par Evannély Osrian » 10 Nov 2015, 21:26
Agacée, Evannély ne put s’empêcher de grogner de mécontentement lorsque Benedikt se laissa trainer comme un fardeau. Visiblement, il était long à la détente ! N’avait-elle pas crié assez fort ? Enfin, c’était un homme après tout. On lui a pas demandé d’être intelligent … En temps normal, elle aurait levé les yeux au ciel d’agacement mais elle était un peu occupée pour le moment. Elle tentait de le faire grimper sur son propre dromadaire et accessoirement, de ne pas en tomber, entrainée par son poids. Manquerait plus qu’elle se fasse dévorer par des espèces de poissons volants en plein désert dans un stupide jeu ! Elle était en train de risquer sa peau et tout ça pour quoi ?! Un (petit) homme qu’elle ne connaissait ni d’Eve, ni d’Adam. Encore une fois, elle avait agit par instinct. Et comme à son habitude, de plus en plus, ce dernier la poussait à prendre des décisions sans aucun sens. Pourquoi le sauver ? Tant pis pour lui, après tout. Chacun ses problèmes ! Mais non … Il avait fallu qu’elle essai de l’aider. Etait-ce parce qu’il avait l’air d’un enfant … ? Elle n’avait pas la réponse à cette question.
En attendant, le voila qui s’accrochait à sa monture de façon ridicule. Et pourquoi son dromadaire avait-il décider de se sortir de son trou de boue précisément au moment où ils auraient eu besoin de lui ? Par Sean Vaan, elle n’était pas aidée dans cette histoire ! Bref, elle se surprit à penser que se serait peut-être bien d’arriver à remettre Benedikt sur son propre destrier maintenant qu’il courrait aussi vite qu’eux. Parce que là, dans cette poursuite, ils étaient mal barrés. Mais impossible pour le moment, d’autant qu’ils n’avaient toujours pas semés leur poursuivants. Heureusement (ou malheureusement, au choix), comme le fit si justement remarquer le garçon, une étendue d’eau apparue. Elle était surement leur meilleur moyen de s’en sortir. Le problème, c’est qu’Evannély en avait une peur bleue comme tout membre de sa race. Paniquée, elle fonça pourtant droit dedans :
« AAAAAAAAAAAAAAAHHHH » ne put-elle s’empêcher de hurler, un cri à mi-chemin entre la terreur et le cri guerrier pour se donner du courage.
Elle fut saisie par les éclaboussures et la fraicheur de l’eau. Rapidement, elle lui arriva au cuisse et elle sentit une terreur sans nom la saisir. Elle ne savait pas nager ! Elle ne pouvait pas faire demi-tour pour autant. Même si, à choisir, elle préférait affronter vingt raanaï que de mourir noyer. Elle allait couler ! Par chance, les ranaï, car il paraissait que tel était leur nom , s’arrêtèrent à la lisière. Déjà un problème en moins à régler. Evannély les vit virevolter sur la rive, visiblement mécontent. Avaient-ils peur de l’eau ? Amusant pour des bestioles ressemblant à des poissons mais elle les comprenait tellement ! Elle était paniquée à la simple idée de s’approcher d’une étendue pareille.
Alors que son dromadaire progressait, elle l’observa s’enfoncer de plus en plus. Elle allait mourir ici. Elle eut envie de faire demi-tour lorsque l’eau lui arriva à la taille. C’est le moment que Benedikt choisit pour regagner son dromadaire à la nage, totalement inconscient de la terreur de sa compagne de route. Arrivé sur le sien, il la remercia chaleureusement et elle se contenta d’un léger signe de tête, le visage figé par la peur. En temps normal, elle se serrait surement fait la réflexion qu’il semblait sympathique, en fin de compte. Pour autant, l’idée ne lui traversa même pas l’esprit. Elle était bloquée sur sa position. Elle était dans l’eau. Elle flottait dans une immense étendue, sur un dromadaire. Et elle allait mourir, c’était certain. Son esprit tournait en boucle là-dessus. Son attention fut, cependant et contre toute attente, détournée. Au loin, des crocodiles sortaient de l’eau.
« Oh non. Oh non, non, non, non, NON ! » se lamenta-t-elle encore moins fière, « Benedikt » appela-t-elle tout bas avant de finir par crier de façon un peu hystérique, « BENEDIKT ! JE NE SAIS PAS NAGER ! Des crocodiles. Il y a des cro-CROCOTRUC !!! Il y a des crocodiles et je ne sais pas nager. Je … CADEDIOU !!! Je ne vais rien pouvoir faire ! Je ne sais pas nager. JE NE SAIS PAS NAGER ! » s’emmêla-t-elle dans ses explications, la peur et les absurdités qu’elle recommençait à hurler.
Par reflexe, elle dégaina son arme de son étui et s’agrippa encore plus à son dromadaire lui donnant des coups de talons pour l’éloigner des reptiles tout en restant relativement près du bord. Pourtant, il fallait qu’ils traversent, les raanaï étant toujours derrières eux. Elle ne savait pas si son l’animal avait toujours pieds ou bien si ils savaient « nager » mais en tout cas, il avança comme elle le souhaitait. Si il coulait, ils mourraient ensemble. Étonnement, les crocodiles les contournèrent et filèrent droit. Benedikt aussi les avait repéré et ils passèrent près de lui sans broncher. Elle entreprit de s’éloigner tout de même, gardant son arme à la main. Elle progressait, la terreur au ventre, mais son dromadaire sembla se fatiguer. Le lac se fit plus profond et il commença à s’enfoncer. Il semblait à bout de force de porter la teenag’a. Il tentait aussi de rester hors de l’eau et d’avancer en même temps. Evannély pria Sean Vaan de la sortir de là. Elle ferait tout ce qu’il faudrait pour mériter cette intervention divine, s’il le fallait. Mais par pitié, elle ne voulait pas périr dans l’eau. Tout sauf ça ! La rive semblait trop loin pour qu’ils parviennent jusqu’au bout mais elle n’avait pas le choix. Elle ne pourrait pas le tirer comme le faisait Benedikt. Si son dromadaire finissait par couler, elle le suivrait dans le abimes de cette étendue peuplé. C’était un mauvais plan, très mauvais plan.
Alors qu’ils progressaient trop lentement à son gout, ils atteignaient bientôt la rive opposée. Elle allait peut-être survivre et elle en remerciait déjà sa déesse. Alors que l’animal sembla retrouver pied, elle sauta en s’agrippant à lui. Elle voulait retrouver la terre ferme. Immédiatement ! Elle eut rapidement pied et avec un soulagement intense, elle entreprit de tirer la pauvre bête à bout de souffle. Il sortirent de l’eau mais une fois sur la terre ferme, elle ne s’arrêta pas immédiatement. Il fallait qu’elle s’éloigne de cette étendue d’eau. Elle voulait mettre le plus de distance possible entre elle et cette eau dans laquelle elle avait cru se noyer ! Elle avança une vingtaine de mètres avant de s’arrêter. C’est à ce moment-là qu’elle sentit ses jambes trembler. Elle venait de vivre la peur de sa vie, surement. Elle y avait fait face avec autant de bravoure que possible, autrement dis très peu. Mais elle était en vie. Elle en prit pleinement conscience.
Malheureusement pour elle, les épreuves n’étaient pas terminées. Alors qu’elle se retournait afin de chercher Benedikt des yeux, ses esprits retrouvés, elle ne vit rien d’autre qu’un épais … brouillard ? En fait, elle ne comprit pas de suite ce que s’était. Elle avait l’impression de voir s’approcher un mur de sable. Comme-ci le sol s’était soudain relevé à 90 degrés. Puis, elle comprit qu’une tempête approchait, elle qui n’avait jamais vu un désert de sable avant aujourd’hui. Très vite, elle se prit le sable de plein fouet et en reçu dans les yeux. Un cri de surprise lui échappa tandis qu’elle se couvrit les yeux. Son dromadaire blatéra bruyamment et de surprise, Evannély aggripa les rênes un peu plus fort de peur de le voir partir. Mais l’animal semblait habitué et ne bougea pas d’un poil. Elle se mit alors à avancer à l’aveugle. Elle ne savait pas où elle allait, elle ne connaissait rien à ce lieu et elle se sentait de plus en plus perdu. Il fallait qu’elle retrouve Benedikt. Elle se mit donc à l’appeler, espérant recevoir une réponse de sa part. Et bien sur, le prénom du jeune homme fut entrecoupé par de nouveaux mots inconnus. Elle se demanda soudain si elle n'avait pas raté quelques informations concernant l'évènement. Était-il fait pour les désadaptés mentales ... ?