Benedikt regarda le tatoueur avec des yeux parfaitement intéressés, et glapit joyeusement dans le nez de ce dernier lorsqu'il eut fini de parler. Même si le botaniste n'était pas habitué à avoir autant de bruits et d'odeurs autour de lui pour le distraire, il avait réussi à lui accorder assez d'attention pour comprendre le gros de l'affaire. Faut que je sois gentil et obéissant, décida-t-il aussitôt avec beaucoup plus d'enthousiasme qu'il n'aurait dû. Et il faut que je fasse attention à ne pas faire peur ! Et on ne s'emballe pas. Ça, ça allait être un peu plus dur, ohlàlà.
Mais le petit botaniste avait promis à Vrass de le protéger et de rester tranquille, aussi il le laissa l'attacher et le suivit bien tranquillement sur la terrasse où on leur servit le petit-déjeuner ; un petit-déjeuner qu'il renifla avec suspicion. Flûte, c'était des légumes, non ? Ça aurait dû lui faire plaisir. Mais là... l'odeur n'était pas fameuse, par rapport à ce qu'il y avait... mmmhh.... sur la table... Le museau du loup arrivait à peine à la hauteur du rebord et il n'avait guère de quoi voir ce qu'il y avait dessus, mais on pouvait lui arracher les crocs si ce n'était pas de la viande qu'il y avait chez le tatoueur. Peut-être un peu trop cuite à son goût, mais bon...
Mais oh, il était gentil et obéissant, on avait dit ! Alors il mangeait ce qu'on nous donnait et il n'allait pas faire d'histoires. Apparemment, cette résolution ne tint que le temps qu'il finisse sa gamelle, parce qu'après quelques lapées d'eau, Benedikt s'assit à côté du tatoueur pour le fixer avec un air tout à fait déçu. Ah, mais il pouvait lui parler, non ? Il fallait juste se concentrer sur ce qu'il voulait dire. Et ce qu'il voulait dire, c'était... La viande, c'était cool ! Oui, c'était ça, la viande, c'était cool, la viande crue, encore plus, et du coup, ce serait bien de manger ça au lieu des légumes qui étaient bons d'habitudes, mais là, plus du tout. Si le tatoueur pouvait en avoir, ça ne devrait pas être très difficile pour lui d'en avoir aussi. Le botaniste fixa Vrass intensément quelques secondes, puis fut distrait par un battement d'ailes derrière la table. OH. UN OISEAU.
Flûte, ça, c'était de la vraie viande crue, ce n'était pas très gros mais c'était mieux que rien et c'était tout près, même si ce n'était pas dit qu'il serait rapide et... Oh, attends voir, Vrass avait dit de rester tranquille. Ça voulait très probablement dire que chasser était interdit aussi. Personne sur la terrasse ne chassaient, alors... Bon, tant pis, il n'avait plus faim, de toutes manières, c'était juste de la gourmandise.
Qu'est-ce qu'il était en train de faire, déjà ? Ah, dire à Vrass que les légumes, c'était nul. Franchement, il devrait bien le comprendre, lui non plus il aimait pas les légumes. Et c'était pour ça qu'il avait le déjeuner le plus sympa. Enfin, il avait fini, pour l'instant. Ça voulait dire qu'on allait au travail, non ? Benedikt leva le museau en l'air pour humer les environs, histoire de vérifier qu'il n'y avait de danger, même si c'était moins probable ici – mais encore une fois, il était là pour protéger Vrass, non ? - et se retrouva avec une coccinelle sur le nez. Elle le fit aussitôt loucher et il se tourna vers le tatoueur, les oreilles en avant. Hé, Vrass, regarde !! Regarde-ça !!! Tu m'écoutes ? Je fais des efforts pour pas parler loup, là ! Elle est trop belle, hein ?!