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Vouloir se rendre à Banba par la perle de Sayah n'était pas une bonne idée. On aurait du prendre le train. Ça nous aurait évité de nous retrouver à des kilomètres de la ville et surtout éviter qu'on débarque dans cette maison de fous. Je n'avais pas suivi toute la conversation, entre la femme qui semblait vouloir tout savoir de la vie de Benedikt, le mari qui était jaloux de moi et leurs innombrables gosses qui parlaient tous en même temps, moi j'avais mal à la tête et le botaniste était vexé dans son orgueil sans que je ne sache pourquoi.
On avait pourtant réussi à filer, sauf qu'au bout de plusieurs pas, après avoir ralenti le rythme dans ce qui semblait être une fuite en bonne et due forme, il repéra un petit bois qu'on pouvait traverser pour gagner la ville. J'avais intercepté son regard malicieux et pouffais de rire. Pourquoi pas après tout, il est vrai que je doutais qu'on risque quoi que ce soit, avec les Elbereth dans le coin, pas mal de prédateurs ont du déguerpir.
«D'accord. Mais ça ne me dérange pas que tu me parles de plantes, parfois tu m'inspires pour des tatouages de cette manière!» - je lui souriais doucement alors qu'on se rendait donc dans cette petite forêt qui devait être l'une des principales alimentations de la ville en bois! On voyait bien que certaines clairières n'étaient pas naturelles.
Dans un premier temps, on avançait en silence et je trouvais ça bizarre. Je reconnaissais quand même son air boudeur et je commençais à me dire que ça devait être ma faute, à cause de mon mensonge un peu trop convaincant?
«C'est à cause de moi si tu tires la tronche? J'ai dit un truc qu'il fallait pas?» - je me demandais si je m'en étais rendu compte ou si c'était finalement la perle qui m'avait permis de déceler sa frustration? Je ramenais instinctivement ma main à mon oreille, est-ce que lui aurait senti aussi mon énervement toute à l'heure? C'est pour ça aussi qu'il s'est agité? Si on commence à se contaminer l'un, l'autre, on n'a pas fini. Mais je me rappelle qu'il faut se concentrer pour tenter de transmettre ses émotions à l'autre, donc il faut le vouloir non? Donc je doute que ce soit le cas, je pense juste qu'on apprend à se connaître.
D'ailleurs, on pourrait un peu profiter de cette forêt pour s'éloigner juste de quelques pas histoire de voir si ces fameuses perles marchent ou non, mais déjà je voulais savoir si j'avais fait une connerie ou non.
«Tu m'en veux pour le mensonge? C'est la première idée qui m'est venue. C'était soit ça, soit le fait que j'étais marié à ta sœur ou toi à la mienne.» - le problème, c'est que cette version n'aidait pas trop à justifier qu'on soit que tous les deux, alors que si nos femmes s'étaient cassées, le mari aurait surement été bien placé pour comprendre qu'on avait voulu en profiter pour prendre la poudre d'escampette, non?