« Non, c’est bon, je préfère le garder pour autre chose ! » déclara le petit botaniste à travers la cuisine, pour répondre à Vrass resté de l’autre côté. Il revint pour déposer son plateau, et la réponse de Vrass à a nouvelle question le fit un peu réfléchir.
« Mmh, tu n’as pas tort… Mais j’ai peur de me dire après que je ne leur aurais pas dit ce qu’il fallait, ou que je l’ai dit d’une mauvaise manière, ou… Je me dis, et s’il n’appréciait pas ce que je suis devenu ? Même sans parler de choses précises, juste moi, mon caractère, et tout ? »Benedikt soupira, restant muet un instant, avant que le tatoueur lui pose une question qui lui changea immédiatement les idées. Il se redressa avec quelques étoiles dans les yeux et un grand sourire :
« Des hamburgers ! »~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~
Quelques jours plus tard, les réflexions du petit botaniste sur sa famille ne s’étaient toujours pas envolés, mais devenaient un peu répétitives, si bien qu’il n’y pensait que par hasard, en servant une petite famille dans sa boutique ou lorsqu’une de ces publicités pour des vacances pas chères s’étalaient sur le mur d’un bâtiment de la Basse-ville.
Le convoi de Banba partant un dimanche, comme ils l’avaient découvert, Vrass et Benedikt avait eu une petite semaine pour tout mettre en ordre et travailler encore un peu d’arrache-pied. Le petit botaniste était toujours aussi surpris que l’or qu’il recevait chaque mois de Sayah avait une fin, mais s’attela d’autant plus religieusement à garder sa boutique aussi irréprochable que possible. Ce qui expliquait probablement pourquoi il était rentré souvent tard, des herbes et de la terre collées aux vêtements et à ses bottes, comme s’il s’était roulé dans un champ un peu boueux.
Si bien qu’après ça, Benedikt aurait bien appréciés une bonne grasse matinée ce dimanche-ci. Malheureusement pour lui, le convoi partait de Banba à 10h, et ils allaient devoir se lever avant pour y aller – dieu merci que Vrass possède une perle de Sayah.
Ce n’était pas souvent qu’on voyait le botaniste bailler et grogner en se lavant après huit heure du matin, mais c’était bien le cas aujourd’hui. Il s’étira encore un peu tout en surveillant les œufs au plat qui cuisaient dans sa poêle, jetant un regard ensommeillé à la radio qu’il n’arrivait pas à suivre. Iza tournait autour de lui depuis tout à l’heure, attirée par l’odeur du bacon, et si elle n’allait pas quémander, ce n’était pas son genre, elle savait très bien que sa simple présence lui ferait gagner de la part de Benedikt un bon morceau de viande, quelque soit ce que c’était.
« Vrass, un convoi, ça met combien de temps à faire Banba-Aspasie, plusieurs jours tu penses ? Ça met plus de temps que si on est à pieds, non ? »Le petit botaniste s’était entrainé à l’arc pendant ses heures libres, cette semaine, histoire de calmer la légère appréhension qu’il avait face à l’idée que Vrass et lui se mettent en danger inutilement. Bien sûr, en général, le tatoueur se débrouillait déjà bien tout seul, mais Benedikt était bien placé pour savoir que parfois, cela ne suffisait pas. Et puis après tout, s’ils devaient protéger une charrette en chemin vers une autre ville, autant qu’il puisse servir à quelque chose d’autre qu’à soigner les gens, après qu’il se soit fait dévaliser leur marchandise.