Retour de la boutique====================================
Les achats terminés, je regardais le collier d'Iza qui finalement ne se voyait presque pas sur son pelage bringé. Pour ma part, je me retrouvais avec le porte-clé accroché à la ceinture et je me faisais entraîner par un gosse mal à l'aise dans la compagnie de Sayah et je pouffais de rire avant de faire tout de même un signe de la main au reptile pour lui dire au revoir. Pas forcément pour le remercier, pas mon genre, mais je savais que de toute manière, je le reverrais tôt ou tard.
Une fois dehors, le gosse me sauta presque dessus, heureux que tout soit terminé. Il souhaitait en profiter pour aller chez lui, récupérer des affaires et passer aussi s'acheter un
appareil photo. Je fronçais les sourcils avant qu'il ne prenne à nouveau mon visage dans ses mains pour m'embrasser et filer sans même me demander mon avis finalement. Je croisais les bras en le regardant partir, avant de finalement me résigner. Je ne suis pas sa nounou après tout, mais vu ce qu'il s'est passé la dernière fois qu'il est parti seul de son côté, c'est un peu normal que je ne sois pas vraiment rassuré
«Viens Iza, on rentre. On va voir si avec cette note de musique, tu as moins peur.» - je la portais aussi en prime, donc j'allais pouvoir m'en rendre compte par moi-même aussi.
On faisait le chemin en sens inverse, je m'arrêtais chez le boucher pour lui prendre des boulettes de viande, je me disais que je pouvais faire des spaghettis à la bolognaise pour ce soir, après tout, y'a des légumes dedans non? Des carottes, des tomates, des oignons... et Iza aime ça aussi, bien que pour elle, je doive les cuisiner sans vin. On avait donc quelques sacs de courses en rentrant, la morphe tenant celui avec les légumes dans la gueule jusqu'à ce que le bruit des travaux nous parvienne. Je baissais les yeux vers elle, mais tout comme elle, j'avais l'impression que le bruit était différent. Plus doux en fait, et on aurait même dit que ça formait une sorte de musique d'ambiance?
«C'est génial ce truc! Ça te plait?» - bien sur, elle ne pouvait pas parler sur le coup, je me disais que j'aurais du lui acheter un KIP aussi! C'était ça que je voulais, flute. Bah tant pis, après tout, on arrive à la comprendre quand même non? On s'y habitue. Poussant la porte de la boutique, je pouvais voir qu'ils avaient fini de découper la porte, ils étaient en train de la poncer, et le bruit de la machine faisait penser à... du violon? En tout cas, Iza ne semblait plus du tout perturbé, non seulement le bruit était moins fort, mais en plus il était totalement différent! Je retirais le mousqueton pour le poser sur le comptoir et effectivement, ça changeait totalement au point que je serrais les dents tellement c'était désagréable! Tu m'étonnes qu'ils mettent des casques! Je reprenais vite le porte-clé pour le rattacher avant de soupirer de soulagement et aller vers la cuisine pour tout ranger.
Y'avait de la poussière de béton partout, si bien qu'on allait tout mettre au frigo pour que ce soit à l'abri, mais mine de rien, l'endroit n'était pas du tout agréable et je me tournais vers Iza en posant ma main sur sa tête
«Tu veux bien aller faire une lessive? Je vais essayer de ranger un peu en attendant...» - déjà elle éternuait de partout la pauvre, c'était mieux que je l'envoie dehors quand même. Elle sortit de la cuisine pour foncer vers l'étage afin de reprendre forme humaine, s'habiller et prendre le linge pour aller à la laverie, puis je la vis descendre avec ses petites jambes maladroites, toujours un t-shirt trop grand pour elle et un de mes caleçons propres pour lui servir de short. Elle avait resserré l'élastique pour qu'il lui aille, j'ai toujours voulu lui acheter des vêtements, je lui en ai acheté d'ailleurs, une petite robe pratique à enfiler et un autre ensemble t-shirt et short, mais elle n'a jamais voulu les mettre. Je sais pas pourquoi.
Je me dirige vers la zone des travaux, le morceau de béton qui a été découpé pour faire la porte a été brisé en morceaux pour redevenir du sable qui allait à nouveau servir à faire du béton pour finir les murs. Je regardais la pièce, en fait, les murs étaient finis, ils avaient fait aussi une fenêtre dans celui qui était opposé à la porte et ils avaient retiré le montant de la fenêtre de la cuisine, ils allaient devoir murer cette partie donc. Heureusement qu'il y a deux fenêtres dans la cuisine, sinon ils auraient justement du en faire une autre, mais c'était prévu
«On a bien avancé non?»
- «Grave. C'est super. Je ne m'attendais pas à ce que la pièce soit aussi grande»
- «Oui, tu auras largement de quoi mettre un canapé, un bureau...» je venais hocher de la tête alors que l'ouvrier semblait un peu embarrassé -
«au fait Vrass, je voulais te remercier»
- «Hmm?» - je me tournais vers lui, l'air un peu surpris
- «Tu sais, on n'a pas souvent ce genre de chantier dans le coin. En général, les gens n'ont pas les moyens. On doit surtout faire des réparations de plaques de tôles, refaire une simple porte avec du bois de récupération parce que les gens ne peuvent pas acheter de la qualité. Ça va faire du bien à ma famille l'argent pour ce travail»
- «Dis pas de connerie. C'est toi qui m'a aidé à l'époque où je vivais dans une simple chambre de vieille à trouver cet appart! C'est quand même l'immeuble de ton oncle non?»
- «Oui je sais mais... j'aurais pas pu le garder de toute manière. Ça me coûtait trop cher en entretien! Et j'aurais jamais pu le vendre à quelqu'un d'autre, il aurait fini par décrépir jusqu'à être squatté comme tous les autres. Toi tu l'as payé»
- «Oui... j'ai mis le temps, mais j'ai fini par le payer oui.»
- «Et maintenant, tu me paies encore pour l'agrandir. Grace à toi que ma famille vit aussi bien!»
- «Bah... c'est ça les Ghettos non? On s'entraide! Tu fais du bon boulot de toute manière.»
- «Avec l'argent que tu as, tu n'as jamais pensé à aller vivre à la Basse Ville? C'est ce que tous ceux qui réussissent font non?»
- «J'aime pas la Basse Ville. Les gens sont trop snobs là bas. Je suis mieux ici.»
- «C'est vrai que toi au moins, y'a pas grand monde qui va chercher à te braquer... les jeunes sont pas assez fous pour ça.»Je pouffais de rire avant de mettre une tape sur l'épaule du maçon pour le féliciter encore et continuer. Je préférais le laisser travailler avant de monter dans ma chambre et prendre mon carnet. Avec tout ce que j'avais vu au cours des vacances, j'avais de quoi m'inspirer pour mes dessins! Et puis, je doutais fort qu'avec un boucan pareil, j'ai des clients.