Disparitions (libre)

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Disparitions (libre)

Messagepar Gaëlle Edelstein-Kobalt » 15 Sep 2009, 16:11

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*°*°*°*°*°*°*°*°*


La porte du laboratoire s'ouvrit en un petit soupir clair, mécanisme coulissant.

Ça l'avait toujours amusée, cette grande porte vitrée à glissières. Elle trouvait que ça ressemblait à ses portes des grands magasins. Un magasin, son laboratoire ? Oui et non. Pas d'étal de marchandise ici mais tout un fatras de flacons et de tubes à essais, pas de caisses enregistreuses mais des machines toutes aussi bruyantes qui envoyaient les reflets de leurs voyants rouges et verts au plafond. Un plafond – et des murs – blanc. Carrelage blanc. Tables et étagères blanches. Seul contrastait, avec cette austérité aseptisée, le contenu des bocaux, échantillons étiquetés. Un fatras organisé et dans lequel seule la propriétaire des lieux était capable de s'y retrouver. Elle courait d'un écran à l'autre, vérifiait les données en fronçant parfois les sourcils et notait le tout en tapotant sur son clavier à une vitesse ahurissante. Habitude, méthode, rigueur. Et si vous l'aviez observé depuis les caméras de surveillance, vous l'auriez trouvée aussi austère que son laboratoire.

Les pas claquèrent, lents et assurés, se frayant un passage entre les tables.

« Tu arrives juste à point, je viens d'identifier ton mystérieux inconnu. » sourit Gaëlle.

Assise à son bureau – et pour le coup, c'était un vrai bureau parfaitement ordonné – elle jeta un regard bienveillant par dessus ses lunettes en demi-lune à son visiteur. Aaron, chef du P.S.Q.N., autrement dit pour les non initiés, le Pôle de Sécurité du Quartier Nord. Elle avait parfois affaire à lui, malgré le fait qu'elle ne dépende pas de sa juridiction. En réalité, c'était Aaron qui venait à elle lorsqu'il avait un service à lui demander. Lors d'une enquête épineuse, lors d'un doute, ou lorsque, comme aujourd'hui, il souhaitait voir analyser un prélèvement sans risquer que ce dernier ne se perde en cours de route. C'est que, tous ses hommes n'étaient pas l'incarnation de l'honnêteté et il valait mieux, parfois, se déplacer en personne. Comme le disait l'expression : « on n'est jamais mieux servit que par soi-même ». Gaëlle était intègre et il lui faisait une entière confiance. Pour dire la vérité, son objectivité était clairement remise en cause si l'on considérait le fait que la jeune femme était en réalité sa filleule...

« Comment tu vas, p'tiote ?
_ Bien Aaron, et toi ?
_ La routine, tu sais. J'ai mis un temps fou pour arriver jusqu'ici, il y a des gens mécontents, en bas. Tu sais ce qui se passe ?
_ Non, je n'ai pas vu. À vrai dire, je ne suis pas rentrée cette nuit. »


Aaron la jaugea un court instant, stupéfait à l'idée que, malgré la fatigue, Gaëlle puisse se montrer si agréable. Oui, elle avait bien deux cernes sous ses yeux bleus magnifiques. Un regard intelligent, quoi qu'un peu vague dû au manque de sommeil. Un regard qui n'était pas sans rappeler celui de l'un de ses lieutenants... un ami... enfin, peut-être...

« Tu ne demande pas de nouvelles de ton père ?
_ Non. »
trancha la jeune femme en se levant.

Elle ôta les lunettes qui tenaient en équilibre précaire sur son nez et les posa sur son sous main, se frottant les yeux de ses poings. Puis elle invita Aaron à la suivre vers l'une de ses machines bizarres.

« Alors, ton inconnu... » fit-elle avec une voix presque mystérieuse.

Elle aimait cela, entretenir un certain suspens comme si elle se trouvait dans une mauvaise série policière. Elle tapota quelque chose sur le clavier, l'écran fit défiler toute une série de commandes cabalistiques d'on ne savait quelle utilité – sinon celle d'épater la galerie – et enfin, un profil s'afficha. La photo représentait un éminent scientifique et la jeune femme se figea en le reconnaissant.

« Ça alors ! C'est le docteur Lemen... » commenta-t-elle, sidérée.

Aaron fronça les sourcils, contrarié. Ce n'était pas bon. Ce n'était pas bon du tout... Et tout à coup, Gaëlle se tourna vers lui, l'air paniquée.

« Où as-tu trouvé ça ? Est-ce qu'il est mort ?
_ Je ne sais pas Gaëlle. J'ai trouvé ce morceau de peau accroché à une poignée, dans un incendie. Il aura voulu ouvrir la porte et se sera brûlé, j'imagine.
_ L'incendie du laboratoire clandestin ?
_ Oui.
_ Ce n'était pas le sien. C'était chez Leirn. Tu crois qu'il pourrait être l'auteur de l'incendie ? À ce qu'on dit, Leirn aurait brûlé là-dedans.
_ À ce qu'on dit. Garde ça pour toi ma puce. J'ai plusieurs pistes, je vais étudier ça. Je reviendrais te voir, d'accord ?
_ D'accord. »
se résigna-t-elle à contre cœur.

Elle aimait bien, elle aussi, participer au fil d'une enquête. Elle n'avait pas l'esprit de déduction génial des hommes d'Aaron, mais elle se délectait de leurs rapports lorsqu'ils étaient autorisés à lui en parler. Ils lui racontait alors le dénouement de l'enquête et la manière dont ce qu'elle avait analysé les avait aidés. Pourtant, cette fois là, elle sentait le mauvais présage. Le docteur Lemen, c'était rien de moins que le scientifique en charge d'une expérimentation douteuse sur son père. C'était lui, qui avait fait de son paternel ce qu'il était, lui qui lui avait injecté des substances à ce point illégales que Viktor n'était plus à présent qu'un tas de muscles empoisonnés, souffrant constamment et reportant sa mauvaise humeur chronique sur son entourage. Alors la jeune femme ferma les yeux, cherchant à se persuader que son père n'avait rien à voir dans cette affaire. Se venger ? Peut-être, cela lui ressemblait bien. Il faudrait qu'elle lui demande, son père ne savait pas lui mentir de toute façon.

Gaëlle s'étira, fatiguée. Elle appuya sur une touche et tout son rapport alla immédiatement s'imprimer. Aaron, habitué des lieux, réceptionna au vol les feuillets.

« Je te raccompagne ?
_ Non merci, j'ai encore à faire.
_ C'est comme tu veux. On peut prendre le petit déjeuner ensemble ?
_ Oui, pourquoi pas. »


Il sourit tandis que la jeune femme retournait à son bureau, puis posa le rapport imprimé entre deux sachets de preuves à conviction scellées et sortit acheter de quoi grignotter...

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Viktor Zacharias Kobalt » 12 Jan 2010, 23:41

Pschit – hop !
Porte ouverte.
Pschit – hop !
Porte fermée.


Bon sang, ce n'était plus un labo privé. Même les boutiques crasseuses de la Basse-Ville dégageaient plus d'intimité. C'que c'était froid... c'que c'était blanc... C'que ça sentait bon.

Viktor avança sans attendre d'y être invité, pressentant vaguement que de toute façon, il ne serait pas le bienvenu. Il jeta un coup d'œil circulaire autour de lui, détaillant à peine son environnement curieux fait de toute sorte de machines aux « bips » colorés à la limite de l'insulte personnelle. Là-bas, une armoire réfrigérante. Là, un vestiaire à peine personnalisé. Ouep, froid. Et ses yeux bleus à peine posé sur l'écran affichant fièrement un résultat de recherche improbable clignèrent lorsque les informations alléchantes disparurent subitement. Quelle plaie, ça avait l'air intéressant. Y'avait c'te photo, un type dont la tête lui rappelait vaguement quelque chose, de loin. Un de ces foutus scientifique, ils se ressemblaient tous pour dire la vérité.

« C'est ça ton labo ? Très aseptisé ! » lança le lieutenant sans prendre la peine de regarder celle à qui il s'adressait.

À la place, il tapota une sorte de centrifugeuse qui portait plus de boutons que le tableau de bord d'un porte-avion. Enfin, de ce qu'il avait pu en lire, parce qu'ils n'étaient plus construits depuis des lustres. C'était beau, sur les photos. Viktor rêvait parfois du jour où les Atlantes trouveraient la mer, et du jour où ils se remettraient à construire ces choses immenses. Il passa une main sur sa nuque, embarrassé. Oui, la grosse brute aussi pouvait être embarrassée à ses heures. Et finalement, il leva son regard clair sur sa fille, postée derrière son bureau comme un prédateur prêt à lui sauter à la gorge.

À tous les coups, elle allait le foutre dehors...

Oui mais non, il avait un truc important à demander. Pour une fois, hein. Précisément, ça suffirait certainement à la mettre en rogne. Viktor se l'imaginait déjà se lever et lui reprocher de ne venir que lorsqu'il avait besoin d'un tuyau. Raaah ! Mais pourquoi s'angoissait-il autant, au juste. Une gamine, ça s'éduque. Il n'aurait qu'à élever sa grosse voix, ça devrait suffire...

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Gaëlle Edelstein-Kobalt » 16 Jan 2010, 17:02

Un rêve qui nous hante. Nous pensons qu'en le réalisant, une nouvelle vie s'offrira à nous, et nous mettons tout en œuvre pour marcher dans cette direction. À bas les obstacles. Nous les contournons, les franchissons, les poussons hors de notre route parfois, avec cette indéfectible volonté. Comme une lumière au bout d'un couloir. Là-bas, le rêve. Une fois atteint, plus rien n'aura plus la moindre importance.

Erreur !

Elle l'avait, son diplôme d'ingénieur en biologie. Elle avait passé ses concours. Elle faisait partie de la police scientifique. Elle avait même son propre laboratoire. Et si elle avait été amusée quelques minutes plus tôt par le système d'ouverture automatique de la grande porte coulissante, elle s'en trouvait à présent contrariée. En fin de compte, une double porte blindée ferait l'affaire ! Oui, elle s'était empressée de faire disparaître les informations de l'écran lorsque Viktor s'en était approché. Non, elle n'appréciait pas sa visite comme elle l'aurait dû. À vrai dire, il n'y avait bien que dans les films que les enfants étaient toujours heureux de revoir leurs parents...

« Qu'est-ce que tu veux ? » demanda-t-elle plus froidement qu'elle ne l'aurait voulu.

Elle s'était levée, laissant entre elle et son paternel la largeur de son bureau. Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'il ne venait pas pour prendre le thé. Non. Quand ce type là pointait son nez, c'était pour affaire. Toujours. Alors ?

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Viktor Zacharias Kobalt » 19 Jan 2010, 17:40

Et voilà, ça lui pendait au nez ! À peine quelques minutes passées ensembles et ça commençait déjà à se balancer des tons froids. Une secondes de plus et les reproches allaient pleuvoir, à tous les coups... Bon, on fait quoi ? On désamorce ou on rentre dans l'tas ? Connaissant l'énergumène, il serait plutôt tenté par la seconde approche et pourtant, il mit de côté sa nervosité grandissante, là, dans un coin de son esprit, tassant avec le pied pour éviter qu'elle ne ressurgisse trop vite. Ne bousculons pas la gamine, elle était au moins aussi forte tête que le père et même si elle n'avait pas sa puissance physique, niveau paroles, elle savait y faire pour vous blesser bien comme il fallait.

« Tu veux bien m'analyser un truc ? T'as bien une machine pour ça là-d'dans... Ça prendra pas longtemps... je crois... Enfin, ça dépend, quoi. »

Ça dépendait du temps que mettrait sa « machine » à trouver un résultat satisfaisant. Ou plutôt un résultat tout court, car Viktor doutait qu'il serait en quoi que ce soit satisfaisant. Il jeta un œil à la fenêtre, derrière le bureau. La vue sur la Basse-Ville était sympa, et le dôme ressemblait à une grande bulle de savon scintillante, d'ici. Tiens, c'en était presque poétique ! Le lieutenant cligna des yeux, étonné d'être encore là. Quelques mois plus tôt, la sécurité aurait déjà rappliquée, appelée en renfort par sa propre fille tellement pressée de l'envoyer voir ailleurs si elle y était. Pas cette fois ? Bon. Il faudrait se tenir à carreaux alors... ou essayer.

« C'est pour le boulot. » précisa Viktor tout à fait inutilement.

Évidemment que c'était pour le boulot ! La situation lui faisait véritablement dire n'importe quoi !

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Gaëlle Edelstein-Kobalt » 20 Jan 2010, 11:10

Gaëlle retint un soupir. Lassée ou simplement résignée, on ne savait pas trop.

Elle ôta ses lunettes en demi-lune et s'approcha doucement – presque prudemment – épiant les réactions de son paternel. Elle n'en avait pas peur, jamais il n'aurait levé la main sur elle, mais elle conservait enfouis les souvenirs des éclats de voix, de vaisselle brisée et du vaisselier entier, et de la cuisine au complet, d'ailleurs. Le cliché des scènes de ménage, mais surtout la douleur à l'annonce d'un divorce qu'il n'avait pas vu venir. Il n'avait touché ni à sa femme, ni à sa fille... On ne pouvait en revanche pas en dire autant du mobilier... Et puis sa rage déversée l'avait conduit directement à l'hôpital central où il avait été contraint à un séjour de deux jours entiers cloué au lit, les muscles tétanisés. Elle était belle, la science ! Gaëlle savait, et se montrait indulgente la majorité du temps. Mais la douleur n'excusait pas tout.

« Montre. » invita-t-elle d'une voix qui s'était radoucie.

Au passage, elle avait ramassé le rapport laissé par Aaron quelques minutes plus tôt et l'avait rangé sans empressement dans l'un de ses tiroirs. Hop, ni vue ni connue, et son calme faisait passer ce geste pour naturel, là où il cachait quelque chose.

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Viktor Zacharias Kobalt » 21 Jan 2010, 17:14

Ça commençait plutôt bien, pour une fois. Mieux que d'habitude en tous les cas, Viktor n'en revenait pas ! Il ne trouva du coup pas matière à s'en plaindre. En fin de compte, c'était même plutôt agréable. Bizarre, mais agréable. Ah oui, tiens, c'était véritablement bizarre ! Il fronça les sourcils, retenant un regard suspicieux. Son flair de flic ? Allez savoir. Il aurait parié qu'il y avait une entourloupe quelque part. À y réfléchir, ça devenait presque évident. Depuis quand sa fille nourrissait-elle cette subite affection pour lui ? En temps normal, il s'en serait déjà pris plein la tête. Pourquoi pas aujourd'hui ? Car après tout, il était celui qu'elle considérait comme responsable de beaucoup trop de ses malheurs (les gosses, j'vous jure). Une seconde, le lieutenant voulu demander mais il se ravisa. Son ironie resta suspendue au bord de ses lèvres. Allez hop ! Dans un coin de son esprit avec la nervosité de tout à l'heure. Il serait toujours temps de ressortir tout ça en temps voulu. À vrai dire, Viktor n'avait pas tellement envie de voir bondir tout cela hors de la cache où il l'avait entassé. Seulement il n'y pouvait rien, ça ressurgissait fatalement lorsqu'il s'énervait... Et malheureusement pour lui, il suffisait souvent de quelques minutes à sa fille pour le faire sortir de ses gonds. Foutu caractère... pire que celui de son père ! Et c'était pas peu dire...

Enfin, le temps des discordes viendrait bien assez tôt et Viktor jugea préférable de le reporter de quelques minutes encore. Pour le moment, l'instant exigeait qu'on le prolonge un peu. Et puisque Gaëlle acceptait de l'aider, autant en profiter avant qu'elle ne change d'avis.

Il écarta doucement un pan de sa veste et en sortit un verre comme un magicien aurait fait surgir une colombe ou on ne savait trop quoi d'autre de sa manche. Une verre ? Ouep ! Subtilisé au « 114 » pendant son petit séjour de la veille. Il sourit en repensant aux éclats de voix du patron du bar ce soir là. Ah ! Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il était foutrement furieux que le lieutenant ait pu bousiller l'une de ses baies vitrées ! Et si Viktor n'en avait pas imposée de par sa stature somme toute assez dissuasive, nul doute que le gérant lui aurait cassé la gueule lorsqu'il avait demandé un verre propre. Pour des pièces à conviction, qu'il avait dit ! Et le patron s'était contenté de lui balancer son verre de Vodka – vide – à travers la figure... et je reste polie ! Tout ça pour dire, loin du « 114 » bondé de types louches, lui compris, Viktor ressortait son verre devant sa fille. Un verre au fond duquel traînait un dépôt visqueux à vous dissuader d'y boire quoi que ce soit dedans pour le restant de vos jours... En fin de compte, l'ambiance faussement chaleureuse du labo n'allait peut-être pas flotter si longtemps...

« Tu saurai me dire ce que c'est ? »

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Gaëlle Edelstein-Kobalt » 27 Jan 2010, 19:08

Gaëlle évita, autant que possible, de croiser le regard de son paternel. Il était trop bon au jeu du « je sais quand tu mens » et elle ne souhaitait pas le voir déballer ses questions curieuses. Quand il commençait, elle ne résistait généralement pas très longtemps, ses interrogatoires étant toujours assez éprouvants. C'était loin d'être évident de ne pas craquer quand il la harcelait de questions de toutes sortes. Au bout de quelques minutes, elle le savait, elle aurait vite fait de se contredire. Elle haussa les épaules. Son père était un bon lieutenant... dommage qu'il ne mette plus ses compétences au profit de la vraie justice... enfin, il avait un autre discours à ce sujet, moins utopique que celui que tentait de lui imposer Gaëlle lorsqu'ils en discutaient. D'ailleurs, pour dire la vérité à ce sujet, ces deux-là s'engueulaient bien plus qu'ils ne discutaient lorsqu'ils se croisaient. Pour en revenir à nos moutons, la jeune scientifique refusait obstinément d'offrir quelconque matière à suspecter quoi que ce soit à son paternel. Alors elle occupa son regard autrement. En remettant en place un dossier, en repoussant un peu du matériel fragile de peur que Viktor ne fasse tout tomber dans un mouvement malheureux... c'est qu'il ne passait pas inaperçu. Après tout, elle ne mentait pas... elle se contentait de lui cacher des choses, c'était différent ! Oui mais bon, il le saurait, alors autant se montrer prudente.

Elle s'approcha presque timidement et observa l'objet que lui tendait son père.

« Un verre...? » fit-elle d'un air distrait.

Elle était un peu déçue et fit une moue en ce sens. Dans sa tête, elle s'était déjà imaginé un minuscule indice qu'elle seule aurait été en mesure d'identifier... mais un verre... bof. Il n'y avait rien de bien palpitant à analyser un bête verre. Pourtant, elle devinait que jamais Viktor ne se serait déplacé pour « si peu ». C'est donc qu'il y avait autre chose de plus excitant à analyser là-dedans ! Des empreintes peut-être ? Non, c'était d'un intérêt trop moyen. Un A.D.N. ? Machinalement, elle enfila une paire de gants en latex, précaution que ne prenait pas son père et qui lui fit écarter l'hypothèse des empreintes. Et puis d'abord, pourquoi n'y avait-il aucun scellé là-dessus ? Elle alla cueillir le récipient avec un intérêt retrouvé, prenant garde de ne pas faire le moindre mouvement susceptible d'agacer Viktor. Malgré elle pourtant, elle esquissa une moue écœurée.

« Pas besoin d'une machine pour te dire ce qu'il y avait là-dedans ! »

Elle lui jeta un coup d'œil en biais, sans oser suggérer quoi ce soit d'autre. De l'alcool, et s'il avait traversé la moitié de la Basse-Ville avec ça dans sa poche, il devait bien être au courant. Autrement dit, ce ne devait pas être l'information qu'il attendait. Dans un mouvement d'humeur, Gaëlle reposa le verre sur l'un de ses comptoirs propres, soupirant de lassitude. Bon et puis alors, il lui voulait quoi au juste ? Elle n'allait pas tout deviner tout de même !

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Viktor Zacharias Kobalt » 29 Jan 2010, 20:21

« De la Vodka. Je suis vaguement au courant, c'est mon verre ! » répondit Viktor avec humeur.

Non mais elle n'allait pas déjà commencer à lui faire la morale ? Ça avait plutôt bien démarré, mais non ! En deux temps trois mouvements, voilà que ça dérapait dangereusement... Pourquoi elle ne se taisait pas, madame la moralisatrice ? Pourquoi fallait-il toujours qu'elle la ramène avec ses reproches et ses sermons ? Ouai, ok il lui arrivait de picoler un peu de temps à autre, mais avec modération, comme dirait l'autre. Un verre, parfois deux, rarement plus. Juré ! Ça va, il n'était pas stupide non plus ! Il se savait facilement irritable et il refusait d'ajouter l'alcool à son longue liste de motifs capables de le mettre dans une colère noire. Et puis ses idées, il avait besoin de les avoir claires. C'était pas un p'tit verre qui allait le tuer, c'était pas comme s'il se sifflait des litrons entiers, comme ces poivrots qui échouaient en cellule de dégrisement. Ceux-là, d'accord, c'étaient des paumés. Mais lui ! Non mais ! Elle en voulait une, à le traiter comme s'il était le dernier des abrutis ? Parce que bon, il avait beau avoir des défauts, l'alcoolisme n'en faisait pas partie, fallait pas charrier !

Il soupira, retenant tant bien que mal sa susceptibilité qui ne demandait qu'à se manifester à coup de mots percutants. Tiens, y'avait pas que ses muscles qui pouvaient faire mal ! « Du calme mon vieux. Un effort. Zen. ». Il avait fermé les yeux quelques secondes, le temps de ravaler la colère impatiente. C'était pas l'moment. C'était pas le lieu. Un si petit labo, à coup sûr, un seul mouvement brusque ferait tout tomber ! Et puis il n'avait décidément pas les moyens de rembourser quoi que ce soit...

« La bave, dedans... » Grogna-t-il, réprimant tant bien que mal sa mauvaise humeur.

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Gaëlle Edelstein-Kobalt » 04 Fév 2010, 16:36

Elle haussa les épaules, sans relever l'humeur de son père. Elle n'aimait pas lorsqu'il se fâchait, parce qu'il était capable de débiter des horreurs à vous faire regretter d'être né. La colère était un poison. Un poison qu'on lui avait injecté il y avait bien longtemps. Oh, bien sûr, il était consentant à l'époque. Qui n'aurait pas dit non devant le nombre de zéros qu'affichait le chèque promis. Cobaye, c'est plutôt bien payé... mais en fin de compte, ça n'en avait même pas valu la peine et Viktor en était ressortit plus anéanti qu'autre chose. En fin de compte, Gaëlle espéra que ce Lemen sur lequel Aaron enquêtait était bel et bien mort, ou coupable, ou quoi que ce soit d'autre susceptible de le conduire en enfer...

« De la bave ? Répéta-t-elle en souriant. Tu as fait bavé l'un de tes suspects ? »

Elle ramassa le verre et l'examina plus attentivement, les yeux pétillants. Amusant. Son père avait laissé ses empreintes grasses sur toute la surface et mis à part l'odeur enivrante de l'alcool, le dépôt dégoûtant qui y traînait ressemblait effectivement à de la bave. Parfois, son métier perdait tout son charme... À dire vrai, Gaëlle trouvait moins écoeurant un échantillon de sang qu'un coulis de bave... L'objet fit un bruit mat en retrouvant son support, une table déjà bien encombrée de sachets de pièces à conviction diverses. Sous scellé, celles-ci.

Elle se frotta les yeux et respira profondément, cherchant par se moyen à se réveiller un minimum. D'un geste expert, elle posa ses lunettes sur son nez. Bon. Au boulot !

Sans ajouter un seul mot, elle disparu derrière une autre porte coulissante et en revint quelques secondes plus tard, armée de tubes à essai minuscules et de pipettes en tout genre. Avec méthode, elle se mit à remplir tout ces petits jouets avec des échantillons de cette immonde bave récoltée au fond du verre, puis elle encapuchonna, étiqueta et s'éclipsa de nouveau, slalomant entre ses tables et ses appareils comme un rat qui connait la sortie de son labyrinthe par cœur.

« Qu'est-ce que tu veux savoir exactement ? Son identité ? » Finit-elle par s'enquérir, brisant le silence que son manège curieux avait imposé.

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Viktor Zacharias Kobalt » 09 Fév 2010, 16:20

« On peut dire ça... » sourit Viktor à son tour.

Elle n'était pas tombé loin. C'est vrai que ses suspects, le lieutenant avait la mauvaise réputation de leur en faire baver, comme on disait. Ce suspect là n'avait d'ailleurs pas dérogé à la règle... même si c'était sensiblement différent pour ce cas précis. Non, le propriétaire de liquide immonde n'avait pas même eu l'occasion de laper une seule goutte d'alcool ou de quoi que ce soit d'autre dans ce verre. Il s'était contenté de deux rafales de trois pruneaux dans la peau... ce qui ne l'avait même pas immobilisé. Ah oui, à ce sujet... il aurait un truc à demander à sa fillette chérie. C'était louche, cette histoire de sédatifs qui ne sédataient pas même une mouche ! Il se gratta la gorge, observant la jeune fille aller et venir comme une ouvrière pressée. Elle souriait, signe qu'elle prenait plaisir à faire son boulot. Bien. C'était important, d'aimer son job. Lui, il n'aimait pas le sien. Enfin, il ne savait pas trop. En fait, il s'en foutait. Bon et bien quoi, il n'allait pas s'auto-psychanaliser non-plus, hein ?

« J'veux savoir ce que c'est. Qui c'est, éventuellement, mais je doute que tu puisse coller un nom là-d'ssus. J'ai déjà vu des gars à la gueule informe, mais celui-là il battait des records ! Et j'aime pas bien qu'on m'ordonne d'aller me jeter à la poursuite d'un truc qui r'ssemble à rien. Et tant que t'y es, tu veux pas vérifier mes munitions ? Ce machin s'est pris six balles et c'est à peine si ça l'a chatouillé. Tu comprendras que j'ai un doute sur la qualité de c'qu'on ma refourgué... »

Une nouvelle fois, il écarta un pan de sa veste. Cette fois ci pourtant, sa main glissa directement jusqu'au Holster d'où il alla déloger son arme. Contention mes fesses ! Il aurait pu y laisser sa peau ! Il s'assura qu'aucune balle ne demeurait dans le canon et dégagea le chargeur avant de déposer le tout sur la table, devant lui.

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Gaëlle Edelstein-Kobalt » 16 Fév 2010, 18:11

« Ce que c'est...? répéta Gaëlle pensivement. Oh... est-ce que ça ressemblait à ces choses que l'on a vu déferler sur les portails de sécurité du Dôme ? Ils semblaient pressés de sortir... et la sécurité semblait pressée de les éliminer... »

Elle se redressa, délaissant son travail quelques instants. Oui, elle avait vu ce « flash info » comme tout le monde. Et comme beaucoup, elle n'avait pas adhéré à ce que les médias avaient tenté de lui faire avaler, à savoir qu'il s'agissait d'animaux évadés d'on ne savait quel centre de soins animalier... Il n'y avait véritablement que des imbéciles pour croire de telles balivernes. D'autant qu'en ouvrant les yeux un minimum, on pouvait distinguer quelques créatures qui n'avaient rien d'animales, malgré les floutages d'usage. Ce carnage en direct ne lui avait pas plu. D'ailleurs, à y repenser, peut-être que ce laboratoire clandestin qui avait brûlé – et sur lequel enquêtait Aaron – n'était pas qu'une distillerie de confiseries... La coïncidence était troublante. À dire vrai, elle était agaçante. Gaëlle aimait son métier. Elle aimait la science, mais elle n'aimait décidément pas les individus qui la détournait constamment, comme ce Lemen – le Diable l'emporte !

Sortant de ses rêveries, elle entra quelques paramètres dans son ordinateur et ses machines avant de se reculer. Elle hésita une seconde, son regard bleu planté dans celui, moins soutenu, de son père. Elle n'avait pas oublié la question qui lui brûlait les lèvres depuis quelques longues minutes, mais elle ne la posa pas. Pas tout de suite.

« Six sédatifs et il n'est pas tombé ? Soit il était plus costaud que toi, soit tes munitions sont remplies avec de l'eau. Fais-moi voir ça... » suggéra-t-elle gentiment.

Elle s'avança et récupéra ce que Viktor lui avait si aimablement mis de côté avant de repartir pour un petit manège d'allées et venues patiemment calculées. L'habitude, en vérité. Et son laboratoire avait beau être agencé comme un véritable labyrinthe, elle connaissait les chemins les plus courts pour se rendre d'une machine à l'autre en un rien de temps. Elle en fut quitte pour décapsuler les balles et s'adonner à quelques prélèvements. De temps à autre, elle jetait un coup d'œil furtif vers un écran de contrôle, lorsqu'il émettait un « bip » suspect. La recherche était en cours, et à mesure qu'elle avançait, Gaëlle ne pouvait empêcher ses sourcils de se froncer en une moue contrariée. En fin de compte, son analyse des projectiles fut plus rapide et elle soupira.

« Le dosage est normal. Ce devait être un dur à cuir... » fit-elle pensivement.

Au même moment, l'écran émit une complainte de signaux sonores et la jeune femme tressaillit en interprétant les résultats.

« Ça ressemble à du Morphe, mais c'est très altéré ! Il y a toute une pharmacie, regarde... Indiquait-elle en montrant des courbes du doigt. Cette chose est en liberté ? »

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Viktor Zacharias Kobalt » 18 Fév 2010, 14:19

La vie était bizarre.

Combien de fois Viktor s'était-il rendu chez sa fille dans l'espoir d'enterrer la hache de guerre, comme on disait. Une expression dont l'origine lui échappait totalement d'ailleurs, mais là n'était pas la question. Brouillés, les Kobalt. Les parents étaient divorcés et se battaient à coup de torts balancés à travers la tête. Lui avait fait ceci, elle avait fait cela. Au milieu, la petite Gaëlle faisait office d'arbitre, bien malgré elle. Oh ! Y'avait pire ailleurs. Ça ne hurlait pas si souvent. Mais sans élever la voix, le poids des reproches et la douleur qu'ils infligent suffit souvent. Une séparation n'est jamais facile... ni pour l'un, ni pour l'autre. Sa fille avait ses raisons de lui en vouloir, liées ou non à ce foutu divorce. Il fallait bien avouer aussi que Viktor ne lui avait pas facilité la tâche. On le disait pourri, comme flic. Alors une jeune fille travaillant pour la police scientifique, aussi intègre soit-elle, avec un père faisant autant parler de lui... ce n'était pas tous les jours faciles. Voilà comment on raye un nom de famille de son identité. Voilà comment on préfère porter celui de sa mère et taire celui d'un paternel trop dérangeant. Mais au fait, pourquoi parlons-nous de cela ?

La vie était bizarre.

D'une brouille continue, de reproches aux bords des lèvres à peine aperçus l'un l'autre, les voilà qui parlaient posément dans le lieu le plus austère qu'ils aient jamais fréquenté... enfin, pour Gaëlle, parce que des endroits glauques, Viktor en avait visité un certain nombre. Mais sérieusement, l'endroit était froid et pas tellement adapté à une réconciliation... qui semblait sur le point d'aboutir. Bizarre non ? Peut-être qu'à éviter les sujets qui fâchent, ces deux là pouvaient s'entendre. Peut-être que parler boulot bridait leur rancœur respective... Allez savoir. Et puis, ce n'était pas le moment de tout gâcher...

« Ouai, de ce genre de choses... » répondit-il sans conviction.

En moins animal et en moins humain. Ni l'un ni l'autre, genre, une aberration élevé dans une éprouvette, si vous voyez ce qu'il veut dire. Les expériences, Viktor, ça l'énerve. Pour être honnête, ça le rend malade. Ne lui demandez pas pourquoi, ou bien vous risqueriez de vous prendre son poing sur le nez. Contentez vous de faire le rapport avec sa musculature un peu trop exubérante pour un Terrien. Il passa sa main sur sa nuque, cherchant à se donner contenance. Lui, grand gaillard balèze dans ce laboratoire aux allures de dédales à rats, il s'y sentait mal à l'aise. Il craignait de bouger, de peur de tout renverser et osait à peine poser ses yeux sur les objets autour, au cas où son regard seul aurait pu tout bousculer. Ben quoi ? Il se sentit rassuré lorsque Gaëlle lui confirma la fiabilité de ses munitions. C'est que, il n'avait que ça pour sauver sa peau, alors il ne fallait pas que ça lui fasse faux bond. Ils étaient marrants, ceux d'en haut, à critiquer ses actes. C'était pas eux qui se retrouvaient dans l'arène, à combattre des types armés d'automatiques quand eux n'étaient autorisés qu'à de vulgaires sédatifs. Fallait penser à sauver sa peau aussi, et pour ça, tous les moyens étaient bons... et merde pour l'éthique !

« Morphe ? Répéta Viktor, dubitatif... Tu parles de ces soit disant machins qui se changent en animaux ? C'est pas une légende urbaine ? »

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Gaëlle Edelstein-Kobalt » 02 Mar 2010, 08:48

Gaëlle se redressa, le dos endolori, retenant un soupir. Elle n'était pas exaspérée, non. Juste horriblement fatiguée. En un clic de souris, elle afficha la suite des analyses, lisant d'un air presque distrait.

« Non, ça n'a rien d'une légende. On n'en parle pas beaucoup, je crois que les autorités ont peur de la réaction que pourraient avoir les gens. Tu imagine, toi, si cette information passait au journal télévisé ? Tout le monde regarderait son chien d'un drôle d'air... en l'imaginant se transformer en humain la nuit et leur faire on ne sait quoi... Je crois que ça déclencherait une belle panique. » Fit-elle en hochant la tête.

Les lueurs de l'écran se reflétaient sur son visage, faisant ressortir ses traits tirés par la fatigue. Elle tenait bon, cherchant encore, usant de ses capacités de réflexion quand son cerveau ne demandait qu'une seule chose : dormir. Au bout d'un moment, elle se recula et enleva ses lunettes pour se frotter les yeux. Heureusement qu'elle ne se maquillait pas !

« J'ai travaillé un moment sur leurs gênes, j'en ai même fait une thèse. Le tien est un canidé. Morphe chien. »

Elle planta son regard bleu roi dans celui de son père, l'air à la fois absente et terriblement inquiète. L'idée que son père ait pu se retrouver suffisamment près de ce spécimen pour en récolter un échantillon de bave lui laissait des sueurs froides.

« L'analyse a prit du temps parce qu'il n'y a pas que ça. Si je me fie aux autres substances, il ne doit pas ressembler à grand chose. Ce n'est pas très étonnant à ce qu'il n'ait pas réagit à la sédation, en tout cas, pas tout de suite. Il doit dormir comme un bébé au fond d'une ruelle à l'heure qu'il est. »

Elle sourit faiblement. Son père avait ce qu'il était venu chercher, et maintenant, c'était son tour. Épuisée par une journée de travail et une nuit blanche, elle oublia prudence et subtilité, leur préférant une approche plus directe... plus risquée aussi.

« Tu as revu le docteur Lemen ces temps-ci ? »

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Viktor Zacharias Kobalt » 20 Mar 2010, 13:55

Viktor eut un rictus ironique. Ouep, tu m'étonnes qu'ils ne voulaient pas parler de ces Morphes. Lui-même aurait préféré balancer son poisson rouge dans les chiottes plutôt que de risquer le voir se changer en un mec à poil du jour au lendemain... Fort heureusement pour lui, il n'avait pas de poisson rouge... ce genre de choses demandaient trop de temps, trop d'attention. Et s'il avait été capable de ces deux qualités dans sa vie de père, ça se serait su, hein...

Il jeta un coup d'œil à Gaëlle, se sentant vaguement coupable tout à coup. Il avait fait ce qu'il avait pu, même s'il n'irait pas jusqu'à dire qu'il n'avait rien à se reprocher... Vous êtes marrants vous, y'a pas de mode d'emploi pour élever un gosse ! Il hocha la tête à l'information suivante. « Morphe chien ». Bof. Morphe baveux surtout. Moche avec ça, et foutrement dangereux ! Non, effectivement, il ne ressemblait à rien, c'était le cas de le dire. On n'avait pas idée de jouer à modifier un métabolisme jusqu'à l'amputer de son identité. Il serra les poings à cette pensée qui lui rappelait sa condition... et merde, manquerait plus qu'il tombe dans la nostalgie maintenant !

Et puis il sursauta presque à la question que lui posa sa fille. Ben voyons !

« Nan, pas vu. Et vaut mieux pas pour lui d'ailleurs. » Grogna-t-il en sentant une haine brûlante le gagner.

Il récupéra ses balles et les remis en magasin, nerveux. Encore une question comme celle-là et il ne répondait plus de rien...

« J'vois pas trop l'rapport avec mon clébard génétiquement modifié, même si ça m'étonnerait pas trop qu'cet enfoiré y soit pour quelque chose. Un truc à m'dire peut-être ? »

Et voilà, la diplomatie écrasée, foulée au pied. Et puis quoi, c'était elle qui avait commencé d'abord !

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Gaëlle Edelstein-Kobalt » 23 Mar 2010, 11:14

« Il semble qu'il ait disparu...» mentit Gaëlle, épiant les réactions de son père.

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Viktor Zacharias Kobalt » 24 Mar 2010, 11:58

« Ben tu m'en voudras pas d'pas prendre un air affecté ! » Fit Viktor avec mépris.

Sans lever le nez, il s'évertuait à recharger son arme comme si cela avait pu lui être d'un quelconque secours pour conserver son calme. Monsieur le professeur Lemen pouvait bien crever dans un coin ou se faire dévorer par ses expériences dégénérées que ça ne l'empêcherait pas de dormir. Peut-être même bien qu'il dormirait mieux, pour tout dire ! Ses yeux effleurèrent subrepticement ses phalanges. Il les avaient bien amochées en brisant cette vitre, hier soir. À vrai dire, ce genre d'« incident » lui arrivait assez souvent, ce qui ne le dispensait pas d'avoir mal. Enfin, valait mieux la vitre que la gueule de l'autre, là. Tiens d'ailleurs, qu'était-il devenu son génie militaire ? Et la rouquine ? Et Krän ? Il secoua la tête, cherchant à faire revenir ses pensées à l'instant présent. Fuir ne le mènerait nulle part et ses questions ne devaient de toute façon obtenir aucune réponse. Il avait celle qu'il attendait, et même un peu plus. Ainsi les Morphes n'étaient pas qu'une légende urbaine... et ainsi ces satanés scientifiques s'étaient-ils empressés d'y injecter leurs concoctions de savants fous... déjà !

Il rangea son arme, se redressa, soupira.

« Dis-moi, ton boulot là, tu saurai trouver un vaccin si j'te trouve un cas ? »

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Maître du Jeu » 27 Mar 2010, 18:50

Et de nouveau, le mécanisme se mit en mouvement, les pistons chuchotèrent, les portes coulissèrent et s'ouvrirent toutes grandes. Un véritable supermarché, je vous dis ! L'importun ne souffla mot, mais de sa place, il jura avoir vu Viktor tressaillir. L'ouverture automatique n'avait laissée le temps ni à l'un ni à l'autre d'échanger une seule réponse ou un seul regard. Ils étaient pris sur le fait, en flagrant délit de réconciliation !

« Kobalt...! » S'exclama Aaron d'un ton mi-jovial, mi-contrarié.

Dans sa main gauche, un carton semblable à une boîte d'œufs portait deux gobelets de cafés chauds, recouverts d'un opercule en plastique empalé d'une paille... comme si le café se sirotait à la paille ! Dans sa main droite, un petit sachet de papier blanc laissait deviner les courbes généreuses de deux croissants tout ce qu'il y avait de plus beurrés, si l'on en jugeait les taches sombres là où la pâtisserie appuyait. Un petit déjeuner pour deux personnes, laissant entrevoir que l'un des trois était de trop... Aaron s'approcha, dévisageant avec prudence le père et sa fille, cherchant à deviner où ils en étaient de leur engueulade quotidienne. La majorité du temps, cela tournait en la défaveur de Gaëlle, bien qu'elle ne soit jamais la dernière à balancer de belles vacheries quand on la titillait un peu trop. Seulement il y avait des reproches qui faisaient plus mal que d'autres, et Viktor s'était fait une spécialité à les ressortir en cas d'urgence, quand il sentait son autorité de père lui filer entre les doigts... Pourtant cette fois là, l'heure ne semblait pas à la discorde et l'homme au ventre rebondit alla déposer son précieux butin sur l'un des établis blancs du labo. Pour être honnête, Aaron avait déjà pris son petit déjeuner, mais s'en enfiler un second ne lui déplairait pas. Et puis, c'était pour éviter de laisser sa filleule manger seule... pour la bonne cause, n'est-ce pas...

« Tu tombes bien, j'avais à te parler. Tu as de la paperasserie en retard, et je la veux sur mon bureau avant demain. Ton loup-garou n'est plus une priorité, j'ai reçu un coup de fil du corps d'armée du quartier nord-est, ils l'ont récupéré. »

Il jeta un regard aimable à Gaëlle, s'assurant que tout allait bien. Ça semblait être le cas, quoi que les cernes sous ses yeux témoignent d'une fatigue dévorante. Enfin, au moins il préférait les cernes aux larmes. Un coup d'œil rapide lui indiqua que les informations qu'il était venu chercher avaient disparues de l'écran, ainsi que le dossier qu'il avait posé là avant de sortir. Bien. C'est qu'elle n'avait rien dit. Peut-être arrivait-il juste à temps, d'ailleurs...

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Gaëlle Edelstein-Kobalt » 31 Mar 2010, 14:15

Gaëlle sourit faiblement, fatiguée. Elle sentait son cerveau ralentir à mesure que les minutes s'écoulait, sans parvenir à le remettre en état de marche de manière plus performante. Cette fois, elle avait présumé de ses capacité à rester éveiller sans repos. Elle soupira, regrettant tout à coup ce laboratoire assez froid qu'elle n'avait pas encore eu le temps de personnaliser. Pour le coup, un matelas dans un coin ne lui aurait pas déplu... Malheureusement pour elle, il n'y avait rien de tel ici sur quoi s'assoupir quelques temps. Elle émergea lorsque la voix de son père se fit entendre. À vrai dire, elle l'avait entendu depuis quelques bonnes secondes déjà, mais elle ne faisait l'interprétation de ses mots qu'à retardement... c'était presque effrayant ! Elle ôta ses lunettes, priant pour une nuit entière de sommeil... à laquelle elle n'aurait pas droit !

Si elle lui en voulait de ne pas prendre un air affecté ? Non. Pas du tout. Elle se rappela simplement de l'information que lui avait demandée Aaron. Un morceau de peau de Lemen collé à la poignée d'un labo clandestin, le dit labo ayant pris feu quelques jours plus tôt... Était-il mort dans l'incendie ou simplement disparu ? Elle s'en moquait, pour tout dire. Oui, d'accord, ce n'était pas bien et ses sentiments personnels ne devaient pas interférer dans une enquête... mais pour dire la vérité, ce n'était pas elle qui était chargée de cette enquête, précisément. Donc, elle avait le droit de s'en moquer. Elle se contenterait de répondre aux questions avec justesse et précision, sans s'impliquer d'avantage. Quant à son père, il semblait au moins aussi peu soucieux du cas de ce Lemen que s'il s'était agit d'une vieille paire de chaussettes puantes dont la paire se serait séparée au lavage. Le genre de choses qui arrive constamment, comme si les machines à laver le linge se nourrissaient de ces sous-vêtements en particulier... Bref... Ça lui était égal. Nul autre émotion dans sa voix que de l'énervement, à juste titre. Pas de nervosité... rien à cacher. Décidément, à elle, il ne savait pas mentir. Innocent, donc, à moins qu'elle ne soit trop épuisée pour juger de quoi que ce soit. Et puis pour dire la vérité, Gaëlle s'évertuait déjà à traduire la seconde phrase qui venait d'atteindre son cerveau sans prendre le moindre sens... c'était étrange, ce dont la matière grise était capable par moment...

« Un vaccin ? » demanda-t-elle avec un intérêt mitigé.

Et avant qu'elle ait eu l'occasion d'en demander d'avantage, les portes s'ouvrirent et elle sursauta. Dans l'intimité relative de son labo, elle avait oublié qu'il était ouvert à tous... un vrai hall de gare ! Elle tourna la tête et se redressa, plissant ses jolis yeux ensommeillés comme si cela pouvait l'aider d'une quelconque façon à identifier le nouveau venu. Aaron ! Ah oui, il était partit chercher le petit déjeuner, elle avait déjà oublié ce détail... Diable... Elle devait vraiment dormir... Elle se contenta de regagner son bureau et soupira de nouveau. Les palabres des deux autres lui arrivaient toujours à retardement, et elle ne s'en souciait plus. L'odeur du café lui parvenait doucement, agréable et doux. Elle battit des cils. Un loup-garou ? Ils devaient parler de ce Morphe dégénéré. Aaron était-il au courant de la requête de son père ? Quelle importance ?

Elle rendit son sourire à son parrain.

« J'aimerai rentrer chez moi maintenant... » Fit-elle comme si c'étaient précisément ces deux-là qui l'avaient séquestrée toute la nuit.

Et puis tant pis pour les formules d'usage... la politesse, tout ça. Mince, quand on est fatiguée, on est fatiguée !

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Viktor Zacharias Kobalt » 02 Avr 2010, 15:23

Non, tu n'échappera pas à la douleur.
Tu voulais du pognon, tu l'as eu.
Acceptes-en les conséquences.
Assumes...et ferme-là !


« Ouai, un truc qui pourrait... » Commença le lieutenant avant de s'interrompre tout à coup.

Quelqu'un entrait faire ses courses... la plaie ! Viktor se redressa, sortant de sa réserve un peu étrange, et fusilla le nouveau venu du regard. Si c'était un scientifique venu interroger sa fille sur une formule ou il ne savait quoi encore, il allait en entendre parler ! Merde ! On ne peut plus s'entretenir avec sa fille peinard ? Les yeux plissés sur une expression contrariée, les lèvres pincées, il ne prononça pas le moindre mot. L'intrus, parlons-en... n'était autre que son patron. Vraiment pas d'bol ! Il jeta un rapide coup d'œil à ce qui encombrait ses mains et se sentit vaguement mal à l'aise. Ouai ben, en venant par ici il pouvait pas deviner que sa gamine n'avait pas dormit, hein. Et encore moins qu'elle n'avait pas mangé ! Aaron avait encore un train d'avance sur lui, et ça, ça le gonflait carrément. Manquerait plus qu'il lui pique sa progéniture tiens... Il grommela, se sentant de trop une nouvelle fois, et se garda bien de répondre à l'exclamation de son supérieur qui feignait de le saluer poliment. Quel bel hypocrite, alors qu'il lui avait foutu l'I.G.S. sur le dos après une affaire réglée un peu sommairement par Viktor. Ben quoi... il bossait à sa manière et puis voilà, ne respectant ou ne faisant respecter la loi qu'en fonction de ce qui l'arrangeait. Bref... c'était pas l'moment.

« Tant mieux pour eux... » Ponctua le lieutenant l'air bougon.

Il n'osa rien ajouter de plus. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait, il en avait des choses à dire. Ce n'était pas la peur de son chef qui l'inquiétait non-plus, il s'était montré sous des jours bien pires... Mais aujourd'hui, pour la première fois depuis qu'il s'était réveillé avec ce corps invraisemblable, il avait eu une conversation loin de toute guerre froide avec sa fille, et il n'avait pas envie d'érafler cet instant. Les rapports humains n'étaient pas son fort, mais tout de même, y'avait des fois où ça faisait du bien de goûter à autre chose qu'à des crimes crapuleux dans des fonds d'ruelles crasseuses. Alors, sans y penser, il leva un regard presque désolé sur sa fille. Fallait qu'il y aille, avant que ça ne dégénère, mais elle ne le regardait plus, occupée à aller se réfugier derrière son bureau aseptisé. Elle murmura à peine, et Viktor coupa court à toute tentative de rapt de la part d'Aaron, presque malgré lui, comme un vieux réflexe oublié. Des fois comme ça, il lui arrivait d'être moins con qu'en temps normal.

« J'te ramène ! »

Rien d'autre ?

« Y'a du manifestant pas content en bas, vaut mieux qu'tu reste derrière moi, j'te f'rai traverser la foule. »

Et il réajusta sa veste, cachant le Holster et l'arme de contention qui y dormait, au cas ou l'un de ces abrutis n'ait la brillante idée de s'en saisir... y'en avait, des fois. À vrai dire, ça n'était arrivé qu'une seule fois et le type avait fini à l'hôpital. Viktor n'y pouvait rien, il n'aimait pas qu'on le bouscule, encore moins qu'on le menace d'une arme... et surtout pas avec la sienne !

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Re: Disparitions (libre)

Messagepar Maître du Jeu » 08 Mai 2010, 14:33

Aaron grimaça, sceptique, mais conciliant.

« Allez-y, je vous accompagne en bas. Fit-il au bout d'un moment. De toute façon, je sens bien que c'est encore à nous qu'on va demander de disperser la foule... »

Il ramassa son dossier et avala son café d'une seule traite, jetant le gobelet cartonné dans la corbeille comme s'il marquait un panier. C'est qu'il visait bien, des fois ! Hop, un coup de dents dans un croissant et il enveloppa le second avec soin dans son papier, mettant le tout presque de force entre les mains de Gaëlle. Il aurait volontiers mangé les deux parts, mais il tenait à ce que la petite s'alimente un minimum. Qui allait analyser ses indices, si elle disparaissait faute d'avoir suffisamment mangé ? Hum ? Le côté pratique mis à part, il s'agissait tout de même de sa filleule et il y tenait, mine de rien. Comme à sa propre fille. Alors oui, lui aussi l'escorterait jusqu'en bas. Deux masses pour l'escorter, si elle en avait, de la chance. Et même si le chef de service était d'avantage gras que musclé, comme son lieutenant, il en imposait et pouvait lui aussi s'ouvrir un passage tout à fait confortable à travers la foule. Il suffirait de jouer des coudes... et du ventre.

Pschit... Pschit...


Les portes s'ouvrirent et se refermèrent une dernière fois. Une carte d'accès glissée dans la fente, sur le côté, et un code tapé si vite qu'Aaron n'eut même pas l'occasion de penser à le mémoriser. Hop, boutique fermée. Et tous les trois descendirent quelques étages avant de s'extirper tant bien que mal de l'Atlas IV, dont le parvis était effectivement pris d'assaut par des manifestants très mécontents. De quoi, on ne savait pas. Par contre, on savait qu'ils n'étaient pas contents... la routine...





EDIT Seby : sujet clos et verrouillé sur demande.

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