L'air de la salle commençait à indisposer Nilïn. Se sentant à l'étroit dans la foule elle aspirait à prendre une bouffée d'air frais. A demi assise sur une table, elle changeait d'appui jusqu'à trouver une position confortable, mais après quelques secondes le besoin de bouger à nouveau se faisait sentir. Enfin, n'y tenant plus, elle envisagea un moyen pour atteindre la porte. A ce moment Sayah Cordilius revint pour lever le voile sur la surprise.
Le brouhaha ambiant déclina peu à peu et les convives écoutèrent le programme proposé dans un silence entrecoupé de toussotements. Mais, à peine l'orateur eut-il terminé, les conversations et les bousculades reprirent de plus belle. Les couples qui souhaitait se retrouver pour échanger des idées ou des volontés se heurtait à d'autres ayant choisi de sortir. Ces derniers se faisaient arrêter par les juges qui cherchaient leur candidat avant de laisser partir qui que ce soit.
Ne sachant trop que faire, et ne comprenant pas bien le principe de ce jeu, la jeune Matoé jeta un coup d'oeil vers sa partenaire: une femme-poisson d'allure timide, très marquée par son animal totem. L'hésitation bien lisible dans ses grands yeux oranges était réconfortante pour Nilïn. Et quand elle croisa son regard flamboyant elle voulut tout de suite la rejoindre et lui parler. Mais un groupe de participant passa entre elles, et lorsque la salle désemplit les deux Orphes s'étaient chacune assise à une table, de part et d'autre de la pièce, sans plus se voir.
L'un des hommes chargés d'encadrer les participants dû répéter l'objectif de l'évènement pas moins de cinq fois à Incirrina afin qu'elle en comprenne plus ou moins les termes. C'était la première fois qu'elle participait à ce genre de... « chose ». L'organisateur lui faisait peur, sa partenaire moins. Tout à l'heure, angoissée par la foule, Incirrina avait prit une teinte blanche comme la craie avant de poser ses grands yeux oranges sur Nilïn qui réfléchissait un peu plus loin. Elle lui avait semblé gentille, ce qui l'avait rassuré un peu.
Elle sourit faiblement lorsqu'elle pensa avoir compris le principe du jeu et sortit de la salle, escortée par l'homme-juge qui devait vérifier le bon respect des conditions. Bien évidemment, il ne s'attendait pas à ce qu'elle s'apprêtait à faire... Car Incirrina se dirigea directement vers le fleuve le plus proche et, sans autre sommation, plongea dans ses eaux glaciales. L'escorte poussa un cri indigné (comment allait-il la surveiller ?), et un peu horrifié rien qu'à l'idée de la température de l'eau il resta planté sur la rive sans savoir quoi faire. Au bout de longues minutes, il décida qu'il attendrait le retour de sa concurrente. C'était le mieux qu'il pouvait faire. Étant donné la réputation de Sayah, mieux valait éviter d'aller lui rapporter qu'il avait déjà perdu son participant...
Pendant ce temps là, Nilïn restait assise à sa table, la tête entre les mains, se demandant bien ce qu'Incirrina pouvait souhaiter recevoir. Un petit homme d'apparence âgée fixait la candidate de ses yeux fatigués. Il expliqua être juge et proposa de répondre à toute question. La conversation s'engagea, elle tourna autour de cette étrange coutume des cadeaux, reste d'une fête religieuse de la planète des hommes de l'Atlas IV. Nilïn posa mille questions, oubliant l'agitation du lieu et le temps qui s'écoulait. Le vieil homme se prêtait au jeu, il riait de voir cette jeune femme le questionner comme une enfant. Ce furent les bousculades des participants s'affairant à leurs tables qui ramenèrent les deux interlocuteurs au temps présent. Et pour ne pas sembler rien faire Nilïn se leva brusquement et quitta la pièce.
Une fine pellicule de neige commençait à recouvrir la ville, le ciel gris jetait une lueur blafarde sur les pavés. Croisant les habitants qui rentraient chez eux d'un pas rapide, la candidate et son juge allaient au hasard des rues. Ils bifurquaient tantôt à droite, tantôt à gauche, sans but précis. Après avoir tourner en rond ils finirent par s'arrêter devant une vitrine.
Le juge hésita, il jeta un coup d'oeil aux meubles richement travaillés qui s'étalaient sous ses yeux, puis il haussa les épaules et s'engouffra dans la boutique. L'Orphe _qui l'avait précédé_ courait entre les objets, passait d'une armoire à un lit, puis son visage s'éclairait face à une chaise qu'elle délaissait bien vite pour aller vers autre chose. Elle touchait les objets, les sentait parfois, tapotait doucement dessus pour écouter le son qu'ils rendaient. Le vendeur l'observait en fronçant les sourcils.
Enfin, quand elle eut contemplé longuement une commode dont le bois poli renvoyait des reflets bleutés, elle aborda le marchand. Il la vit venir en ayant déjà prit la décision de l'envoyer ailleurs. Manifestement cette jeune femme aux allures de vagabonde ne pourrait rien payer. Mais elle lui parla d'essence de bois, posa des questions sur la fabrication des meubles, le travail d'ébéniste... Après quelques minutes, le commerçant qui fabriquait lui même ses pièces l'emmena dans l'atelier.
Au même moment, au milieu des bulles et des poissons frétillants, Incirrina se laissait entraîner par le courant. Elle réfléchissait à ce qu'elle pourrait trouver susceptible de faire plaisir à « Votre-partenaire-sera-mademoiselle-nilïn-matoé » (elle n'avait jamais su identifier correctement un prénom). Ses doigts caressèrent les sédiments du fond du fleuve, mais il n'y avait pas grand chose d'intéressant.
Cette pierre peut-être, avait une forme très jolie et des reflets intéressants. Incirrina se mit à battre des jambes pour avancer plus vite, délaissant la pierre au profit d'une branche rigolote, puis d'une algue douce. Mais chaque fois elle renonçait, cherchant mieux. Elle savait que les objets n'arboraient pas les mêmes couleurs et les mêmes textures selon qu'elles étaient à l'eau ou à l'air libre. La vase formait comme un nid de coton verdâtre et douillet au fond du lit, mais à l'extérieur, elle devenait poussière noire et malodorante, sèche et triste. Elle s'aida de ses bras et avança encore plus vite, ses yeux balayant les merveilles sous-marines qui se présentaient à elle.
Lorsqu'elle gagna enfin l'océan, elle n'avait toujours rien trouvé. Un poisson multicolore ? Non, il mourrait en sortant de l'eau. Un tourteau tape à l'œil ? Non plus, il risquerait de blesser Nilïn avec ses énormes pinces. Incirrina nageait avec prudence. Elle savait que les requins guettaient en eaux peu profondes. Elle continua son exploration, fouillant parfois le sable pour en faire sortir une sole.
Et puis elle la vit tout à coup : une mitre d'un rouge brun roulant sur le sable clair, charriée par les marées. Elle la ramassa et nagea quelques instants sur place, observant le coquillage déposé dans sa paume. Et si...?
Oui. Elle savait maintenant. Elle fila comme un poisson effaré en ne laissant derrière elle qu'un nuage de sable et un tourbillon de bulles. Ses pupilles s'élargissaient à mesure qu'elle s'enfonçait dans les profondeurs de l'océan, là où le soleil ne pouvait plus espérer traverser les abysses. Elle croisa quelques méduses sans s'arrêter jusqu'à trouver ce qu'elle cherchait. Là, sur les rochers envahis d'anémones, elle croisa quelques porcelaines qui cheminaient patiemment. Dans les trous des récifs, leurs coquilles vides s'empilaient parfois par deux ou trois, vides de leurs occupant pour la plupart. Incirrina se servit. Son corps était ballotté au rythme des vagues tandis qu'elle était concentrée sur sa récolte. Elle mangea quelques uns des gastéropodes en passant, s'appropriant ensuite leurs coquilles qu'elle gardait dans sa bouche pour ne pas en perdre une seule. Ayant besoin de ses mains palmées pour nager, elle estima l'astuce plus pratique, et lorsqu'elle jugea avoir récolté suffisamment de coquillages, elle fit demi-tour vers les côtes.
Nilïn, de son côté, ressortait de la boutique de meubles, les bras chargés d'un bloc de bois brut d'une vingtaine de centimètres de, le même dont était constitué la commode. Le juge derrière elle transportait quelques outils qu'on leur avait prêté. Il se demandait encore comment ils avaient pu obtenir la confiance de l'artisan, mais tout cela l'amusait et il attendait avec impatience la suite de la journée.
En chemin sa candidate lui parla de l'art de sa tribu, leur façon de choisir les matériaux, l'importance de l'essence du bois, et aussi les différences entre chaque arbres d'une même espèce. Elle avait jeté son dévolu sur un morceau de bois dont les veines ondulaient comme l'eau. Surement qu'un esprit protecteur voudra s'y lier, disait-elle. Toutes les figurines s'associent à des esprits, guerriers ou protecteurs, selon le support et la façon de tailler.
Sur le pont enjambant le fleuve, le juge d'Incirrina dansait d'un pied sur l'autre, complètement frigorifié. Il se voyait déjà revenir et annoncer d'un air penaud que sa concurrente était partie, sans doute parce qu'elle n'avait strictement rien compris de ce qu'il fallait faire... mais il sursauta tout à coup lorsqu'il vit la tête aux tons olive surgir des remous, sous ses pieds. Les yeux oranges se fixèrent sur lui et elle esquissa un sourire qui dévoila son bec un peu étrange. Sans ajouter un mot, Incirrina s'extirpa de l'eau et rejoignit la grande salle, son juge sur les talons. Aussitôt qu'elle fut devant la table de confection, elle recracha son précieux butin. Les coquilles de porcelaines pures tombèrent dans un bruit de billes et l'immense fucus atterrit juste à côté dans un « shlof » un peu répugnant. Ne restait plus qu'à fabriquer.
Peu après elle Nilïn fit son entrée et déposa son fardeau sur une autre table, puis elle s'attaqua à la sculpture. Les outils de l'artisan lui servirent à donner une forme générale. Souvent elle reculait entre deux coups de ciseau, le juge ne voyait qu'une forme quelconque mais l'Orphe s'enthousiasmait lorsqu'un éclat sautait et donnait une forme à laquelle elle ne s'attendait pas. Elle annonçait alors que le travail avançait bien, ou que le bois la guidait.
Peu à peu une silhouette sortit du bloc, et aucune des courbes ne contredisaient les vagues formés par les veines. Ces deux choses se complétaient si bien qu'elles semblaient avoir été faites ensembles.
La sculpture représentait un poisson dont les nageoires se mêlaient à un socle de bois brut assurant la stabilité de l'ensemble. Nilïn détacha une épine de son crâne et entrepris de sculpter les détails avec, l'utilisant comme une râpe. Tantôt elle arrondissait une arête un peu trop aigüe, d'autre fois elle soulignait une ligne qui dessinait une écaille ou un œil. Le visage du poisson se précisa, il prit une expression de gardien attentif, entre l'homme et l'animal.
Les heures passèrent, la jeune Orphe s'arrêtait, fronçait les sourcils et annonçait le travail terminé. Puis elle s'approchait à nouveau et ajoutait ou enlevait un détail.
Très occupée et concentrée dans son coin, Incirrina glissait l'algue verte dans sa bouche et la découpait avec minutie. Elle alignait ensuite devant elle les longues lanières semblables à des cotillons déroulés qu'elle avait taillées à l'aide de son bec. Lorsqu'elle eut terminé, elle natta le tout avec une patience infinie qui fit bailler d'ennui son escorte. L'homme était d'avantage intrigué par l'aspect physique d'Incirrina par ce qu'elle faisait. Les heures passaient, lourdes et silencieuses, sans que la jeune Orphe ne manifeste la moindre fatigue. Elle était tout simplement ravie de cette petite occasion de faire plaisir à quelqu'un. Une à une, elle enfila les coquilles de porcelaines comme de grosses perles sur le cordon ainsi tressé, finissant par la mitre rouge et resserrant le tout par un nœud dont elle seule avait le secret.
Lorsqu'elle eut terminé, elle se redressa et demanda de l'eau pour réhydrater sa peau qui tiraillait. Une seconde plus tard, elle leva le collier à hauteur de son visage et en vérifia la solidité. D'un tour de cou d'une quarantaine de centimètres, brillant de couleurs bleues et brunes pour les porcelaines et d'un rouge indécent pour la mitre qui faisait office de pendentif, il lui sembla parfait. Alors elle l'enroula dans une feuille de rhubarbe et ficela le tout à l'aide d'un rafia qu'un autre concurrent eut l'amabilité de lui prêter. Et voilà. Son cadeau était prêt ! Il n'y avait plus qu'à l'offrir.
À quelques tables de distance, Nilïn annonçait enfin pouvoir passer au polissage. Le juge considéra la statue. Au premier abord elle pouvait paraître simple, mais rien n'était laissé au hasard, et plus il tournait autour plus la minutie du travail l'étonnait. Il gratifia la candidate d'un sourire et se rassit pour observer la dernière étape.
Le marchand avait donné à la jeune femme une pâte à polir, la même que celle utilisé pour la commode qui l'avait attiré. Bientôt le petit être de bois sembla vivre ; selon l'angle d'observation, les ombres et la lumière réfléchit donnaient un air sévère ou bienveillant au visage immobile. Et le mariage entre l'ondulation des veines et les reflets bleuté rappelait les nuances de l'eau. Nilïn déclara qu'un esprit protecteur avait certainement accepté et élu domicile dans sa statue. Heureuse du résultat elle l'enveloppa dans une feuille de papier pourpre que le juge avait été chercher.
Le moment de l'échange des cadeaux arriva, il fut demandé aux candidats de bien vouloir rejoindre leur partenaire respectif. Voyant la confiance de Nilïn s'effacer, le vieux juge ramassa la statue emballée et la lui tendit avec un sourire encourageant. Il fit un signe de tête dans la direction d'Incirrina qui s'avançait, son paquet dans les bras, le serrant contre elle comme si sa vie en dépendait.
C'était la première fois qu'elle offrait un cadeau à quelqu'un. Bien sûr, il lui était déjà arrivée de pêcher pour des plus jeunes ou pour aider des créatures affaiblies, mais offrir un objet pour faire plaisir – à elle qui n'avait aucun sens du matérialisme – était quelque chose de nouveau. Chemin faisant, pieds nus sur les dalles, elle se demanda si ce qu'elle avait confectionné avec tant de soins plairait... et ce qui était susceptible de lui arriver si ça ne plaisait pas ! Elle frissona. N'étant pas dans son élément naturel, l'Orphe poulpe ne pouvait pas espérer fuir suffisamment vite au cas où Nilïn déciderait que manger Incirrina était un bien meilleur cadeau... Mais son juge insista sur le fait que sa partenaire ne lui ferait aucun mal et que – voyant qu'Incirrina n'était pas convaincue – il était là pour couvrir sa fuite en cas de problème. Ce qui la rassura. Elle posa son présent sur une troisième table où Nilïn l'avait rejoint et dansa d'un pied sur l'autre avec un air intimidé.
« Incirrina fabriquer cadeau pour « Votre-partenaire-sera-mademoiselle-nilïn-matoé ». Pour toi, oui. »
Elle posa son paquet et le fit glisser jusqu'à Nilïn avec un sourire. Cette dernière fut un peu surprise par la façon de parler de sa partenaire, elle ne sut trop quoi répondre et, gênée, elle tendit son paquet sans un mot avant de se tourner vers la table. Elle commença à déplier délicatement la grande feuille de Rhubarbe tout en jettant des regards vers Incirrina. Mais elle l'oublia vite quand les premiers coquillage apparurent sous l'emballage. Il y en avait de toute les couleurs, elle n'en avait jamais vu des pareils: les ruisseaux et les rares rivières de sa forêt n'en contenaient pas beaucoup, et certainement aucun comme ceux-ci.
Lorsque le collier fut déroulé, la jeune Orphe approcha de son nez, curieuse, car la tresse de fucus dégageait une odeur de fond marin qu'elle n'avait jamais sentit. C'était une odeur un peu salée, la même que les coquillages, on s'en rendait compte en faisant attention. Elle aurait voulu goûter, coller sa langue sur une de ces choses à la surface lisse et brillante, mais c'était peut être inconvenant, alors elle décida de le faire plus tard, quand elle serait seule.
Elle retournait les coquilles dans ses mains, les inspectant une par une, s'étonnant qu'aucune ne soit semblable: la couleur bien entendu, mais aussi les formes. Et elle s'arrêta longtemps sur le gros coquillage rouge, un peu pointu et spiralé qu'elle devina être le "centre" du collier.
Elle tentait d'imaginer le fond de l'océan, comme il devait être beau avec tout ces petits animaux multicolores. Elle avait envie de poser tout un tas de questions à Incirrina, de lui demander de décrire les paysages que l'ont rouvait là bas, sous l'eau. Elle passa le collier autour du cou, décidant que ce cadeau lui plaisait, c'était comme recevoir quelque chose d'une ambassadrice d'un pays très lointain. Puis elle leva la tête avec un grand sourire adressé à Incirrina et vit que celle ci hésitait avant de se saisir de son propre paquet:
Elle l'observait longuement avec une expression presque fascinée, puis elle l'approcha de son nez pour le sentir – au cas où – et le reposa avec un peu trop d'empressement lorsqu'elle sentit le papier se déformer sous ses doigts. C'était étrange. Ça faisait un bruit de papier froissé qu'elle ne connaissait pas et elle avait peur de l'abîmer. Elle devinait toutefois qu'il s'agissait de l'emballage. Son juge lui avait expliqué que c'était mieux de « cacher » son cadeau avant de le donner, ce qu'elle n'avait pas très bien compris mais qu'elle avait fait quand-même de peur de contrarier son juge. Son cadeau enveloppé de pourpre dans les mains, elle plongea ses grands yeux oranges dans ceux de la jeune femme qui lui faisait face.
« Ouvrir ? »
Nilïn lui fit signe que oui. Incirrina était soulagée. Elle n'était pas sûre de la manière de s'y prendre. Ses ongles comme des crochets défirent le nœud et déchirèrent le papier pourpre avec une facilité déconcertante. Elle avait l'impression d'ouvrir un gros poisson pour le manger... et elle n'était pas si loin de la vérité en fin de compte. Apercevant le bois dans les parties débarrassées de l'emballage, elle se sentit soudain envahie d'un drôle de sentiment, entre l'excitation et la curiosité. Elle ne cessait de jeter des regards interrogateurs à Nilïn et à son juge pour s'assurer qu'elle faisait tout comme il fallait, avec de plus en plus d'empressement. Et lorsqu'enfin le poisson apparu entre ses mains, tout son visage s'arrondit : ses lèvres, ses yeux (si c'était encore possible). Une expression stupéfaite lui faisait pencher la tête à droite, puis à gauche. Elle fit tourner la sculpture plusieurs fois entre ses doigts, l'observant sous tous les angles, même par en dessous. Lorsqu'elle eut terminé, elle afficha un sourire ravi et reposa l'objet sur la table sans le quitter des yeux, recula et s'exclama à l'attention de Nilïn :
« Poisson Scorpion !!! Comme toi piquants ! Merci ! »
Elle battit des mains sans vraiment les toucher, dans un geste de quasi hystérie. Elle était heureuse. Son premier cadeau. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle allait en faire, mais il lui plaisait !
Les deux juges parlaient à voix basses un peu plus loin, échangeant leurs impressions sur la journée et sur les deux candidates. C'était là des jeunes femmes bien étrange, un peu semblable en fin de compte, voyageant chacune à leur façon en dehors du monde réel.
Le viel homme qui avait accompagné Nilïn toute la journée se remémora la conversation qu'ils avaient eu sur les anciennes coutumes des Hommes D'Atlas. Il revint vers les Orphes et leur parla de l'ancienne formule traditionelle qui accompagnait les cadeaux à cette époque de l'année: celle qui disait Joyeux Noël.