Le petit botaniste se mit à rire et jeta un coup d’œil à sa montre, posée sur la table de nuit.
« Ah, je te souhaite bonne chance alors parce que j’ai seulement vingt minutes avant de devoir partir, et que je dois absolument prendre une douche avant. » s’amusa-t-il avec un sourire insolent. « Je comptais essayer de finir ce que j’avais commencé avant que tu te réveilles, mais tu m’as fait peur en sursautant ! »
Si bien que Benedikt attrapa une tartine pleine de miel qu’il s’était fait dans la cuisine pour l’enfourner avec un gros soupir de satisfaction. Iza pointa le bout de son nez quelques instants plus tard, attirée par l’odeur alléchant du lard croustillant. Et le petit botaniste s’en félicita, parce que c’était vraiment une bonne manière de commencer la journée, entouré de toute la famille et de nourriture délicieuse. Il fut particulièrement déçu de devoir se dépêcher un peu pour finir de déjeuner et filer se laver, mais il était hors de question d’aller travailler en sentant la sueur et le sexe à plein nez. Une fois prêt, il enfiler son sac en bandoulière et embrassa le tatoueur passionnément, lui murmurant à l’oreille : « Je ne rentrerais pas tard ce soir, je pourrais découvrir ce que tu voulais me montrer après le petit-déjeuner…! »
Et puis après une grattouille pour la morphe chien, Benedikt disparu comme d’habitude, dans un coup de vent qui faisait se demander s’il ne s’était pas téléporté avec sa perle. Il était un peu en retard, mais trottina avec tant d’enthousiasme qu’il arriva avant Till et pu ouvrir la boutique tranquillement. Lorsque son assistant arriva, Benedikt avait déjà repris son nettoyage de printemps de la boutique, serpillière à la main.
« Salut Till ! » pépia-t-il, et l’intéressé lui jeta un regard surpris, presque confus. Cela faisait deux jours que son patron se ramenait à l’herboristerie avec un sourire sur le visage, et du point de vue de Till, ça devenait particulièrement suspect. Il y avait forcément une raison ! Cette fois, il était même à la boutique avant lui ! Le jeune homme entreprit donc de cuisinier Benedikt toute la matinée, profondément curieux de ce qui lui donnait autant d’énergie. Et parce que le petit botaniste était incapable de mentir correctement, ce ne fut pas très difficile de découvrir le pot aux roses. Till était presque scandalisé d’entendre des âneries pareilles, après des mois à entendre les gémissements et les plaintes de son patron, mais au final… Il n’était pas si étonné.
« Laisse Till, je vais aller déposer ça chez le doc moi-même en fin de journée. Occupe-toi du reste des livraisons ! » s’exclamait Benedikt quelques jours plus tard.
L’herboristerie, plus rutilante et rangée qu’elle ne l’avait jamais été, était vide. Il fallait dire qu’on était en plein milieu de l’après-midi. Alors le botaniste en profitait pour s’affairer tranquillement à ses préparations dans l’arrière-boutique. Son assistant ne pouvait pas les faire à sa place, et c’était pour ça que Benedikt lui donnait régulièrement la tâche de faire les livraisons à domicile pendant les heures creuses. Mais cette fois, la commande hebdomadaire du Doc lui donnait l’occasion d’aller les voir et de leurs donner quelques nouvelles. Il ne l’avait pas fait depuis des mois, trop effrayé de voir Nessy et le Doc. Avec ce qui s’était passé à Balaïne, et alors qu’il n’était plus avec Vrass, le petit botaniste avait été trop embarrassé et hésitant pour aller les voir. Après tout, c’était Vrass qu’ils connaissaient de base, et en plus il aurait couru le risque de croiser celui-ci au cabinet par hasard.
Mais maintenant que sa vie était en train de se remettre en marche, petit à petit, Benedikt avait bien envie de les voir et de savoir ce qu’ils devenaient. Ils manquaient aussi au petit botaniste, il devait bien l’avouer. Et comme les derniers jours avaient été particulièrement agréables, pleins de réconfort et de sport sous les draps à tout bout de champ, il se sentait le courage d’aller s’excuser aujourd’hui pour son silence radio des derniers mois.