«Fais gaffe, avec la technologie du coin, tu vas voir qu'il pourrait se faire greffer des ailes...» - bien que je n'étais pas sur de la manœuvre, mais passons. On arrivait à la frontière des Ghettos, autant c'est pas évident d'entrer à la Basse Ville en ce moment, mais en sortir est un peu plus simple, et puis de toute manière, nos têtes commencent à être connues des gardes... après avoir affronté le labyrinthe des maisons en tôles qui sont apparues de nulle part au cours de la nuit dernière, des terrains de jeux pour gosses mystérieusement transformés en bar ou à l'inverse, le petit commerce devenu un terrain vague, on arrive à la maison et Benedikt se jette à corps perdu dans le canapé pendant que je retire ma veste tranquillement tout en m'assurant qu'Iza allait bien. En fait, je me demandais pourquoi je m'inquiétais pour elle, elle était tellement contente que Benedikt soit de retour que je me rendais compte qu'elle avait fait le ménage à fond! Bref.. je revenais dans le petit salon alors qu'il me proposait à boire, mais ça allait
«Déjà, faudrait que t'arrives à te lever, tu veux pas que je te le fasse plutôt ton thé?» - mais vu le regard suppliant qu'il me lançait pour que je vienne m'allonger avec lui, je soupirais en retirant mes chaussures pour venir me caler contre lui, le gardant contre moi pendant quelques secondes, bien que j'avais l'impression qu'il allait s'endormir! Mais il se redressa un peu et finit par faire un peu le mariole avec cette histoire de Michael des Chouchoutrins
«Tu l'as dit toi-même, tes ailes surement... et puis honnêtement, je suis pas sur que les filles se jettent sur ce type parce qu'il est beau, c'est surtout parce qu'il est célèbre...» - elles ont juste envie de pouvoir passer dans un magazine parce qu'elles ont été vues avec lui - «tu l'as dit, t'es nettement mieux que lui, et je suis sur qu'il doit y avoir d'autres gars encore plus canons en ville, mais ils sont anonymes... des fois, faut pas chercher trop loin.» - je me redressais alors afin de planter un regard un poil plus sérieux dans le sien - «et puis... j'ai l'impression que tu as été très irrésistible ces derniers mois...» - donc on ne pouvait pas dire qu'il ait à se plaindre... je savais que je venais de jeter un léger froid en disant ça, mais au fond, c'était la vérité non?
Bref, je l'aidais à se lever pour qu'il aille se préparer un thé et je me levais aussi, je me sentais un peu fatigué sur le coup. Je sais au fond que je ne peux pas lui en vouloir d'avoir couché à droite et à gauche pendant qu'on était séparés, mais on ne peut pas dire que ça me fasse plaisir non plus, surtout quand on sait que l'une des raisons de notre rupture, c'est que je ne pouvais plus le toucher, moi, à l'époque. Certes, c'est surtout mon comportement à Balaïnes qui a tout cassé, mais voilà, j'étais de mauvais poil aussi à cause de ça.
Bref, je me levais en m'étirant longuement avant de me tourner vers lui
«Je vais me changer...» - j'essayais quand même de sourire, je me trouvais moi-même injuste d'avoir ainsi gâché la soirée alors qu'il voulait juste plaisanter.. à croire que je ne pouvais pas changer du tout au tout, et qu'une pointe de jalousie me dévorait le ventre sans que je ne veuille le reconnaître. Il me faudrait surement du temps pour digérer. Je traînais un peu des pieds avant de gagner l'escalier et la chambre, mais au final, j'avais la flemme de me changer et je retirais juste mon t-shirt pour me jeter sur le lit, les bras en croix à fixer le plafond.
Quel con.