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Décidément, je venais à me demander s'il existait une seule personne au monde avec qui Benedikt ne pourrait pas s'entendre. Bon, en dehors de ceux qui l'ont séquestré et pour qui j'ai bossé une semaine, mais sinon chaque fois que je lui présentais quelqu'un, ils s'entendaient comme larrons en foire! Même Nessy semblait l'adorer au point que je ne doutais pas qu'il serait l'une des raisons pour lesquelles elle accepterait de me le laisser de temps en temps. Elle se sentirait surement rassurée de savoir que le gosse n'était pas loin.
Enfin, après s'être mis d'accord sur la taille, la forme et tous les accessoires du bureau - qui allait finir par coûter plus cher que la pièce elle-même si ça continuait - on se dirigeait donc vers la Basse Ville.
Le bâtiment qui accueillait le défilé ressemblait à une sorte de grange immense avec son toit arrondi, mais sans le charme évidemment. C'était un bâtiment de béton et de verre, peint de ce gris clair un peu bleuté qui caractérise la plupart des immeubles des environs, mais il y avait des tapis rouges au sol et les immenses baies vitrées apportaient quand même un peu de chaleur à tout ça, même si bon, ils auraient pu faire encore mieux. Pour Benedikt, ça devait clairement manquer de plantes, et c'est clair que j'aurais bien vu des plantes grimpantes tout autour de ces colonnes là, mais bon, je n'étais pas là pour faire la déco.
Il y avait là une femme qui semblait surexcitée, elle criait sur tous ceux qui passaient à sa portée, les techniciens, les maquilleurs, les assistants, mais chaque fois qu'un mannequin ou un couturier passait par contre, elle semblait toute mielleuse. Lorsqu'elle me vit arriver, elle se mit à sauter sur place
«Ah Ah AAAAH Et le voilà! Notre héros de Nideyle et finaliste de Mister Nideyle!! Venez vite, il faut qu'on se dépêche de faire tous les essayages pour voir ce qui va vous mettre le plus en valeur!» - puis elle baissa les yeux vers Benedikt et fit une sorte de petite moue écœurée, le genre critique gastronomique devant un hamburger de la veille. Il faut dire que vu comment il était habillé, il ne risquait pas de faire impression dans ce milieu - «et c'est quoi ça?»
- «Ça, c'est mon assistant personnel. Je refuse de défiler s'il ne reste pas près de moi.» - vu comment elle semble m'idolâtrer, autant faire un caprice de star. Elle écarquilla les yeux avant de se mettre à bafouiller et secouer la tête frénétiquement
- «Oh! Oui oui bien sûr, attendez, je lui fais un badge tout-de-suite!!! Cynthia!!! Un badge, maintenant!!!» - elle m'avait limite aboyé dans les oreilles alors que la dénommée Cynthia arrivait avec un polaroïd et des petites cartes plastifiées. Elle prit Benedikt en photo, lui demanda son nom et son prénom pour l'inscrire avant de le lui tendre en rougissant à l'idée d'être allé si «lentement».
Par la suite, on nous conduisait vers la salle d'essayage et là... je commençais à avoir peur de perdre Benedikt dans la foule! C'était pire qu'une fourmilière ici! Tout le monde courait à gauche, à droite, tenant des vêtements, des perruques et d'autres accessoires bizarres. Je commençais aussi à avoir peur de ce qu'on allait me faire mettre en voyant la tronche des vêtements qui passaient.