par Benedikt » 09 Déc 2013, 18:12
Benedikt ne se réveilla pas si tôt, récupérant des heures de sommeil perdues dans les jours précédents. Mais Vrass dormait toujours profondément, aussi le botaniste le laissa continuer sa grasse matinée le temps de préparer le petit déjeuner pour eux deux. Il pleuvait toujours même si c'était plus une bruine persistante qu'autre chose, et Benedikt avait de toutes manières bien l'intention de rester toute la journée à la maison avec Vrass, même s'il aurait dû travailler et que la culpabilité l'envahissait. Le botaniste ne voulait pourtant pas laisser le tatoueur tout seul, au cas où il aurait besoin de quelque chose, et s'il n'avait pas de clients aujourd'hui, il se serait senti encore plus coupable de rester à l'herboristerie au lieu de surveiller son winghox mal en point.
Mais celui-ci n'était toujours pas descendu quand Benedikt eut fini de mettre la table, le bacon encore chaud dans une assiette et une cuillère plongée dans un des pots de confiture, celui dans lequel le botaniste savait que Vrass piocherait en premier. Qu'à cela tienne, il remonta aller le réveiller, tâche qui allait se révéler bien plus difficile que prévu.
« Vrass... Le petit déjeuner est prêt... » murmura Benedikt dans une de ses oreilles. Il l'embrassa sur les lèvres, dans le cou, se mit à bouder quand il ne reçu aucune réponse et se mit à parler plus fort et à le tripoter avec moins de douceur. « Allez, réveille-toi, ça va être froid... »
Mais Vrass ne bougeait pas une paupière, et le botaniste commença à se mettre à grogner. Là, il n'y avait aucune chance que tout le bordel qu'il faisait ne le réveille pas.
« Vrass... Ce n'est pas drôle, arrête, je sais que tu es réveillé. » déclara-t-il alors que ces sourcils commençaient à se froncer naturellement. Quelque chose n'allait pas. Vrass n'était pas du genre à jouer une comédie pareille juste pour lui faire peur, et si c'était le cas, il le jouait un peu trop bien.
« Vrass ! » aboya Benedikt, assis à califourchon sur lui. La panique se glissait sous sa peau, il fila une claque au winghox dans l'envie impérieuse de voir les yeux vairons le regarder, mais ce dernier ne réagit pas, pas un seul sursaut.
Bordel. Le botaniste se figea six secondes, regardant avec un visage décomposé la poitrine de Vrass se soulever au rythme de ses respirations. Ce n'était même pas logique, et la scène lui rappelait trop le souvenir des bruits réguliers de machines qui l'avait rendu fou mais maintenait le tatoueur en vie, à ce moment-là.
Benedikt se releva et détala dans la salle de bain, où il fouilla partout sans réfléchir pour retrouver la trousse qui contenait ses produits de l'herboristerie. Est-ce qu'il avait fait une connerie, est-ce qu'il lui manquait un bouton de Cimaille ou quelque chose ? Mais il les gardait dans une boite en plastique solide qui n'avait pas été ouverte, et dans ce cas, son effet les aurait endormi tout les deux immédiatement. Benedikt se rappelait parfaitement bien que le tatoueur était encore réveillé quand il était tombé dans les bras de Morphée. Bordel. Ce n'était pas logique.
Il couru dans la chambre, ouvrit tout les tiroirs de la commode, de l'armoire, des tables de nuit, retournant tout leur contenu sans soin et jetant la moitié par terre, cherchant une explication, des somnifères, quelque chose, n'importe quoi qui donne une raison à cette situation impossible, et par extension, une solution. Mais il n'y avait rien d'intéressant et Benedikt se mit à retourner toute la salle de bain, avant de s'attaquer à la cuisine. Le botaniste s'arrêtait parfois de fourrager pour se figer et écouter le moindre bruit dans la maison, mais Iza était sorti faire les courses et le silence lui perçait les oreilles. Retourner dans la chambre à intervalles réguliers n'avait pas plus d'effets, mais il ne pouvait pas s'en empêcher, s'arrêtant toutes les cinq minutes pour aller vérifier que Vrass respirait toujours.
Benedikt finit par s'attaquer au hall de la boutique, repoussant les flacons d'encre pour tenter de trouver quelque chose, mais sa chasse s'avéra tout aussi vaine.
« Personne ne tombe dans le coma comme ça sans raison !!! » explosa le botaniste en refermant rageusement le dernier placard. Il referma ses mains tremblantes en des poings serrés dans l'espoir d'arrêter sa tête de tourner. Sans raison... Sans... Raison...
Benedikt remonta à l'étage en trébuchant sur les marches et commença à inspecter toutes les blessures du tatoueur avec application. Enlever ses bandages n'était pas vraiment pratique vu le corps (presque) sans vie de Vrass, mais peu importait au botaniste qui s'énervait de plus en plus. Il n'y avait rien d’inquiétant. Elle était toute en train de guérir. Certaine, dont une profonde dans son dos étaient un peu rouges, mais ce n'était pas sensé être alarmant. C'était d'ailleurs même tout à fait normal, généralement. Il fallait du temps à la peau pour se remettre d'un coup de lame.
Benedikt prit le visage du tatoueur entre ses mains, observant son visage se parsemer des larmes qui y tombaient. « Vr-rass, réveille-toi... » bredouilla par désespoir.
Une dizaine de minutes plus tard, Nessy eut la surprise de voir arriver dans le hall du cabinet un botaniste en pyjama malgré son manteau et ses chaussures, paniqué, essoufflé, et au bord de la crise nerf, si ce n'est dedans.
« Nessy, j'ai- j'ai besoin d'aide ! Vrass- Vrass il, je sais pas ! Il- il est dans le coma ou je sais pas, je comprends pas ! Il se réveille pas ! »