« Oh, j'attends de voir ça, crois-moi. » répondit le botaniste, les joues rouges et un sourire en coin.
Il se releva pour sortir son gâteau du four, le démoula dans une assiette et coupa quelques parts avant de le poser sur la table, parfaitement sûr que Vrass voudrait se jeter dessus avec la tonne de légumes qu'il venait d'avaler. Sans prévoir que le tatoueur avait perdu l'habitude de faire attention à son pauvre palais maintenant sensible à la température. Benedikt le regarda protester en riant et étala ses jambes sur les genoux de la victime de sa cuisine, en profitant pour caresser ses cuisses du bout du pied sans aucune honte alors qu'il croquait précautionneusement dans sa part. La moitié du gâteau partit à une vitesse qui tenait en grande partie à la gourmandise de Vrass, puis celui-ci emballa le reste et annonça l'heure de faire les bagages.
Benedikt n'étant jamais parti en vacances, si on excluait les quelques journées qu'il avait passé avec Vrass ailleurs grâce à sa perle, il resta planté quelques secondes à regarder son vieux sac en cuir. Qu'est-ce qu'on emportait en vacances ? Quand le botaniste était sur les routes, ce qu'il y avait avec lui, c'était l'intégralité de ce qu'il possédait. Enfin, c'était à peu près la même chose, non ? La seule différence était que maintenant qu'il habitait à la Basse-Ville, il accumulait bien plus d'affaires, société de consommation et enthousiasme des découvertes aidant.
Benedikt finit par fourrer en vrac dans son sac des vêtements de rechange, quelques affaires de toilette, une trousse de secours remplie de ses propres mélanges et de ceux de l'herboristerie, son métallophone – il l'avait pas mal délaissé depuis qu'il connaissait Vrass, celui-là, mais quand même - et l'intégralité de sa fortune, avant de décider que c'était bien comme ça. De toutes manières, il ne pouvait pas mettre beaucoup plus dans ses bagages par manque de place.
« Suis prêt ! » annonça-t-il alors qu'il remontait à l'étage après avoir récupéré chaussures, manteau et écharpe au rez-de-chaussée – vu la façon dont Benedikt les jetait un peu partout chaque fois qu'il rentrait à la boutique, c'était toujours une petite chasse au trésor pour les retrouver -.
Si le botaniste avait troqué ses baskets en toile qui faisaient un peu trop « Basse-Ville » contre les bottes à lacets qu'il portait lorsqu'il voyageait encore dans le Nord, et qu'il n'avait pas été encore assez audacieux pour s'acheter des jeans, le manteau qu'il avait sur lui allait un peu jurer dans le paysage de Balaïne. Mais celui-ci était tellement plus chaud et confortable que l'ancien que Benedikt n'avait pu se résoudre à l'échanger pour quelque chose de plus approprié, et puis le bleu marine n'était pas si voyant, avait-il décidé. Oh, personne ne remarquerait rien.
Le jeune homme attrapa le col de Vrass pour l'incita à se baisser et l'embrassa pendant qu'il glissait sournoisement autour de son cou l'écharpe qu'il avait dans les mains.
« Il y a du vent, à Balaïne. Ah, et j'ai réfléchi, je préférerais qu'on saute Guttenvald, en fait, dans notre itinéraire. Enfin, pour l'instant, mais je n'aime pas trop cette ville... »
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