Elle changea alors d’attitude, elle prit un air légèrement plus assuré, ce qui surprit Grima un instant. Bien sûr, il ne le montra pas et se contenta de sourire plus largement. Ainsi, elle montrait tout de même quelque assurance ! Elle semblait touchée dans son orgueil et Grima put remarquer sur son visage une très légère moue qui lui faisait penser à un enfant gâté à qui on aurait refusé un jouet. Il l'observa à nouveau un court instant. Ses vêtements étaient faits de magnifiques étoffes colorées, et sûrement chères, ce qui lui laissait croire qu'elle venait d'une famille fortunée. Elle n'avait sûrement pas l'habitude qu'on s'adresse à elle de cette façon, ce qui expliquait son changement soudain d'attitude.
Il la fixa droit dans les yeux un très long moment qui dû paraître interminable à la jeune fille. Autour d'eux, il n'y avait pas un bruit, tout était lisse, aucune onde sonore n’émergeait. Ils furent alors plongés dans un silence cru pendant quelques minutes. Quand Grima jugea qu'il avait assez attendu, il se remit à marcher, dos à elle.
"Vous êtes bien trop curieuse.", dit-il d'une voix ferme. Alors qu'il disait ces mots, il se mit à s'éloigner grandement de la jeune fille, sans qu'il ne puisse rien contrôler. Il ne pouvait normalement pas l’apercevoir, étant dos à elle, mais il voyait quand même en quelque sorte qu'elle devenait de plus en plus petite, comme s'il était entraîné vers l'avant. Pourtant, il lui semblait marcher lentement, pas à pas, comme il avait l'habitude de faire ! Il laissa passer un silence après cette première phrase et continua, comme si elle était toujours près de lui :
"Je recherche quelqu'un qui me serait d'une grande aide."Il eut alors comme l'impression que toute cette scène s'était déjà passée, ou bien qu'elle allait se produire. Comme si ce rêve lui donnait des indices sur la grande question qu'il se posait depuis deux semaines. Pourtant, il avait le sentiment que ce rêve durait déjà depuis des heures, et il ne voyait pas l'utilité de la jeune fille dans son plan. Il fallait la questionner, chercher à savoir ce qu'elle faisait là. Mais il fallait le faire d'une manière intelligente, et habile. Ne pas la froisser, et obtenir ce qu'il voulait.
Alors qu'il se retournait pour marcher vers elle, le décor changea subitement et il se retrouva assis dans un fauteuil posé sur du parquet noirâtre. En face de lui se tenait la jeune fille, qui buvait une tasse de thé. Il prit ses aises dans le fauteuil et lui dit, d'un ton amical :
"Endroit très charmant. C'est chez vous ?"