Traversée du désert

Au beau milieu d'un désert aride, Ohime Quinah est déposée sur les rives d'un oasis luxuriant. Les Ohimes sont un peuple calme et pacifique vivant comme s'ils sortaient tout droit de l'Égypte antique.

Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 01 Avr 2010, 20:57

Les dunes irréelles se reconstruisant, sous les coups de langue d'un vent capricieux, un vent brûlant qui charriait l'odeur de la pierre, l'odeur âcre de la sueur, des parfums éparses et cette pointe d'humidité, comme un mirage remplit d'espoir. Tant de jours à errer dans le désert, tant de jours à chercher cette oasis qu'il voulait voir... Tant de jours qu'il en avait abandonné la charge de son sac vide de provision, sa gourde vide d'eau, enroulé l'un avec l'autre, accrochés au dessus de sa tête le protégeant de la morsure de l'astre.

Les chiens ont cette formidable capacité d'adaptation, leur corps régule plus facilement la chaleur que le corps humain, alors pour continuer aussi loin que possible, il avait choisi cette forme. Longtemps il douta de cette expédition, il pensait qu'il pourrait faire demi-tour, s'arranger une place dans une caravane comme toutou de compagnie et puis, quand la limite de ses forces fut franchie, il abandonna l'idée d'un retour en arrière. Par orgueil au départ et puis, parce qu'il n'y avait plus rien d'autre à faire que de continuer d'avancer sans relâche.
Si on lui avait dit qu'il aurait mieux fait de voyager dans de meilleurs conditions, il restait assez d'animal en lui pour le pousser à entamer cette lente traversée seul. Une épreuve pour lui même. Testant ses forces et sa détermination, même si la mort elle-même venait le punir de s'être approché de trop près.

Ceux qui étaient restés là bas loin vers l'Est pouvaient bien rire de sa pugnacité, de sa folie, mais il n'était pas un couard. Il irait au bout, même s'il doit ramper sous le sable pour y arriver.
Et vint les longues heures où penser au voyage n'était plus qu'une douleur supplémentaire, alors il cessa. La tête tournée vers le sol, il humait les vents chauds qui courraient le long du sable. Parfois l'odeur sèche d'un lézard attirait sa conscience hors de son sentier de voyage, alors il bondissait, mordait le sable et quelques fois il pu mordre dans le sang d'un minuscule animal, s'abreuver si brièvement qu'il lui coulait à peine dans la gorge, mais au moins survivait-il à son imprudence.

Personne n'a le droit de défier le désert. Une seconde d'inattention et il vous prendra la vie.

Une leçon qu'il n'oublierait pas de si tôt.

Et le soleil le brûlait de l'intérieur, chauffant son pelage rouge comme s'il était fait de feu, sa langue désespérément sèche pendant entre ses dents, jusqu'au moment où l'odeur dans l'air s'intensifia. Ce fut lors d'un bref instant, comme un éclair, l'odeur d'un parfum musqué, d'une odeur vivante. Rien à voir avec le sel et le fer qui coulait sur les lézards des sables, c'était une odeur chaude et acide. Oreilles dressées, le regard rivé vers l'horizon, il consumait ses forces et pressa le pas. Il y avait quelque chose au delà des dunes, quelque chose de vivant. Quelque chose de réel.

Et depuis la crête, il aperçu au loin la ville, une ville à la couleur du sable, suintant de lumière dans la chaleur gondolante. Il pouvait sentir les vapeurs d'eau, les huiles, les animaux, l'oasis en elle-même comme un fouillis de saveur olfactives. Alors il couru, sous l'ardente chaleur du ciel, il se précipita vers l'oasis et avant qu'il n'ait atteint la ville, son coeur s'emballa. L'adrénaline qui lui fouaittait le sang n'était pas assez forte pour vaincre l'épuisement. Avant même d'avoir atteint un point d'eau, il s'étala dans le sable à quelques mètres à peine des premiers murs...

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Re: Traversée du désert

Messagepar Maître du Jeu » 04 Avr 2010, 18:54

Bon ben puisque personne ne se dévoue, j'me jette dessus comme une rapace :022:

*°*°*°*°*°*°*°*°*
Lepti ne bougeait pas, comme souvent, aux aguets sans véritable conviction. Jamais, de mémoire d'Ohime, l'oasis n'avait été attaquée. Oh ! Il y avait bien eut quelques barbares furieux en bas des remparts, une fois ou deux, mais ça n'avait jamais été bien loin. À porté de tir, ils avaient eut tôt fait de comprendre que s'attarder était vain. Une fois aussi il avait vu passer des êtres étranges, à la peau claire. Une avec des cornes, et puis une petite brunette qu'un chasseur de serpents du nom d'Antmosis Naïlthan accompagnait. Rien de bien palpitant pour le commun des mortels, mais qui avait suffit à égayer la journée de notre Ohime à peine vigilent. Alors aujourd'hui, sans changer ses habitudes, Lepti s'était adossé à un pan de mur et posait son regard sombre sur l'horizon lointain. D'ailleurs, il ne s'appelait pas Lepti... Lepti était un surnom, parce que Lepti mesurait à peine un mètre cinquante. Ce n'était pas grand chose, mais il s'en moquait. Et dans sa tenue de soldat, il provoquait l'amusement du peuple qui se moquait gentiment de l'enfant dans son costume d'adulte. On l'appelait toujours « le petit », rapport à sa taille, vous l'aurez compris. Et puis au fil du temps, « le petit » devînt « Lepti », et ça ne le dérangeait plus. Il soupira. Malgré son cheiche, il avait chaud. Alors il quitta sa place.

Il marcha quelques pas sur les chemins de garde, avisant une place d'arme un peu plus loin, lorsque quelque chose attira son attention. Les dunes mouvantes d'où s'élevaient les mirages de chaleur étaient tâchées ! Oui, tâchées ! Là en bas, une forme curieuse à la couleur improbable, comme une grande flaque de sang. Lepti plissa les yeux pour mieux voir, gêné par le soleil qui déposait des perles de lumière au bord de ses cils. Quoi que ça puisse être, ça ne devait pas rester là. Aussitôt pensé, aussitôt en mouvement, et hop ! Lepti descendit les marches, tout guilleret à l'idée de donner un peu de piquant à sa journée, et inquiet à la fois pour la créature qui se trouvait là. Il pressa le pas devant un groupe de soldats occupés à se conter les derniers coups de sang de Neith Képhis, bifurqua à l'angle des chemins couverts et sortit, saluant poliment une sentinelle somnolente. Cette dernière le regarda passer avec un air vague, persuadée qu'il sortait tout droit du rêve qu'elle était en train de faire. Mais Lepti n'était pas un rêve. Il ralentit l'allure, sachant d'expérience qu'il s'épuiserait en vain à s'enliser dans le sable, et rejoignit tranquillement son objectif. À mesure qu'il approchait, la silhouette se dessinait avec plus de netteté. Ça ressemblait à un chacal, en plus grand, en plus poilu, et en plus rouge !

Lepti se pencha prudemment, vérifiant d'un coup d'œil expert que l'animal respirait bel et bien. Il en déposa son arc à terre, et se défit de son cheiche qu'il étala sur le sable brûlant comme un grand drap bleu. Puis, usant d'un millier de précautions, il y fit rouler le corps épuisé d'Ordalie, bien qu'il ignorât jusqu'au fait qu'il portait effectivement un nom. Et ainsi installé, le corps fut bien plus aisé à déplacer. Car Lepti envisageait effectivement de déplacer la bête, selon la volonté de leur bien aimée Quinah qui voulait que son peuple se montre compatissant envers chaque créature peuplant ce monde.

De nouveau, la sentinelle le regarda passer, l'air désabusée cette fois.

« Besoin d'aide, Lepti ?
_ Merci, j'ai juste besoin d'un peu d'ombre. »
Répondit le jeune soldat.

Trop fier pour s'avouer en difficulté, il traînait son précieux fardeau doucement, prenant bien garde de ne pas le malmener. Et effectivement, il s'installa à l'ombre des remparts afin de s'occuper de son hôte. Débouchant son outre avec les dents, il en vida le précieux contenu sur le pelage de l'animal, le caressant doucement afin d'y faire pénétrer le liquide et ainsi rafraîchir ce pauvre être perdu. Et comble de l'affection, il entonna même une berceuse Ohime pour apaiser la souffrance de cet enfant du désert, au même titre que lui, tombé pour avoir osé défier le sable et le soleil. Une chance, en vérité, qu'il n'ait pas terminé sa vie dans l'estomac d'un Raana...

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 04 Avr 2010, 19:47

Il sentait de la fraicheur s'insinuer dans son pelage, le duvet épais laissant filtrer comme de la glace liquide. Son corps si chaud que l'eau le faisait frissonner. Il n'avait pas conscience des mains qui imprégnait ses poils de l'eau salvatrice, il n'y avait juste plus de sable sous son museau, sa langue sèche ne brûlait plus sous le soleil et sa tête ne bourdonnait plus de douleur. Son corps semblait s'alléger comme de l'eau s'évaporant.
Quelqu'un chantait près de lui. Une voix grave. Le vent ne chante pas. Ordalie ne su s'il avait atteint cet autre monde que l'on destine aux défunts, ou si les dieux du désert l'avaient épargné.

Il battit des paupières plusieurs fois avant que ses yeux ne puissent s'ouvrir vraiment. Il n'était plus dans le sable, il était sur du tissus, quelqu'un près de lui sentait le bois chaud. Un homme, quelqu'un vit dans le désert pour avoir cette odeur si marquée. Une peau souple rien qu'à cette emprunte.
Ses pattes se rétractèrent plusieurs fois avant qu'il n'arrive à bondir pour se relever. Il tangua une seconde, la tête lui tournait. Il secoua le museau, le gratta du plat des griffe comme pour en extirper le sable qui le démangeait furieusement.

Le temps de lever le nez, il aperçut un homme à faible distance. Il s'ébroua, et bien peu d'eau coula sur le sol, son poil l'ayant presque absorbé pour se rafraichir. Il ne pensait pas devoir s'inquiéter de cet être, bien qu'il soit intrigué de sa peau colorée et de ses yeux sombres (hrp : c'est bien un Ohime, hein ?), il ne reculait pas, l'observant de son regard animal. Son expression était neutre, si cet homme présentait un danger, son instinct lui rappelait qu'il pourrait soit fuir, s'il en était capable, soit mordre. Et l'un ou l'autre ne serait pas son choix mais celui de l'homme. Il pouvait lui-même décider les prochaines réactions d'Ordalie s'il le voulait.

Et puis, son instinct lui souffla une autre idée. Il avait soif. Affreusement soif, son corps avait perdu de sa fermeté de sensation, comme coincé dans une boule de coton, il était déshydraté. Assez pour que ses yeux aient du mal à fixer les détails, assez pour que ses muscles tremblent.
Il baissa le museau sur le sol, une goutte d'eau s'était déposé sur le tissus et s'était laissée absorbée. Il lécha, ne trouvant rien d'autre que du tissus sous sa langue.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Maître du Jeu » 13 Avr 2010, 12:34

Oui oui, Ohime. C'est vrai qu'avec ce compte, j'oublie toujours de préciser.

*°*°*°*°*°*°*°*°*
Une scène étrange prenait place ici, sous les cieux azurés du royaume Ohime, et personne ne s'en étonnait. Agenouillé comme un père auprès de son enfant blessé, Lepti murmurait son antique comptine, de sa voix brûlée par le soleil, et les accents de son peuple roulaient, chauds et apaisants, d'un mot à l'autre avec douceur. À l'ombre des remparts, il ne craignait pas la morsure du chariot de feu sur son dos sombre penché au-dessus de son hôte. Car ainsi le voulaient les lois Ohime, d'offrir assistance et hospitalité à toute créature que le désert aurait pris au piège. Sans hâte, il continuait ses gestes de réconfort, ses yeux sombres attentifs à celui dont il avait à présent la charge. Et puis bientôt, les paupières rouges remuèrent et s'ouvrirent sur deux fenêtres plus noires que la nuit. Lepti sourit, un sourire rassuré. Ses dents blanches offraient un contraste amusant dans sa bouche brunie par le soleil. Il rabattit doucement ses mains vers lui, l'instinct lui ayant appris à ne pas toucher un animal contre sa volonté. Les bêtes avaient parfois des réactions défensives inattendues, et lui avait encore besoin du plein usage de ses mains. Il se contenta d'interrompre sa petite mélodie et d'observer, l'air à la fois étonné et inquiet.

« D'où viens-tu, toi ? » s'interrogeait-il à voix haute, constatant que la créature n'était pas taillée pour le désert.

La question aurait dû demeurer purement rhétorique, Lepti ne s'attendant pas à ce qu'un animal, quel qu'il soit, puisse lui répondre, mais le ton qu'il employa fut volontairement amical. À vrai dire, il n'était pas certain de savoir employer un autre ton que celui-ci. Les Ohimes étaient ainsi, à part peut-être Neith Képhis, la femme Oryx, qui ne savait guère s'exprimer autrement qu'en rabrouant tout le monde... Mais lui n'usait pas de cette agressivité et préférait se montrer aimable et prévenant. Ses compagnons d'arme le moquait souvent, et disaient qu'il n'avait pas assez vécu et qu'il était trop jeune. Lui s'en moquait. Cette vie là lui plaisait et il ne voyait pas bien pourquoi il devrait la mener autrement. Voyant l'animal lécher l'eau déjà absorbée par le tissu, Lepti fouilla sa besace et en délogea quelques dattes. Les fruits, très sucrés, ne le quittaient jamais. Ils étaient parfaits pour remettre sur pieds quiconque aurait été piégé par le désert. Sans crainte – mais méfiant tout de même : il tenait à ses doigts ! – il tendit sa ration à cet étrange chacal au pelage comme des flammes tombantes et rebelles. Le regard un peu vague, il réfléchissait à la manière dont il allait bien pouvoir servir de l'eau à son hôte... Peut-être devrait-il le conduire jusqu'au puits ? Trouver une coupelle, mais où ? Et d'une question à l'autre, son imagination trottinait paresseusement sans trouver de véritable solution à son « problème ».

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 13 Avr 2010, 17:22

Vu que je sais pas où t'as foutu mes frusques... Tu es de corvée x)


Ordalie tendit le museau, il n'était pas qu'un chien et ceci ne l'empêchait pas de sentir la nourriture qu'on lui donnait avant de l'accepter. Il renifla, patienta, se concentra sur le fruit. Rien ne l'alarmait, son flaire ne voyait pour ainsi dire aucun danger. Montrant les dents, il pris la baie en s'approchant le moins possible, sans toucher la main de celui qui lui montrait tant de sympathie.
Éloignant précipitamment la tête armé de son fruit entre les crocs, il fit tomber la datte et la ramassa de la langue pour la passer sous ses molaires. Le noyau grinça avant de céder sous la pression de sa mâchoire. Il lui en fallait peu mais le sucre et le peu d'humidité qu'apportait le fruit le revigora une faible seconde. Si bien, qu'il fut tenté de reprendre forme humaine, mais où avait-il laissé ses vêtements, c'est une bonne question, non ?

Redevenir un homme si on veut, mais nu... Il y a de cela quelques années ça ne l'aurait pas affecté outre mesure. Sa nudité était un jeu, un rien, mais on l'avait éduqué, on lui avait appris à s'habiller et surtout à respecter les autres êtres vivants. Finalement, ayant terminé de manger, il regarda le vêtement sur le sol... Quitte à avoir du sable partout jusque dans les orifices les moins glorieux, ça ne le changerait pas des masse d'en avoir aussi sur le dos. Glissant son nez sous le cheiche et reprenant sa forme s'enroula un minimum dedans. De cette façon, il était clairement ridicule et ne s'en rendait pas totalement compte, mais au moins pouvait-il parler et remercier celui qui l'avait sauvé du soleil. Il sourit, autant qu'il le pu, et s'inclina le dos rompu de douleur.

-Merci, fit-il d'une voix rauque et forcément trop sèche.

Du regard il cherche sa boule de vêtement, où l'avait-il abandonné... peut-être dans le désert ? Finir tout nu dans une ville, pourquoi pas, et retrouver une forme canine avec un pelage aussi épais : sans façon.

-Je... Où sont mes, enfin... Mes vêtements ?

Le rouge lui montait au joue, entre ça et la chaleur, il pensait que son visage s'embrasait littéralement. Gêné, il s'efforçait de sourire, toujours enroulé dans ce drôle de tissus.
Il se garda de parler et prit sur lui de ne pas dévisager l'homme. On lui avait déjà dit que ses yeux noirs n'étaient pas une vue engageante.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Maître du Jeu » 20 Avr 2010, 16:13

Lepti éclata de rire. Un rire bref mais franc qui fit se retourner la sentinelle postée près des portes nord. Elle leva un sourcil étonné avant de laisser tomber et de reprendre sa vigilance ensommeillée... Le jeune Ohime sortit d'autres dattes, à la foi amusé et attendrit. Les chacals mangeaient vraiment n'importe quoi ! Ce n'était pas pire que les chameaux, mais pas loin ! Et lui, Lepti, en était toujours étonné. Le noyau, non mais franchement ! Il y avait des mets bien meilleurs qu'un vulgaire noyau de datte tout de même... y compris pour un chacal affamé... Mais en attendant de pouvoir lui offrir mieux, le jeune homme préféra nourrir l'animal de ce qu'il avait, s'assurant ainsi qu'il reprendrait suffisamment de forces pour le suivre ou aller vadrouiller librement dans la cité, selon ses envies. Un sourire aux lèvres, Lepti était tout simplement heureux de voir son petit protéger se remettre si bien. Il l'observait sans bouger, attendant que la bête veuille bien lui offrir sa confiance, s'émerveillant – presque – de la voir remuer sous ses yeux attentifs. Pourtant, lorsque les poils se raccourcirent et que les pattes s'étirèrent, le visage du pauvre garde resta figé dans une expression stupéfaite...

Le chacal devenu humain, Lepti s'agenouilla sans mot dire et se risqua à jeter un œil vers le Dieu soleil. Avait-il frappé si fort, qu'il se mette à avoir pareilles hallucinations ? Une seconde, il hésita à appeler la sentinelle en renfort, avant de juger qu'il ne ferait qu'ajouter un sujet de moquerie aux nombreux déjà existants sur son compte... Et ainsi Lepti subit-il les remerciements du chacal rouge sans parvenir à réagir plus intelligemment qu'en ouvrant la bouche, tout à fait médusé... quoi répondre après cela ? Sans rire ?

« Vos... vos vêtements ? Désolé, je ne les ai pas vus, je pensais ramasser un chacal... et les chacals n'en portent pas... » Bredouilla-t-il peu convaincu lui-même.

Les yeux arrondis un moment, il finit par redescendre de son nuage et retrouva ses réflexes de gentil jeune homme en tendant son outre. Voilà qui résolvait un problème : Comment faire boire un chacal à une outre...? Demandez-lui de se transformer en humain ! Et puis, réalisant qu'il devait avoir l'air un peu trop inquisiteur, il se reprit et secoua la tête pour se remettre les idées en place.

« Pardonnez-moi, c'est la première fois que je rencontre une créature telle que vous... la grâce de Quinah soit avec vous. Nous vous trouverons des vêtements confortables, et je vous promets de sortir voir si je peux retrouver les vôtres dès que la nuit sera tombée. En attendant, ce cheiche est vôtre. »

Lepti se releva, dépliant doucement ses genoux et tendant aimablement la main. Une invitation pour son hôte à accepter son aide et à se relever. Le jeune Ohime épiait, la curiosité aiguisée par cet étrange phénomène. Jamais encore il n'avait rencontré de Morphe. À vrai dire, il n'en avait même jamais entendu parler. Peut-être que d'autres que lui sauraient ? Il y avait cette fille, dans la maison des scribes... comment s'appelait-elle déjà ? Néthi ! Néthi saurait sûrement quoi faire. Bien sûr, les ordres étaient de conduire tout étranger à la reine, mais les ordres avaient changés. La reine semblait occupée, elle ne recevait plus pour l'instant et déléguait à ses conseillers. Hétep Ir Kaha était absent... et au final, Lepti ne savait même plus à qui s'adresser... Oui, Néthi saurait. Et puis elle était jolie, alors ça ne déplaisait pas à notre Ohime de lui rendre une petite visite de courtoisie. Il sourit à cette idée, et son sourire se transforma en réconfort pour cet être plus que curieux. En tant qu'humain, son comportement était bien différent de lorsqu'il était chacal roux, et d'une certaine manière, ça le touchait. Son hôte semblait s'être changé de prédateur à proie et rougissait de façon tout à fait flagrante pour un homme si blanc de peau. Comment pourrait-il deviner, lui que la pudeur n'effleurait pas. Quand on vivait ici, sous ces températures, peu de tissu recouvraient la peau. Sans s'exhiber, les Ohimes n'avaient pas peur de leur corps.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 24 Avr 2010, 19:14

Un chacal ? Ordalie n'était pas un chacal ! Il lui fallut quelques secondes de réflexion avant de comprendre que l'homme parlait de l'animal, que ce n'était pas une expression comme il avait déjà pu l'entendre dans d'autres endroits. La différence entre lui et un chacal ? Aucune idée, depuis son plus jeune âge on lui avait répété qu'il était un chien étrange, sans pareil dans tout Nideyle, parce qu'il était rouge et que ses yeux étaient noirs comme l'encre. Ce qui n'aidait pas à deviner ce qu'était concrêtement un chacal, seulement qu'il n'en était certainement pas un.

Ses rougeurs disparurent avec la venu d'une question évidente : Où sont passés ses vêtements ? Il s'était pourtant assuré que la boule de tissus et ses sandales soient biens fixés à sa tête. Peut-être les avait-il perdu avant de s'évanouir et ça expliquerait qu'il n'ait même pas pu atteindre les murs de la ville... Sans rien pour protéger sa tête ce n'était pas étonnant.
La perte de son bagage signifiait aussi qu'il avait perdu le peu d'argent qu'il possédait et les rares objets qu'il emportait avec lui. La nuit sera longue avant qu'il ne retrouve ses biens en espérant qu'il les retrouve.

Il prit la main de l'homme avec un sourire de l'autre il finit de fixer au mieux le tissus autour de lui afin de se protéger du soleil. Ceux qui vivent sous le soleil ne le craignent pas, leur peau est faite pour qu'il glisse dessus et ne les brûlent pas, mais lui... Avec sa peau pâle il risquait de sacrées brûlures s'il se trainait dehors sans rien sur le dos.

La priorité serait de lui trouver quelque chose qui ne le transforme pas en écrevisse, ensuite, il irait chercher ses propres vêtements, à la nuit tombée... Il se trouvait un peu bête, il ne remercia pas une seconde fois l'homme, ses yeux venaient de tomber sur le mur et dans son dos sur cette ville qu'il voulait rejoindre depuis des jours. Malgré la fatigue, la faim et la soif qui l'alourdissait comme un malade, il ne put s'empêche de sourire fièrement devant ce paysage. Il l'avait fait, quoiqu'en disent les mauvaises langues de l'autre côté du désert et des montagnes, il avait atteint son objectif. Même s'il avait bénéficié d'un peu d'aide à la fin.
Enfin, put-il remercier encore celui qui lui avait donné la chance d'aller au bout.

-Appelez-moi Ordalie.

Souriant toujours, il s'approcha du mur, le touchant du bout des doigts, comme si ce dernier aurait pu être un autre mirage, une illusion. La paroi était rugueuse au touché, sèche, comme le désert elle dégageait sa propre chaleur.

-Merci encore... Quel est votre nom ?

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Re: Traversée du désert

Messagepar Maître du Jeu » 05 Mai 2010, 15:40

Avec un sourire, Lepti serra les doigts blancs dans sa main et exerça une gentille traction afin de l'aider à se relever. Il était tout maigrichon, et sa peau rougissait déjà. Mince ! Il ne manquerait plus qu'il devienne aussi rouge que son pelage lorsqu'il était chacal !

« Bienvenue à l'oasis, Ordalie. Que la grâce de Quinah vous accompagne. » répondit-il le plus naturellement du monde.

Ça pouvait sembler ridicule aux oreilles non initiées à ce type de politesses et pourtant, Lepti était sincère. Du fond de son cœur d'Ohime, il souhaitait tout le bonheur du monde à cet hôte improvisé... d'autant qu'à en juger les nombreuses cicatrices qui recouvraient son corps, il ne devait pas avoir eu une vie aussi pacifique que celle que les Ohimes vivaient ici... Comment les avaient-il gagnées ? Lepti ne souhaitait pas vraiment savoir. Il l'observa réajuster le cheiche maladroitement et lui tendit de nouveau son outre. S'il avait soif, c'était le moment de profiter des avantages d'être humain. Parce que bon, vous admettrez qu'il est plus aisé de boire au goulot quand on n'est pas un chacal, n'est-ce pas...

« On m'appelle Lepti, sentinelle. » sourit-il à son tour.

Il jeta un coup d'œil circulaire sur la cité. Le garde à l'entrée le regardait avec curiosité, se demandant vaguement qui était cet homme qu'il n'avait pas vu passer... et surtout, où était le chien rouge au poil plus long que ceux des chameaux ! Jugeant qu'il devait souffrir de déshydratation – ce qui le rassurait d'avantage que de penser qu'il devenait fou – il entreprit de boire à son tour avant de retourner à sa vigilance harassante. Voilà que le désert lui faisait voir des mirages jusque dans la cité même... il était bien loti ! Ses compagnons d'arme se moqueraient certainement de lui, s'ils apprenaient cela ! Alors il fit mine de n'avoir rien remarqué et se désintéressa des deux autres, l'esprit tout embrouillé. Lepti, lui, souriait toujours. On aurait dit un imbécile heureux...

« Je dois vous conduire au Palais. Expliqua-t-il au bout d'un moment. Mais la route est longue et vous semblez fatigué, alors nous ferons une halte à la maison des scribes, si ça ne vous ennuie pas. Il y aura là-bas de quoi vous remettre sur pieds. »

Reculant d'un pas, il invita Ordalie à le suivre et commença sa marche, sans précipitation. Lorsqu'il faisait si chaud, on évitait la hâte inutile, d'abord. Plusieurs Ohimes cessèrent leurs activités à leur passage, étonnés de voir encore un individu à la peau claire pénétrer chez eux. Ils semblaient à la fois curieux et inquiets. La rumeur disant que leur bien aimée reine Naphret ne recevait plus personne avait eu tôt fait de se répandre au delà de l'enceinte du Palais. Ce n'était pas normal, et tous craignaient pour sa santé. À vrai dire, tous s'attendait à ce que Quinah revienne vers eux leur désigner une nouvelle reine, comme elle l'avait toujours fait. C'était ainsi... mais en attendant, beaucoup trop d'individus venus d'ailleurs se présentaient à leurs portes. La guerre et l'hostilité étaient presque absents de leur vocabulaire, et ils ne connaissaient la violence que de rares barbares peuplant leur désert. Cependant, ils demeuraient méfiants. Ils aimaient leur Oasis, et ils craignaient pour sa sérénité. Et même si Ordalie n'avait pas l'air bien méchant, il était le second à la peau claire à atteindre leurs portes. Que faisaient les Raanaï, ces grandes mantes minérales flottant dans les courants d'air chaud et dévorant les âmes égarées du désert ? Leurs gardiens, en quelque sorte...

« C'est par ici. » Invita Lepti en bifurquant dans les ruelles, sur la droite.

Ses pas le portèrent jusqu'à une petite maison carrée couleur ocre et sans artifice. Avant de frapper, le jeune garde se retourna vers son protégé, s'inquiétant de sa santé.

« Tout va bien ? »

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 08 Mai 2010, 14:33

Ordalie sourit. Un sourire comblé de sincérité, il admirait cet homme qui en aidait un autre sans demander compensation. La sensation d'être en confiance redonnerait le sourire à n'importe quel voyageur égaré, surtout lorsque au cours des récents marches, ce garçon n'avait pas vu la bienveillance dans le regard d'un autre une seule fois.
Il prit l'outre et commença à boire. Lentement, par petites gorgées, et c'était une décision prudente, il se serait senti bête de s'étouffer avec une gorgée d'eau tout ça à cause de la précipitation et de la soif des derniers jours. Sa gorge sèche retrouvait vie avec ces quelques lampées qui le firent frissonner. S'ils étaient encore à Néobabel il aurait pu croire qu'on l'avait rebranché au secteur... Il se garda bien de sortir cette plaisanterie, seul un habitué de la technologie métallique de la ville Atlante aurait compris le cynisme... Et l'humour surtout.

Il ne fit qu'opiner du chef alors que la sentinelle lui expliqua qu'il devait se rendre au palais... Il ne pensait pas au risque possible, il semblait avoir perdu de sa méfiance alors que Lepti le conduisit dans le dédale de l'oasis, il aurait pu sentir le soleil lui cuir la peau même lorsque parfois un mur leur apportait un peu d'ombre. La chaleur ambiante lui faisait tourner la tête ou peut-être était-ce la fatigue ou la faim.
Son regard porté sur la ville, ils croisèrent plusieurs autres hommes à la peau bronzée et aux vêtements légers ; avec ses cheveux rouges et sa peau blanche, il se rendait bien compte qu'il était comme un coucou au milieu d'un nid d'aigles, on devait le repérer à des kilomètres à la ronde, non ?
Au moins se sentait-il un peu moins pudique alors que la plupart des habitants étaient à peine plus vêtue que lui.

Un temps il pensa reprendre sa forme de chien, il n'aurait pas été bien protégé du soleil mais il n'aurait pas senti la brûlure sur sa peau et il aurait plus facilement réguler la chaleur qui le consumait à l'intérieur. Et il oublia cette idée quand il observa la prudence des autochtones. Un gros chien rouge très poilu n'aurait pas été du meilleur effet.

Enfin la maison des scribes qu'il lui avait indiqué se présentait devant eux.

-Je vais bien.

Un bref instant de réflexion, il se mordit la lèvre.

-Pourquoi m'emmenez-vous au palais ? Je ne suis qu'un simple vagabond.

Peut-être était-ce la méfiance des autres qui lui avait rappelé d'en faire preuve à son tour, ou peut-être était-ce juste une idée raisonnable et une vieille habitude qu'on ne perd pas facilement.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Maître du Jeu » 11 Mai 2010, 16:44

Parfait. Il toqua à la porte machinalement. C'était idiot à dire, mais Lepti se sentait rassuré qu'Ordalie n'ait pas eu l'idée saugrenue de se changer en chacal rouge... et puis il allait bien, c'était le principal. Cependant, sa question l'interpella. Pourquoi ?

« Ce sont les ordres. Répondit-il simplement. Tout nouvel arrivant doit se présenter au Palais. Mais rassurez-vous, ce n'est qu'une formalité. Et puis vous devriez bien vous entendre avec l'intendant. » Fit-il avec un sourire.

Il n'expliqua pas pourquoi, oubliant que lorsque l'on n'appartenait pas à ce peuple, ces choses-là n'était pas aussi évidentes que pour lui. Mais à peine eut-il terminé sa phrase que la porte s'ouvrit sur une jeune femme. La peau était sombre, mais beaucoup moins que la majorité des Ohimes, et deux yeux bleus d'un turquoise étonnant éclairait son visage. Le jeune garde s'inclina, bredouillant tout à coup. On aurait dit un adolescent perdant tous ses moyens...

« Bonjour, mademoiselle Ptahâa. Votre père est-il ici ? »

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Re: Traversée du désert

Messagepar Néthi Ptahâa » 11 Mai 2010, 16:45

La jeune femme lui sourit gentiment, heureuse de recevoir de la visite, et surtout aussi agréable. Elle aimait bien Lepti, ce garde un peu timide qui bégayait encore plus qu'elle lorsqu'il se trouvait en face de personnes importantes. Comme en cet instant par exemple, bien que la jeune femme ne s'estime en rien d'une quelconque importance. Elle porta ses doigts fins devant ses lèvres, retenant, du mieux qu'elle le put, un rire amusé. Ce n'était pas tellement de la moquerie, mais elle n'y était pour rien, l'embarras de Lepti l'amusait.

« Auriez-vous perdu votre cheiche ? » Fit-elle remarquer pour le taquiner.

Et elle sourit encore devant la gêne qu'éprouva le garde. Si sa peau n'avait pas été si noire, on l'aurait vu rougir à l'autre bout de l'oasis ! Elle éclata de rire. Puis elle observa tranquillement Ordalie, tentant vainement de regagner un semblant de sérieux. Il était bien mal fagoté dans le tissu bleu que lui avait prêté Lepti, et semblait au moins aussi embarrassé que ce dernier. Décidément ! Il était curieusement pâle, comme anémié. Néthi avait entendu parler d'une jeune femme toute aussi blanche qu'Antmosis Naïlthan aurait ramené à Ohime Quinah quelques semaines plus tôt. Étaient-il du même monde ? Venait-il, lui aussi, de la grande échine métallique ? Devinant qu'elle n'obtiendrait aucune réponse en le regardant dans le blanc des yeux - qu'il n'avait pas, d'ailleurs - la jeune femme inclina poliment la tête en guise de salut, et les pendants à ses oreilles remuèrent doucement, envoyant de douces lueurs sur les murs de sa bâtisse carrée. Sa maison, comme la majorité de celles construites à Ohime Quinah, ressemblait à une grosse boîte en terre cuite. Peu de fenêtres, et très petites, à hauteur de hanches comme si ces boîtes étaient habités par des nains... En réalité, quelques marches permettaient d'y descendre et de fait, ces maisons semblaient excessivement basses vues de l'extérieur, alors qu'elles étaient tout à fait spacieuses à l'intérieur. Spacieuses, mais également fraîches. Alors Néthi se recula, ouvrant plus largement la porte.

« Je vous en prie, entrez. » Invita-t-elle avec un plaisir évident.

Après sa petite expérience à la bibliothèque avec Antmosis, elle s'était fait souffler dans les bronches à tel point que son père l'avait consignée ici en guise de punition. Alors un peu de compagnie lui faisait un réel plaisir. D'autant que les visiteurs attisaient sa curiosité. Elle dégringola les quelques marches et disparu derrière un rideau d'où on l'entendit fouiller dans un tiroir, ou un placard, on ne savait pas trop. Lorsqu'elle revînt à la pièce principale, elle tenait un plateau encombré de verres et d'un pichet d'eau, et un citron tout frais assassiné à coup de couteau suppliait les hôtes de venir se désaltérer de sa chair.

« Mon père est sortit, mais il ne devrait plus tarder. »

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 15 Mai 2010, 23:39

La porte s'ouvrit et bien qu'Ordalie pensa un instant qu'ils auraient à faire avec un vieil homme, son idée de la fonction de scribe étant très particulière et conditionnée par des contes et romans fantaisistes, pourtant ce fut une femme qui les accueillit. Une très belle jeune femme à la peau colorée et aux yeux magnifiques. Il fut en total accord avec la gêne de la sentinelle, elle était séduisante et devait avoir l'habitude que ses charmes fassent tourner la tête des hommes.
Sous le regard de la jeune femme il ne put s'empêcher de rougir. Une pudeur instinctive ou une simple gêne d'être vu en si mauvaise posture... L'un ou l'autre il esquissa un sourire poli et inclina la tête. On lui avait apprit à saluer de la sorte, bien avant qu'il n'apprenne à serrer une main, aussi avait-il prit cette habitude de s'incliner même brièvement devant quiconque. Quoiqu'il lui arrive d'user d'autres coutumes, ça ou autre chose, il ne s'apercevait même pas de ses propres manies.
Et il fut un instant jaloux des yeux si clairs de cette jeune femme. Qu'en était-il de lui et de son regard noir comme une pierre volcanique polie par le temps. Un galet sombre et dur qui n'exprimait rien si ce n'est une très nette différence avec les autres races. Il aurait adoré avoir des yeux verts comme elle, des irirs colorées et expressives.

Il dut courber l'échine pour entrer dans la petite maison et fut ravi de constater qu'il y faisait bien meilleur que dehors. L'ombre salvatrice lui caressa la peau apaisant les brûlures naissantes sur sa peau déjà assez malmenée par le manque d'eau et de nutriments. Il leva les yeux sur les murs et les meubles. Non il n'avait jamais vu pareil endroit, et la chaleur de ce pays semblait avoir contaminé les rapports des êtres qui vivent sous les rayons solaires. Ils restaient chaleureux et à en croire Lepti et cette demoiselle Ptahâa, c'est comme si les gens n'avaient aucune idée de ce que pourrait être la méfiance. Il se félicitait intérieur d'avoir réussi à aller jusqu'au bout de ce voyage de fou, et pendant une brève seconde il se demanda ce qu'il deviendrait s'il restait ici. Finirait-il pas avoir la peau bronzée et sombre comme celle de la jeune femme, ou peut-être qu'un chien rouge saurait animer les conversations dans le voisinage... Mais son instinct, plus animal qu'humain, lui rappela que le désert n'est pas fait pour les chiens de son gabarit. Il se devait de regagner des régions tempérées, où le gibier abonde, là où les chiens des plaines au pelage épais peuvent suivre dans l'odeur du vent celle de leur route à venir.

Il se trouva un siège et se permit de s'assoir alors que ses jambes se trouvaient apprécier de moins en moins de devoir à nouveau le porter debout. L'eau n'avait suffit à le ramener à cette vitalité simple, il manquait encore d'un bon repas et d'une nuit de sommeil serein.
Il aurait pu se contenter de garder le silence et d'éviter de se faire remarquer, seulement, cela aussi n'était pas un comportement propice à cette ambiance conviviale. Il posa ses yeux sur la jeune femme avant de parler.

-Vous avez l'habitude de recevoir des étrangers ? Ils arrivent à traverser le désert ?

S'il y était arrivé, les autres devaient bien pouvoir le faire... Surtout s'ils disposent de meilleurs moyens de transport. Mais parler de ça ou du soleil... Non pas que le mauvais le temps le dérange mais ici, il doutait qu'on ait déjà subit les pluies et les intempéries.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Néthi Ptahâa » 24 Mai 2010, 21:42

Nethi déposa son plateau sur une table basse, un meuble sommaire taillé dans la roche. Elle servit à boire à ses invités dans les coupes de terre cuite, feignant de se comporter en parfaite femme de maison. En réalité, elle était intéressée, piquée au vif, et se sentait assaillie d'un millier de question qui lui piquaient les lèvres comme autant de dards d'abeilles curieuses. Elle se gardait bien de les poser, mais ses yeux clairs ne mentaient pas et épiaient sans rougir le moindre mouvement du nouveau venu. Elle invita poliment Lepti à s'asseoir, ne lui accordant qu'une brève attention. Bien évidemment, ce fut avec un plaisir non dissimulé qu'elle accueillit les interrogations du jeune homme.

« Nous avons pour habitude d'accueillir quiconque se présente à nos portes. Qu'il s'agisse de celles de l'oasis, comme de celles de nos demeures. Ohime Quinah est une grande cité vous savez. Nous ne nous connaissons pas tous, mais l'hospitalité fait partie des dons dont nous a gratifié Quinah. Alors peu importe qui passe nous voir, nous savons accueillir comme il se doit nos invités. » expliqua-t-elle avec douceur.

Elle jeta un coup d'œil vers Lepti et jugea plus prudent de ne pas répondre à la seconde question. À la place, elle retourna derrière son rideau et en revînt aussitôt, chargée d'un petit pot de terre fermé d'un tissu. Elle l'ouvrit devant Ordalie, plantant son regard turquoise dans ces deux billes noires comme la nuit sans fond. Où avait-elle lu cela ? Elle mourait d'envie de retourner à la bibliothèque et de fouiller dans les archives jusqu'à retrouver ce passage, faisant mention d'être aux « yeux des ténèbres ». Mais elle ne pouvait pas. Alors elle restait là, à retenir tant bien que mal toutes les questions qui la démangeait. Elle tendit le pot de miel accompagné d'un gentil sourire.

« Je vais vous trouver des vêtements. »

Et elle disparût dans une autre pièce.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 30 Mai 2010, 03:33

Portant la main à une tranche de citron bienfaisante, il mordit dedans sans scrupule défiant presque du regard la jeune femme qui l'auscultait avec l'expérience de sa nature de femme. Évidemment que Ordalie avait repéré le regard inquisiteur, ou presque, de leur hôte. Il était un chien, enfin un morphe, mais élevé comme un animal. Il en avait pris certains habitudes qui ne le laisseraient sûrement jamais en paix. La première et la plus embêtante celle ne pas quitter du regard ceux qui vous regardent.

Le chien, le loup est un prédateur intelligent et fier. Un animal qui ne vous quittera du regard qu'à condition que vous baissiez les yeux le premier. Et dans ce cas, soit il en profitera pour s'enfuir et s'éloigner du danger que vous représentez, soit, vous pouvez dire adieu à la vie si votre bonne étoile n'est pas en forme ce jour là. Et Ordalie était de ce genre de chien prédateur. Instinctivement prévenant, il gardait ce désir profond de survivre à tout prix. La vie d'un autre compte toujours moins que la nôtre, en quelque sorte. Aussi, ne détourna-t-il le regard que lorsqu'un pot de miel lui picota le nez. L'odeur du sucre singulier de la pâte lui fit baisser les yeux comme un chasseur débutant, un chiot qui manque de rigueur.

Il accepta le pot de miel et regarda la jeune femme s'éclipser tout en courbe et en différence de lumière. En plus d'être un bon chien, Ordalie était un jeune homme... Et cette jeune femme avait un charme indéniable. Il la suivit un instant du regard avant que le miel et le citron qui chauffait entre ses lèvres ne le ramène sur terre. L'acidité du fruit lui avait coupé la soif, voilà qui était une excellente chose, et la fin lui confia de trouver un moyen de goûter ce miel avant qu'il ne salive dessus.
Là d'où il venait le miel on le mangeait à la cuillère... Ou dans une boisson. Mais, là, sans rien, il se demanda un instant s'il devait manger sans couvert. Préférant ne pas risquer de vexer son hôte, il reposa avec un dépit le pot sur une table et se contenta de sourire à Lepti resté dans la pièce.

-Vous avez l'air de beaucoup l'apprécier, fit-il sans se rendre compte qu'il mettait les pieds dans le plat et dans des circonvolutions qui ne le concernaient pas du tout.

Si bien qu'il s'en rendit compte qu'après l'avoir prononcé. Il rougit légèrement et inclina la tête tout sourire ayant quitté son visage.

-Enfin, ça ne me regarde pas. Désolé.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Néthi Ptahâa » 07 Juin 2010, 23:06

« Qui ? Lepti ? »

La tête de la jeune femme apparut de derrière la porte d'une armoire, laissant entrevoir sa position pour le moins bancale. En équilibre sur une jambe, elle s'était penchée afin de se défaire de cet obstacle entravant sa vue, et ainsi pouvait-elle observer Ordalie plus à son aise... enfin presque. Elle était ainsi, elle regardait toujours les gens dans les yeux lorsqu'elle leur parlait, aussi futile que soit la conversation.

« Je l'aime bien, il est gentil. Comme l'est monsieur Naïlthan ou bien d'autres personnes encore. » Fit-elle avec un sourire.

Elle revint les bras chargés de ce qui ressemblait à un drap. Il s'agissait en réalité d'un long pagne de lin qu'elle tendit à son hôte. Elle hésita une seconde à lui proposer son aide, consciente que cela risquait d'être interprété comme une marque de voyeurisme ou elle ne savait quoi d'autre. Cependant, elle doutait que le jeune homme sache comment nouer le tissu, à en juger sur la manière dont il s'était fagoté du cheiche de Lepti... Silencieuse, elle l'observa, prête à accéder au moindre de ses désirs... enfin presque. Ordalie la fascinait, avec ses yeux noirs comme la carapace luisante des scorpions, et sa peau marquée de souvenirs douloureux. Elle se garda bien toutefois d'ouvrir la bouche à ce sujet... À la place, elle fit demi-tour, retourna derrière son rideau, et en revînt avec une cuillère à miel taillé dans de l'olivier qu'elle posa sur le pot.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Maître du Jeu » 07 Juin 2010, 23:42

Silencieux dans son coin, Lepti ne pu retenir ses joues de s'embraser littéralement. Ce n'était pas flagrant sur son teint chocolat, mais de son côté, il avait la sensation d'être devenu aussi rouge que le chariot de feu, lorsqu'il basculait de l'autre côté de l'horizon, à l'ouest. La question d'Ordalie l'arrangeait, parce qu'il la posait pour lui, là où jamais il n'aurait trouvé le courage de se renseigner lui-même. Baissant la tête comme s'il n'avait pas entendu, il épia d'une oreille très attentive la réponse de la jeune femme et se mit à rougir de plus belle. Ravi d'apprendre que Néthi l'aimait bien et le trouvait gentil, il se sentit très mal à l'aise sur son tabouret, mais ne souffla mot. Après tout, il était sentinelle. Il se devait de rester sérieux et concentré en toutes circonstances... ahem... on y croit...

Pour se donner un semblant de contenance, il se servit à boire, mordant à son tour dans une rondelle de citron. Depuis le temps qu'il veillait, là-haut, cette petite pause était plus que bienvenue. Mais ses gestes demeuraient nerveux... Si le capitaine du seigneur Kaha revenait et le trouvait là à siroter un jus de citron au lieu de monter la garde, il était bon pour se faire souffler dans les bronches. Aussi s'efforçait-il de paraître vigilent, sans grande conviction toutefois. C'est que, se concentrer en présence de Néthi n'était pas une chose facile... pour lui comme pour beaucoup, parce que Néthi était d'une beauté à couper le souffle et d'une gentillesse sans égal. Et si son père n'avait pas été un soldat si important, nul doute que tout l'oasis l'aurait déjà demandée en mariage... Mais aucun n'osait, de crainte d'offenser Adjib Ptahâa... et au moment même où le jeune garde s'en faisait la réflexion, le capitaine entra dans la maisonnée.

Comme sa fille, deux yeux clairs comme ses lagunes vierges de toute vie illuminait son visage. Un homme fier, dans les gestes duquel se laissaient lire une assurance autoritaire et placide. À sa ceinture, un sabre orné du cobra Uræus, rehaussé d'or, témoignait de son rang et de son importance au sein de l'armée Ohime. Il planta son regard bleu sur Lepti et Ordalie tour à tour, avant d'interroger sa fille avec une pointe de contrariété.

« Qu'est-ce cela, Néthi ? »

Après qu'elle lui ait fait la désagréable surprise de plonger un honnête chasseur de serpent dans un état proche de la mort, il se méfiait des fois où elle invitait du monde... Manquait plus qu'elle se lance dans un nouveau rituel farfelu et dangereux... Mais sans laisser à Néthi l'occasion de se justifier, Lepti se leva, prompt et tout à coup très solennel.

« Capitaine Ptahâa. Le seigneur Hétep Ir Kaha a demandé de vous amener tout étranger se présentant à nos portes.
_ Merci, Lepti. »
Acquiesça simplement le capitaine.

Puis il se servit à boire à son tour, jetant un coup d'œil furtif – et expert – en direction d'Ordalie. Sans animosité mais animé d'une autorité presque paternelle, il arpenta la pièce. Ses observations l'incitait à poser un millier de questions, mais il se garda bien de harceler ce nouvel hôte, malgré cette envie irrépressible qui le dévorait de l'intérieur. Lepti n'osait plus s'asseoir, et Néthi, consciente que son père n'était pas d'humeur à lui pardonner aujourd'hui encore, s'éclipsa dans la pièce voisine. Adjib hésita avant de prendre la parole. Avant toute choses, le mieux était encore de se présenter.

« Bienvenue dans notre oasis. Je m'appelle Adjib, capitaine du seigneur Kaha. En l'absence de notre conseiller, j'ai la tâche de vous accueillir à Ohime Quinah. J'ai conscience que votre voyage a dû se révéler épuisant, mais j'ai quelques questions à vous poser. »

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 24 Juin 2010, 07:06

Il s'empêcha de soupirer quand elle lui répondit. Si Lepti semblait suffisamment heureux par cette réponse, Ordalie la trouvait un peu cruelle. Ce pauvre garçon n'avait pas vraiment beaucoup de chances, peut-être que s'il lui avouait... Non, il préféra ne rien dire, ne plus se mêler de ce qu'il le regardait pas. Il avait fait bien assez de dégâts aujourd'hui, le soleil avait du lui taper drôlement fort sur la tête pour qu'il soit aussi stupide.
Pas le temps d'avoir honte, il eut pourtant l'idée de rougir quand elle lui apporta un vêtement. Voyons le bon côté de cette drôle d'histoire, s'il retrouve ses vêtements cette nuit, il pourra enfin remettre quelque chose qu'il sait porter.

Il baissa les yeux sur le pagnes et chercha chez son sauveur de sentinelle une quelconque aide. Et à l'instant même où il ouvrait la bouche pour remercier et aussi (et surtout) appeler au secours, un autre individu pénétra la petite demeure. Un homme dont il dégageait une aura de force qu'Ordalie sentait craquer sous ses dents. Il était un chien, mais un prédateur dominant. C'était se retrouver en face d'un rival... Mais rival de quoi ? Il aurait été incapable de le dire. Seul l'impression animale, le sentiment instinctif de devoir respecter son potentiel adversaire lui agrippait le ventre et lui contractait la mâchoire. Il fut bien forcé de se détendre quand il songea qu'épier ce nouveau venu ne l'aiderait pas à s'intégrer en ville.

-Heureux de vous connaitre.

Devait-il l'appeler monsieur ? Capitaine ? Peut-être son nom au complet ? Il n'en fit rien, prudence est mère de sûreté.

-Je me nomme Ordalie. Si j'ai les réponse, je vous les donnerai.

Il n'avait pas de mauvais fond le bougre, il était juste curieusement naïf. Ordalie répondrait à toutes les questions avec une franchise sûre et sans bavure... C'était en cela que ces yeux étaient plein de détermination. Il ne savait tout bonnement pas mentir, ni même penser à mentir... Les vieilles habitudes ont la vie dur. Il obéirait, il le faut bien. Et il se senti soudain nu sous le regard de cet attroupement. Il chercha de l'aide en Lepti, une fois encore.

-Merci pour le pagne... Je peux vous demander de l'aide ?

Encore une fois. Lepti serait titré à ses yeux comme son sauveur. En toutes situations... Dans l'espoir que ce dernier l'aide à s'habiller avec plus qu'un cheiche et que bientôt il puisse retrouver le rèche de sa chemise trop lavée, le dur des semelles de ses bottes et son sac ne contenant que bien trop peu de choses et pourtant si nécessaires.
Et avec tout ça, on lui avait laissé une cuillère pour le miel, et il ne pouvait même plus y goûter tant il se sentait sous pression. Entre s'habiller, répondre aux questions, ne pas en faire trop... Il avait un mal fou à se mettre à son aise, cette culture lui était simplement et totalement inconnue.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Maître du Jeu » 30 Juin 2010, 14:03

J'ai pris la liberté de faire agir Ordalie, si ça va pas j'édite sans problème.


Adjib opina doucement, autant par respect qu'en signe de salut et d'acquiescement tout à la fois. Il but encore quelques gorgées tout en traversant la pièce lentement, comme si cela avait pu l'aider à mettre un frein au flot d'interrogations qui l'assaillait. Il fit mine de regarder dehors par la lucarne – presque un soupirail – avant de se tourner de nouveau vers Ordalie. Il l'observa un moment, entrevoyant soudain le fait que son hôte semblait perdu sur son tabouret. Sans-doute était-il intimidé... mais le capitaine n'appréciait pas tellement la situation et refusait de passer pour celui qui traumatisait les nouveaux venus. D'autant qu'en matière de traumatisme, Ordalie semblait avoir eu plus que sa part... Il laissa donc Lepti répondre à l'invite presque suppliante du jeune homme et se détourna, pour ne pas se montrer trop curieux d'une intimité qui ne le regardait pas... Épiant les bruits de pas et d'étoffe pliée derrière lui, il fit le tri sur les questions les plus essentielles à poser. Assurer l'intendance en l'absence de son chef des armées ne l'arrangeait décidément pas.

Lepti, quant à lui, s'était levé. Il débarrassa Ordalie de sa cuillère à miel et le fit se mettre debout avant de commencer son œuvre. De ses gestes experts, il passa le tissu par dessus les épaules, contourna les hanches, croisa, noua, ajusta jusqu'à ce que – en deux temps trois mouvements – Ordalie soit enfin vêtu correctement. Il recula d'un pas comme pour admirer son travail, s'assurant qu'il n'avait manqué aucun pli ni aucune attache et finit par sourire, satisfait.

« Je vous en prie, mangez. » invita-t-il en lui remettant le pot de miel et sa cuillère dans les mains.

Ce qui n'était pas très poli mais relevait d'une bonne intention. Adjib s'était retourné et, d'un geste simple, congédia la sentinelle qui disparût à pas pressés, son cheiche bleu à la main. Ne subsistait plus dans la pièce un peu sombre, que le capitaine et Ordalie. Seul le grattement du papier provenant de la pièce voisine où s'était réfugiée Néthi se faisait encore entendre. Les lèvres pincées sur la première question à poser, l'homme se décida enfin à briser le silence et sa voix puissante mais pondérée enveloppa la pièce.

« Que la grâce de Quinah vous accompagne, Ordalie. Dites-moi. Venez-vous, vous aussi, de cette échine métallique plantée plus au sud, au milieu du désert ? »

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 05 Juil 2010, 18:37

Comme les choses allaient soudainement vite pour lui. Rouge jusqu'aux oreilles il se laissa habiller par Lepti, réfreinant les envies d'aller se réfugier sous sa forme canine sous la table... Et il en aurait vraiment été capable. Puis finalement habillé convenablement à la mode du coin de désert, il avait déjà les mains pleines de sa cuillière et du miel. Il en plongea l'ustensile dans le pot et se prit un plaisir à laisser la douceur fondre patiemment sur sa langue.
Et tout ceci c'était passé en éclair dans son esprit. La gêne n'aidant pas, il fixait les choses avec trop d'attention, le soldat, le départ de Lepti... Qui d'ailleurs fut accueillit avec une étonnante crainte en son coeur encore marqué par les années d'esclavages. Son sauveur s'en allait et le laissait seul avec ce qui semblait être un homme robuste et d'un charisme intimidant. En effet, que Quinah le protège, il commençait à ne plus du tout se sentir en sécurité. La disparition de la jeune femme aussi l'avait un peu coupé de ses rares repères. Loin de lui l'envie de critiquer, mais bien qu'Adjib ait l'air de quelqu'un de droit, il n'en restait pas moins qu'Ordalie n'avait pas récupéré toutes ses forces et son courages n'avait pas grimpé d'un iota maintenant qu'il était vêtu.

Il lui fallut un temps de réflexion et même si son palpitant se calma légèrement en entendant le grattement familier d'une plume non loin dans la maison, il resta bouche bée d'ignorance.

-L'échine métallique ?

Bien entendu qu'il n'en savait rien. Il était incapable de lire quoique ce soit et ne tenait le peu d'information qu'il avait sur cette région de quelques voyageurs à qui il avait suffit d'offrir une ou deux boissons pour les rendre bavards. Alors, l'échine métallique, à moins qu'Adjib ne parle de Neobabel... il n'avait pas la moindre idée de ce que c'était.

-Je suis originaire... Enfin, je viens de la ville à l'Est. J'ai traversé le désert parce qu'on m'avait dit qu'il y avait ici une ville merveilleuse à découvrir.

Ordalie n'appréciait plus les villes à l'Est. Pour y avoir vécu trop longtemps, pour y avoir souffert trop longtemps, bien plus sous sa forme canine qu'humaine, il ne souhaitait pas y repenser maintenant. Portant une main à ses lèvres il pouvait la sentir crépitante, cette vieille brûlure, sceau d'un cortesian qui l'avait marqué au fer. Jusqu'à aujourd'hui, naïf comme seuls les enfants sont, il n'avait pas imaginé qu'il devrait songer à être plus prudent qu'il ne l'était déjà.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Maître du Jeu » 06 Juil 2010, 08:45

Le ton employé par Ordalie ne laissait que peu de doute sur sa sincérité. À moins d'être un formidable comédien ou menteur, il ne savait véritablement rien de l'échine métallique du sud. Et même si l'édifice portait un autre nom pour lui, il aurait dû savoir ce dont il était question. C'est donc qu'il ne venait pas de là, contrairement à la dénommée Megan Baxter avant lui. D'où, alors ? Sa peau claire trahissait des lieux sans soleil. Vivait-il sous le sable ? Dans une grotte creusée dans les Obsidiennes, au nord ? Adjib observait son hôte d'un air distrait, imaginant vaguement tout un village de jeune homme tout blancs aux cheveux rouges, courant tout nus dans les dunes... Ce devait être un drôle de peuple. Et puis son regard changea, revenant de ses pensées floues pour redevenir attentif. Comment ce petit morceau d'homme avait-il pu échapper aux Raanaï ? À ce sujet... justement... Mais avant qu'il ait pu formuler sa question, le capitaine fut interrompu par les derniers mots d'Ordalie. Une ville, à l'est ? Il referma les lèvres sur toutes les questions qui revenaient à la charge, plus violentes cette fois-ci. Les jolis yeux turquoises se firent plus froids, en proie à une multitude d'inquiétudes, et semblaient vouloir transpercer le pauvre Morphe de part en part. Il y eut une seconde de flottement durant laquelle nul Ohime n'aurait su dire ce qui pouvait bien passer par la tête du capitaine... pas même sa fille qui le connaissait pourtant si bien.

« Néthi ! L'appela-t-il sans se rendre compte qu'il ordonnait comme à ses hommes. Occupe-toi de notre hôte. »

Puis, sans demander son reste ni saluer, ni même fournir la moindre explication, on le vit franchir la porte et disparaître dans la chaleur écrasante de la cité.

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