par Benedikt » 14 Déc 2013, 01:38
Benedikt hoqueta et se mit à hurler le nom de Vrass – qui revint assez rapidement à côté de lui, pourtant. Là n'était plus tellement le problème, étant donné qu'un dragon se dressait devant eux, probablement deux fois plus grand qu'un immeuble. Le botaniste recula de trois petits pas hésitant, le visage décomposé, alors que des énormes narines et canines s'approchait de lui. Le bruit qui sortait de la bestiole en question n'était ni humain ni animal, et assez fort pour devoir le faire reculer encore sous le souffle brûlant qui lui balayait le visage.
Les oreilles qui botaniste sonnaient encore quand son talon heurta quelque chose... ou plutôt quelqu'un. Benedikt faillit trébucher contre le corps du tatoueur qui ne bougeait plus vraiment, et son visage déjà pâle perdit toutes couleurs. Cette fois, il était bien dans la merde, tiens. Il resta figea une seconde, la panique bloquant le trajet habituel de ses neurones, avant de jeter un coup d’œil désespéré autour de lui. Une plate-forme n'allait pas lui offrir grand chose pour se défendre ; sauf que par miracle, l'épée de Vrass se trouvait pas là pas loin. Depuiq quand était-elle là ?
Ou peut-être que ce n'était pas vraiment un miracle, parce que quand le botaniste brandit avec toutes les forces qu'il pouvait rassembler l'arme un peu trop lourde pour lui, il s'aperçut bien vite que cela n'allait pas suffire. Si Vrass Rannveig était un cure-dent pour cette bestiole monstrueuse, alors son épée, elle, n'était qu'une écharde.
La colère envahit Benedikt alors que le dragon se rapprochait encore une nouvelle fois. Non. Et non. Il n'avait pas fait tout ce chemin pour rien. Pas pour finir comme ça, pas pour servir de snack à un monstre disproportionné.
« Hé bien vas-y, ramène-toi sale bête, je t'attends ! » hurla-t-il à la bestiole qui gronda et lui rugit dessus à nouveau, si on pouvait encore appeler ça un rugissement. Le botaniste n'en avait que faire et se mit à lui hurler dessus le plus force possible en retour lui aussi, une fois qu'il eut retrouvé son équilibre. C'est sûr, c'était moins impressionnant, hein, mais au moins, il y avait de la motivation.
La même motivation le fit planter son épée dans la mâchoire du dragon qui grogna. Benedikt mit une seconde à comprendre que son épée venait de se coincer entre deux canines qui faisaient à peu près sa taille et se débattit avec son adversaire à écailles pour la récupérer. Le dragon grogna, secoua la tête, mais Benedikt s'accrochait à son épée comme une tique sur un chien et se retrouva très vite soulevé du sol. Qu'à cela tienne, le botaniste utilisa un autre croc d'en dessus pour s'étirer de toute sa force et tenter de décoincer son arme.
Incidemment, pourtant, il utilisait à présent cette dernière comme levier, et le botaniste poussa un cri de surprise quand un des crocs entre lesquelles elle était coincée s'arracha purement et simplement. Benedikt Bloom était maintenant devenue une petite souris d'un autre genre, mais n'avait plus rien auquel se retenir et tomba dans le vide. La grosse bestiole, elle, avait l'air aussi peu heureuse qu'on peut l'être et se mit à s'énerver toute seul pendant que le botaniste s'écrasait contre le sol et couinait de douleur.
Comme le dragon continuait sa crise pour un petit temps au lieu de s’intéresser à eux, Benedikt en profita pour se jeter sur le corps pratiquement inerte du tatoueur.
« Vrass ! Vrass... Tu m'entends ? Oh, merde, Vrass... » Il le retourna pour qu'il se retrouve sur le ventre, attrapa son visage entre ses mains dans l'espoir d'obtenir la concentration du winghox. « T'as pas le droit de mourir... On meurt que dans la réalité... Tu n'es pas sensé aller mal, ici... » Le petit botaniste se mit à pleurer devant son manque de réaction, et l’embarrassa quatre ou cinq fois comme dans l'espoir que les fameux bisous magiques de sa version enfant existent. La situation ne pouvait probablement pas être pire, tiens. Il le réalisait de plus en plus en sentant la gueule du dragon furieux s'approcher de plus en plus d'eux, maintenant bien décidé à s'occuper de leur cas, apparemment.
« Il faut que tu penses à autre chose... Pense à... Pense aux matins où je te réveille avec l'odeur du petit-déjeuner, ou... quand on est en sécurité à la maison, sous les draps, et qu'on y reste pendant des heures... Je t'en supplie... Emmène-nous ailleurs... Dans un endroit que tu aimes... »
Le botaniste prit Vrass dans ses bras, le serra contre lui et ferma les yeux pour ne pas voir l'obscurité se refermer autour d'eux. Quelle fin stupide, pensa-t-il, se faire bouffer par un dragon même pas réel. Il était venu ici sauver son tatoueur mais avait échoué dans les grandes largeurs. Combien de fois Vrass l'avait-il sauvé de la mort ? Lui n'avait pas réussi une seule fois. Furieux, Benedikt récupéra une dernière fois l'épée du tatoueur et la planta dans le palais du dragon alors qu'ils se retrouvaient dans sa gueule. Ce n'était peut-être pas grand chose mais l'insupportable bestiole le méritait.