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Précédemment* * * * * * * * * *
« Hé, ce n'est pas pour toi, vas t'en et tais-toi, chut ! Tu vas réveiller Vrass ! »Benedikt protégeait maintenant jalousement son panier de fruit, ce qui donna l'occasion à Têk de l'engueuler d'autant plus. Ah, bordel, mais qu'est-ce qu'elle lui cassait les oreilles !
« Kaaaaalllliiisssttrraaatt, surveille ta bestiole insupportable, là, elle m'embête ! Va aller massacrer des insectes ailleurs, saleté ! Tais-toi ! Schhuut ! Aïe, mais ça fait mal, ça va pas ?! Laisse-moi tranquille ! »Tout ce boucan avait quand même réveillé Vrass qui sortit de la tente et se mit à la replier plus ou moins efficacement. Pendant ce temps-là, le botaniste avait cédé une partie de son butin à l'oiseau de Kallistrat - qui n'avait pas l'air enclin à l'aider -, gagnant un peu de paix puisque celle-ci avait enfin fini son sermon. Il grommelait encore contre elle quand il vint boire un peu d'eau à la rivière, vérifiant avec un air boudeur les mains de Vrass qui avaient un poil souffert des épines de leur abri. Non mais les oiseaux, vraiment ! C'était vraiment horrible et stupides !
« Ce n'est pas pour les montures, mes fruits, c'est pour mon petit-déjeuner, Kallistrat. Et ta Têk de malheur, je lui ai jamais dit qu'elle avait le droit d'y toucher ! La prochaine fois, dis-lui de me laisser tranquille ou je la fourre dans une cage et je l'envoie à Wingdrakk ! En tout cas, je n'aime pas qu'elle m'attaque tout le temps ! »Son humeur s'améliora nettement en revanche quand il put récupérer un morceau de cake pour mettre dans son bol de mûres et framboises à moitié vide, en plus de la petite tasse de thé qu'il avait siroté en vitesse. Vrass et l'orphe lion pouvaient bien penser ce qu'ils voulaient, c'était le petit-déjeuner parfait pour lui, ou presque – les pancakes que faisait Iza à la Basse-ville certains matins étaient divins, il devait l'avouer -.
Lorsqu'ils arrivèrent à l'animalerie, guidé en partie par les connaissances du botaniste et de Vrass de la ville, en partie par les bruits et cris d'animaux qui en sortaient, le soleil était déjà bien haut dans le ciel, annonçant une belle journée. Elle venait pourtant à peine de commencer, et ils auraient de nombreuses heures devant eux pour aller jusqu'à Banba.
Benedikt traversa la boutique à petits pas et ouvrit le catalogue pour en faire une étude méticuleuse. Il avait bien eu un bon pour une monture gratuite, mais cela signifiait qu'il l’achèterait. Alors il valait mieux qu'il fasse un choix pertinent. Surtout que si c'était Sayah qui gérait la boutique en ce moment, il n'allait sûrement pas lui demander de l'aider à choisir.
Plusieurs montures auraient été tout à fait convenables, Benedikt n'était pas vraiment difficile tant qu'elles avaient l'air agréables ; les nox, les bondish, ou même les mange-bois ne lui faisaient pas du tout peur. Il appréciait aussi les anticus, qu'il trouvait joli en plus de leur caractère doux, mais ce fut finalement la dernière page du catalogue qui retint aussitôt son attention. Un lissam aurait été parfait, pas trop grand pour lui éviter des embarras pour monter dessus, charmant par ailleurs et polyvalent. À un seul détail près ; ça grignotait à tout bout de champ des insectes. Et ça, ça n'allait pas du tout. Outre le fait que Benedikt ne se sentait pas d'être le spectateur d'un massacre permanent de ses petits animaux favoris, il allait peut-être avoir du mal à se faire accepter auprès de la bestiole.
Tant pis, son regard s'était déjà posé sur les photos des Manekis, qui lui rappelaient vaguement le chaton abandonné qu'il avait un jour recueilli dans les Ghettos pour le refourguer à Nessy quelques heures plus tard. Sans compter les autres avantages qui allaient avec ; aussi petit donc impossible de se rendre stupide pour monter dessus, une monture qui accepterait des grattouilles et serait toute douce comme une peluche, etc. Le botaniste se retourna sur Vrass avec un sourire triomphant.
« Regarde ! Ce serait parfait, non ? Et puis, Kallistrat, tu t'entendras bien avec, non ? C'est un félin. »Bon, par contre, avec ça, il allait falloir sortir un peu d'ores pour les dépenses subsidiaires... Surtout qu'il allait sûrement rester avec eux longtemps vu le voyage qu'il entreprenait... Bon, un médaillon sanglant serait quand même très pratique, et facile à mettre sur un collier pour la bestiole, et avec un peu de chance dans sa bague pour lui. Une selle thermophile, peut-être... La selle en écaille ne serait probablement pas très agréable...! Encore fallait-il qu'il puisse lui en mettre une qui soient adapté. Il faudrait attendre de toutes manières que le gérant actuel de l'animalerie pointe son nez.