« Mmmmh, ça ne m'intéresse pas trop... C'est amusant cinq minutes, mais j'aime bien ta couleur naturelle... Oh ! Mais ça marcherait sur moi aussi ! Tu crois que je pourrais rendre mes cheveux bleus ou verts ? Ou blancs ? Ce serait trop drôle ! »
Mais Vrass parlait déjà de petit-déjeuner, et l'estomac du botaniste s'enthousiasma clairement plus pour ce sujet.
« Oui, j'aimerais bien passer à ce vendeur de... » Benedikt s'arrêta soudain. Il n'allait pas être à la boutique de tatouage pendant une semaine. Ils auraient bien le temps de profiter de la nourriture à emporter de la Basse-ville. « Non, en fait, je veux bien rester à la maison pour manger, je peux cuisiner un truc sympa ? »
Le botaniste lui lança un sourire penaud et un dernier baiser avant de zigzaguer jusqu'à la cuisine. Bon, si c'était pour ne pas se faire servir comme d'habitude, autant faire un effort. Benedikt décida que la cuisine l'occuperait assez pour tenir à distance l’inquiétude et les mauvais pressentiments qui commençaient déjà se pointer dans les recoins de son esprit. Aussi il fouilla les placards à la recherche de quelques ingrédients – de quelques œufs, notamment, qu'il chercha pendant de longues minutes, jusqu'à ce qu'il se rappelle qu'ici, on mettait ça au frigo -, histoire d'offrir à Vrass quelques pancakes fait maison.
Un quart d'heure plus tard, une bonne odeur flottait dans la minuscule pièce, Iza était venue se glisser sur la table et le botaniste avait de la farine dans les cheveux pour une raison qu'il se garderait bien d'expliquer à Vrass, parce qu'en vérité, il avait tout simplement failli laisser tomber sur lui le paquet en essayant de l'attraper du placard du haut ; trop haut pour lui. Il se laissa tomber sur une chaise avec un soupir de fierté devant sa table recouverte de pots de confiture, sucre en poudre, verres de jus d'orange et bacon grillé.
« Alors là, excuse, mais j'attends des compliments parce que je trouve que je deviens une très bonne femme au foyer ! » déclara-t-il en riant en levant les yeux sur le tatoueur.
Il commença à grignoter un pancake tiède avec entrain ; Benedikt ne s'en était jamais trop aperçu mais il mangeait de plus en plus le matin jusqu'à maintenant apprécier un véritable petit-déjeuner bien comme il faut. Et tout cette nourriture avait effectivement gardé sa bonne humeur, laissant dans l'oubli la journée qui les attendait. Journée qu'il allait pourtant falloir passer...
« Vrass.... Tu sais dans quel hôtel on va rester ? On doit rencontrer la journaliste, non ? » demanda-t-il en fronçant les sourcils. Revoir cette saleté de fouineuse ne lui disait vraiment rien, mais hé, parfois, il fallait prendre sur soi.