« Je vous envie un peu en fait. J'aimerai bien avoir un pelel'je plus courageux que moi parfois. Quand j'ai le vertige par exemple. Ça m'éviterait de m'évanouir, ce genre de choses... c'est humiliant parfois. Surtout en présence d'une jolie fille ! Rit-il tout à coup. Ce n'est pas facile de séduire dans ces conditions ! »
Ce qu'il n'avait pas compris, c'était que les pelel'je n'empêchaient pas du tout les pertes de connaissances mais en profitaient pour se manifester. Bien sûr ce n'était pas le cas de tous les pelel'je et certains préféraient observer sans jamais intervenir. Et puis l'infesté n'avait aucune garantie de se retrouver avec un pelel'je conciliant... Autrement dit, la situation était bien moins idyllique que ce que l'orphe plantigrade imaginait. Mais quand on était naïf... Dans un sens, ces deux là s'étaient plutôt bien trouvés ! En attendant la conversation bifurquait sur le nouveau métier de Naja, sur les animaux, sur ce qu'il aurait à faire et sur le fait que Belladona aurait bien aimé posséder un animal de compagnie. Le tout fraîchement commerçant eut aussitôt un grand sourire enthousiaste.
« Oh mais il suffit de choisir un animal qui ne mange pas de plantes ! Un carnivore par exemple ! Ou un oiseau ! Et même un herbivore saura reconnaître d'instinct que tu es une plante toxique, et je ne pense pas qu'il essaiera de te grignoter. » Pouffa-t-il en descendant les marches de l'animalerie.
Il regarda les Ores que Sayah venait de lui donner à lui et à Belladona. Il avait tout juste de quoi rembourser la table qu'il avait brisé... même si ce n'était pas du tout de sa faute mais plutôt de celle des Infinitudes. Puis comme Belladona le prévenait qu'elle dormirait sitôt la nuit tombée, Naja la dévisagea une courte seconde sans comprendre avant de se souvenir qu'il s'agissait d'une plante. Et oui...
« D'accord, on va aller à l'auberge alors, je vais payer la table et puis on va dormir. Je te porte si tu veux ! »
Et hop ! Sans laisser à la picaris le temps de lui répondre, il la souleva comme une plume et la porta ainsi jusqu'à l'auberge comme une mariée ! Il arriva devant l'établissement en riant de son ânerie et la déposa gentiment sur le seuil.
« Tu es vraiment toute légère, c'est drôle ! Tu ne t’envoles jamais avec le vent ?
_ Encore vous ?! Le fit sursauter une voix à l'intérieur.
_ Oh ! Bonsoir monsieur l'aubergiste. Tenez, j'ai réussi à gagner ça pour la table. J'espère que ça suffira. Est-ce qu'on peut avoir une chambre pour dormir ? »
L'homme allait répliquer lorsque son épouse s'interposa en le poussant à l'aide de son ventre rebondit.
« Et bien et bien... Vous au moins, vous êtes un p'tit gars honnête. Je m'attendais pas à vous r'voir ! Allez-y, entrez, c'est largement suffisant pour une nuit et un repas. Et pour la table aussi. Installez-vous par là. »
Naja la remercia avant de se diriger vers la petite table qu'elle leur désignait. Il mourrait de faim ! Avant de s'asseoir pourtant, il tira la chaise de Belladona pour l'aider à s'installer, puis se plaça en face d'elle en attendant le plat du jour. Mais tout à coup, un millier de questions venaient lui chatouiller les méninges.
« Tu mange quoi toi, au fait ? De la terre ? De l'eau ? Du fumier ? »