par Benedikt » 02 Aoû 2013, 14:51
Lorsque Benedikt fit son chemin jusqu'à la cuisine, se frottant encore les yeux pour faire fuir le sommeil qui y restait, ses orteils rencontrèrent avec déception autre chose que le parquet bien ciré de la boutique. Le botaniste rouvrit un yeux et inspecta le dessus d'un de ses pieds, puis le reste de la pièce. Flûte, les travaux et les gravats et plâtre qui allaient avec. Il avait encore oublié ça. Comme si Alrik entendait ses pensées – ou plutôt comme si on l'avait entendu descendre au rez-de-chaussée -, un des ouvriers apparut pour lui demander s'ils pouvaient commencer à faire des trucs bruyants. Parfait. Au moins il avait eu la bonne idée d'enfiler un des t-shirts de Vrass qui lui était bien trop grand au lieu de descendre en caleçon, mais cela n'empêchait pas le botaniste de se sentir parfaitement embarrassé, parce qu'en plus d'être à moitié à poil, il devait avoir l'air d'une midinette en robe, à tirer sur ses vêtements, si ça se trouve. Et puis même, ça ne se fait pas de se montrer comme ça devant des gens qui travaillent chez vous.
« Ah, heu... Attendez trente secondes, je reviens. »
Benedikt remonta pour chercher aussi silencieusement qu'il le pouvait la note de musique de Sayah qu'ils avaient acheté, admira une seconde le gros feuneton qui y figurait, puis attrapa le poignet de Vrass qui pendait dans le vide tout doucement pour y enrouler la chaîne sans le réveiller. Puis s'arrêta en souriant devant la vision du winghox dans le monde des songes. Il n'avait pas l'air aussi classe la nuit que sur les journaux, tiens ! Est-ce que ça valait vraiment la peine d'en prendre une photo ? L'appareil polaroid coincé sur le bras du botaniste associé à la photo encore en train de développé dans sa main semblaient dire que oui.
Benedikt retourna en bas avec un pantalon un peu plus présentable et une vaine tentative de domptage de boucles emmêlées.
« Allez-y, c'est bon. »
« Attends, tu veux aller dans la cuisine ? »
« Heu... oui... Vous en avez encore besoin ? »
« Non... En mettant une bâche sur la fenêtre, ça devrait très bien aller. Par contre, désolé, mais je te promets rien pour le bruit ! Tu veux rester là-dedans longtemps ? »
« Heu... Le temps de préparer le petit déjeuner... »
« Tiens, attends voir. J'ai un truc pour toi qui devrait aller. »
Benedikt s'attaqua donc au nettoyage monstrueux de la cuisine avec un casque antibruit qui lui donnait un air d'aviateur paumé dans son périple. Iza vint l'aider une demi-heure après, ce qui accéléra le processus même si elle jetait régulièrement des coups d’œil nerveux sur le trou béant qu'ils avaient fait dans le mur, simplement bloqué par une bâche bleue qui jurait un peu avec la décoration. Une heure et demi après, la pièce ayant retrouvé un état immaculé, peut-être même encore plus qu'avant, Benedikt passa à la cuisine du petit-déjeuner en elle-même. Et, à la grande joie et surprise, le petit groupe d'ouvriers se vit bientôt offrir une petite pile de pancakes qui stoppa miraculeusement les bruits de scies électriques et autres engins de haute nuisance. Hop, une petite pause pendant qu'ils petit-déjeunaient tous, ça allait faire du bien aux oreilles et à l'esprit.
« Vous avez presque fini ? » demanda quand même Benedikt qui avait encore le plat tendu vers eux pour que les derniers se servent, alors qu'il observait avec intérêt la nouvelle pièce de la boutique.
« Oui, dans un ou deux jours, on devrait commencer la terrasse. »
Le botaniste s'arrêta pour les regarder un instant, une réflexion extrême peinte sur son visage.
« Est-ce que ce sera possible d'y mettre... disons 10cm de terre ? Pour de la pelouse ? »
« Pourquoi pas... Oui... T'es sûr que Vrass est d'accord ? J'm'en voudrais de me faire engueuler parce que j'ai fait un truc qui fallait pas, hé hé ! »
« Non, ça lui est égal je pense, on le fait pour moi, à l'origine, ce balcon, alors... C'est juste que ce serait un vrai petit jardin si je pouvais avoir de l'herbe. J'aimerais bien, ce serait plus agréable. »
« Je vais essayer de te faire ça, j'y penserais. »
Le botaniste ne ramena pas toute la nourriture qu'il avait préparé à l'étage. Le bacon grillé et tout le reste attendaient bien sagement dans la cuisine, et le seul plat que Benedikt avait pris avec lui était celui où trônait le reste des pancakes pour eux – Iza avait clairement dédaigné ça au profit de l'odeur de la viande -. Il se pencha donc tranquillement quelques secondes plus tard au dessus du tatoueur en train de ronfler en espérant que l'odeur de ce qu'il lui mettait sous le nez le mettrait de bonne humeur. Ça et un baiser ?
« Vrass... Il est tard... Debout... »