Précédemment* * * * * * * * * * *
« Benedikt ? Benedikt, tu m’écoutes ? »Le petit botaniste se pinça le nez et releva la tête vers son amie. Son cocktail commençait sérieusement à lui monter à la tête et le goût lui brûlait la gorge, mais il commençait à supporter l’alcool à force d’en boire si régulièrement. Il fallait bien, pensa-t-il, pour supporter le monde et le bruit qu’il y avait dans le bar où ils étaient. On ne se savait plus trop si c’était une boite de nuit ou pas, à ce stade.
« Ouais, j’suis là, je t’entends. » répondit-il, malgré le fait qu’il était incapable de répéter ce que l’amie en question, répondant au nom de Coline, venait de dire. Il la connaissait des cours de l’université qu’il prenait, et se faisait trop souvent la réflexion avec elle qu’il était trop vieux pour sortir avec des gens de cet âge-là. Mais au moins elle était très sympathique et connaissait une quantité de bars impressionnante. Benedikt n’avait jamais qu’une peur, c’était de recroiser une des personnes qui l’avait invité chez elle et, inévitablement, dans son lit. Il ne se rappelait de toutes manières pas de leur nom, et chaque fois, le petit botaniste se demandait avec amertume comment Vrass faisait pour s’en rappeler. Chez lui, c’était bien le contraire - il connaissait bien mieux le prénom des enfants de ses clients d’une fois que ceux des gens qui l’avait nu depuis ces six mois.
Coline s’était remise à raconter son histoire, et Benedikt réalisa qu’il était incapable de la suivre, abruti par l’alcool et la frustration qui l’envahissait quand il se rappelait du billet de vingt ores fourré dans sa poche. Ces derniers temps n’avaient pas été mirobolants, mais là, il s’était vraiment surpassé. C’était sans doute le signe qu’il fallait qu’il finisse par faire quelque chose, mais cela faisait déjà des mois que le botaniste se le promettait sans résultat. Agacé par lui-même, celui-ci finit par décider de rentrer chez lui après avoir pris congé de Coline et des autres amis avec qui il était sorti.
Peut-être qu’il était temps de vraiment se sortir de cette mélasse, se demanda Benedikt en sentant l’air frais du dehors le réveiller un peu, on ne pouvait pas regretter indéfiniment le passé. Mais pour le petit botaniste, obsédé par le souvenir de Vrass, c’était peine perdu de vouloir avancer de l’avant. Bien trop occupé à transformer sa solitude en colère et en décisions stupides, il n’avait plus le temps pour réussir à chasser le tatoueur de sa tête – et de son cœur.
Benedikt secoua la tête, chercha quelques secondes dans quelle direction il devait aller pour rentrer à l’herboristerie. Il était dans un quartier qui n’était pas loin de la boutique de tatouage, si bien qu’il savait étonnamment où aller. Cela ne faisait portant pas cinq minutes qu’il marchait que deux types le rattrapèrent pour se mettre devant lui. Lorsque le petit botaniste leva les yeux, il reconnut l’un des deux qui avait encore une trace bien visible sur la joue, et fronça le nez. Et voilà, il allait payer le prix de la crise qu'il avait piqué. Benedikt s’arrêta comme les deux étaient de toutes manières plus grands et plus musclés que lui, trop soûl pour se mettre à fuir immédiatement.
« Apparemment tu sais pas ce qui arrive quand on manque de respect aux gens alors je te montre, mec. » déclara le premier avant de lui envoyer un coup de poing en plein dans le nez. Le botaniste sentit le goût du sang sur ses lèvres et essaya d’essuyer son visage avec le dos de sa main.
« Bah voilà, maintenant, c’est fait, alors j’y vais. » répondit-il, sauf qu’il n’eut bien sûr pas l’occasion de le faire avant de recevoir un coup de genou qui rentra dans son estomac comme dans du beurre. Recroquevillé par terre, le petit botaniste attendit seulement qu’ils se défoulent sur lui pendant quelques minutes, vu qu’il était incapable de faire autre chose, le souffle coupé.
Lorsqu’il se retrouva à nouveau seul dans la ruelle, seulement éclairée par un seul lampadaire, Benedikt mit plusieurs minutes à retrouver ses esprits et sa respiration, à quatre pattes dans la poussière. Bon, oui, il n’y avait plus de doute, c’était vraiment une soirée pourrie.