Prière d'un Musicien

Au nord, entre Ephtéria et Balaïne, Aspasie est déposée en bordure de fleuve. Plaque tournante du commerce, c'est également une ville très prisée pour sa beauté sereine et ses plages paisibles.

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Prière d'un Musicien

Messagepar Maître du Jeu » 29 Mar 2009, 23:27

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Précédemment : L'auberge du Moulin à Paroles.
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Leif Ylwa :
    Lorsque Leif quitta l’auberge du Moulin à paroles, il souriait, et ce malgré la crise de son ânesse Luune. Cette dernière avait d’abord essayé de s’échapper de sa stalle, puis enlevé trois fois de suite son tapis de selle pour empêcher son cavalier de l’harnacher et avait fini par partir au grand galop au moment où Leif s’était hissé sur son dos.
    Il avait évité de justesse une chute sur la route pavée et se félicitait pour l’instant de son habilité en cheminant vers l’Abbaye de St-Illidàn. Le saltimbanque comptait y faire brûler un cierge pour remercier Alrik de la bonne fortune qui l’avait guidé jusqu’à la petite auberge où la soirée lui avait rapporté suffisamment d’argent pour se rendre à Guttenvald. Leif n’aimait pas trop le froid et il voulait passer l’hiver dans le Sud, espérant aussi revoir cet ancien soldat qui lui avait parlé d’une forêt maudite. La même qui, la veille, lui avait offert l’attention des clients de l’auberge : un auditoire passionné est le rêve que tout les saltimbanques partagent.

    Leif parvint finalement devant l’abbaye, un immense bâtiment de pierres sombres hérissées de flèches. La présence d’Alrik était presque palpable et le ménestrel hésita à entrer, il n’était pas très pratiquant et le courroux divin était connu pour s’abattre sur les mauvais croyants. Le jeune homme attacha sa monture sous un abri prévu à cet effet et passa la porte toujours ouverte.

    L’obscurité soudaine des lieux le surpris, il parvint tout de même à tâtons jusqu’à un autel dans une alcôve où se consumaient plusieurs grosses bougies parfumées. Leif déposa deux piécettes dans une boîte, prit un cierge dans la réserve, l’alluma sur une flammèche et le posa sur l’autel avant de s’agenouiller pour prier.

    Le ménestrel allait partir quand il aperçut une grande silhouette sombre appuyée contre une colonne dont l’ombre lui cachait le visage.

Alrik :
    Un sourire s'était dessiné sur le visage du jeune homme aux cheveux cuivrés. Il trouvait particulièrement hypocrite cette habitude qu'avaient les hommes à se « payer » sa bénédiction. En réalité, tous semblaient croire que parce qu'ils lui vouaient une foi aveugle, parce qu'ils passaient leurs journées à prier avec conviction, ils méritaient plus qu'un autre l'affection de leur Infinitude. Que nenni !

    Alrik n'intervenait que lorsque cela l'amusait ou représentait une promesse d'amusement. Tenez, prenez la jeune Ciara par exemple. Des années enfermées au très célèbre « dispensaire des Âmes égarées » et à y apprendre la soumission et le silence. Qu'en avait-elle retenu du culte d'Alrik ? De la colère, du mépris pour cette foi imposée. La jeune fille était devenue le contraire de ce qui avait été prévu au départ et son âme s'était plus égarée au contact des prêtres tyranniques que si elle avait été livrée à elle-même.

    Pourtant, c'est à elle qu'Alrik avait choisit de s'intéresser. Ce jour là, l'amusement avait été savoureux. Les prêtres les plus dévoués à sa cause avaient pâli de jalousie de voir leur Infinitude se pencher sur le cas de la moins pieuse d'entre eux...

    Un petit gloussement lui échappa, tandis que ses regards luisants fixaient la flamme allumée par Leif. Doucement, il quitta la colonne contre laquelle il s'était appuyé et se dirigea à pas déterminés droit sur le jeune Saltimbanque, sans faire mine de ralentir son allure. Puis, lorsqu'il arriva à quelques pas à peine de Leif, son corps sembla aspiré par les rais de lumière dardant des vitraux. La poussière en suspension brilla et il disparu tout à fait, s'évaporant silencieusement dans l'atmosphère tamisée de l'Abbaye.

    Les cloches sonnèrent neuf heures.

Précédemment : Un chaperon inopportun.
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Archélas Ages :
    ... et leur écho résonna quelque temps dans la Nef avant de laisser place au silence.

    Archélas venait d'entrer et ses pas sur le marbre clair provoquèrent un faible chuchotement. Il était toujours pieds-nus et en civil, la chemise de flanelle blanche prêtée la veille se découpant dans l'obscurité de l'Abbaye. À peine jeta-t-il un coup d'œil à Leif, plus intéressé par les cierges qu'autre chose. Les siens brûlaient toujours paresseusement, courtes flammes sur un petit morceau de cire bien consumé. Mais cela lui suffisait et il sourit, satisfait que ces espoirs ne se soient pas éteint durant la nuit.

    Un peu plus loin, les prêtres réapparaissaient, sortant de derrière les alcôves comme des sorciers obscurs et mystérieux. Ils avaient tant à faire, pressés par un emploi du temps minuté. Parfois, le jeune capitaine avait bien du mal à comprendre ce que pouvaient bien faire tout ces hommes de leurs journées. Enfin, bon... à part prier ? Il était vrai que la bâtisse nécessitait de l'entretien et peut-être aussi s'adonnaient-ils à des occupations qu'il ignorait. Après tout, lui était soldat et n'y connaissait pas grand chose en prêtrise et toutes ces choses là. Comme on disait : « chacun son métier ».

    Il passa distraitement une main dans ses cheveux et les secoua, sa manière à lui de les coiffer. Puis il s'avança vers les bancs, passant devant Leif sans un regard et fit un signe à une jeune nonne occupée à remplacer les fleurs de l'autel. Elle lui sourit et tous deux se retirèrent dans une pièce à l'écart de la grande salle dont elle ressortit presque aussitôt avant de se remettre à la tâche. Quelques minutes plus tard, Archélas ressortait en tenue de soldat. Ses vêtements étaient propres et secs. Sa Rapière avait retrouvé sa place à sa ceinture, ses poignets de force et surtout, sa veille cape élimée qui dissimulait son identité lorsqu'il la portait.

    Un moment, il se demanda si la jeune femme trouvée mourante dans le Phoenix Royal était toujours en vie, étonné de ne pas l'entendre hurler comme elle l'avait fait la veille. De nouveau, il avait fait un signe et un prêtre avait disparu dans la salle attenante, sans doute dans le but d'aller s'enquérir de l'état de santé de Selena. En attendant son retour, le jeune capitaine alla s'asseoir sur l'un des bancs, vides à cette heure.

Leif Ylwa :
    Alors que le son des cloches s’était éteint depuis de longues minutes déjà et le jeune Leif se trouvait toujours paralysé devant l’autel, le souffle court et n’osant croire à ce qu’il venait de voir. Une petite vieille aigrie le poussa en marmottant contre l’irrespect des jeunes, le sortant ainsi de sa stupeur. Le saltimbanque refusait de croire à un simple trouble de son esprit, un tel mirage ne pouvait être que l’œuvre divine du grand Alrik. D’autant plus qu’il se trouvait dans l’une des principales abbayes du pays. Leif eut alors l’idée de retenter l’expérience, il acheta une nouvelle bougie et se remit à prier au grand agacement de la vieillarde. Lorsqu’il se redressa, l’espoir du jeune homme disparut aussi vite qu’un voleur devant une escouade de garde. Rien, il n’y avait absolument rien.

    Hébété, Leif quitta l’alcôve et se dirigea vers les bancs de la nef centrale. Lui qui ne priait que rarement il se promit d’accomplir plus souvent ce rituel simple ! Restait à savoir pourquoi un tel événement lui était arrivé à lui et pas à ce jeune prêtre ou à ce soldat assis non loin. Le saltimbanque s’assit également sur un banc pour faire le point sur cette improbable apparition. Il n’en eut pas le temps.

    Surgissant soudain dans un véritable tintamarre de braiment et de claquement de sabots, Luune fit son apparition. Sa robe dorée nimbée par la lumière extérieur, l’ânesse semblait tout droit sortir d’un conte et Leif crut à une nouvelle manifestation divine. Il se ravisa aussitôt en voyant son paquetage traîné à demi dans la poussière par sa monture et la grande jument noire toute harnachée qui la suivait. Alors qu’un groupe de nonnes poussait des cris outrés, Leif se précipita vers sa monture affolée. Il lui saisit la bride et commença à lui parlait pour la calmer tout en se rapprochant de la jument déjà apaisée qu’il attrapa également. Le ménestrel était plus dubitatif que honteux du comportement de l’ânesse, Luune était irascible, mais pas anxieuse et il lui fallait beaucoup pour l’effrayer. Leif remarqua alors que les lanières retenant ses instruments de musiques sur le dos de sa compagne avait cassées. Elles étaient pourtant presque neuves.

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Re: Prière d'un Musicien

Messagepar Archélas Ages » 13 Avr 2009, 10:59

Alerté par le bruit des sabots frappant le sol et par leur écho assourdissant, Archélas se releva d'un bond, ignorant de manière fort peu courtoise le prêtre revenu lui donner des nouvelles de la jeune femme. Les nonnes agenouillées plus loin avaient levé un visage effaré par ce vacarme, persuadées qu'une horde de soldats sanguinaires s'étaient rués bride abattue à l'intérieur de l'Abbaye. Ça s'était déjà vu, paraissait-il, dans d'autres villes et villages, tout du moins était-ce ce que racontaient les rares citoyens à oser se confesser ici. Cependant, à la vue d'une mule et d'une jument sans cavalier déboulant dans leur havre de paix, rattrapés de justesse par un Saltimbanque – d'après sa tenue vestimentaire – la crainte se transforma en colère. Comment osait-il profaner ainsi un lieu de culte réservé à leur tout puissant Alrik ? Le prêtre, près d'Archélas, resta bouche bée de stupeur. Décidément, il se passait de drôles de choses dans son Abbaye aujourd'hui...

Le jeune capitaine s'approcha des deux équidés que Leif avait réussi à apaiser avec une douceur peu commune. Rares étaient les personnes à qui Nemesis accordait sa confiance et cet homme là semblait en faire partie. Il est des personnes, comme ça, qui dégagent une aura si particulière qu'ils se transforment alors en véritable appât à animaux. Ou bien étaient-ce les bêtes qui captaient ce petit quelque chose de spécial invisible aux yeux aveugles des hommes...?

« Merci... » dit Archélas avec calme en arrivant aux côtés de Leif.

Il attrapa sa jument par la bride et la caressa, l'interrogeant du regard sur ce qui avait bien pu se produire, comme si cette dernière avait pu lui répondre. Il resta un instant soucieux, jetant quelques œillades sur Luune et son harnachement abîmé. Manifestement, la petite aux oreilles touchant le ciel appartenait au Saltimbanque. Pourquoi ? Et bien... parce qu'ils étaient plutôt bien assortis, tous les deux...

« J'aimerai bien comprendre pourquoi mon cheval est harnaché... et ce qu'il fait en dehors de ses écuries. » tonna la voix d'Archélas.

Il se retourna vers les hommes de foi restés là, tout à fait cois face à cette situation pour le moins inattendue. Quelques uns secouèrent la tête, signifiant qu'ils n'en savaient rien et qu'ils en étaient désolés, ce qui agaça le jeune capitaine. Partout où il se rendait, on avait peur de lui... ou plus précisément, on avait peur de ce qu'il représentait : les soldats royaux, injustes, impitoyables, connus surtout pour leur violence.

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Re: Prière d'un Musicien

Messagepar Leif Ylwa » 16 Avr 2009, 16:37

Evidemment il fallait que la grande jument noire appartienne à un soldat, il est vrai étonnamment calme pour l’heure mais Leif préféra tout de même s’éloigner de quelque pas de crainte que dans un accès de fureur le guerrier ne découpe tout le monde.

En parlant de découper, le saltimbanque songea qu’il était tout à fait possible qu’un voleur particulièrement fourbe ait voulue faire mains mises sur les biens d’honnêtes croyants ce qui aurait expliqué que les sangles de Luune aient étaient sectionnées. La jument noire avait du attirer l’attention du fourbe et à voir la tête délicate et le poitrail large de cette dernière ce n’était guère étonnant.

Son maître était tout aussi intriguant. Ce type dégageait une aura de puissance hypnotique, quiconque se trouvait en sa présence ce sentait comme un insecte attiré par une flamme. Étonnant personnage songea Leif, s’il se débrouillait bien il pouvait réussir à en apprendre plus sur lui et par conséquent trouver un peu d’inspiration pour une chanson épique. Le must pour un musicien.
Le soldat semblait d’une humeur massacrante, tant pis Leif prenait le risque. Il allait usait de tout ses talent d’orateur pour s’exprimer avec discrétion mais persuasion. Un truc de son oncle. Avec un peu de chance le soldat marcherait :

« Met avis qu’un voleur espérait gagner son pain par le vol de votre monture et celui de mes fontes. Peut être s’est il rattrapaient sur d’autre malheureux, auquel cas… »

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Re: Prière d'un Musicien

Messagepar Archélas Ages » 08 Mai 2009, 22:09

Désolée pour l'attente :008:
P.S. n'oublie pas, dans le profil de Leif, de renseigner son âge et d'indiquer s'il possède un Pelel'je (je viens de voir que c'était sur "oui").

*********


Le regard d'Archélas se reporta machinalement sur Leif lorsqu'il remarqua son mouvement. De justesse, il se retint de pousser un soupir las et se contenta d'une mou agacée. Ce que cela pouvait être pénible cette manie de craindre les soldats comme la peste. Bien entendu, le jeune capitaine concevait à quel point ce comportement pouvait se révéler d'une sagesse salvatrice compte tenu de la cruauté des hommes de cette fichue armée. Il serra les poings, prêt à expliquer un peu sa manière de penser à ce Saltimbanque, lorsque l'un des prêtres lui coupa la parole. Il expliqua, dans un murmure étouffé de stupéfaction, que la jeune femme amenée la veille dans un état proche de la mort allait bien. Plus que bien même, puisque ses blessures étaient entièrement cicatrisées, mieux encore que si l'un des médecins d'Ephtéria s'y était penché. « Un miracle de notre tout puissant Alrik... » avait-il conclu dans un souffle. Et il ajouta qu'elle était sortie le matin même, quelques minutes à peine avant qu'il ne revienne. Archélas se contenta d'un hochement de tête satisfait, observant le prêtre se signer avant de repartir vers l'autel. Il y avait fort à parier que les offrandes seraient plus conséquentes ce matin...

De nouveau, il se tourna vers les montures, si l'on pouvait qualifier Luune de monture. Leif semblait observer les détails des sangles sectionnées, d'un air dubitatif. À quoi pensait-il ? Archélas ne tarda pas à le savoir, Leif décidant enfin de s'exprimer. Bien. En voilà un qui maîtrisait sa crainte des soldats. Il suivit le regard du Saltimbanque et se retint de rire. Voler sa monture pour en tirer de l'argent, pourquoi pas... en revanche pour l'ânesse, cela paraissait illusoire. Honnêtement, qui voudrait d'un âne pour monture ? Les fontes ? Oui, c'était bien plus plausible. Devait-il se mettre en quête du voleur comme un bon soldat ? Peut-être. En fait, il n'en avait pas tellement envie.

Il jeta un coup d'œil à Nemesis qui s'agitait, comme si elle prenait tout à coup conscience de l'endroit où elle se trouvait.

« Sortons. » trancha Archélas sans douceur.

Et il se mit en route, entraînant derrière lui sa monture, soudain paniquée par ce lieu qui renvoyait les sons d'une manière bien trop inquiétante à ses oreilles de proie aux aguets. Derrière eux, les fidèles poussèrent quelques grognements timides – c'est qu'il ne faut pas non plus faire étalage de son mécontentement devant un soldat – et quelques femmes arrivèrent à pas rapide afin de repasser un coup de propre derrière les galettes de boue laissées par les sabots des deux équidés. Dehors, le temps était exécrable et c'est à peine si l'on voyait plus loin que son bras tendu tant la brume s'était épaissie.

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Re: Prière d'un Musicien

Messagepar Leif Ylwa » 03 Juil 2009, 14:37

Le soldat semblait être d’une humeur massacrante, il serait le poing et jetait des coups d’œil mauvais autour de lui. L’arrivée salutaire d’un prête parvint à distraire l’homme qui, oubliant l’agaçant petit saltimbanque, préféra quitter les lieux.

Leif entendit quelques minutes qu’il soit parti sous les regards accusateurs des croyants, avant de guider Luune jusqu’à l’extérieur. Ou plutôt de se faire traîner pas l’ânesse semblant particulièrement pressée. Les deux amis se retrouvèrent donc sur le parvis de la chapelle où une brume épaisse s’était levée, couvrant les lieux d’un manteau impénétrable et oppressant. Le jeune homme aux doigts fin fit plusieurs noeuds aux sangles abîmées de ses fontes, monta en selle et s’en fut à petit trot non s’en avoir essuyé une nouvelle ruade de sa monture.

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