que lui... mais lui, il voulait rester avec Ceithli... et en même temps, les phéromones n'arrêtaient pas de le provoquer. Au final, il plongea dans le Rubsang de sa compagne et se réfugia... contre sa poitrine, cachant sa tête où il pouvait comme un animal terrifié. C'était mieux s'il ne voyait, n'entendait et ne sentait plus rien d'autre que sa femelle à lui...