PrécédemmentMay Ling renouvela un vœu à son tour, désirant fuir cette ville également. Antiphane n'avait pas prévu de repartir en sa compagnie, mais n'osa pas non plus lui dire. Qui plus est, il était déjà trop tard, car déjà le puit semblait être une nouvelle fois possédé par un diable.
Le cortésian était à la fois soulagé de voir qu'il se passait enfin quelque chose et effrayé d'entendre comme un cri surgir de ce puit. Lui qui appréciait par dessus tout la quiétude du silence, était mal à l'aise parmi le bruit. Il plaqua ses deux mains sur chacune de ses oreilles et vit le puit exploser dans une explosion étouffée. Avec effroi il fixa cette main s'élever et se précipiter vers lui. Le choc lui coupa le souffle et instinctivement il ferma les yeux, ne ressentant désormais plus que les secousses.
Il préférait ne pas voir ce qu'il se passait autour de lui, mais il savait qu'il avait été jeté au fond du puit. D'abord, il y avait cette chute qui lui paraissait interminable puis enfin la main le lâcha. Ce n'est qu'à cet instant qu'il se retrouva plongé dans une eau si froide qu'il eut à nouveau le sentiment d'être comprimé par une main géante. Mais cela était seulement l'effet de l'eau froide. Il garda les yeux fermés, mais cette fois-ci pour se protéger de l'eau. Le froid l'aida à oublier qu'il commençait à manquer d'oxygène, mais au bout d'un moment, ses poumons lui rappelèrent qu'ils manquaient d'air. Il agita dès lors les bras dans l'espoir de remonter à la surface, cependant il fut happé vers le bas par une petite mais violente vague qui ne cessait de se répéter pour l'entrainer toujours plus profondément.
Lorsqu'il crut que son heure était arrivée, pour une seconde fois de la journée tout de même, des bulles surgirent du fond et le repoussa jusqu'à la surface si violemment qu'il en fut éjecté. Il se retrouva étendu sur un sol si froid qu'il crut être bel et bien mort. Mais une seconde détonation provenant du puit lui démontra qu'il se trompait. A son tour, May Ling avait été libérée de l'emprise des Dieux.
Il voulut se relever, mais il en était incapable comme s'il était en train de geler sur place. Il ne sentait même plus ses membres tant ils étaient engourdis. Sa gorge le brulait lorsqu'il respirait, si bien qu'il se mit à haleter comme un animal blessé.
Il commençait à tomber dans un sommeil qu'il ne pouvait repousser. Il était si tentant de s'endormir... Mais il n'eut pas le loisir de sombrer au pays des rêves, car des voix attirèrent son attention et aussitôt après, il sentit des mains le secouer. Il ouvrit les yeux, mais ne distingua pas les formes qui se penchaient sur lui. Il ne trouva même pas la force de les repousser. Même la peur ne trouva pas sa place. Il sentit qu'on le soulevait.
« Emmenez-les à l'auberge de l'Aurore Boréale ! » Réussit-il à comprendre alors qu'on le couvrait d'une courte veste.
« Que s'est-il passé ? » Interrogea un homme qui semblait accourir jusqu'au petit groupe qui s'occupait d'eux.
« Le puit, c'est le puit ! On aurait dit qu'un dragon soufflait à l'intérieur. Puis il a explosé et expulsé ces deux jeunes gens ! » Expliqua l'un d'eux, essoufflé par la précipitation.
« Explosé ? Mais il n'y a aucune trace d'explosion ! » Remarqua justement le curieux qui désormais aidait le groupe à les transporter jusqu'à l'auberge.
« C'est normal, le puit s'est reconstitué juste après, comme par magie ! »
Il n'y eut aucun autre commentaire. Antiphane était secoué par le rythme de leur course, balançant tantôt dans un semi-sommeil et tantôt dans un moment de pures sensations qui le faisait horriblement souffrir.