Un refuge aux cauchemars

Bienvenue dans ce monde onirique dépourvu de frontières et exempt de limites à votre imagination. Laissez-vous porter par vos songes... faites connaissance avec d'autres rêveurs.

Un refuge aux cauchemars

Messagepar Benedikt » 10 Juin 2014, 19:58

Benedikt n’était pas sûr de comment il s’était retrouvé là. Il était là pour récupérer ces horribles plantes bleues qui servaient à guérir les rhumes, ça, c’était sûr, mais le reste ? Le petit botaniste ne s’expliquait pas pourquoi le début de l’après-midi avait semblé passer si vite, comme un éclair, et comment il s’était retrouvé là, à la limite d’une forêt. Où se trouvait-il exactement ? Ça ne ressemblait pas du tout à la Basse-ville. Ni à Aspasie. Ni à Balaïne.

Le petit botaniste finit par hausser les épaules et trottina un peu plus loin pour ramasser quelques orties qu’il mit dans son panier en osier tressé. L’ortie, ça servait toujours, et pour plein de choses. Et puis, autant ne pas s’inquiéter, après tout. Il devait bien y avoir Vrass quelque part pas loin, et le tatoueur n'aurait pas de mal à le repèrer avec son manteau rouge vif, s’il avait un problème. Ce n’était clairement pas une tenue de camouflage dans tous ces feuillages et ces herbes. Mais même malgré cela, il comprenait pourquoi il avait pris ce manteau avec lui, les bois étaient épouvantablement sombres, et même une forme rouge sang à quelques mètres était probablement difficile à distinguer.
Frissonnant un peu sous ses réflexions, Benedikt se mit à chantonner pour se donner du courage, cachant sans le vouloir le bruit discret des pas derrière lui. Et il ne remarqua l’ombre qui s’étendait au-dessus de lui que quand un grognement l’accompagna ; lorsque le petit botaniste se retourna, le cœur battant à tout rompre, c’était déjà trop tard et il n’avait plus que le temps de hurler.

L’énorme bête lui attrapa la cheville avant qu’il ne puisse s’enfuir, et personne ne sembla non plus répondre à ses hurlements désespérés, ni même Vrass quand il utilisait son nom. Benedikt ferma les yeux avec la certitude qu’il allait se faire dévorer sur le champ, mais soudainement, le loup au-dessus de lui se faisait jeter sur le côté.
Le petit botaniste ne chercha pas à savoir par qui ou quoi. Il détala comme un lapin en une seconde, ignorant la blessure à sa jambe qui envoyait des décharges de douleur dans sa colonne vertébrale dès qu’il posait un pied par terre. Il voulait simplement s’éloigner aussi vite et aussi loin que possible, et n’avait même pas eu le temps de réfléchir dans quelle direction il allait : Benedikt courut ventre à terre jusqu’à ce qu’il se retrouve hors des forêts, dans une plaine où le soleil l’éblouit.

Il y avait une maison pas très loin, plantée au milieu des herbes vert tendre, et le petit botaniste continua instinctivement sa course jusqu’à celle-ci, frappant désespérément à la porte d’entrée. Il s’effondra par terre, le regard rivé sur la lisière de la forêt d’où pouvait surgir cette bête immonde à tout moment. Le petit botaniste frappa aussi fort qu’il put tant que personne ne lui répondait, sa respiration saccadée et la douleur perçante le faisant hoqueter. Et si personne ne lui ouvrait ? Benedikt se mit à sangloter de terreur rien qu’à l’idée.

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Antiphane Bevnadin » 11 Juin 2014, 22:37

Ce soir là, Antiphane alla se coucher en colère. Une fois encore il s'était pris la tête avec Gavroche qui lui reprochait toujours les mêmes choses. Ils avaient beau avoir plus de trente ans, ils se comportaient toujours comme des gamins. Et de ça, il en était fatigué. Il s'endormit alors l'esprit troublé.

Habituellement, Antiphane n'était jamais conscient lorsqu'il s'endormait. Il se souvenait que, lorsqu'il était enfant, il essayait de se souvenir du moment où il s'endormait. Aucune de ses tentatives n'avaient abouti. Pourtant, cette fois-ci il se sentit partir comme si quelqu'un l'emportait avec lui, dans un sommeil qui ne lui appartenait pas.

Mais lorsqu'il se mit à rêver, il avait déjà oublié qu'il s'était endormi. Et dans son rêve, il se trouvait chez lui, ce qui le conforta dans l'idée qu'il ne rêvait pas. Mais les murs étaient sombres malgré les lumières allumées. De longues ombres étaient projetées au plafond, s'étirant comme si elles étaient vivantes. Antiphane ne comprenait pas ce qui se passait, mais il était effrayé de voir que chaque recoin était plongé dans les ténèbres.

A ce moment, il ne se souvenait pas non plus qu'il s'était disputé avec son frère récemment. C'est pourquoi son premier réflexe fut de vouloir le retrouver pour y dénicher un peu de réconfort. Il courut jusqu'à sa chambre, mais lorsqu'il ouvrit la porte il découvrit une pièce complètement vide. L'idée qu'il puisse être parti ne l'effleura même pas. Il se retrouva face à un vide qui lui comprima la poitrine.

« Gavroche ! » Se mit-il à crier. Ses cris, qui pourtant surgissaient seulement dans les esprits, résonnèrent dans toute la maison, comme si des centaines de voix s'amusaient à répéter ce que lui-même criait désespérément. Puis il perçut un mouvement. « Gavroche ? C'est toi ? » se risqua-t-il à demander. Mais ce n'était pas lui. Avec effroi il perçut le visage boursoufflé d'un homme qui, à la place des doigts, avaient de longues lames. Celui-ci se jeta sur lui et Antiphane sentit dans sa chute qu'on lui griffait le bras.

C'est à ce moment précis qu'il se réveilla en sursaut. Exactement comme lorsqu'il avait ce sentiment de chute au moment précis où il croyait s'endormir. Il alluma la lumière afin de s'assoir dans son lit. Il fixa les murs de sa chambre sans penser à quoique ce soit. Finalement, il avait quand même dû s'endormir pour être aussi désorienté. Il se recoucha sans même sentir la griffure lancinante au niveau de son bras.

Une nouvelle fois il se sentit partir dans un rêve et une fois encore il se mit à rêver sans en être conscient. Il était toujours chez lui, dans cette pièce aux ombres inquiétantes. Le schéma était le même que celui du rêve précédent. Alors qu'il allait se mettre à courir pour retrouver Gavroche, il entendit comme des coups de tonnerre, ce qui l'arrêta net. Il resta immobile, à écouter cet orage avant de réaliser que quelqu'un frappait à sa porte.

Inquiet, il alla dans le hall d'entrée et patienta encore un peu derrière la porte, écoutant attentivement les frappements qui ne le rassuraient pas. Il aurait dit qu'on frappait désespérément. Puis il ouvrit pour découvrir un corps secoué de sanglots juste à ses pieds. Lorsqu'il remarqua les boucles noires, il réalisa que c'était Benedikt. D'abord, il se demanda ce qu'il faisait là sachant qu'il n'était pas sensé savoir qu'il habitait cette maison. D'ailleurs, personne n'était sensé savoir cela. Puis, se souvenant qu'il l'appréciait, il le souleva difficilement et le traîna presque jusqu'à l'intérieur.

« Benedikt ? » Réussit-il à demander. Il l'emmena alors dans le salon et l'installa sur le canapé, remarquant sa cheville ensanglantée. Comprenant qu'il avait très certainement été agressé, il le laissa seul quelques instants le temps de refermer la porte et de verrouiller la serrure. Quand il alla le retrouver, il s'assit à côté de lui, le regardant prudemment. Il voulait lui venir en aide, mais égoïstement il craignait que l'arrivée de Benedikt n'ait attiré une menace au sein de sa propre maison, là où il s'était toujours senti en sécurité.

Etant totalement dépassé par la situation, la seule idée qui vint à Antiphane fut d'aller chercher de l'aide auprès de son frère.

« On va aller voir Gavroche, c'est mon frère, lui saura ce qu'il faut faire ! » Expliqua-t-il à Benedikt lorsqu'il passa le bras de ce dernier autour de son propre cou. Ainsi, il pourrait l'aider à marcher sans trop prendre appui sur son pied douloureux. N'entendant que ses sanglots, Antiphane ne sut comment le rassurer, ni même quoi dire pour le calmer. En fait, il ne savait pas qui des deux était le plus angoissé. « C'est sa porte de chambre. Ça va aller, calme toi. Tiens ouvre là maintenant. »

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Benedikt » 12 Juin 2014, 01:14

Benedikt avait reconnu, surpris, un de ces clients qu’il avait vu plusieurs fois. Antiphane ! Mais le petit botaniste ne prit de toutes manières pas beaucoup de temps pour réfléchir à son hôte. Celui_ci semblait ne pas trop quoi faire et voulait l’emmener voir son frère, mais…
Le petit botaniste n’eut pas besoin d’essuyer ses yeux pour réaliser que la personne en question n’était pas du tout là. En fait, la pièce toute entière était vide. Est-ce que c’était vraiment la chambre de quelqu’un ? Benedikt papillonna des yeux.

« Il… Il n’y a personne. » informa-t-il Antiphane malgré le fait que celui-ci pouvait le voir lui-même. Le botaniste commençait même un peu à s’inquiéter, parce que c’était un peu étrange de l’emmener ici alors qu’il semblait n’y avoir que lui qui vivait dans cette maison ? C’était tellement sombre, peut-être qu’il n’avait pas vu quelques meubles dans cette pièce. Benedikt jeta un nouveau coup d’œil mais elle était toujours vide et semblait encore plus petite.
« Je… Je peux me soigner moi-même je crois, mais… Une bête m’a attaqué et j’avais peur alors que je ne voulais pas rester dehors et c’est la première maison que j’ai croisé. Je… Je peux rester ici un peu ? »
Le petit botaniste frissonnait presque en imaginant la bestiole qui l’avait attaqué roder autour de la maison. Heureusement que celle-ci semblait bien gardé. Même la porte, Antiphane l’avait fermé à clé. Benedikt tourna la tête pour jeter un coup d’œil à la fenêtre au bout du couloir ; une lune brillante s’était levée au milieu d’un ciel étoilé. Est-ce que cela faisait si longtemps qu’il était ici ? Probablement. Il haussa les épaules, pour l’instant, il aurait simplement préféré s’asseoir, il était épuisé. Une tasse de thé serait la bienvenue, tiens, cela calmerait sûrement son cœur qui battait la chamade.

Une porte s’entrouvrit juste à côté d’eux et le petit botaniste sursauta, puis espéra qu’il s’agissait du frère qu’il cherchait ; mais rien de tout cela puisqu’elle finit de s’ouvrir lentement en grinçant sur une pièce remplie du plancher au plafond.
Benedikt lâcha Antiphane pour s’approcher, émerveillé sans raison. Flûte, c’était dommage ! La pièce l’attirait avec tout ce fracas divers, mais quand il prenait la peine de se pencher sur quelque chose d’intéressant, cela se révélait toujours être parfaitement banal. Et familier. Le petit botaniste attrapa une chaussette qui trainait et se redressa pour jeter un drôle de coup d’œil à Antiphane. Certes, ça ne se faisait pas se balader et de fouiller chez les gens comme ça mais…
« Pourquoi vous avez une de mes chaussettes chez vous… ? Et ça, c’est un de mes herbiers ! » Il attrapa ce dernier pour le serrer contre sa poitrine et reculer, soudain méfiant. Un vent frais s’engouffrait derrière lui d’une fenêtre ouverte et Benedikt chancela un peu, incapable de tenir debout correctement sans avoir mal.

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Antiphane Bevnadin » 13 Juin 2014, 00:08

Antiphane avait peut-être choisi inconsciemment de laisser Benedikt ouvrir la porte, se rappelant au fond de lui ce qui lui était arrivé plus tôt. Mais lorsque la porte fut ouverte, il ne se passa absolument rien, ce qui le troubla d'autant plus. Même si son inconscient craignait de découvrir ce qui se cachait derrière la porte, Antiphane fut étonné de ne pas y trouver son frère.

« C'est la chambre de Gavroche normalement... » Se mit-il à faire comme pour se justifier. Il était passé où celui-là encore ? Retournant sur ses pas, il jeta un coup d'oeil dans le couloir pour vérifier s'il ne s'était pas trompé de porte. Ce qui n'était pas le cas, c'était bien la chambre de son grand frère. Mais comme il s'agissait d'un rêve, cela ne le troubla pas bien longtemps. Après tout, Gavroche devait se trouver ailleurs, dans une autre chambre et peut-être même la sienne. Mais avant de penser à aller vérifier, il répondit à Benedikt, changeant ainsi de sujet définitivement.

« Bien-sûr que tu peux rester ! » D'autant plus qu'il n'y avait plus son frère, donc une présence n'était pas du luxe. « Je suis désolé de t'inviter dans ces conditions, mais ça me fait plaisir d'avoir du monde à la maison, c'est tellement rare ces derniers temps. » Mais en réalité il n'avait aucun souvenir d'une quelconque visite. « Si tu veux, nous irons dans la salle de bain, si elle n'est pas vide elle non plus... normalement on y trouvera une trousse de secours. On pourra peut-être soulager ta douleur. » Ajouta-t-il en voyant Benedikt boiter vers le placard.

Et ce qu'ils purent découvrir dans ce placard n'étonna pas seulement le jeune botaniste. Antiphane ne connaissait même pas l'existence de ce placard ! Alors, ce qu'il pouvait contenir était encore plus un mystère ! Voyant la réaction méfiante de son invité, Antiphane chercha à s'expliquer avec difficulté.

« Je... Je n'en ai pas la moindre idée ! Je ne savais même pas qu'il y avait un placard là. En fait, la pièce ne ressemble vraiment pas à la chambre de Gavroche ! En tout cas, vous aviez apparemment perdu votre chaussette pour qu'elle se trouve là, mais vous l'avez maintenant retrouvé ! C'est une bonne chose, n'est-ce pas ? »

Antiphane pencha sa tête sur le côté afin de jeter un coup d'oeil dans ce placard inconnu. Quelque chose brillait et avait attiré son attention. Il s'approcha alors, contournant Benedikt qui serrait toujours son herbier contre lui, comme si Antiphane allait le lui voler. Mais ce dernier n'était pas du tout intéressé par cette chose qu'il considérait plus qu'inutile. Il découvrit en se penchant une lame qui lui rappelait, à lui aussi, vaguement quelque chose. Il la ramassa et sentit son avant bras lui bruler, ne se rappelant toujours pas ce qui s'était passé dans cette même pièce quelques temps auparavant. Il sentit alors un long frisson parcourir sa nuque, mais cela n'était pas seulement provoqué par ce sentiment d'angoisse. Il y avait aussi un courant d'air. Ce n'est qu'une fois retourné qu'il remarqua cette fenêtre ouverte. N'importe qui pouvait rentrer par cette fenêtre ! A quoi pouvait servir de verrouiller les portes si les fenêtres étaient ouvertes ? Celui, ou la chose, qui avait agressé Benedikt pouvait rentrer à tout moment.

Il courut alors jusqu'à la fenêtre, serrant fermement la lame entre ses doigts. Plus il se rapprochait, plus l'air devenait froid. Mais lorsqu'il voulut le refermer, une ombre gigantesque passa devant lui. L'ombre d'un loup énorme et aux crocs saillants et ensanglantés. Il se mit alors à hurler dans l'esprit du botaniste.

« Par Alrik ! Je viens de voir un loup, un loup énorme ! C'est lui qui vous a agressé ? » Il recula, n'osant plus s'approcher de la fenêtre. Avec un peu de chance, le loup n'avait pas aperçu l'ouverture. Puis ils purent entendre un nouveau grincement de porte, mais cette fois-ci, c'était le grincement de la porte de chambre. Elle se refermait doucement, comme si quelqu'un s'amusait à la pousser depuis l'ombre de celle-ci. Antiphane se serait cru dans un film d'horreur. Tout à coup la porte claqua, les plongeant dans un noir quasi absolu, car la lune se reflétait par la fenêtre. Et c'est avec horreur qu'Antiphane entendit un bruit de lames qu'on frottait les unes contre les autres, ou alors comme des ciseaux qui se refermaient sèchement. Etouffé par l'émotion, il lâcha son arme qui tomba au sol.

« Benedikt ? Tu es toujours là ? » L'appela-t-il. « Et ta cheville, elle va bien ? Je suis désolé, nous ne sommes toujours pas allé cherché de quoi la soigner. » Dans ces moments là, c'était presque drôle de voir comment l'esprit se préoccupait de choses complètement incongrues.

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Benedikt » 13 Juin 2014, 14:41

Benedikt dirigea des yeux écarquillés sur la fenêtre.
« Oui, c’est- c’est la bête qui m’a attaqué… » souffla le petit botaniste, complètement terrorisé de voir qu’Antiphane ne semblait pas vouloir aller fermer cette fenêtre d’où il avait vu ce monstre. Bon, il ne pouvait pas lui en vouloir, lui n’avait pas non plus le courage d’aller la refermer. Là-dessus, ils se retrouvèrent dans l’obscurité, et un bruit pas du tout rassurant se fit entendre de plus en plus fort. Benedikt lâcha son herbier qui tomba sur le sol avec un claquement sec lorsqu’il sentit la présence de quelque chose derrière lui, et se précipita sur Antiphane pour s’éloigner de ce bruit de lames qui l’effrayait peut-être encore plus que le loup qui rodait autour de la maison. Mieux valait un voleur de chaussettes que ce qu’il y avait derrière lui, probablement.

« Antiphane ! » appela le petit botaniste, mais ses paroles se transformèrent en hurlement avant la fin quand le plancher se déroba sur ses pieds. Il retomba au rez-de-chaussée dans un immense fracas, accompagné de tout le bordel du placard. Benedikt grogna quand son herbier lui rebondit sur son crane avant de s’étaler par terre, ses pages s’éparpillant partout. Il n’était pas sûr d’avoir monté un escalier ? Mais de toutes évidences, là, ils venaient du dessus. Il y avait un trou béant là où le plafond aurait dû se trouver, comme si le plancher de la pièce où ils se trouvaient quelques instants plus tôt avait disparu.
« Antiphane ? » appela à nouveau Benedikt, cette fois un peu plus lentement, vu la confusion de sa chute. « Ça va ? Tu es où ? »

Il tâtonna un peu dans le bordel qui les entourait, contournant des fauteuils au tissus lacéré, mais lorsqu’il réussit à retrouver la silhouette de son client tatoué, ce bruit horrible avait recommencé et le petit botaniste se figea une seconde, regardant Antiphane avec de grands yeux qui demandaient s’il entendait la même chose.
Et puis, comme ça semblait s’approcher, Benedikt lui attrapa le poignet et l'entraina derrière lui à travers la pièce à toutes jambes. Ils se retrouvèrent à nouveau dans un couloir qui ressemblait parfaitement à celui qu’ils avaient traversé un peu plus tôt, et le botaniste les emmena sans hésitation derrière une porte ornée d’une petite médaille, pour refermer le loquet derrière eux prestement.
La lumière allumée, Benedikt s’aperçut immédiatement qu’il connaissait cet endroit. Le tapis en éponge sous leurs pieds, c’était lui qui l’avait acheté. Il s’assit à bout de souffle sur la lunette de toilettes, grimaçant sous la douleur.

« C’est ma salle de bain ! » déclara le petit botaniste, avant de rajouter sur un ton de gens qui venaient de réaliser la logique de leur action : « Ça doit être pour ça que je savais où aller. »
Il demanda à Antiphane s’il pouvait lui donner une énorme trousse en tissus qui trainait pas loin, et fit un bruit heureux lorsqu’il l’eut enfin dans ses mains et qu’il put fouiller dans des flacons et pots divers qui sentaient tous aussi fort les uns que les autres.
« Je pense qu’on est en sécurité ici, j’ai fermé la porte et on est chez moi. C’est bizarre, n’empêche, non ? J’imagine que peut-être nos deux maisons se sont un peu mélangées, ça explique pourquoi il y a mes chaussettes qui se sont perdues chez toi. »

Le petit botaniste se mit à nettoyer la blessure qu’il avait à la cheville, puis la soigna aussi bien qu’il pouvait avec quelques gémissements de douleurs. Il jeta quand même un regard inquiet à la porte au bout d’un moment, avant de demander timidement :
« Tu penses qu’il y a rien qui nous attends derrière, on pourra ressortir sans problème ? » Benedikt se mordit la lèvre, et continua à voix basse. « Je voudrais bien qu'il fasse jour. Ta maison est effrayante dans l’obscurité. C’est comme s’il y avait des monstres qui nous voulaient du mal dans tous les recoins. »

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Antiphane Bevnadin » 15 Juin 2014, 19:57

Antiphane eut juste le temps d'entendre un objet chuter lourdement avant de sentir le sol se dérober sous ses pieds. Le parquet se fissurait et s'effondrait en silence, comme s'il était devenu sourd. Mais il savait que ce n'était pas le cas, car il entendit Benedikt hurler son nom. Prit au piège, il reculait vers la fenêtre pour ne pas tomber. Il ne savait quoi choisir entre la fenêtre qui donnait sur un monstre et la chute libre. Il opta finalement par la chute et il fut entrainé un court instant avec les débris qui lui frôlaient le visage. Il se protégea de ses mains, mais ne put rien faire pour l’atterrissage qui lui coupa le souffle.

Il se releva en tanguant, encore sous le choc. Il répondit aux questions de Benedikt qui semblait s'inquiéter de son état.

« Je suis là ! » L'informa-t-il comme s'il pouvait suivre le son de sa voix. Ce qui n'était pas le cas de toute évidence. « Et je vais bien, quoiqu'un peu sonné, mais ça va aller... » Il était tellement sonné même qu'il ne réagit même pas lorsqu'on l'entraina par le poignet dans des couloirs toujours aussi sombres et effrayants. C'était le botaniste qui courrait et l'entrainait avec lui. Antiphane le suivit en boitant un peu à son tour, suite à sa chute de tout à l'heure. Ils s'enfermèrent dans une salle de bain qui n'était de toute évidence pas la sienne, ce qui ne le troubla pas pour autant.

A la demande de Benedikt, il lui passa la trousse en tissus qui contenait le nécessaire pour soigner sa cheville douloureuse. Il ne pouvait expliquer pourquoi, mais cette preuve de confiance l'émut plus qu'il ne le pensait. Un bouquet de fleurs resplendissait dans un vase juste à côté du miroir. Antiphane s'en empara et le tendit à Benedikt avec la trousse en tissus.

« Merci Benedikt, je suis touché de la confiance que tu me portes... » Il renifla, retenant ces quelques larmes qui lui brouillaient la vue. Il détourna alors la tête pour cacher ses émotions qu'il ne pouvait contenir tant elles étaient fortes. Son regard se posa sur la porte et vit alors que celle-ci était verrouillée. « Moi aussi j'ai confiance en toi, mais je ne pense que nous soyons en sécurité ici, même avec ce verrou ! » Expliqua-t-il en pointant du doigt le verrou qu'il considérait inutile.

Il s'assit à même le sol, inquiet mais l'esprit agité par des idées pour les sortir de ce pétrin. Cependant il n'eut pas le temps de trouver une solution que le jeune botaniste théorisait la situation, cherchant à expliquer pourquoi ils se trouvaient désormais dans sa salle de bain.

« Tu penses vraiment que nos maisons sont mélangées ? Mais... ça veut dire que nous vivons ensemble depuis le début, je me trompe ? Mais je n'ai pas le souvenir de t'avoir croisé auparavant. » Finit-il par dire le regard confus. Dans tous les cas, c'était une bonne chose, car avec un peu de chance, ils avaient laissé chez lui les monstres qui les traquaient. D'ailleurs, Benedikt semblait se poser les mêmes questions, car il lui demanda si des monstres les attendaient derrière cette porte.

Antiphane se releva comme si faire cela allait lui donner le courage nécessaire pour vérifier s'il n'y avait vraiment rien derrière la porte. Mais apparemment, Antiphane n'avait pas le courage, car il ne fit rien. Il tournait seulement en rond à la recherche d'une solution qui ne voulait pas se présenter à lui. Soudainement il s'arrêta et regarda fixement le botaniste pour se donner du courage. Il lui faisait confiance, il méritait donc que quelqu'un prenne son courage à deux mains et vérifier. Il lui dit de faire attention parce qu'il s'était décidé à le faire.

Il fit sauter le verrou qui résonna dans toute la pièce, comme si quelqu'un avait tiré un coup de feu. Comment pouvaient-ils désormais espérer ne pas se faire remarquer avec ça ? Il ouvrit doucement la porte, dévoilant petit à petit ce qui pouvait se cacher derrière. Ce n'est qu'une fois arrivé à la moitié qu'il vit la silhouette d'un homme avec de longues lames à la place des doigts. Aussitôt, il se ressouvint de l'agression de tout à l'heure. Il claqua alors la porte, reculant son visage juste à temps lorsque deux lames traversèrent la porte en bois. Très vite, il se mit à pleuvoir des copeaux de bois dans la salle de bain.

« Il faut sortir d'ici » vociféra Antiphane une nouvelle fois replongé dans la panique. Jamais il ne restait courageux très longtemps. Il s'agita dans la pièce en retournant tous les meubles, à la recherche d'une issue de secours. « Le miroir ! » s'exclama-t-il soudainement. Dans les films, il y avait toujours un coffre caché derrière les tableaux. C'est la raison pour laquelle il savait qu'il y aurait un tunnel derrière le miroir. Sa logique était implacable.

Il décrocha alors le miroir et découvrit un petit passage qui permettait de traverser le mur vers il ne savait quelle direction. Peu importait où cela pouvait mener, ils devaient sortir d'ici à tout prix. Sans trop laisser le choix au botaniste, il l'aida à grimper sur le lavabo permettant d'accéder au petit tunnel.

Voilà qu'une main venait de transpercer la porte dans un éclat qui projeta des morceaux de porte un peu partout dans la salle de bain.

Prit de tremblements incontrôlables, Antiphane poussa Benedikt dans l'ouverture. Ils devaient quitter cette pièce avant de se faire découper en fines tranches de saucisson sec. Puis, à son tour, il passa la tête, puis tout le corps par le trou à travers le mur et suivit Benedikt.

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Benedikt » 16 Juin 2014, 20:22

Le petit botaniste sursauta et hurla quand les lames traversèrent la porte en bois qui, de toutes évidences, n’allait effectivement pas les protéger longtemps. Heureusement, Antiphane avait trouvé un tunnel derrière le lavabo afin qu’ils puissent s’échapper, et Benedikt ne se fit pas prier pour grimper dedans, jetant un dernier coup d’œil déçu au bouquet de fleurs qu’il laissait là. Ce n’était pas si important, mais c’était la première fois qu’on lui offrait un bouquet, c’était dommage, non ? Même si ça venait de sa propre salle de bain. Antiphane lui avait fait plaisir. Son esprit ne resta pas trop longtemps coincé sur ce sujet, pourtant, ils avaient d’autres problèmes bien plus embêtants.
Benedikt espéra que son client pourrait crapahuter aussi vite que lui dans ce tunnel ; si sa taille et sa finesse était un avantage pour une fois, Antiphane était plus grand et mieux bâtis, si bien que l’endroit devait être plus étroit pour lui. Ils ne devaient pas rester là, surtout alors que le petit botaniste entendait l’homme derrière la porte engouffrer dans la petite salle de bain, puis essayer de les suivre à travers ce tunnel qui ne semblait jamais finir.

Ce fut avec un peu soulagement dans son cœur paniqué que Benedikt s’aperçut que l’ouverture s’agrandissait, et débouchait sur un labyrinthe de poutre qui retenait un toit. Il se dépêcha de se glisser sur l’une des poutres en bois et attrapa à nouveau le poignet d’Antiphane pour le tirer hors de ce tunnel le plus vite et sauter sur le plancher de la pièce seulement éclairée par la lumière blafarde de l’aube. Le petit botaniste se figea un instant. Les vieux lits alignés les unes après les autres le long du mur lui montraient qu’il se trouvait à l’orphelinat. Oh non ! L’heure du couvre-feu était passée depuis bien trop plus longtemps. Si une dame de l’orphelinat le trouvait hors du lit à cette heure-ci, il allait en voir de toutes les couleurs.

Mais derrière eux, un grand fracas lui indiqua qu’ils avaient d’autres problèmes que ceux qui n’appartenaient plus à cette époque. Benedikt se retourna sur l’homme aux doigts de lames et sentit son cœur se retourner, mais cette fois, n’attendit pas un instant avant d’agir ; il détala vers la première lampe à huile qui servait de veilleuse près de lui et la jeta violemment sur le sol, dans l’espoir que le feu prendrait rapidement.
Il fut plus que servi, le tout lui explosa pratiquement à la figure et le petit botaniste chancela pendant que ses tympans sonnaient d’un son blanc qui couvrait tout autre bruit. Il y avait de la fumée partout et il se mit à tousser, reculant pendant que le feu et ce qui était en train de s’effondrer formait une barrière entre eux et l’homme qui les poursuivait. Benedikt finit par s’enfuir à travers la porte qui, il le savait bien, menait vers une grande cage d’escalier à paliers.

« Mais ce n’est pas possible, ce n’est pas normal que mon orphelinat soit aussi mélangé à votre maison et à la mienne ! » s’écria-t-il à l’intention d’Antiphane alors qu’ils descendaient les marches quatre à quatre dans ce bâtiment qui semblait bizarrement dénué de tout enfants. « Et cet homme, vous l’avez vu ! Vous le connaissez ? Pourquoi il nous veut du mal, je ne comprends pas, je ne le connais pas, moi ! »
Le petit botaniste s’arrêta net avec un cri bref au pied d’un des derniers paliers. L’homme dont il était en train de parler était justement en face de lui, et Benedikt n’eut que le temps que reculer avant de se prendre un coup. Si bien que les lames effleurèrent seulement sa figure par bonheur, éraflant sa peau dans de longues coupures qui traversaient son visage d’un bout à l’autre. Comme un orphe tigre, pensait-il bizarrement.

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Antiphane Bevnadin » 17 Juin 2014, 20:06

Antiphane et Benedikt débouchèrent dans un dortoir juste après avoir traversés le tunnel. D'ailleurs, la traversée n'avait pas été des plus simples. Il avait du se courber à plusieurs reprises et même rentrer la tête entre les épaules. Mais ce n'était pas parce qu'ils en étaient sortis qu'ils étaient tirés d'affaire pour autant. L'homme aux lames à la place des mains avait apparemment lui aussi réussi à se faufiler à travers le tunnel.

A ce moment, le cortésian était totalement désemparé. Il ne voyait plus la moindre solution, car quoi qu'ils eussent fait, ils étaient toujours prisonniers de la situation. Absolument rien ne semblait l'arrêter... Mais heureusement, Benedikt n'était pas dans le même état que lui. La déflagration qu'il provoqua tira Antiphane de sa torpeur. Il fut projeté à travers le dortoir et retomba sur un lit, ce qui rendit le choc confortable. Il entendit seulement le lit grincer avant d'entendre un grésillement constant. L'explosion avait été si forte qu'il en avait perdu l'ouï temporairement. Avec un peu de chance, cet individu horrible qui les poursuivait avait été victime d'un coup de grisou. Le seul inconvénient est qu'ils ne pouvaient plus l'entendre arriver, si jamais il revenait, le temps que leurs oreilles se remettent du choc. Se relevant en chancelant, Antiphane suivit Benedikt.

« Je n'arrive pas à comprendre ce qui se passe. » Admit Antiphane lorsqu'il put entendre ce que disait le botaniste. Il courrait dans les escaliers, comme si les marches n'étaient pas des obstacles. Un peu comme s'il les survolait. Il avait cette drôle sensation de glisse. « Tu penses que nous sommes en train de traverser des portails qui nous permettent de passer d'un endroit à l'autre ? » Demanda-t-il cherchant à trouver une réponse. Mais cela était tellement irréel, il n'avait jamais été dans une telle situation. « A croire que c'est un rêve ! » Seulement, il ne pensa pas une seule seconde que tout cela pouvait être un rêve.

Ensuite, Antiphane voulut répondre à la question qui lui avait été posée, mais il n'en eut pas le temps. « Il est à nouveau là » pensa-t-il avec effroi. Comment avait-il fait pour s'en sortir et qui est plus sans la moindre égratignure ? Il vit ce monstre s'approcher de Benedikt, mais Antiphane ne réussit pas à réagir. Il était entièrement paralysé et ne pouvait qu'observer comme s'il n'était plus maître de son corps. Mais une fois encore, Benedikt n'était pas aussi tétanisé que lui, au dernier moment il recula s'en tirant seulement avec une griffure au visage. S'il n'avait pas reculé, il aurait très certainement été décapité...

Sans comprendre ce qui se passait, il sentit son corps partir en avant sans qu'il l'ait décidé. Il percuta de plein fouet celui qui avait osé blessé son ami, qui chancela quelques secondes avant de tomber lourdement au sol. Sans plus attendre, ce fut son tour de tirer Benedikt par le bras pour fuir. Et comme dans les romans ou les films, il se demanda pourquoi il ne l'avait pas achevé alors qu'il était à sa merci. Il vit au loin une porte avec un hublot qui laissait voir un peu de lumière. Il s'y dirigea sans attendre, trouvant que la lumière était rassurante.

Ils arrivèrent dans une cuisine luisante de propreté. Chaque centimètre carré étincelait de mille feux. Avec surprise, Antiphane découvrit une table sur laquelle il y avait deux couverts. Il proposa à Benedikt de s'y assoir et de manger. Après tout, cette course était affolante et ils devaient reprendre des forces. Il se servit lui-même ainsi qu'au botaniste un peu de vin. Il avait l'air délicieux !

« Prenons le temps de manger un peu avant de fuir. Sans force, nous ne risquons pas d'aller bien loin... » dit-il en souriant comme s'il s'agissait d'une situation parfaitement normale. « Pour en revenir à ce que nous disions, oh attends ! » Il prit sa serviette et la tendit à Benedikt qui saignait désormais du visage. « Ça ne fait pas trop mal au moins ? J'espère que ça ira, je n'ai pas trop envie de retourner dans la salle de bain... » Il souleva alors la cloche qui protégeait un repas fumant. « Je crois bien le connaître... » reprit-il en parlant de l'homme aux lames. « C'est assez flou en fait... J'ai du mal à me souvenir exactement ce qui s'est passé, mais juste avant que tu n'arrives, je suis entré dans la chambre de mon frère et il s'y trouvait. Il m'a sauté dessus, il me semble et... et... C'est là que c'est étrange, je me souviens juste me retrouver à nouveau dans l'entrée et t'entendre frapper à ma porte. »

D'ailleurs, il ressentit à nouveau ce sentiment d'angoisse qu'il avait éprouvé en voyant cet étrange loup qui avait agressé Benedikt.

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Benedikt » 18 Juin 2014, 19:15

« Ah, merci… » Benedikt attrapa la serviette qu’on lui tendait pour s’essuyer le visage, ce n’était pas si efficace puisqu’il avait toujours du sang un peu partout sur la figure, mais c’était mieux que rien. Et effectivement, lui non plus n’avait pas du tout envie de retrouver la salle de bain…. « Non ça va, ça picote juste… »
« Je vais survivre… ! » rajouta-t-il avec un petit sourire rassurant à l’intention d’Antiphane qui était en train de soulever une cloche. C’est vrai que tout ce qui s’y trouvait avait l’air diablement bon. Il y avait notamment pas mal de légumes et le nez du petit botaniste en frétillait sous l’odeur. Ce fut son client qui les servit mais il attendit que son assiette soit pleine avant de la poser devant lui.

Benedikt ne commença pourtant pas à manger immédiatement, optant plutôt pour froncer les sourcils d’un air inquiet :« Tu crois qu’il est arrivé quelque chose à ton frère ? Enfin, s’il n’était pas là…. C’est donc qu’il a pu forcément s’enfuir. »
Le petit botaniste s’arrêta pour boire un peu de vin. « Moi aussi, maintenant, j’ai un frère. Je veux dire, je ne le savais pas, et je ne l’ai découvert que maintenant. C’est bizarre. Comment tu fais, toi, avec ton frère ? Moi je trouve toujours ça assez bizarre. Je ne sais jamais comment me comporter ou quoi dire. Déjà, dire, mon frère, c’est bizarre. Tout le monde a l’air de trouver ça normal d’avoir une famille. Moi j’ai l’impression que c’est bizarre. Je ne suis pas habitué. »

Benedikt se tut brusquement lorsqu’il s’aperçut qu’il hoquetait de petites bulles chaque fois qu’il disait le mot bizarre. « Flûte, j’ai déjà trop bu ?! » - Il gloussait brièvement et répéta le mot deux ou trois fois juste pour souffler sur les bulles aux reflets bordeaux qu’il faisait.
« Ah, mais n’empêche, pourquoi tu vis toujours avec ton frère ? C’est la maison de vos parents ? » demanda-t-il soudainement. « Ou tu l’aimes vraaaaiiment beaucoup et tu ne veux pas t’en séparer ? Vous êtes jumeaux ? Oh ! Désolé… Je dois être trop indiscret. »
Soudain embarrassé, Benedikt recula sur sa chaise et engouffra une grosse bouchée de légumes. Avant de reprendre un peu plus bas : « Je fais souvent ça, surtout quand je bois… Je pose trop de questions… Il faut me dire. »

A cet instant, le petit botaniste n’accordait pas une seule pensée à l’homme qui avait failli lui arracher la tête, et trouvait plutôt son esprit assez léger. Ce n’était pas deux gorgées de vin qui faisaient cet effet, non, quand même ? Benedikt regarda autour de lui et se demanda à qui appartenait cette cuisine. Elle tenait si bien tenue, elle devait bien appartenir à quelqu’un ? Mais elle ne semblait pas appartenir à la maison d’Antiphane, avec son matériel high-tech, et le petit botaniste était tout à fait sûr qu’il n’avait vu une pièce de ce genre.
« C’est à toi, cette cuisine ? Je veux dire… Moi je ne la connais pas en tout cas. »

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Antiphane Bevnadin » 18 Juin 2014, 20:29

Il ne savait pas quelle était cette viande, mais elle était excellente. Elle fondait littéralement dans sa bouche. Et ce vin, tout aussi exquis, permettait de bien ingérer le tout. Antiphane se serait cru dans un hôtel vraiment riche et luxueux. Il prit même soin de terminer sa bouche avant de parler même s'il n'avait pas besoin d'articuler le moindre son. Il se rappelait qu'il ne fallait pas parler la bouche pleine, surtout dans un tel lieu !

« Je ne sais pas... » Fit-il en baissant le menton quand Benedikt évoqua la disparition de son frère. « Encore une fois je ne comprends pas. J'espère vraiment qu'il ne lui est rien arrivé. Et j'espère encore moins qu'il a fui, il ne m'aurait jamais abandonné. » Ils étaient tout l'un pour l'autre, jamais Gavroche aurait fui pour le laisser seul avec un tel monstre dans la maison.

Il regarda en direction de la porte, guettant celle-ci si jamais elle s'ouvrait. Il resta bien dix secondes à fixer le hublot sans rien apercevoir, ce qui soulagea ses craintes. Il reprit de plus belle ses couverts pour s'acharner sur son assiette. Toute sa colère et ses craintes étaient ainsi évacuées. En même temps, il était plus qu'impuissant et n'était pas maître de la situation. Que pouvait-il faire ?

« Non non, nous ne sommes pas jumeaux ! Il est même plus âgé que moi et m'a toujours protégé. Il a toujours tout fait pour moi... Je lui dois beaucoup. Et c'est pour ça que je ne peux pas envisager qu'il ait pris la fuite. C'est impossible ! » Lâcha-t-il soudainement comme s'il était en colère.

Il reposa alors ses couverts, le regard triste. Il avait peur pour son frère. Il ne s'inquiétait jamais pour les autres, mais pour son frère, c'était une toute autre affaire. Même s'il était le petit frère, il sentait qu'il devait lui-aussi le protéger. Peut-être même que c'était à son tour de le protéger.

« Nous avons toujours vécu ensemble. Nous sommes partis ensemble de chez nos parents pour s'installer dans une petite maison, rien que tous les deux. » Il saisit son verre de vin et but une longue gorgée. « Je t'avoue que ça n'a pas toujours été simple. On se dispute beaucoup, on s'est même battu plusieurs fois, bien que ce ne fut jamais méchant. Je dirai que c'est une forme de complicité, en fait... »

Jamais il n'avait autant parler avec quelqu'un. Il fixa Benedikt quelques instants, le suspectant un instant qu'il cherchait peut-être à lui soutirer des informations. Mais bien vite, il réalisa qu'il se trompait. Il suffisait de voir son regard candide et son visage aux traits enfantins pour comprendre qu'il n'avait pas de mauvaises intentions. Il conclut donc que c'était bien le vin, ne se doutant pas qu'il pouvait aussi apprécier de se confier à lui.

« Alors comme ça, tu as un frère aussi ? C'est drôle, à t'écouter on dirait que tu le connais depuis peu. Je me trompe ? » Soudain il se rappela que Benedikt lui avait dit qu'il s'agissait du dortoir de son orphelinat. Il comprit alors qu'il avait peut-être grandi seul. « Tu n'as jamais connu ta famille ? » lui demanda-t-il tristement, n'arrivant pas à le concevoir.

Il alla récupérer le dessert dans le réfrigérateur et l'apporta à leur table, comme s'il avait été chez lui et que Benedikt avait été son invité. Sauf que cela n'était pas le cas.

« Non, ce n'est pas ma cuisine. Je pensais même que c'était celle de l'orphelinat du coup. » Il n'arrivait toujours pas à se faire à l'idée que le botaniste avait vécu loin de son frère. Comment pouvait-on être séparer de son frère ? « Je ne veux pas être indiscret surtout, mais pourquoi tu as grandi dans un orphelinat ? Tu as perdu tes parents ? Et ton frère, pourquoi il n'a pas été à l'orphelinat avec toi ? »

Avec amusement, il se dit que lui-aussi pourrait s'excuser de poser trop de questions.

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Benedikt » 20 Juin 2014, 17:44

Benedikt mordilla sa fourchette en réfléchissant un peu sous les paroles d’Antiphane.
« Non, effectivement, je le connais depuis très peu de temps, je n’ai vraiment connu ma famille… » Il s’arrêta le temps de s’enthousiasmer sur le dessert que ramenait son client. Ah, ça avait l’air si bon ! Le petit botaniste voulut lui demander si c’était lui qui l’avait fait, mais puisque que ce n’était pas sa cuisine, ce n’était pas lui qui avait préparé ce repas, non ? Benedikt s’arrêta soudain. Ben, alors… Qui l’avait préparé ?
Mais finalement, la suite des paroles d’Antiphane le fit éclater d’un rire clair, même malgré ces autres questions qui touchaient un sujet sensible pour le petit botaniste.
« Ah, non, mon dieu, si la cuisine de l’orphelinat avait ressemblé à ça, on aurait tous été fous de joie ! Enfin, je suppose que c’était inutile, c’est stupide d’avoir une telle cuisine si tu n’as pas assez de nourriture à mettre dedans. »

Benedikt gigota sur sa chaise, hoqueta une nouvelle bulle sans avoir même dit le mot bizarre avant de continuer : « Mes parents ont été tués… Et mon frère a été vendu comme servant à une famille de noble. Il avait dix ans environ, mais moi j’étais trop petit. Je pense que j’ai de la chance. Je ne sais pas comment j’ai fini à l’orphelinat mais c’est forcément grâce à une personne vraiment généreuse qui m’a récupéré de là où on m’avait laissé… »
Une gorgée de vin et un peu de réflexion plus tard, le petit botaniste continua : « Du coup, je ne m’en rappelle plus du tout, de mon frère, et maintenant qu’il est revenu… Ce n’est jamais très calme entre nous. C’est pour ça que ça me fait plaisir de savoir que tu te disputes avec ton frère aussi ! Je me dis du coup que peut-être, c'est normal et il faut juste que je m’habitue. »

Benedikt essaya d’imaginer un instant ce que ça pouvait faire de grandir avec quelqu’un de sa famille. Ça devait être sympa quand même, si c’était comme avec Vrass, sur qui il comptait toujours, même quand il ne devait pas… Peut-être qu’il ne serait pas passé par la case prostitution ? L’avantage et le problème d’une famille est qu’on semblait avoir des comptes à rendre mais aussi des gens pour vous soutenir. Le petit botaniste perdu dans ses pensées oublia un instant Antiphane devant lui.
« Je suppose que ça aurait plus sympa de grandir avec lui, comme toi… J’ai du mal à imaginer comment ça peut être. Je ne connais plus personne de proche de mon enfance. Mais en même temps, à l’orphelinat, je n’avais pas énormément d’amis… La plupart avait du mal avec moi parce que j’étais orphe. Même si c’est aussi qu’être une orphe insecte, c’est encore pire. Il y avait un orphe tigre aussi à notre orphelinat, c’est assez drôle, comme mon frère. Mais c’est plus facile de se faire respecter quand on a des griffes… J’aurais bien aimé que ce soit mon frère, je crois. On m’aurait enfermé dans des placards pendant des heures moins souvent ! »
Le petit botaniste se mit à rire et vida le reste de son deuxième verre de vin. A ce stade, il était assez pompette et aussi très pipelette, mais si c’était que l’un aggravait l’autre ; si bien qu'il n'aurait jamais fait remarqué à Antiphane qu'il posait trop de question. Il pointa le visage de celui-ci.
« Ton frère a dit quelque chose pour tous ses tatouages ? Il ne trouvait pas que ça faisait trop criminel ? Le mien aurait tiqué, je pense, il n’est pas très ouvert. Ou alors le tien en a aussi pleins ? »

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Antiphane Bevnadin » 21 Juin 2014, 10:01

Antiphane écouta les détails que lui dévoilait Benedikt. Il en resta la cuillère suspendu au dessus de son dessert, totalement absorbé et terrifié par ce qu'il pouvait lui dire. Lorsqu'il revint à la réalité, il sursauta presque, faisant tomber sa cuillère dans l'assiette.

« Ça a du être... horrible. » Réussit-il à dire tout en récupérant sa cuillère. Et en plus de ça, il semblait avoir été mal nourri à l'orphelinat. C'est avec moins d'entrain qu'il entama son dessert, comme s'il avait honte de pouvoir le manger. Lui n'avait jamais connu toute cette misère, au début ses parents avaient pris soin de lui, maintenant c'était au tour de Gavroche de s'occuper de lui. Et inversement, il devait également s'occuper de son grand frère.

« Et pourquoi ont-il été tués ? » demanda-t-il timidement. Il n'osait pas aborder le sujet, mais étant donné que Benedikt ne s'en souvenait pas, peut-être pourrait-il en parler sans trop de difficulté. « C'est parce qu'ils étaient dangereux ? Je suis désolé, je ne veux pas être indiscret surtout ! » s'empressa-t-il d'ajouter. « Et les frères et sœurs se disputent souvent, surtout quand il s'agit de deux frères. Chacun veut prouver qu'il est le plus fort et donc chacun veut démontrer qu'il surpasse l'autre, mais pourtant chacun cherche à se protéger mutuellement. Après, je sais que c'est comme ça quand on grandit ensemble... mais si vous avez un semblant de tout ceci, je pense que vous avez déjà une certaine complicité. »

Sur ces mots, il termina son dessert. C'est seulement à cet instant qu'il réalisa que le niveau de la bouteille de vin ne diminuait jamais. Il avait beau se servir, la bouteille restait pleine. Ainsi, Antiphane ne savait exactement à combien de verres il pouvait être. Il n'avait cessé de se servir pour accompagner le plat chaud et il avait autant bu les paroles du botaniste que de vin, donc autant dire que ça représentait une sacré quantité tout de même !

« Et si ça peut te rassurer, j'ai moi-aussi été enfermé dans des placards, dans des pièces sans lumière par mon frère. » Reprit-il avec un sourire. « Bon, la situation n'était pas la même... »

Puis Benedikt évoqua quelque chose qu'Antiphane n'aimait pas vraiment aborder en temps normal. Quand on lui parlait de ses propres tatouages, il avait tendance à se terrer dans un mutisme après une réponse qui laissait clairement entendre que cela ne regardait que lui. Cependant, cette fois-ci, la question n'était pas comme d'habitude. Habituellement, on lui demandait ce que représentaient ses tatouages, ce genre de choses. Mais le botaniste lui demanda quelque chose qu'on ne lui avait jamais demandé. Il avait associé Gavroche aux tatouages, lui demandant ce qu'il en avait pensé. Antiphane regarda longuement le jeune homme en face de lui et le dévisagea. Des images envahirent soudainement son esprit. Il n'était pas certain, mais ça ne ressemblait pas à des souvenirs, c'était comme les images d'un rêve oublié.

« Il ne m'a jamais rien dit... J'ai même l'impression que c'est lui qui voulait ces tatouages, en fait. » Il se mit à rire comme s'il venait de dire une bêtise. « C'est ridicule, je sais bien. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais... mais je crois qu'il ne m'a pas laissé le choix. »

Il avait beau chercher les raisons de ses propos, il n'arrivait pas à réfléchir clairement. Ses idées étaient confuses. Etait-ce à cause de ce merveilleux vin ? Existait-il une autre raison ? On aurait dit qu'il cherchait à se souvenir d'un vieux rêve qui le hantait depuis toujours. Il réalisa soudain qu'il ne se souvenait pas vraiment avoir été chez le tatoueur. Pour lui, ses tatouages étaient devenus naturels.

« C'est étrange, j'ai l'impression de chercher quelque chose que j'ignore... » Avoua-t-il. Puis son esprit se détourna des tatouages pour se focaliser à nouveau sur Gavroche. « Tu penses que mon frère s'est perdu comme nous ? Si ça se trouve... » Il se mit à réfléchir avant de continuer. « Il n'a pas été vendu comme esclave tout de même ? »

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Benedikt » 21 Juin 2014, 17:36

« Oh, non non non, ce n’est vraiment pas si horrible, ça aurait pu être bien pire tu sais ! » déclara avec hâte le petit botaniste lorsqu’il remarqua l’expression qu’arborait Antiphane. Il réfléchit un instant à la question qui suivit, s’animant seulement lorsque son client déclara qu’il posait probablement des questions personnelles.
« Oh, non, ce n’est pas indiscret, c’est juste que… Je ne sais pas trop ? D’après ce que m’a raconté mon frère, c’était juste des bandits de grand chemin qui sont passé par chez nous. Probablement qu’ils faisaient ça souvent. Je ne vois pas comment ils auraient pu être dangereux… Mon père était un souffleur de verre et ils vivaient assez loin de toute grosse ville, je ne crois pas que c’était le genre à se mêler des affaires des autres. » Soupirant légèrement, le petit botaniste continua. « Mais je ne suis pas sûr qu’entre mon frère et moi, ce soit de la complicité… J’espère que tu as raison. »

Ce fut ce que raconta ensuite Antiphane qui sortit le botaniste de sa transe sous les délices culinaires qu’ils enfournaient. Il resta une seconde à battre des cils, confus, cherchant peut-être un sous-entendus qu’il n’avait pas compris. « Comment ça, la situation n’était pas la même… ? »
Qu’est-ce qui justifiait des actes pareils ? Est-ce que c’était en rapport avec leurs disputes ? Benedikt se contenta d’écouter la suite des paroles de celui assis à cette table avec lui, dont il réalisait qu’il ne savait pas grand-chose. Mais après tout, c’était normal, pensa le petit botaniste, et c’était pour ça que c’était agréable d’en découvrir un peu plus. Il n’avait pas parlé de son nouveau frère fraîchement débarqué dans sa vie à quiconque ou presque, à part Vrass, mais il était facile d’en parler à Antiphane qui n’avait aucune idée de base de la famille qu’il pouvait avoir. Il n’avait pas l’air d’être du genre à juger les gens, alors…

Mais en l’occurrence, la suite des réponses de celui-ci le remplit un peu plus de confusion.
« Quoi, il… t’a obligé à te faire des tatouages ? » demanda le petit botaniste, incrédule. « Est-ce que c’est parce qu’ils ont des effets particuliers ? Vrass fait des tatouages qui permettent de respirer sous l’eau, ou de sentir toujours bons, des tas de trucs comme ça… Peut-être qu’il voulait te protéger de quelque chose ? »
Vu le nombre de tatouages qui serpentaient sur la peau d’Antiphane, son frère s’inquiétait particulièrement, dans ce cas… Mais du côté de celui-ci, c’était plutôt lui qui s’inquiétait pour Gavroche.
« Oh, non, ne t’inquiète pas, je ne pense pas… Peut-être qu’il s’est perdu, effectivement, mais je suis sûr qu’il retrouvera son chemin. Ou tu veux qu’on aille le chercher pour voir ? »

Malgré le fait qu’il pose la question, Benedikt s’apercevait qu’il n’avait pas du tout envie de bouger. Il était parfaitement bien sur cette chaise, et même avait particulièrement envie de faire une petite sieste. Peut-être que c’était la musique en bruit de fond qui semblait venir de nulle part, les morceaux calmes de piano résonnant comme des berceuses. Ou peut-être que c’était d’avoir aussi bien mangé, ou peut-être aussi bu. Dans tous les cas, le petit botaniste avait des paupières bien lourdes et bailla copieusement, résistant vaguement à l’idée envieuse de s’étaler sur la table sous ses bras croisés pour faire un petit somme.
Antiphane parlait, c’était particulièrement impoli de s’endormir pendant qu’il parlait mais… C’était tellement dur de rester éveillé…

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Antiphane Bevnadin » 23 Juin 2014, 12:33

« Quand je disais que la situation n'était pas la même, je voulais dire que vous étiez plusieurs et de mon côté on était seulement deux. » Se justifia-t-il quand Benedikt lui demanda des informations. Cela lui semblait convenable comme explication. Il aurait très bien pu lui dire qu'ils étaient rebelles aussi, ce qui expliquait pas mal de choses. Mais il préféra s'en tenir à sa première version, beaucoup plus simple à partager pour Antiphane.

Les questions du jeune botaniste interpelèrent Antiphane quand il parla des tatouages. Comme pour beaucoup de choses, Antiphane n'avait pas cherché à comprendre pourquoi était-il tatoué de la sorte. Il ne s'était même pas demandé si ces tatouages pouvaient contenir une magie.

« Oui, je savais qu'on pouvait enfermer une magie dans un tatouage, je connaissais déjà le principe. Mais pour être honnête, je me suis jamais demandé si le mien était comme ce type de tatouages. » Il baissa le menton, fixant son assiette vide avec regret. « Mais je me dis que si c'était le cas, je le saurais, non ? Enfin, je m'en serais rendu compte tout de même ! »

Avec une certaine surprise, il remarqua combien sa vie tournait autour de Gavroche. Il parlait de son enfance, il impliquait forcément Gavroche. On lui parlait de ses tatouages, son grand frère était encore une fois concerné. Après tout, ils étaient tous les deux membres des rebelles, il fallait rester uni dans une telle guilde. Et eux l'étaient depuis l'enfance.

« Je veux bien qu'on aille le chercher, je m'inquiète. Il n'est pas du genre à disparaître et encore moins à se perdre... » répondit-il à la question de Benedikt. Puis il lâcha timidement « surtout dans notre propre maison... »

A peine eut-il le temps de lui répondre que le cortésian vit le botaniste piquer du nez quelques fois avant de baisser le menton contre son torse. Ce petit orphe, mais Antiphane ne connaissait pas ce détail, s'était endormi à table alors qu'ils discutaient ! Il ne trouva néanmoins pas ça impoli, au contraire, il le regarda avec une certaine tendresse. Il se demanda même si c'est ce que pouvait ressentir les grands frères quand ils regardaient leur petit frère dormir.

Tout en se levant, Antiphane s'étira, lui aussi fatigué. Il plaça les couverts dans les assiettes et les repoussa au milieu de la table. Il ne savait pas exactement où ils se trouvaient, mais il n'avait pas non plus l'intention de débarrasser la table. D'autant plus qu'une fontaine où l'eau coulait sans le moindre bruit devait remplacer l'évier. Et Antiphane n'avait pas vraiment envie de faire la vaisselle dans celle-ci.

Il ne prit pas Benedikt directement dans ses bras, mais il porta la chaise sur laquelle il était assis. Comme ça, il ne fut pas réveillé. Il tenta à plusieurs reprises d'ouvrir la porte avec son pied, mais il perdait à chaque fois l'équilibre. Finalement il se retourna et l'ouvrit en reculant contre celle-ci. Ils se retrouvèrent une nouvelle fois plongés dans un couloir sombre qui oppressa immédiatement Antiphane. Mais la présence du botaniste dans ses bras arrivait à le rassurer, assez pour avancer parmi les ténèbres. Aussi parce qu'il se disait que la chaise était comme une sorte de bouclier.

Il ouvrit plusieurs portes, chacune donnant sur des endroits insolites. Mais aucun de ces lieux ne l'intéressait. Enfin, il ouvrit celle qui donnait sur une chambre. Bien-sûr, il aurait pu retourner au dortoir pour se coucher, mais Antiphane ne voulait pas vraiment revenir sur ses pas et encore moins se retrouver face à ses démons.

Il installa Benedikt sur le lit qu'il fit glisser jusqu'au fond de la pièce, le plus loin possible de l'entrée. Comme ça, si jamais quelqu'un entrait, le temps qu'il arrive jusqu'à eux, ils auraient le temps de se réveiller et de fuir si besoin. Mais il n'y avait qu'un seul lit, un lit une place qui plus est. Mais Antiphane ne fut pas gêné de se glisser dans le même lit que le botaniste. Il ferma les yeux et s'endormit à son tour. Peut-être allait-il plonger dans un monde de rêves ?

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Benedikt » 23 Juin 2014, 23:08

Lorsque Benedikt se réveilla, il y avait quelqu’un dans son lit. Et ce n’était pas Vrass. Et ce n’était pas son lit. Le petit botaniste se redressa brusquement, paniqué, avant de s’apercevoir qu’il s’agissait d’Antiphane qui dormait toujours, paisiblement. Oh, est-ce qu’il s’était endormi aussi à table, et que quelqu’un les avait couchés ? Ou alors c’était Antiphane qui était venu s’endormir avec lui après ?

Il ne se posa pas trop longtemps la question. De toutes évidences, beaucoup de choses s’était passées entre temps. Pour preuve ; le petit lit dans lequel ils étaient serrés se trouvait dans un champ de fleurs sauvages qui s’étendait aussi loin que le regard portait. Benedikt était enchanté, un soleil paresseux flottait derrière les nuages et garantissait à tout moment d’éloigner l’obscurité. Cela ne gâchait rien qu’ils soient entourés de fleurs ; le petit botaniste les aimait tellement. Il fit quelques pas pour s’étirer, et finit par en cueillir une flopé avec laquelle il se mit à faire des couronnes. Une pour lui, une pour Antiphane, qu’il déposa sur sa tête avec précaution pour ne pas le réveiller, une pour Gavroche, son frère, qu’ils finiraient bien par retrouver.

Ce après quoi Benedikt se mit un peu à s’ennuyer et se sentait un peu seul, si bien qu’il se pencha sur Antiphane pour appeler doucement son prénom ; cela n’avait malheureusement pas assez d’effet. Le petit botaniste n’aimait pas réveiller les gens brusquement, mais la réponse se trouva lorsqu’il eut l’idée de regarder s’il y avait quelque chose d’utile sous le lit. Il y avait son métallophone en dessus, et c’était bien pour ça qu’il avait vérifié là. Où aurait-il pu être d’autre ? Benedikt épousseta l’herbe qu’il y avait dessus et commença à jouer un air léger qu’il ne se souvenait pas avoir appris, mais qui attira tous les insectes du coin. Une petite troupe d’abeille s’était mis à lui tourner autour comme une auréole et le lit grouillait de scarabées, de punaises, de fourmis et même d’une mante religieuse. Si bien que lorsqu’Antiphane ouvrit les yeux, le petit botaniste commença d’abord par s’excuser.
« J’espère que les insectes ne te dérangent pas trop trop… Je sais que la plupart des gens n’aiment pas ça du tout. Mais ils sont venus à cause de ma musique et je ne sais pas comment les renvoyer. » Benedikt s’arrêta pour regarder son client avec un sourire un peu gêné. « Tu veux qu’on aille chercher ton frère ? Je ne l’ai pas vu mais il n'est probablement pas ici… Peut-être que la maison est plus loin, mais on va devoir marcher un petit bout de temps je crois. »

Le petit botaniste plaqua soudain une main sur sa bouche. « Oh ! Je suis désolé. Je parle toujours trop, et j’oublie que les gens n’aiment pas ça quand ils viennent de se réveiller. Vrass râlait tout le temps à cause de ça. » - Pour s’excuser, Benedikt fila aussitôt un peu plus loin et revint quelques minutes plus tard avec un gros bouquet de fleur qu’il fourra dans les mains d’Antiphane. « Comme ça, ce sera aussi pour te remercier de celui que tu m’as offert ! »

Benedikt a de vraies ailes maintenant même s'il peut pas voler avec normalement donc tu peux dire que tu sais que c'est un orphe, pas de problème. ^^ Aussi, désolé pour mon post, j'écoutais Yann Thiersen en même temps. XD

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Antiphane Bevnadin » 24 Juin 2014, 00:53

Finalement Antiphane ne s'était pas plongé dans un monde de rêves lorsque le sommeil l'emporta avec lui. Il s'agissait de quelque chose de différent et qu'il n'avait jamais connu auparavant. Tout d'abord, il était comme coupé de toutes sensations. C'est-à-dire qu'il ne voyait rien, n'entendait rien... Et pourtant, il était conscient de cet état là. Il pouvait continuer de penser et d'imaginer, mais toujours sans images. Un peu comme s'il était enfermé dans sa tête.

Voilà pourquoi il se retrouva totalement submergé par ses idées, mais par dessus tout par ses angoisses. Pourquoi ne rêvait-il pas comme d'habitude ? Pourquoi ne dormait-il pas tout simplement d'un sommeil sans le moindre rêve ? Ceux où lorsque tu te réveillais, tu avais l'impression de t'être endormi à l'instant.

Pour le moment, il se trouvait dans un monde d'idées et de pensées qu'il ne pouvait contrôler. Très vite, cela tourna à l'angoisse. La simple angoisse de subir cette situation faisait naître en lui des pensées qu'il redoutait. C'était une sorte de cercle vicieux. Les choses auxquelles il ne voulait pas penser le submergeaient comme un navire qui s'enfonce dans les flots.

Puis un son résonna soudainement. Il reconnut même l'instrument qui le tirait petit à petit de ce cauchemar dans lequel il était plongé depuis bien trop longtemps. Et quand il ouvrit les yeux, ce fut pour être ébloui par ce soleil qui emplissait le lit. Tout à coup, ses angoisses disparurent comme si elles n'avaient été que poussières. Enfin, dans la lumière se dessina le visage du botaniste qui le regardait avec cette expression dont il avait le secret et qui n'appartenait qu'à lui.

« Non non, ils ne me gênent pas. » Dit-il avant même de réaliser qu'il y avait effectivement des insectes volant tout autour de lui. Il cligna des yeux, à la fois ébloui et émerveillé par un tel réveil. « Oh mais il y a en partout ! »

Puis Benedikt le laissa seul après s'être excusé de quelque chose qu'Antiphane n'avait pas réussi à comprendre. Il le vit s'éloigner, le laissant tristement seul. Il se sentait tellement bien maintenant qu'il était réveillé. Il fit alors glisser ses pieds hors du lit pour caresser un tapis de fleurs qui lui chatouilla entre les doigts de pieds. Il sourit pour lui-même, appréciant particulièrement ce genre de réveil. Il sentit quelque chose glisser sur sa tête qui tomba finalement entre ses mains, c'était une couronne de fleurs. Il se mit alors à penser qu'elle était très jolie et se demanda si c'était Benedikt qui lui avait confectionné. D'ailleurs, lorsque ce dernier retourna auprès de lui, il lui offrit un bouquet de fleurs.

« Je trouve ça vraiment gentil... » Commença-t-il se souvenant du bouquet qu'il avait lui-même offert à Benedikt. « Ce bouquet sera parfait avec cette couronne. D'ailleurs, c'est toi qui me l'a fabriqué ? Je la trouve si jolie ! »

Il replaça la couronne dont il parlait sur sa tête. Il était certain qu'elle lui allait à merveille avec ses tatouages. Il adressa un « merci » reconnaissant au botaniste, encore une fois ému par toutes ces intentions. Tout à coup, le bourdonnement des insectes devint plus vif, comme si une tempête s'annonçait. Pourtant il n'y avait aucun nuage dans le ciel, il était parfaitement bleu. Finalement tous les insectes finirent par s'envoler au loin, laissant les deux rêveurs seuls.

« Et bien, maintenant ils sont partis au moins. Puis je ne trouvais pas leurs présences désagréables, au contraire même, c'était rassurant je trouve. »

Mais il s'inquiéta tout de même quant à la raison de leurs départs. Peut-être que les insectes avaient un sixième sens que les humains n'avaient pas. Puis il remarqua dans le dos de Benedikt une paire d'ailes. Il s'exclama, découvrant pour la première fois ce détail.

« Mais je n'avais jamais remarqué ! » s'étonna Antiphane en souriant. Et comme avec les coccinelles, on avait cette envie de le prendre dans ses mains pour que personne ne le blesse et de l'admirer. « As-tu ressenti quelque chose quand tous ces insectes sont partis ? J'ai un mauvais pressentiment, pourtant je ne vois pas ce qui peut nous arriver ici. » Dit-il en regardant tout autour de lui. Le soleil éclairait jusqu'à l'horizon, rien ne pouvait les surprendre ici.

Tenant toujours son bouquet de fleurs comme s'il s'agissait d'une épée et portant fièrement sa couronne de fleurs comme si c'était un heaume, Antiphane se leva du lit. Cet endroit était agréable, certes, mais ils ne pouvaient pas rester là. Profitant de cet élan de courage, il s'adressa à Benedikt.

« Je te propose de partir à la recherche de mon frère ! Je suis sur qu'il saura nous débarrasser de ces… choses qui nous veulent du mal. » Mais il avait une drôle d'impression, comme s'il savait qu'ils ne le retrouveraient pas. Mais refusant cette idée, il s'éloigna du lit avant de s'arrêter à nouveau et de se tourner vers le botaniste.

« Par contre, je ne sais pas quelle direction prendre ! »

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Benedikt » 24 Juin 2014, 17:20

« Ah oui, c’est moi qui l'ai fait ! Merci ! J’en ai fait une aussi pour ton frère ! » répondit le botaniste qui lui montra avec le grand sourire des gamins heureux de recevoir des compliments sur leur bricolage.
L’instant d’après fit taire Benedikt, parce que tous les insectes qui leur tournaient autour s’envolèrent dans un vacarme papillonnant, et il fit un tour sur lui-même, sans comprendre pour autant la cause venait leur départ. C’était peut-être pour ça qu’Antiphane remarqua soudain ses ailes, et le petit botaniste se retourna en rougissant, embarrassé. Heureusement que le sourire de son client le rassurait sur le sens dans lequel prendre son exclamation.

« Heu, non… Je ne sais pas… peut-être que c’est parce que j’ai arrêté de jouer, mais je n’ai rien remarqué, moi… » - Apparemment, pourtant, le mauvais pressentiment d’Antiphane était resté parce qu’il se releva et proposa d’aller chercher son frère qui pourrait sûrement les aider.
Le petit botaniste se fit la réflexion qu’il avait l’air d’avoir vraiment confiance en lui, autant que lui avait confiance en Vrass, si bien que lorsqu’il y avait un problème, ils se tournaient toujours vers eux, même si c’était impossible de trouver une solution. Avec un peu de chance pourtant, Gavroche pourrait véritablement les aider. Benedikt n’avait aucune idée de la direction à prendre, mais réalisant qu’Antiphane se sentirait peut-être mieux si quelqu’un avait l’impression de savoir ce qu’il faisait, le petit botaniste pointa son doigt au hasard vers l’horizon.

« On devrait aller vers là ! » Et puis après tout, c’est par là que les insectes avaient presque tout filés. Hors s’il devait leur faire confiance, Benedikt n’avait pas besoin de se faire prier. C’était comme les rats dans les navires. Sauf que là, c’était des insectes et on pouvait se demander de la pertinence du raisonnement du botaniste vu les bordons et les mouches qu’on voyait souvent se cogner aux vitres des fenêtres avec entêtement.
Ils prirent la route, marchant dans les coquelicots et les anémones, et Benedikt réfléchit un instant, soupirant.
« C’est dommage que je ne puisse pas voler, je nous aurais emmené plus long et on aurait pu s’enfuir plus facilement… Mais mes ailes sont trop petites. J’ai essayé de m’entrainer avant à voler, même un peu, mais ça ne marche pas et c’est trop fatiguant… Parfois, je rêve que je peux voler, mais c’est tout ce que j’aurais, je crois… »

Le petit botaniste bouda un instant, déçu par ses propres paroles, puis tenta de se changer les idées en chantonnant un peu. Il s’arrêta assez rapidement, pourtant, parce qu’ils se retrouvèrent devant un immense trou dans le sol, comme un terrier de lapin surdimensionné. Benedikt essaya de se pencher pour voir un peu dedans, mais il semblait interminable et le fond était plongé dans l’obscurité. Il n’avait pas vraiment envie d’y retourner, dans l’obscurité, mais le petit botaniste devait avouer que ça avait l’air plutôt intéressant, et que c’était peut-être mieux que d’errer dans une prairie sans fin.

« Qu’est-ce que tu crois que ça peut être ? Je ne connais pas d’animaux si gros qui fassent des terriers. » demanda-t-il à Antiphane. « En plus, c’est bizarre comme terrier. On dirait un trou de golf pour les géants. Tu crois qu’Alrik s’ennuie tellement parfois qu’il pique les jeux des riches de la Basse-ville ? »
Il n’y avait aucune indication que ça menait quelque part, ni qu’ils avaient plus de chance de trouver le frère d’Antiphane là-dedans. En revanche… Le petit botaniste baissa les yeux lorsqu’il faillit trébucher sur une petite fiole au liquide rouge bordeau, entouré d’une grosse étiquette, qu’il ramassa dans l'herbe.
« Ah, c’est écrit ; « Les ivrognes cherchent moins » ? C'est n'importe quoi, ça ne veut rien dire ! »

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Antiphane Bevnadin » 25 Juin 2014, 01:09

Alors je n'ai pas du tout compris où tu voulais en venir avec la fiole, du coup je t'ai suivi en mode totale improvisation ! J'espère que ça te conviendra et que ça correspondra plus ou moins à ce que tu imaginais... ^^


Antiphane fut une nouvelle fois touché par les intentions de Benedikt. Il avait également confectionné une couronne de fleurs pour son grand frère. Même s'il savait que Gavroche n'allait pas la trouver à son goût, il serait ravi d'un tel présent. Il le remercia chaleureusement pour ce qu'il faisait pour lui ainsi que pour son frère.

« Je n'arrive pas trop à croire qu'ils soient partis parce que tu as arrêté de jouer... » Répondit-il à Benedikt quand il lui expliqua pourquoi tous les insectes s'étaient affolés. « Il doit y avoir quelque chose d'autre, mais quoi ? »

Suite à cela, Antiphane se dirigea dans la direction indiquée par le botaniste. Il ne se demandait même plus s'il devait lui faire confiance ou non. Désormais, il le suivrait les yeux fermés s'il le fallait. Il arrivait même à ne pas être angoissé de ne pas connaître la direction à prendre, ni même de ne pas savoir où chercher pour retrouver son frère. Sur le chemin, il écouta d'une oreille attentive les expériences de Benedikt qui expliquait ses difficultés à utiliser ses ailes.

« C'est tout de même étrange d'avoir des ailes, mais de ne pas pouvoir les utiliser. » Expliqua-t-il d'une voix lente comme s'il réfléchissait à ce qu'il allait dire. « Enfin, ce que je veux dire, c'est qu'elles ne sont tout de même pas là pour faire jolie, non ? Tu penses qu'elles grandiront encore ? C'est peut-être là le problème, elles sont encore trop petites j'ai l'impression. »

Leur route fut interrompue par un énorme cratère dans le sol. Le cortésian resta à bonne distance, de peur de tomber dedans. Il était tellement profond que certaines créatures pouvaient être cachées dans l'ombre. A mieux observer, c'était comme un tunnel qui s'enfonçait dans le sol. Cela terrorisa encore plus Antiphane qui s'imagina dans une chute sans fin.

« Je ne sais pas ce que c'est ! Même un pompentail qui se prendrait les pattes dans ses oreilles ne ferait pas un si gros trou en tombant ! »

Alors qu'il regardait toujours fixement le trou comme s'il avait peur d'être aspiré par celui-ci, il vit du coin de l'oeil Benedikt trébucher sur un petit objet. Son premier réflexe fut de courir jusqu'à lui pour le rattraper avant qu'il ne tombe. Mais cela ne fut pas nécessaire, il se débrouilla très bien sans lui. Antiphane laissa alors échapper un soupir de soulagement. Dans sa poitrine, son cœur avait fait un bond à couper le souffle. Une fois remis de ses émotions, il s'intéressa à l'objet qui avait fait trébucher le botaniste. Il lui demanda l'objet pour qu'il puisse l'observer à son tour. En tout petit, dans un coin de l'étiquette était aussi noté « A base de baies d'Argus ».

« Regarde ! » S'écria Antiphane comme s'il venait de découvrir quelque chose d'important. « On dirait de la liqueur d'Argus... »

Il se rappela avoir consommé ces petites baies une fois. C'était à l'auberge avec Ciara et ils en avaient mangé, totalement inconscients qu'il s'agissait de baies d'Argus. L'effet avait été immédiat, ils s'étaient retrouvés totalement ivres comme s'ils avaient dévalisé l'auberge de toutes leurs boissons. Ces souvenirs l'aidèrent à comprendre certaines choses.

« Ça a peut-être un sens... Enfin je pense » Précisa-t-il. Car il n'était pas sur de ce qu'il allait avancer. « Mais s'il s'agit bien de liqueur d'Argus, c'est un alcool très fort. Et pour avoir déjà été ivre quelques fois, je sais que dans un tel état, on ne comprend pas ce qui nous arrive, on perd la raison en quelque sorte. Et c'est pourquoi un ivrogne ne peut pas chercher quoique ce soit, car l'esprit est trop embrumé, trop vaporeux pour pouvoir prendre une décision. Tout ce que fait un homme bourré, c'est se laisser guider, de manière irresponsable et ce qui lui arrive n'est pas de son ressort. »

Il s'arrêta quelques instants, complètement perdu dans ses explications. Il espérait avoir été plus clair pour Benedikt qu'il ne l'avait été pour lui-même. Il abandonna sa théorie et dit clairement ce qu'il pensait devoir faire.

« Si on boit ça, nous ne serons plus capables de chercher mon frère. Mais dans l'état dans lequel nous serons, notre destin ne sera plus dans nos mains et peut-être aurons-nous plus de chance de retrouver mon frère... »

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Benedikt » 27 Juin 2014, 18:16

Le petit botaniste jeta un coup d’œil à Antiphane :
« Ce n’est pas qu’elles étaient… faites pour juste faire jolies, je pense. Mais effectivement, elles sont petites. Et elles ne grandiront plus maintenant, elles ont poussé en quelques jours et depuis, elles ne changent plus. Je me dis que peut-être, c’est juste que je ne suis… pas très grand, et pas très costaud et que… du coup, ça va avec. Ou peut-être que je ne peux pas voler parce qu’avant, elles n’étaient pas en bon état, et je ne sais, je n’ai pas grandi en m’entrainant… Peut-être que mon dos n’est pas assez musclé, ou peut-être que je les maitrise mal… Je ne sais pas trop. »
Entre temps, de toutes manières, ils étaient arrivés devant un immense trou planté dans le sol entre les fleurs sauvages, et Benedikt avait trouvés une fiole à l’air intriguant pour lui changer les idées. Antiphane semblait essayer de trouver une explication, mais la conclusion qui résonna aux oreilles du botaniste fut celle-ci :
« Ah oui, c’est parfait vu qu’on est deux, tu as raison ! Au lieu de ne pas la boire ou de se la partager, l’un de nous seulement peut la boire ! Comme ça on a deux fois plus de chance de trouver ton frère ! Je me dévoue, si tu veux. »

Et le petit botaniste avala d’une traite le contenu de la fiole cul sec avec un air satisfait, comme s’il venait de trouver une solution parfaite. Évidemment, il ne fallut pas très longtemps pour en apercevoir les effets ; mais bizarrement, ce n’était pas vraiment ceux qu’on attendait. Benedikt quadrupla de taille, peut-être plus, et lorsqu’il baissa les yeux sur Antiphane, il réalisa qu’il pourrait porter sans effort ce dernier, de la taille d’un bébé. Il s’accroupit devant lui avant de grands yeux.
« Hein ? Je suis vraiment soûl, là, tu es devenu tout minuscule ! » - Et puis il réalisa peu à peu que Antiphane n’était pas le seul à être minuscule, les fleurs et l’herbe aussi était devenu à peine visible de sa hauteur, et le trou à côté d’eux ne semblait plus si grand, il pouvait à présent probablement passer tout juste dedans. Le petit botaniste glapit et s’assit par terre avec des grands yeux posés sur ses mains. Ma foi, elles paraissaient parfaitement pareilles que d’habitude, mais la vision d’Antiphane juste derrière lui paraissait complètement ridicule.

« Mmh. Je crois que je n’ai pas dû faire ça… Mais ce n'était pas ce que disait l'étiquette ! Qui écrit ces étiquettes, ils sont nuls ! » murmura-t-il à Antiphane avec un air anxieux, alors que son murmure portait bien plus loin qu’il n’avait l’intention. Heureusement que ses vêtements avaient grandi avec lui, se dit le plus-si-petit botaniste, il aurait eu l’air intelligent, tiens. Plus il se mit à rire en pensant qu’il était dommage que Vrass ne soit pas là ; histoire qu’il puisse s’en vanter d’une avoir une bien plus grosse que lui. Il finit par se lever, portant son regard à l’horizon toujours aussi vide malgré sa hauteur, avant de reporter son attention sur Antiphane.

« Même maintenant, je ne vois rien à l’horizon, quelle que soit la direction… » soupira-t-il, avant de pointer le terrier à côté d’eux. « On a plus qu’à essayer là ! Tu pourrais te mettre sur mon épaule, comme ça, si on tombe, ça irait pour toi ? Je pense même que je peux essayer de grimper dedans, je suis assez grand maintenant pour atteindre chaque côté ! »
A défaut d'être complètement soûl, il avait maintenant une solution à proposer... Peut-être que cela allait les aider quand même, finalement !

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Re: Un refuge aux cauchemars

Messagepar Antiphane Bevnadin » 30 Juin 2014, 21:54

Antiphane ne chercha pas à le convaincre de partager la fiole, ni même de se dévouer à sa place. Pourtant, cela paraissait d'une logique implacable, c'était pour retrouver son frère. Donc, ça aurait du être à lui de se sacrifier. Au contraire, il l'encouragea en étant soulagé de s'épargner un tel risque. D'autant plus qu'il gardait toujours un souvenir amère de sa cuite aux baies d'Argus.

Alors que le botaniste buvait le contenu, il avait l'impression que c'était lui qui subissait les effets. En reculant de quelques pas par précaution, il le vit grandir sans s'arrêter. Il se demanda si ses yeux pouvaient le tromper. Après tout, il s'agissait peut-être d'une illusion. Mais un des pas du géant fit trembler la terre et il réalisa qu'il ne rêvait pas. Lorsque Benedikt lui adressa la parole, il sentit son corps vibrer par la puissance de ses cordes vocales. C'était comme un grondement de tonnerre, assourdissant. Antiphane voulut prendre ses jambes à son cou et fuir très loin, effrayé à l'idée de se faire écraser par un geste maladroit. Fixant le géant, il recula sans même regarder où il mettait les pieds. Il ne pouvait tout simplement pas détourner ses yeux de ce grand Benedikt.

« Je suis minuscule ? » Se mit-il à crier pour être sur d'être entendu. « Je crois plutôt que tu es devenu un géant !! Rien n'a changé à part toi, regarde ce trou, il a toujours les mêmes dimensions !! »

A regret, le cortésian accepta de descendre dans ce trou, mais à condition d'être sur l'épaule du géant. Déjà qu'ils ignoraient la destination, il ne voulait pas prendre le risque de se blesser dans sa chute. Puis, il ne désirait pas non plus se faire écraser par Benedikt qui ne sentirait même le petit cortésian coincé entre ses fesses.

« C'est une bonne idée !! » Criait-il toujours sans réaliser que c'était inutile puisqu'il s'adressait toujours à l'esprit de Benedikt. « Je te fais confiance !! Après tout, c'est toi qui as bu la fiole, c'est toi le guide désormais !! Par contre, je vais monter dans ta chevelure, ce sera plus confortable et ça amortira les chocs !! Comme ça je ne risque rien !! »

Ainsi, il grimpa sur la tête du botaniste. Il le sollicita, car déjà il n'avait jamais été un champion à l'escalade, puis sans pouvoir assurer sa grimpe, il ne voulait pas prendre le risque de tomber comme une mouche morte à ses pieds. Une fois installé, il noua quelques longs cheveux épais à ses chevilles ainsi qu'à sa taille pour être certain de ne pas s'envoler. Il s'étonna du confort que pouvait lui procurer ses cheveux bouclés. Ensuite, il attrapa fermement une touffe et s'y accrocha comme s'il avait peur d'être éjecté.

« Préviens-moi si tu comptes éternuer, je ne veux pas finir par un vol plané !!! » Puis il rajouta comme un chevalier s'élançant dans la bataille sur le dos de sa fidèle monture. « En avant !! »

Ne voyant pas tout à fait ce qui se passait autour de lui, Antiphane ressentit cette drôle de sensation à l'estomac quand ils plongèrent dans le tunnel. Il fut secoué dans tous les sens et se remercia lui-même d'avoir eu la présence d'esprit de s'accrocher. Ils glissèrent contre la paroi du trou, prenant des virages serrés, comme dans un toboggan. Puis au bout d'un certain temps durant lequel Antiphane réussit à ressentir absolument toutes les parties de son corps tant il avait des crampes, ils purent voir une lumière au loin qui s'approchait à grands pas. Il y eut alors une détonation, comme un coup de canon, et ils furent expulsés hors du tunnel, entamant un petit vol plané.

Antiphane entendit des craquements de branches, des froissements de feuilles, mais ne vit absolument rien de ce qui se passait, car il avait les yeux fermés. Quand il les rouvrit, il remarqua qu'ils avaient atterri dans un arbre, au beau milieu d'une forêt.

« C'est normal d'aller sous terre et d’atterrir dans une forêt ? » Demanda-t-il perplexe.

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