- « En service monsieur Kobalt ?
_ Qu'est-ce que ça peut bien faire ?
_ Ça peut me faire que vous êtes flic et qu'un flic en service, je ne lui sers pas à boire. »[/b]
Viktor fronça les sourcils. D'un seul coup, il se sentait agacé par ce barman trop zélé. Lui avait soif et il n'avait pas trop envie de se taper une limonade juste parce qu'un abruti avait décidé de lui faire la morale ! Il tapa du poing sur le comptoir, faisant tressaillir quelques verres posés là et sursauter deux ou trois clients. Quand on se trouvait face à un homme à la carrure de Viktor, on évitait de le contrarier... Alors à moins que cet employé de bistrot ne soit complètement stupide, il ferait bien mieux de se méfier.
« Nom de Dieu et depuis quand on respecte la loi ici ?!! Me fait pas rire, y'a au moins cinq putes dans ton établissement ! Sers-moi ou je m'en vais te la faire respecter, moi, la loi ! »
Le barman se retourna vers son patron, trop loin pour avoir entendu quoi que ce soit et donc pour venir à son secours. Il hésita un instant et, face à l'insistance du lieutenant de police face à lui, décida qu'il serait plus prudent de battre en retraite. Délaissant les quelques commandes que lui avaient passé d'autres clients, il courut jusqu'à son employeur. Au comptoir, les habitués râlèrent. D'autres jetèrent un regard en biais vers Viktor, écœurés d'avoir un flic pour voisin. Là-bas, près de la machine à Pression, le patron éleva la voix, manifestement furieux, avant de s'avancer vers notre Terrien impatient.
« Excuse-le mon vieux, il est nouveau.
_ Nouveau et con ! Tout l'bar sait que je suis flic à cause de lui. Qu'il traîne pas la nuit tout seul, j'pourrais le confondre avec un truand. Tu sais, une balle perdue... »
Le patron sourit, servant son verre à ce lieutenant pour le moins original. Protéger et servir ? Non, telle n'était pas sa devise. Protéger, à la rigueur. Quant à servir, disons plutôt qu'il se servait plus qu'autre chose. Le gérant du bar servit les autres clients et s'en débarrassa en leur désignant une table, leur faisant comprendre ainsi qu'il aimerait un peu de tranquillité.
« Tu cherches quelque chose ?
_ Des infos sur un cinglé qui se balade avec un rat...
_ Oh, tu es sur cette affaire ? »
Pour toute réponse, Viktor vida son verre et en exigea un deuxième. Oui, il était sur cette fichue affaire et il était bien décidé à mettre la main sur cet assassin...
Krän Guush :
- La veste se froissait à chaque mouvement produit par le corps qui la portait. Un corps muet comme une tombe. Un visage dégagé, pas de mèches folles venant cacher les yeux. De face le jeune homme semblait avoir une chevelure coupée très courte à même le crâne, mais de dos, sur le bas de sa nuque, il fallait avouer qu'une longue et fine queue de cheval venait casser cette aptitude de soldat. Vous savez, les soldats doivent garder une coupe courte, propre... nickelle. Mais il n'était plus soldat et c'était temps mieux, car accumuler les combat pour la justice et les combats qui, bien que visant à créer une forme de justice pour le bien de la nature... c'était des combats contre la loi, celle qui dit à juste titre, "tu ne tueras point".
Il était bien... ce bar. Super bien même. Mais une chose ne manqua pas de le chagriner tout en l'amusant à la fois. Il était d'un esprit très contradictoire, que voulez-vous. Un flic... inutile de savoir écouter les conversations tel un espion pour le savoir, le barman n'était pas très futé, et avait un goût un peu trop prononcé pour le respect de la loi. _ Rien à carrer ! S'il veut boire durant son service le mec, c'est son problème. Après tout, personne ne respecte la justice aussi bien que... oui, en bref personne quoi !_ Ça grattait sous le col, ça voulait monter regarder dehors les buveurs d'alcool, ça voulait peut-être y goûter aussi, vous savez, ces petites bestioles sont très curieuses. Boule de poils blanc sur un corps mince et agité, deux billes rouges luisant sous l'effet de la lumière. Inutile d'en dire plus, c'est bel et bien la petite albinos, rougeur coriace, qui fait l'objet d'une carte d'identité pour le jeune homme. Ha ! Parlez, parler, parler encore et toujours... en oubliant de s'arrêter plus longtemps sur le problème du moment. Le flic ! Ce fichu mec qui foutait les pattes dans ce foutu bar que l'ancien soldat aimait visiter. Il n'était pas un grand buveur, et ne tenait pas l'alcool si c'est ce que vous voulez savoir, mais il aimait ce lieu. Le bar c'était un endroit où les gens disaient respecter la loi tout en la contournant de la manière la plus nulle qu'il puisse exister. Le bar, c'était l'île de la tentation à l'alcoolisme. Rien de bien nouveau. Quoi d'autre encore ? Derrière le rideau de la justice alcoolique se trouvait souvent un commerce peut recommandé, un trafique pas bien rigolo, du business.
Mince... elle était sur l'épaule, idiote ! Quelle se fourre sous la veste et qu'on en parle plus, c'était pas le moment qu'elle montre son pif au grand jour. Fallait pas trop montrer sa carte d'identité pour l'instant. Le jeune homme attrapa du bout des doigts son col et le tira en avant, histoire de laisser de la place entre le tissu et son corps pour qu'elle aille se lover sous la veste. _ La prochaine fois puce, tu pourras sortir _
L'ancien soldat se posa sur une chaise, à vrai dire, il n'était pas très loin du flic, dos à lui. Il était assis correctement, ni comme un sac dégoulinant sur la chaise, ni comme une pédale aux allures d'un noble d'autre fois. Normal, décontracté. Il n'était pas armé tous les jours, et ce jour là non plus. Jute un canif fourré dans sa botte droite, c'est anodin non ? Tout le monde fait ça de nos jours, après tout, c'est pas avec cette vulgaire lame qu'il hottait la vie des scientifique, bien qu'ils puissent mériter la souffrance, c'était pas logique... fallait mieux les faire crever vite fait bien fait. C'est mieux oui.
Il ne buvait pas, pas envie de passer faire sa commande. Oh, et puis pas envie tout court, c'était pas le moment point barre ! Il sortit du papier froissé qui attendait en boule dans sa poche gauche de la veste, fallait qu'il passe le temps en écrivant... peu importe quoi, mais en écrivant. Rien d'important, rien qui pourrait venir dire "c'est toi l'assassin !" juste... des mots qui s'alignaient à la suite formant des phrases sans trop de sens. Oui, un passe temps. Quand on a pas la parole, on s'occupe autrement. Pourvu que ce flic foireux déguerpisse rapidement d'ici.
Viktor Zacharias Kobalt :
- « Et alors, il ressemble à quoi ton meurtrier ? »
Viktor haussa les épaules et replongea les lèvres dans son alcool préféré, un truc imbuvable diront certains, mais rudement efficace pour faire repartir un de ces vieux moteurs antiques Terriens. Sûr que s'ils avaient boosté l'Atlas IV avec cette cochonnerie, il serait repartit en orbite pour quelques milliers d'années sans s'arrêter ! Mais tout cela n'était plus d'actualité. Les moteurs à essence, peu en connaissait encore l'histoire. Pour tout dire, ça faisait office de légende et il n'y avait que les vieux savants fous pour encore s'intéresser à ces méthodes archaïques. Aujourd'hui, on parlait d'énergie Nideylique, générée par les lignes de force traversant Nideyle. Une énergie propre et inépuisable commune à chaque planète. Une invention géniale que l'on devait aux Cortesians... peut-être bien la seule chose qu'ils aient fait de bien ceux-là !
« Pour tout te dire, je m'en cogne du meurtrier. J'ai une autre mission sur les bras. »
Le patron fit une moue curieuse, mélange d'agacement et de subite anxiété. Pour avoir longtemps côtoyé le lieutenant Kobalt, il devinait que cette autre « mission » sentait mauvais.
« Du style ?
_ Du style confidentiel. Le Krän, puisque son nom apparaît dans tous les torchons de la ville, j'ai des questions à lui poser. Tu vois, je cherche plus dangereux que lui. Le genre qui discute pas et se contente de te bouffer.
_ J'ai entendu une rumeur délirante là-dessus. Tu cherches le Loup-Garou ? » demanda le barman avec un sourire ironique.
Oui, il y avait cette rumeur stupide. Un clébard qui s'amusait à déchiqueter les passants. Une rumeur, parce que ni les flics, ni les autorités n'avaient confirmé quoi que ce soit à ce sujet. Une rumeur, parce que les Loup-Garou sortaient des mythes Terriens, à ce que l'on savait. Bref, en gros, ça n'existait pas. Pourtant, lorsque le regard de Viktor s'alluma, le gérant du « 114 » pâlit. Une mission du style confidentiel et un intérêt subit pour une histoire de Loup-Garou, là, vraiment, ça puait à plein nez.
« Un Loup-Garou hein ? Ça m'intéresse, raconte !
_ Des conneries Viktor ! Enfin, tu sais bien que les mecs racontent n'importent quoi passé les 2 grammes d'alcool dans le sang !
_ Bah moi ça m'branche ces conneries. Accouches. »
Il y eut quelques secondes de flottement pendant lesquelles le patron du bar cessa d'astiquer ses verres au profit d'une mine déconfite.
« Demande-leur. » souffla-t-il, entre effarement et colère.
Le lieutenant reposa son verre, vide, et se retourna vers la salle enfumée. Ça et là, les clients jouaient aux cartes en misant de grosses sommes d'argent, d'autres offraient à boire aux fameuses « catins » que Viktor avait remarqué plus tôt et d'autres encore cuvaient leur vin, à demi comateux sur leur table que tentait d'essuyer les jolies serveuses.
« ALORS ! C'EST QUOI CETTE HISTOIRE DE LOUP-GAROU ?!! » tonna la voix du flic en civil.
Krän Guush :
- Loup-Garou.
C'était un bien joli mot. Trop joli pour être dit dans la bouche d'un homme avec une aussi vilaine balâfre. Agnessa fit la moue et fronça son nez. Non, cet homme n'était pas joli du tout.
Elle fut ramenné à la réalité par une petite fille qui lui tira la manche. Agnessa baissa les yeux, juste pour regarder ce qui lui tirait la manche et redressa presque immédiatement la tête. Un enfant, elle avait eut la réponse à sa question et ignora donc cette petite fille, elle n'avait ien qui la liait à elle. Par contre une autre question se posait : Que faisait-elle là ?
Bah qu'importe, si elle était là c'est qu'il y avait une raison. Agnessa s'avança de trois pas avant d'entendre son nom être prononcé. Ce n'était qu'un murmure, elle y était habitué encore des langues de serpent. Agnessa c'était toujours demandé ce qui pouvait bien pousser les gens à parler ainsi sur elle. La jeune Montéris avança encore un peu. Ses yeux n'avait pas quitté la balafre du policier. Bon elle savait pas qu'il était policier. Il était sur cette chaise et avait parler très fort. Trop fort pour la jeune femme. Elle n'aimait pas le bruit, sauf si c'était de la musique, mais lui ne chantait pas. Non, non, au contraire il brayait. Agnessa n'aimait pas ça. Son nez se fronça encore un peu. Elle s'arrêta à mis chemin et observa les alentours.
Des clients, encore et toujours des clients. En tous cas c'est comme ça qu'ils les appelaient. Agnessa les aurait plutôt appelé "passe-temps", c'est vrai car au fond que faisait-ils ici ? À l'image de cet homme assis près du balafré qui écrivait. Pourquoi écrivait-il ? qu'écrivait-il ? Un bruit de chaise grinçant sur le sol lui fit tourner la tête. Ses cheveux roux suivirent le mouvement.
Elle pouvait avoir l'air bizarre à resté ainsi debout au milieux de la pièce ; mais pour quiconque était familier du quartier sud-ouest la connaîtrait : Agnessa la Montéris, une jeune femme d'une vingtaine d'année, à la chevelure incandescente mais emmêlée, au regard gris et bleue, calme comme une mer d'huile. Tout le monde la connaissait, avait-on vu une femme plus laide qu'elle ? Son nez long, ses lèvres déformées, ses orbites profondes... Elle avait mis un pull ample, une grand mère l'avait tricoté pour elle, mais ce n'était pas vraiment se taille, trop large. Une vieille robe débrayé et effilochée couvrait les parties les plus intimes de la jeune femme. Mais pieds nus, on pouvait admirer la mauvaise position de la jeune fille, ses jambes arquées trahissait un déséquilibre... Mentale ou physique qu'importe.
"-Hey la Baguenaude ! Qu'est ce que ce sera pour toi ? Un cerveau ?
- ..."
Tout le monde riait, Agnessa se demandait bien pourquoi... Mais en gentil mouton qu'elle était elle ria aussi, un rire pingre et sec. Elle s'arrêta rapidement de rire et fixa le serveur qui l'avait interpellé en déglutissant.
"-De l'eau.
- Hein ? Tu veux à boire ? T'as de quoi payer ?
-... Non.
- Alors va voir ailleurs !
- J'ai soif.
- C'est pas mes oignons ! T'as pas de sous, tu bois pas ici ! Aller ouste !"
L'argent. encore et toujours. Agnessa resta tout de même sur place. D'habitude il y avait toujours une gentille petite vieille, ou un brave homme, qui prenait en pitié la jeune femme et lui offrait son verre d'eau. C'était tellement étonnant de payer pour boire. Il ne faisait pas froid dehors, mais l'étrange bouclier autour de la ville ne permettait pas à la Montéris de boire l'eau du ciel. Et elle ne sait pourquoi mais on interdisait quiconque de sortir de la ville. Agnessa se retrouvait enfermé à l'intérieur de la citée, sans arbres, sans animaux... Et l'eau croupie des flaques ne l'attirait guère.
Elle remplit ses poumons et soupira du nez, ses narines parurent plus grosses encore qu'à l'origine. Son soupir dura longtemps, personne ne réagissait. Agnessa détestait ça mais il lui faudrait aller de l'avant.
Doucement elle avança encore et s'adressa cette fois-ci au balafré, car de tous ici présent c'était le seule a avoir élevé la voix par le passé pour s'adresser à tous.
"J'ai soif."
Viktor Zacharias Kobalt :
- Viktor considéra la jeune femme qui se présentait à lui. S'il ne la connaissait pas, il l'aurait probablement giflée pour lui parler sur ce ton, comme s'il était son larbin. Pourtant, il n'en fit rien. Agnessa... sacrée Agnessa ! Une catastrophe naturelle à elle seule. Viktor était toujours étonné de constater à quel point un peuple aussi avancé que les Monteris pouvait compter autant de brebis galeuses ! En fait, la distraction naturelle des demoiselles Monteris avait donné lieu à des insultes et, dès lors, on traitait les femmes Terriennes ou Cortesianes un peu idiotes de « Monteris ». Un peu comme, il y a bien longtemps de cela, on pouvait les traiter de « blondes ». Mais revenons-en à la situation présente, voulez-vous bien.
Le « 114 » était bondé ce soir là et rares étaient encore les places assises. Les volutes de cigarette s'élevaient jusqu'aux plafonds, créant d'étranges déplacements fantomatiques dans le rayonnement des spots multicolores. La cigarette ? Oh, une très vieille invention Terrienne, modifiée de manière à produire toujours autant de fumée mais devenue totalement inoffensive pour la santé. On y avait retiré toutes les saletés chimiques qu'elle contenait et, à vrai dire, elle n'avait plus vraiment le même goût qu'avant. Ceci dit, personne n'avait vécu suffisamment longtemps pour savoir quel goût avait bien pu avoir ces petits boudins de papier incandescent. Inodore, elle ne servait plus qu'à donner cette ambiance particulière au « 114 », de fumerolles dansantes.
Dans un coin du bar, une scène était occupée par les groupes de musicien du coin. Ils venaient s'y produire à tour de rôle, distillant leurs styles de musique éclectique sans – curieusement – jamais se faire huer. Comme un bruit de fond, leur art se répandait mollement, adoucissant les mœurs comme le voulait l'expression. Aux tables, de grands gaillards costauds bardés de tatouages ou bien, au contraire, de petits maigrichons qui serraient contre eux une serviette noire comme si elle avait contenu les secrets les plus graveleux de leur existence. Ça et là, les jeunes femmes à moitié dénudées allaient de table en table, se faisaient offrir des boissons, flirtaient et disparaissaient parfois à l'étage avec un client au sourire mièvre. Les putes, comme l'avait si discrètement souligné Viktor.
Et puis au milieu de cette masse sordide, il y avait Agnessa, l'innocente brebis dans la fosse aux loups. Elle avait demandé à boire et le serveur, le même sombre petit crétin de tout à l'heure, l'avait envoyée se faire voir.
« Et depuis quand tu fais payer la flotte ?!! Ça n'a même pas d'goût ! » gronda la voix de Viktor.
Son regard peu amical s'était posé sur l'abrutit de service. Oui. C'est comme ça qu'il allait l'appeler pour le restant de ses jours – au cas où il vivrait assez longtemps pour être encore charrié par notre lieutenant. Lieutenant qui retrouva une expression curieusement douce en se retournant vers Agnessa.
« Tu veux boire quoi la Rouquine ? »
Krän Guush :
- Raté, raté et re raté ! Il n'allait pas partir de suite, merci mademoiselle cheveux de feu. Dommage. Cette femme-là, elle avait du
cul, les gens pouvaient la traiter de tous les noms, mais lui, il la trouvait plutôt pas mal pour une femme étrange. Après tout, l'insolite est roi non ? Elle donnait une couleur à se bar. Sans elle, il ne serrait plus le même. Un bar n'est-il pas une identité formée avec ses habitués ?
Et voilà, le barman, aussi stupide que ses pieds, venait de faire une seconde erreur... pas intelligent comme mec. Le froissement de son papier se refit entendre, devenue une petite boule au creux de sa main, il 'a fit glisser dans sa demeure précédente. La poche. Un serveuse lui décocha un magnifique sourire. Ce n'était pas sa préférée, mais il lui répondit avec autant de grâce que possible. Elle était jolie aujourd'hui. Il se releva, sa longue mèche de cheveux qui recouvrait sa nuque s'excita durant son mouvement. Une phrase le faisait rire. Un mot plis particulièrement, un mythe plus qu'une légende. le Loup garou, drôle d'appellation pour une telle erreur de la nature sortant tout droit d'un labo foireux. Vive ces scientifiques à la noix, z'avaient qu'à pas tester n'importe quoi, qu'ils se démerdent après avoir créé l'œuvre de leur propre destruction comme ce qu'il ne cessent de faire d'ailleurs. De ces laboratoires ne sortent qu'une seule choses, des immondices, des erreurs fatale à notre environnement. Ce que Krän cherchait, ce n'était plus de détruire ces créations comme il aurait dû le faire en tant que Soldat d'autre fois. Non, seulement de s'acharner sur leurs créateurs. Fallait aller directement à la source, éliminer la plus grosse erreur de toutes les erreurs.
Ha, ce qu'elle peut être ennuyeuse quand elle ne sait pas comment se mettre la petite ! Et vas-y que je griffe ta peau pour monter dans la manche, et vas-y que j'te bouffe ton tissu. La poisse ! L'amour n'avait pas de prix. Ce que l'histoire ne vous dit pas, c'est qu'il y avait plus que de l'amour. Une histoire de revanche contre la science. La petite rate blanche, l'albinos carte d'identité de Krän n'avait pas été choisit comme animal de compagnie au hasard. Vous devez savoir que ce sont des cobayes pour les recherches des scientifiques, les albinos plus particulièrement. Krän avait là, un spécimen sortant du premier laboratoire qu'il croisa en tant qu'assassin. Elle était petite, dans un bocal seule, sur une table. En face, elle pouvait voir ses frères et sœurs entassés dans un bloc en plastique. Avait-elle été contaminé par une création du scientifique mort sous la mésalliance de Krän ? Qui sait, elle est en vie et semble en bonne santé, bien qu'elle a un sacré goût en matière de meurtres.
La petite gigotait en tout sens sous les vêtements. Pas grave, sa veste assez large devrait couvrir les mouvements. Finalement, l'envie de boire s'installa en lui, mais la présence de ce balafré l'ennuyait. Il préféra tourner au milieux des tables, souriants aux belles dames. Il pris place sur une table qui, au final, était presque voisine à la première. Mieux valait écouter la discutions du mec derrière. _ Un loup garou, HA ! Et puis quoi encore ?
Agnessa :
- Un froissement.
Agnessa tourna soudainement la tête sur le côté. Elle se demanda un instant ce qui avait fait ce bruit mais la réponse vint bien vite. Quelqu'un avait froissé une boule de papier. Ce même homme qui écrivait l'instant précédent. Un instant la jeune femme pensa à prendre la boule de papier mais non. Cet homme la garda pour lui. Egoïste.
Agnessa esquissa un geste vers la main de l'homme mais trop tard, à peine ce geste eut exister que la boule de papier disparut dans la poche de cette homme. Agnessa le regarda se lever et s'éloigner.
Agnessa oublia la boule de papier grâce au balafré, ce dernier éleva à nouveau la voix pour parler à l'homme qui avait chasser la jeune femme.
Ah ! Mais oui il l'avait chassé ! Agnessa avait oublier de s'en aller...
Elle fit demi-tour et s'éloigna doucement. Son attention fut concentré alors sur une action, en somme tout bête en méchante : une femme disputait un petit garçon. Son fils sans doute, un air de famille dans la couleur des yeux. Agnessa papillonna des yeux et fut à nouveau distraite par un son qu'elle reconnaisait : de la musique.
La jeune femme plana donc, avec sa démarche tordue, jusqu'à l'orchestre. Ou du moins elle essaya. Des homme immenses barraient la route. Agnessa tenta de passer mais non rien. L'attention de ces géant était tout concentrée sur d'autres femmes peu vétues.
Elle se détourna donc de son chemin, le vent aurait beau hurler la montagne ne pliera jamais sous son appel. Elle fit deux pas en avant et se gratta la tête. Bizarrement elle se retrouvait au même endroit qu'elle était partie. Le balafré s'adressa à nouveau à elle. Mais pourquoi donc ? Là connaissait-il ? Agnessa ne se souvenait pas avoir déjà rencontré cet homme quelque part... Mis à part cet instant lorsqu'il avait hurlé. Il lui demandait quelque chose. Agnessa ne comprit pas très bien, trop de bruit en même temps.
Elle se rapprocha donc de lui, lentement, sans se présser. Une fois à coté de lui elle se pencha pour mettre son oreille à coté de sa bouche. Elle était ainsi certaine de l'entendre. Quelques sifflements grivois résonnèrent dans le bar. Après tout une femme qui s'approche d'un homme avec autant de facilité... Ce geste pourrait parfaitement paraître déplacé. Mais Agnessa n'y avait pas pensé. Elle voulait juste entendre ce qu'il disait. Elle resta ainsi jusqu'à ce qu'il répête. Lorsqu'il le fit elle s'avança un peu plus, inversant les rôles de bouche à oreille et lui indiqua la boisson qu'elle préférait :
"De l'eau... Plate."
C'était bon de l'eau. Meilleur de ces boisson brunes ou blondes que les hommes aimaient servir aux femmes qui riaient. Agnessa regarda ensuite cet homme qui lui offrait sa boisson. Elle regardait surtout sa cicatrice, elle n'en avait encore jamais vu d'aussi grande, profonde, ancienne. Elle avait presque envie d'y toucher. Doucement elle leva la main, mais à nouveau son geste eut à peine le temps d'exister qu'une diversion arriva. Agnessa tourna vivement la tête, un bruit de verre cassé avait retentit et un début de bagarre. Le bruit du verre posé sur le bar devant elle la ramenna sur sa situation. Elle chercha une chaise libre, il y en avait justement une à coté d'elle. Agnessa la prit donc. Elle ne fit pas le lien avec un pauvre homme qui, aguicher par les courbes généreuses d'une prostituée, s'était levé pour mieux regarder, voir toucher ; et qui avait voulut se rassoir, mais étrangement sa chaise avait disparut et il se retrouva par terre dans un rire général.
Agnessa, ignora tout cela, elle s'occupa simplement de boire son verre d'eau. Le tenant par la tranche, elle détestait mettre des traces de doigts sur le verre. L'eau fraîche revivifia sa gorge sèche et un sourire de contentement apparut sur le visage de Agnessa, accompagné d'un soupir de soulagement. Elle but encore quelque s gorgée puis posa le verre devant elle, et baissa la tête à son niveau et observa les caustiques créer par les lumières du bar.
"C'est joli les loups !"
Viktor Zacharias Kobalt :
- « Va pour de l'eau plate, et t'avise pas d'remplir le verre à moitié. »
Comme s'il était le patron ici, Viktor ordonnait, crachant ses ordres sur cet espèce de sale petit con de barman prétentieux. D'où sortait-il celui là, pour refuser de servir les clients ? Un instant, le jeune lieutenant sembla pensif, puis il se tourna vers le patron, l'air ironique.
« Il serait pas envoyé par un concurrent ton nouveau, là ? Parce qu'il voudrait mettre ton bazar en faillite qu'il ne s'y prendrait pas autrement. Enfin j'dis ça, j'dis rien, mais refuser de servir les clients aussi systématiquement, c'est un peu bizarre pour un serveur... »
Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres. Ouai, il était spécial ce nouveau serveur. Peut-être même qu'il avait dévoilé l'identité du flic exprès, histoire de faire fuir les habitués qu'il n'avait pas eu le choix de servir... Bof. Peu lui importait. Après tout, ce n'étaient pas ses oignons. Non. Ce qui l'intéressait, lui, c'était cette fichue bestiole qui traînait dans les rues en ce moment même. Et lorsque le verre d'eau arriva, il s'en saisit avec agacement avant de se retourner et de le tendre à Agnessa. Le mouvement qu'il effectua fit tinter les glaçons contre le verre.
« Pas celui-là Rouquine, pas celui-là. » assura t-il d'une voix douce.
Bizarre non ? Viktor n'était pas du genre patient et pourtant, rien de ce que faisait Agnessa ne semblait jamais l'agacer. Elle était gentille Agnessa. Pas chiante comme sa fille.
Son regard passa de la petite rousse au reste de la salle. Les clients avaient interrompu leur conversation quelques secondes, interloqués par la question du grand balèze. Bon sang, on ne parlait pas de ces choses là. C'était presque tabou et les gens avaient peur, comme si parler du mal le faisait ressurgir toujours plus fort et plus cruel. Le « loup-garou », on en avait peur et on ne savait plus très bien s'il s'agissait d'une légende urbaine ou de la vérité. Tous disaient avoir connu l'ami d'un ami qui... Mais combien disaient la vérité ?
« Des conneries ! » répondit une grosse voix à l'autre bout de la salle enfumée.
Une rumeur d'approbation s'éleva autour de lui. D'autres clients, le regard morne, préféraient adhérer à cette réponse et ainsi mieux dormir la nuit. D'autres, les yeux fuyants, ne croyaient pas du tout que ce fut des « conneries ». Et puis il y avait cet homme, de dos, une fine queue de cheval bondissant par dessus son haut col.
Viktor pencha la tête, puis le buste, tentant de discerner plus distinctement l'individu qui lui tournait le dos. Et si...?
« Prends ma chaise Rouquine, assieds-toi. » proposa t-il en se levant d'un bond.
À l'entendre, on ne savait pas dire s'il s'agissait d'un acte généreux ou d'un ordre, juste histoire qu'elle lui garde sa place le temps qu'il revienne par là. Toujours était-il que, sans attendre la réponse d'Agnessa ni même une quelconque réaction, il se dirigea vers l'homme, l'abordant de côté. Sa tête... sa queue de cheval peut-être... ça lui rappelait vaguement quelque chose...
« Tiens donc, j'ai pas déjà vu ta gueule sur un casier judiciaire à toi ? »
Aborder un tueur aussi sereinement, c'était là tout Viktor. Restait à savoir s'il était serein ou juste inconscient...
Krän Guush :
- Voilà que les gens s'excitaient. Pas courageux hein ?! Des ivrognes et des mal aimés, des emmerdeuses et des enfoirés. Bon, sa vision des autres n'était pas très joviales, alors par respect, les descriptions s'arrêtent là. Son oreille le grattait, mais il était trop pris dans la conversation derrière... tiens d'ailleurs, il y avait du mouvement, l'autre flic à la grosse voix et aux phrases moyennement correctes semblait s'approcher de lui. Tout juste, bien calculé, merde, fallait s'y attendre, la dégaine qu'il avait ne pouvait qu'attirer le regard. Mais au fond, n'est-ce pas ce qu'il attendait ? L'homme en question, avait là une belle carrure de combattant, à côté de lui, Krän était tout sketch ! Mais d'après-lui, on s'en fiche de la taille.
Première parole, une question. Logique. Sa gueule dans un casier judiciaire ? Hé comment ?! Bien sûr que oui, il était devenu adepte des photos et des écris dans ces paperasses. Une habitude comme une autre, quoi qu'un peu moins engageante. Après avoir été un bon petit soldat, il avait changé de chemin... radicalement. Il répondit à cette question après un petit temps d'attente, sans mouvement ni provocation. Un fin sourire presque pas pronnoncé, rien d'alarmant. Mais de sa gorge, aucune voix ne sortie, ses lèvres restèrent placides, douces et immobiles comme un bloc de marbre. Rien. Un véritable tête à tête à vrai dire. Ses paroles allaient tout droit se bousculer dans le crâne de cet enfoiré de flic.
"Que puis-je pour-vous ? Vous puez l'alcool à plain nez inspecteur !"
Sa voix était celle d'un jeune homme, une voix qui déraillait comme s'il avait passé sa vie à crier. Voix cassée. Une voix qui griffait l'espace, pas trop aigüe, pas trop grave, une tonalité disons, monotone. Il répondit évidemment par une autre question en y ajoutant une petite remarque qui ne devrait pas passer dans la tête d'un sourd. Arrogance ? Pas forcément non. Une manière de faire, de rappeler les erreurs des autres avant de parler des siennes. Mais rassurez-vous, les erreurs de cet ancien soldat, d'après-lui n'étaient en rien des fautes mais des actes obligatoires bien qu'horribles. Fallait bien qu'une personne mette un terme à toutes les immondices faites par ces scientifiques à la noix !
La nature était parfois bien étrange, la petite aux yeux rouges venait de se décider enfin à piquer un somme, il était temps ! Elle l'aurait légèrement dérangé dans le cas contraire. Mais ça devait être une confiance entre les deux êtres, une manière d'être, un geste où un mot envoyé par Krän à la petite pour qu'elle se calme dans les moments où il était préférable pour eux deux de ne pas trop se montrer. Quelle amie ! La seule, la vraie. Krän ne se retourna pas, si le flic voulait un meilleurs tête à tête, c'était à lui de se poser en face, à moins que sa méthode d'approche était faite ainsi, aborder les gens par leur profil... chacun son truc !
Krän se massa la nuque, elle lui faisait un mal de chien ces derniers temps, peut-être pas assez de sommeil. Faut dire, il était assez occupé, trop pour penser à se foutre au pieux ! Il avait gardé ses gants noirs qu'il avait enfilé après s'être occupé de ses papiers passe temps de tout à l'heure. Une bague sur la main droite, et inutile de préciser qu'elle se situait sur son doigt d'honneur, restait ainsi, bien cachée. Un simple anneau argenté à vrai dire.
Agnessa :
- Encore une petite gorgée.
L’homme à la balafre lui disait des choses, au monsieur derrière le bout de bois. Agnessa le voyait toujours derrière le bout de bois. C’était peut-être sa place. Ou peut-être c’était une race hybride, entre homme et végétal. Oui, il était directement relié au bout de bois, c’est pour ça qu’il ne bougeait pas. Agnessa le regardait à travers le caustique de son verre et releva la tête pour le regarder directement. C’était effrayant en un sens : une fille plutôt moche qui vous fixe avec ses grands yeux gris.Le patron du bar lui sourit puis l’ignora. Agnessa continua à l’observer jusqu’à ce que l’homme balafré lui dise de prendre sa chaise. La jeune femme regarda cette chaise, maintenant vide et la prit dans ses bras. La posant à l’horizontale sur ses genoux, comme elle était déjà assise, elle ignora la seconde partie de la réponse. Comment ça c’est débile ? pas du tout elle a bien pris la chaise, elle avait fait ce qu’on lui avait dit de faire. Des rires goguenards retentirent dans ses voisins directs. Car à part eux qui avaient entendu le soldat parler personne ne pouvaient réellement comprendre pourquoi cette fille avait pris la chaise ainsi.
Elle se pencha en avant et tendit le coup. Il était bien gentil le balafré, mais tenir une chaise n’était pas pratique dans la position où elle était. Elle tendit aussi les pieds, pour éviter ainsi que la chaise ne glisse vers l’avant. Sauf que la chaise glissa sur le côté. Agnessa était une fille incapable de faire deux chose à la fois. Aussi lorsqu’elle se rendit compte que la chaise tombait c’était bien trop tard pour la rattraper, les voisins avaient serré les dents pour souffrir un moindre du bruit qui allait suivre. Mais l’autre problème c’est que Agnessa s’en était rendu compte. Vous savez ce que l’on dit : c’est l’intention qui compte.
La jeune femme lâcha le verre pour rattraper la chaise mais trop tard, la chaise était hors de portée et le verre s’écrasa par terre.
« Ah bah bravo la débile ! J’espère que tu vas payer pour ça ! T’as de la chance que la chaise soit pas pétée !»
Le serveur avait ainsi pesté, le patron le calma rapidement, après tout c’était qu’un verre à eau.Et puis il y avait tellement eut de chaise brisée ici qu’il y avait bien une réserve. Les bagarres étaient choses commune ici.
Mais Agnessa s’en foutait, elle ne se souvenait plus de ce qui s’était passé. Mais le bruit du verre… Oui elle l’avait déjà entendu quelque part.
Le balafré trouvait qu’un loup en particulier n’était pas joli. Agnessa voulait bien le croire. Tout en relevant le verre Agnessa commença à monologuer, cela lui arrivait souvent, pourquoi changé les vieilles habitudes ?
« Il faisait noir… Mais il était moche. Tout plein de sang, il ne prenait même pas la peine de se laver. Pourtant l’eau c’est tellement bon... » Une nouvelle gorgée d’eau et un soupir. « Oui l’eau c’est vraiment bien. Et puis il est pas allergique vu que yen a plein qui coulait de sa bouche…
- Hé, la rousse, tu racontes quoi ?
- Et puis il paraît logique que plus on boit d’eau plus notre corps en est plein. Alors quand il a mangé la petite fille il devait manger de l’eau. Autant qu’il aille se baigner tout de suite…
- Hey la débile débloque !
- Mais ce que je ne comprends pas c’est pourquoi il pleurait. Il est peut-être triste et seul. Oui ça doit être ça. La petite fille portait un verre, lorsqu’il est tombé, il a fait le même bruit. »
Sur ce Agnessa tenta d’imiter le bruit du verre. Personne ne comprenait vraiment ce qu’elle voulait dire par là… Mais ce n’était guère important.