Comment ne pas ressentir de la peine en entendant de tels mots ? Le jeune homme prétendait ne pas avoir besoin d'elle, ni de personne d'ailleurs. Ellesme ne pouvait que douter de cela et il suffisait de le regarder pour comprendre qu'il était perdu. C'était tout à fait inutile de discuter avec lui et encore plus de s'énerver. Répliquer face à son attitude reviendrait à rentrer dans son jeu et Ellesme se savait bien plus mure que cela.
Elle suivit donc jusqu'aux bureaux sans accorder le moindre signe d'attention à Siobhan. Ils pénétrèrent les locaux et patientèrent un peu le temps qu'on vienne s'occuper d'eux. Durant le temps d'attente, les deux jeunes gens ne prirent même pas la peine de s'adresser la parole. Tous deux, néanmoins pour des raisons différentes, savaient que c'était inutile. On s'occupa du jeune homme qui ne se montra pas coopératif, ce qui ne la surpris pas le moins du monde. Il ne l'avait pas été jusque-là et ce n'était certainement maintenant que ça allait changer.
Dès que son cas fut traité, ce fut au tour d'Ellesme.
« Si vous décidez de rester un peu de temps, vous aurez pour les mêmes raisons des contrôles à faire. » Rajouta le sergent.
« Je n'ai plus rien à faire ici, mais j'accepte votre hospitalité le temps que je me rétablisse, merci. » Cette sentence risquait de mettre Siobhan plus en colère, mais pourtant elle lui laissait encore l'occasion d'être là pour lui s'il le souhaitait. Si vraiment il voulait la solliciter, il savait désormais qu'elle resterait quelques jours. C'était à lui de décider maintenant.
Elle fut entrainée dans un pièce voisine. On lui apporta un sac contenant des vêtements fidèle à cette belle région. On lui expliqua où se situait son logement temporaire et il fut décidé qu'elle resterait deux jours. Elle estima que cela laissait suffisamment de temps à Siobhan de se manifester.
« Votre dossier sera renvoyé au siège central. J'ai cru comprendre que cette mission représentait bien plus pour vous. » Il s'interrompit et lut son dossier. « C'est la première depuis... »
Mais Ellesme ne lui laissa pas le temps de finir, elle l'interrompit sans pour autant exprimer de l'agressivité.
« C'est bien ça, oui. Selon le rapport, peut-être feront-ils quelque chose pour mes yeux. »
Le sergent acquiesça et lui souhaita une bonne continuation. Il rajouta également qu'elle était la bienvenue si jamais elle souhaitait travailler quelques temps dans la région. La jeune femme apprécia cette offre et lui promit d'y réfléchir. Cependant, de tels projets ne faisaient pas partie de ses intentions à ce jour.
***
Le temps de partir était finalement arrivé. Ellesme ne pouvait cacher une réelle déception, car Siobhan n'avait pas donné un quelconque signe de vie. Il devait lui en vouloir plus qu'elle ne pouvait donc l'imaginer. Que pouvait-elle faire d'autre ? Malheureusement, elle était consciente qu'elle ne pouvait plus rien faire à part respecter son choix. Intérieurement elle lui souhaita bon courage pour la suite avec une pointe au cœur.
Elle récupéra ses affaires et les fourra dans son sac. Elle portait ce grand costume blanc dont la variété de tissus coloré d'or enrichissait sa beauté. Sa longue robe était étroite, dessinant dès lors ses formes qu'elle ne pouvait voir. Sa beauté égalait celle des femmes de cette grande cité, mais ses traits et son teint de peau rappelaient ses origines.
Elle éprouvait une grande tristesse. Quitter cette ville l'a rendait bien malheureuse. Elle avait eu deux jours pour découvrir des beautés qu'elle ignorait. Mais il avait été décidé qu'elle resterait seulement deux jours. De toute façon, elle se faisait du mal à rester là. Chaque jour à chaque instant, elle espérait voir Siobhan débarquer. Elle prenait donc le chemin du retour accompagnée de quelques regrets.
Il y eut des cris au loin, mais Ellesme n'y prêta pas attention. Elle ignorait totalement qu'il s'agissait de Siobhan. Mais comment pouvait-elle le savoir ? Elle continua donc sa route, profitant de ces dernières odeurs et de ces derniers sons qu'elle avait apprit à aimer dans cette belle cité. Au bout d'un certain temps, elle entendit des pas précipités. Quelqu'un courait derrière elle et s'apprêtait à la dépasser. Elle sentit un souffle la bousculer lorsque le jeune homme l'esquiva dans sa fuite. Son corbeau, toujours fidèle et prostré sur son épaule s'agita et Ellesme vit ce que ce dernier voyait. Le souffle lui manqua lorsqu'elle reconnut le jeune homme. C'était Siobhan qui était en train de courir ! Elle voulut le rattraper, mais elle fut à nouveau dépassé par un groupe d'hommes qui semblait le poursuivre.
« Siobhan ! » Cria-t-elle de toutes ses forces. Puis à son tour, elle se mit à courir sans trop savoir pourquoi. Elle ignorait pourquoi lui-même courait, ainsi que la raison qui poussait ces individus à le courser. Elle continuait de crier son prénom sans s'arrêter. Elle ne comprenait pas ce qui se passait et pourtant elle sentait qu'elle devait le faire.
Elle tentait difficilement de les suivre au son de leurs pas, mais cela ne dura pas longtemps. Au bout d'un certain moment, elle trébucha à cause de sa douleur à sa jambe. La plaie était refermée, mais la douleur était toujours là. Son sac bascula et fut projeté loin devant elle tandis que Sywan s'envola en poussant des cris effrayés.