Ordalie rongeait les os du lièvre, encore brûlant entre ses doigts, quand Mektild revint... bien vite suivie par un cortège d'hommes armés. De quoi couper l'appétit à un chien affâmé, mais pas à une winghox qui n'a rien avalé hormis du poisson et des jués depuis des jours.
Il déglutit le morceau fumé qu'il avait dans la bouche. Ses yeux allèrent de Mektild au gradé sans trouver une suite cohérente et réaliste : Elle le provoque ?
Il se releva lentement, abandonnant, au passage, dans le fourré ce que contenait ses poches. Il n'avait pas foncièrement envie qu'on lui soustrait ses maigres biens, au mieux il les récupèrera dans quelques jours, au pire il fera la joie d'un péquin chanceux.
-Vol. Evasion. Meurtre sauvage et violences volontaires, croyez-moi, votre vie est presque terminée...Il ne finit pas sa phrase. Une guéparde et son compagnon aux yeux noirs s'ajoutèrent à la prise des soldats.
Que tous ces humains s'estiment heureux que leurs proies ne se débattent pas... Mektild fait des ravages quand elle veut.
Pour le moment, elle finissait de manger... Ce qui acheva d'exaspérer un morphe aux cheveux rouges qui aurait bien aimé ne pas voler ces pièces il y a quelques jours, ne pas rencontrer Mektild non plus, ne pas prendre le train aussi. En fait, il n'aurait pas dû aller à Balaïne, il aurait mieux fait de commencer tout de suite par une traversée du désert, il voulait voir ce qu'il y avait de beau là bas, et ça n'aurait pas pu être pire de mourir sous le soleil que dans une cellule.
On le fit marcher derrière les chevaux au petit trot, bien ficelés et entourés de soldats aux visages sévères. Lui aussi aurait ce visage si on le forçait à porter une tenue pareille... Bousculés, ils furent jetés dans une nouvelle cage, tout juste plus spacieuse que la cave à jués, et à peine moins boueuse. Odeur de mort, d'humidité et de pisse en supplément. Il renifla et grimaça, clôturant son odorat par la même occasion.
La porte grinça et claqua dans leur dos, une lourde clef scellant l'unique serrure sous le regard pervers d'un geôlier regardant au travers de la petite ouverture fermée de barreaux.
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De retour en cage... Un regard pour les deux autres, il sourit à peine.
Ordalie, pointa-t-il du doigt sur lui et se détourna pour présenter sa compagne d'infortune,
Mektild.Il aurait pu dire : meurtrier n°1 et meurtrière n°2 que ç'aurait eu le même effet... Le dos contre un mur de pierre moite, il se laissa glisser sur le sol.
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Une bonne idée peut-être ? Lançait-il sans remarquer le pas régulier qui s'approchait de leur cellule.
De nouveau la serrure cliqueta et la porte grinça, s'entrebâilla et finit par s'ouvrir en grand. Un soldat voulu entrer le premier, mais ce fut un autre homme qui passa l'encadrement. Hautain et fier, bien habillé et l'air encore plus sévère que les soldats... Il dévisagea les guépards avant de s'attarder sur les deux autres, les criminels recherchés pour des actes bien plus graves qu'une barrière cassée et des champs mis à sac.
Ordalie ne put s'empêcher de penser à un "grand méchant loup" quand les orbes noires croisèrent le regard du seigneur de la région...
Un soldat vint pointer son anicroche sous son menton et lui ordonna de se lever. Le cabot ne se fit pas prier. Il se relever pour faire face au peut-être "seigneur Manôlis".
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Nous vous laissons le choix. Vous pouvez attendre votre jugement et la potence, ou bien, vous pouvez réparer en usant de vos capacités si spécial, crachait-il presque en les regardant tous les quatre,
pour satisfaire un public très exigent. La voilà la bonne idée... La chance n'est décidément pas de leur côté.