« Je ne sais pas, je cultive des algues à la boutique et je les reconnais souvent même séchées, mais il faut dire que la plupart viennent des rivières. Et en plus, tu as raison, c’est bien différent de Balaïne, alors il y a sûrement des plantes que je ne connais pas ici… »Benedikt jeta un coup d’œil à celles qu’il avait dans les mains et fila les déposer dans l’évier de la petite cuisine, à moitié dans l’eau pour qu’elles ne se dessèchent pas tout de suite. Il était encore frigorifié ; Vrass était parti tellement vite qu’il n’avait eu le temps que d’enfiler ses baskets s’il voulait suivre ce dernier, si bien que le petit botaniste avait fait tout le trajet le visage fourré dans sa serviette, complètement embarrassé par le regard des étrangers. Même recouvert largement par une grande serviette, épaules y compris, le simple fait de savoir qu’il était complètement nu là-dessus l’avait fait raser les murs, contrairement au winghox qui paradait avec une complète indifférence, offrant un contraste assez amusant.
Aussi il était bien appréciable pour lui de se retrouver dans un endroit privé, surtout quand l’endroit en question proposait une douche brûlante. Benedikt se glissa contre Vrass, claquant des dents, pour profiter de l’eau qui coulait déjà sur lui comme il avait déjà commencé à se laver. Pour l’instant, lui n’avait le courage de mettre un bras hors du jet de chaleur tellement agréable pour attraper la bouteille de shampooing. Peut-être dans quelques heures ! Lorsque le tatoueur s’éloigna pour se sécher un peu, Benedikt resta sous l’eau, exploitant toute cette eau chaude qui n’avait que lui sur qui tomber maintenant. Il hésita un instant devant les paroles de Vrass, les oreilles bouchées, et rouvrit les yeux :
« Mmmh, je ne crois pas. Ça m’irait de rentrer maintenant, je ne vois pas trop ce qu’on pourrait voir encore ici. »Benedikt se mit quand même à sourire légèrement et passa une main sur son visage pour éviter d’avoir du shampooing dans les yeux.
« Le mal du pays ? Tu es si attachés aux Ghettos que ça, maintenant ? » s’amusa-t-il.
« La beauté des toits en tôle est devenue une drogue pour toi ? »Lorsqu’il accepta enfin de quitter la douche pour s’enrouler à nouveau dans une serviette, le petit botaniste dégageait de la vapeur d’eau comme une cocotte-minute et portait un grand sourire satisfait. Il refit le pansement de sa main, plus légèrement, avant de se rhabiller complètement en demandant de l’aide au tatoueur.
« Je peux nous ramener à la maison, si tu veux ? Il faut que je m’entraine à utiliser ma perle ! » proposa-t-il.
« Même si je ne réussis pas à nous faire atterrir correctement là où on veut, on pourra en profiter pour trouver un endroit dehors ou manger, non ? Je commence à avoir sérieusement faim maintenant ! »Benedikt aida Vrass à rassembler leur affaire avant de lui dire de finir pendant qu’il allait prévenir Kara qu’ils partaient. Quelque part, cela lui semblait plus poli puisqu’elle leur avait fourni un endroit plus que confortable pour dormir. Et puis partir lui donnait aussi une excuse pour ne pas avoir à discuter trop longtemps, alors ce n’était pas si terrible à faire, même s’il dût quand même lui promettre de revenir dans la semaine pour les aider à régler les multiples ennuis qu’ils avaient.
Lorsque le botaniste revient un quart d’heure après, il aida le tatoueur à vérifier qu’ils n’oubliaient rien, et puis lui tendit une main pour se concentrer sur la Basse-ville aussitôt que celui-ci l’ait attrapé. Pourtant pas assez bien pour atterrir devant la porte de la boutique de tatouage, comme il l’avait prévu. Ils s’étaient retrouvés dans une allée sombre juste à côté des jardins de Belleville. Benedikt trouvait ça presque agaçant étant donné combien il lui était difficile de les retrouver lorsqu’il y travaillait encore.