La nuit sur l'austral

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La nuit sur l'austral

Messagepar Hétep Ir Kaha » 12 Sep 2009, 21:52

<< Précédemment pour Hétep Ir Kaha : Conseil et tour d'horizon.
*°*°*°*°*°*°*°*°*


La mer de sable, ou désert de Majhour, selon les humeurs changeant de nom, selon les saisons changeant de géographie, selon l'heure changeant de chant. La journée, il se révélait un piège mortel pour les imprudents. Hétep avait entendu maints récits dans lesquels de jeunes Ohimes aventureux s'étaient perdus. Ils avaient pensé reconnaître leur chemin, sans réaliser qu'une tempête de sable avait déplacé les dunes et modifié leur orientation, facétieux éléments qui se jouaient du sort des étourdis. Épuisés, les malchanceux s'asseyait pour une halte et finissaient invariablement écrasés par les rayons cruels du grand chariot, s'allongeaient ou perdaient connaissance et se retrouvaient ensevelis en moins de temps qu'il ne fallait aux Raanaï pour vous happer lorsqu'ils surgissaient de sous le sable. Les expéditions, ici, n'étaient jamais véritablement une partie de plaisir, quand bien même le peuple Ohime s'était adapté à ces conditions de vie quasi hostiles.

Chemin faisant, Hétep vagabondait doucement sur le fil de ses pensées. Il se demandait parfois comment leur peuple avait pu atteindre l'oasis avec si peu de pertes compte tenu des nombreux périls auxquels ils n'avaient jamais été préparés. Si encore aujourd'hui les plus jeunes se laissaient prendre aux pièges qu'ils connaissaient pourtant, alors qu'en avait-il été de ceux qu'ils furent autrefois, insouciants du désert et de ses dangers ? Il leva la tête, interrogeant les Infinitudes du regard, si elles l'observaient, de là-haut. Le ciel était particulièrement dégagé, d'un bleu si profond qu'il en était presque noir et seules les étoiles brillaient encore, comme des millions de nacres jetées au firmament. Les deux lunes achevaient leur dernier quartier et n'affichaient plus qu'un mince croissant aux yeux de qui les observait, minuscule être dans ce si grand désert.

Par trois fois, le convoi du faire halte. Alertés par les Ohimes les plus agiles qui soit et qui cheminaient devant, placides et attentifs, ils interrompait leur vie un court instant. La raison en était qu'un Raana avait été repéré, non loin, enfoui quelque part sous ce voile ocre et mouvant. Puis, au bout de quelques longues minutes, ils faisaient signe que le danger était passé et les hommes se remettaient en marche, le pas allant et le visage reposé. La nuit, fraîche, bien plus adaptée à une expédition que la journée durant laquelle le désert devenait une véritable fournaise. À y repenser, Hétep lança un regard en direction d'Antmosis, mais se garda bien de prononcer le moindre mot. Mieux valait ne pas encourager l'énergumène à ouvrir la bouche, on ne savait jamais trop quelle remarque agaçante en sortirait et le chef des armées n'était pas tellement d'humeur à souffrir la moindre réflexion déplacée.

À ses côtés, les Meph Djynn chevauchaient silencieusement et leurs montures jetaient des regards réprobateurs en direction du Demi-Dieu, effrayés qu'ils étaient par la créature qu'il chevauchait. Lettfeti, d'humeur singulièrement placide pour une fois, Griffon puissant et plus caractériel encore que Hétep lui-même. Ses serres s'enfonçaient mollement dans le sable mais, loin de se décourager, il partait à l'assaut de chaque dune avec une aisance assez étonnante, les gravissant comme un dauphin se sert des vagues comme d'autant de tremplins à ses cabrioles. Arrivé au sommet, il penchait la tête et observait le lointain horizon, comme Hétep sur son dos, puis se laissait dégringoler dans les creux de cette houle de sable en secouant parfois ses grandes ailes puissantes. Chaque fois que le convoi venait à bout d'une dune, il se rapprochait des étranges bâtiments de métal qui luisaient doucement à la lueur blafarde des lunes timides. Et lorsqu'ils furent enfin arrivé, Hétep mit pied à terre, laissant Lettfeti s'ébrouer et jouer à inquiéter les chevaux.

« Est-ce bien ici, Antmosis, que vous l'avez trouvée ? Montrez-moi où. » Ordonna-t-il avec un calme qui l'étonna lui-même.

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Re: La nuit sur l'austral

Messagepar Anthmosis Naïlthan » 17 Oct 2009, 19:56

Antmosis marchait dans le désert… Il savait que ceux au côté de qui il marchait savaient très bien se débrouiller dans cet environnement mais il avait une impression étrange. Un peu comme si quelqu’un marchait dans un endroit dont lui seul connaissaient les secrets…
Peut être était-ce dû au fait qu’il y passait beaucoup de temps, qu’il le parcourait des jours et des jours, en long, en large et en travers afin de trouver les serpents dont il avait besoin, où pour relâcher ceux dont il avait extrait assez de venin… Car Ant ne gardais jamais longtemps un serpent chez lui. Il le trayait quelques fois et venait le relâcher dans le désert, en essayant d’effectuer cette libération le plus près possible de là ou avait eu lieu la capture. C’est pour cela qu’il ne capturait jamais beaucoup de serpent en même temps. Il lui arrivait aussi de prendre quelques fioles avec lui et de n’effectuer qu’une seule traite. Il connaissait donc ce désert qui changeait sans arrêts à causes des vents qui le balayaient, mais qui gardait tout de même quelques points « fixes » comme les promontoires rocheux. Ant avait juste l’impression d’être chez lui.
Peut être était-ce également dû au fait qu’il y avait vu un serpent dont on ne parlait qu’en légende, et que personne d’autre n’avais vu…

Il se souvint du moment où il avait apporté à Senenmout le récit de ce qu’il avait vu. Son esprit était énormément occupé par le souvenir de ces images, mais il prit le temps de le faire comme le lui avait ordonné la Reyne. Il avait donné le parchemin en main propre mais n’avait pas eu le courage de rester auprès du demi-dieu pour discuter avec lui de ces évènements. Peut être devrait il faire cela lors de son retour ?

Le jeune homme était particulièrement attentif et scrutait le désert dans toutes les directions. Il marcha sans adresser la parole à personne, sentant parfois une brise fraîche sur son visage. Il ne craignait pas de voyager de jour dans le désert car il l’avait déjà fait maintes et maintes fois mais il voyageait de préférences de nuit car c’était ce qu’il y avait de plus sur… et de plus simple pour repérer les serpents ! Mais pour pouvoir les capturer le plus facilement possible, il était préférable de le faire de jour car les serpents se reposaient à se moment là, enfoui dans le sable à l’abri de la chaleur, et Ant devait bien repérer l’endroit exact où trouver les reptiles. Il avait, grâce à cela, acquis une très bonne vue et une bonne mémoire.

Lorsqu’ils furent arrivés à la chose de métal, le général Hétep descendit de la créature qu’il chevauchait et lui demanda si c’était bien ici qu’il avait trouvé Megan. Antmosis marcha un peu autour de la chose et s’arrêta brusquement. A l’endroit précis où il avait trouvé la jeune femme, il venait de voir un serpent à deux têtes s’enfoncé dans le sable… Et il savait que lui seul l’avait vu car il fallait passer de l’autre côté de la chose pour le voir…

« C’était exactement ici… »

Il se sentit blêmir et se tourna vers le général, emplit de terreur.

« Général, il me faut envoyer d’urgence un courrier ailé à la Reyne ! Je ne peux malheureusement pas vous en donner la raison, mais j’agis sur son ordre en vous demandant cela… Je vous en prie...»

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Re: La nuit sur l'austral

Messagepar Hétep Ir Kaha » 22 Oct 2009, 16:05

Pas un bruit. Au milieu de la Mer de Sable, nul arbre abritant les oiseaux bruyant et autres insectes chantants. Non, juste du sable et le chuintement à peine perceptible des scorpions allant se réfugier sur une pierre. Cette nuit là pourtant, le silence fut perturbé par la présence des hommes. Plus particulièrement, par l'agitation d'un Griffon d'humeur manifestement facétieuse. Il faisait claquer son bec avec vigueur et semblait s'amuser de voir les chevaux reculer. Les Meph Djynn, sur leur dos, affichaient un air contrarié devant ce jeu brutal mais demeuraient patients. La nature faisait ce qu'elle voulait et ce n'était pas à eux de décider du comportement d'une bête. Quelques uns avaient mis pied à terre afin de soulager leur monture, d'autres encore découvraient l'échine métallique pour la première fois et y lançaient des regards étonnés. Il n'en était pas un seul qui n'avait entendu parler de l'objet, et ils l'avaient toujours connu ici. Cela faisait près de trois cents ans maintenant qu'il était là et renvoyait les rayons du soleil le jour, les lueurs des lunes la nuit.

Hétep approcha à l'invite du chasseur de serpents. À son tour, il contourna le grand édifice, observant chaque arrête avec curiosité. Il l'avait déjà vu il y avait longtemps, mais en simple curieux. Aujourd'hui, c'était différent. L'objet représentait tout un éventail d'évènements et d'émotions. L'arrivée de Megan Baxter, la menace que d'autres arriveraient, la crainte qu'ils ne soient en danger, enfermés depuis si longtemps dans cette chose... Ah ! Il n'y avait pas pensé jusqu'à maintenant... quel âge avait donc Megan Baxter ? Comment avait-elle pu survivre si longtemps ? Arrivé près d'Antmosis, le chef des armées contempla encore la façade inébranlable, l'effleurant du bout de ses griffes ou y appuyant sa paume à tour de rôle. Froide. Oui, cela faisait partie de ce qui l'avait étonné la première fois qu'il avait exigé la voir. Même en plein soleil, elle était froide, alors même que les armures de ses hommes brûlaient la peau. Il examina le sol, mais le vent était passé et avait fait son œuvre, effaçant toute trace d'un quelconque passage.

« Pas de porte...? » Constata-t-il pour lui même, à voix basse.

Pourtant, le jeune garçon avait précisé « exactement ici ». Et en tant que chasseur de serpents, il n'y avait guère meilleur pour reconnaître les lieux au mètre près. Et alors que Hétep allait le remercier pour sa bonne volonté, il le vit devenir presque aussi pâle que l'une des lunes de Nideyle. Il ne put retenir un claquement de bec courroucé, non pas que la demande soit particulièrement agaçante, mais le fait que cet individu puisse entretenir des petits secrets avec sa Reine le contrariait. Quelque chose qu'on ne lui confiait pas, à lui ? Serait-il jaloux ? Pourquoi pas...? Vexé plus sûrement. Cependant, la vengeance ne faisait pas partie de son caractère et il ne vit aucune objection à accéder à la requête d'un Antmosis au bord de l'évanouissement.

Dans la nuit, son huit déchira le silence porté par le vent. Quelques secondes plus tard, comme un écho, Horis lui répondit et alla le rejoindre dans un piqué vertigineux. À quelques mètres, elle déploya ses ailes comme un grand parachute et alla se poser, éternelle maladroite, sur l'épaule brune de son ami fidèle.

« Écrivez, Antmosis. Il n'y a pas plus sûr messager. Votre missive arrivera à destination, soyez-en assuré. »

Puis, sans plus attendre, il fit signe aux hommes restés en retrait.

« Il doit bien exister une porte. »

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Re: La nuit sur l'austral

Messagepar Anthmosis Naïlthan » 29 Oct 2009, 18:00

Antmosis remercia vivement le général avant de s'assoir en position de scribe, sortant d'une de ses poches un morceaux de papyrus ainsi qu'un calame, ces fragments de roseau dont le bout était taillé en pointe, et de quoi préparer de l'encre. Dès que tout fut près, il repris sa respiration et tenta de se calmer, car il tremblait encore de ce qu'il venait de voir, Pour faire au plus simple, il avait décidé d'utiliser l'écriture hiératique et de réduire au stricte minimum le texte qu'il composerait. Une fois qu'il fut assez posé pour écrire, car on ne pouvais pas dire qu'il était calme, il se mit à rédiger la lettre sans prendre de pause.

«Ma Reyne,
Le serpent légendaire est encore apparu à mes yeux. Il était, cette fois, à l'endroit précis où se trouvait Megan quand je l'ai rencontrée pour la première fois.

Que Quinah vous garde.

Antmosis Naïlthan »


Une fois la missive rédiger, Antmosis le rangea dans un petit était en cuir qu'il accrocha à la patte du faucon. Il tremblait et du donc s'y reprendre à trois fois. Maintenant que le message était rédigé, il espérait que la Reyne le recevrait le plus rapidement possible. Le jeune ohime murmuras quelques mots à l'adresse du messager.

« Que ton vol sois rapide, messager des temps anciens. »

Antmosis regarda le faucon s'envoler et le suivit du regard jusqu'à qu'il disparaisse dans le ciel. Il sentit sa gorge s'assécher d'un coup et, quand il bût à son outre, il sentit la tête lui tourner. Il s'assit sur le sable avant de s'allonger, des points noirs devant les yeux. Il ne savais pas ce qui lui arrivait, mais il avait un mauvais pressentiment, comme si quelque chose allait arrivé rapidement...

"Hetep..."

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Re: La nuit sur l'austral

Messagepar Hétep Ir Kaha » 30 Oct 2009, 13:56

~ SUJET DE LANCEMENT ~


Hétep observa Antmosis un moment, l'air songeur. Il le vit trembler en rédigeant son message et avoir toutes les peines du monde à tenir son morceau de papyrus correctement. Lui, demi-Dieu, faisait montre de sang froid face à la peur – tout du moins tentait-il de s'en persuader. Que révélaient ses colères ? Pas grand chose en vérité, sinon qu'il était d'un naturel impatient. Tout le contraire du jeune Antmosis, en définitive. Lui, pouvait marcher des heures durant jusqu'à trouver le reptile qu'il convoitait et ce, qu'elle qu'en était sa rareté. Hétep n'avait pas cette patience. Il aurait préféré s'atteler à vider le grand désert du Mahjour de son sable pour trouver plus rapidement ce qu'il cherchait, plutôt que de guetter les vaguelettes dessinées par l'avancée caractéristique de telle ou telle espèce de serpent... En cela, il admirait le chasseur, et le trouvait agaçant à la fois. D'une certaine manière, il trouvait amusant le calme avec lequel cet enfant du désert abordait les reptiles les plus venimeux, et la nervosité avec laquelle il tentait désespérément d'écrire son message...

À vrai dire, Antmosis avait quelques belles qualités, dont celle de ne pas se vanter d'en avoir... enfin, cela dépendait pour quoi... Rares étaient les Ohimes lettrés, et l'écriture était un savoir peu répandu, souvent réservé à quelques privilégiés. Le chasseur de serpents était de ceux-là. C'était vrai qu'il ne payait pas de mine et qu'il avait un comportement qui frisait parfois la puérilité, mais il était né d'une bonne famille. Loin de se croire au-dessus des autres cependant, il ne faisait pas étalage de ses richesses et continuait d'exercer le métier qui lui plaisait, sans attrait pour la vie oisive du palais. Par sa générosité et la façon presque enfantine avec laquelle il prenait la vie, il en faisait presque oublier ses origines.

Horis s'envola d'un battement d'ailes silencieux, prenant rapidement de l'altitude jusqu'à ne plus devenir qu'un tout petit point noir invisible aux yeux de ceux présent ici. La nuit avait jeté son voile sombre sur la Mer de Sable et seules les deux lunes et les étoiles irradiaient doucement les lieux. Les Meph Djynn longeaient les parois métalliques, l'œil attentif au moindre détail, chacun accompagné d'un éclaireur prêt à signaler l'approche d'un Raana. Hétep continuait son observation minutieuse, ses regards portant plus loin et avec plus de précision. Ce que Megan avait décrit comme des « boîtes » était gigantesque, et il devinait que la partie ensevelie sous le sable devait être au moins aussi imposante que ce qui se trouvait à l'extérieur, sous leurs yeux. Quelle taille pouvait bien avoir leur « ville géante » ? Et pourquoi ce silence ? Étaient-ils éveillés, là dedans ? Cherchaient-ils à sortir ? Dormaient-il, à cette heure tardive ? Autant de questions de la plus stupide à la plus importante, et qui devaient rester sans réponses. Hétep vit quelques hommes frapper l'écorce de métal comme on frappe à une porte, sans succès.

Et puis Antmosis appela, d'une voix éteinte. Hétep se retourna vers lui, mais au moment où il lui accordait son attention, l'un des Meph Djynn l'appela. Sa voix chargée d'angoisse ne présageait rien de bon, et Hétep délaissa le chasseur de serpents. Il tourna les talons et pressa le pas, inquiet tout à coup.

« Seigneur Hétep... seigneur Hétep... » balbutiait un éclaireur sans parvenir à prononcer d'autes mots.

À moitié recouvert de sable, une créature gisait là. Elle avait été découverte alors que ses longues ailes frémissaient doucement, comme les derniers soubresauts d'un corps à l'agonie. Point de plumes sur les longues nageoires sculptés par les mouvements du sable. Point de regard à croiser et où ne se serait lu qu'une souffrance étonnée. Point de membres, autre qu'un abdomen fondu dans l'envergure des ailes planes et une longue queue effilée, autrefois si gracieuse lorsqu'elle flottait encore dans les tempêtes...

« Un Raana ? Dans cet état ? » Claqua le bec du chef des armées.

Il s'agenouilla avec précaution et dégagea doucement la créature du sable qui la recouvrait. Oui, un Raana, au seuil de la mort. Jamais encore ils n'en avaient vus d'aussi prêt. Jamais dans un tel état. Les Raanaï mouraient-ils, comme eux, lorsque leur vie touchait à sa fin ? Sans doute, mais ce n'était pas le temps passé qui emportait celui-ci et Hétep se leva d'un bond furieux. Sous ses yeux et sous les yeux de tout ceux présents près des grands modules, s'étalait le corps d'un Raana mutilé.

« Pensez-vous que cela puisse être l'œuvre des Barbares ? Interrogea un Meph Djynn
_ Non, bredouilla l'éclaireur qui ne s'en remettait décidément pas, les Barbares en ont peur, jamais ils ne prendraient le risque de s'en prendre à l'un d'eux. Jamais ils n'auraient su éviter l'un de leurs assauts. Ils ne savent pas repérer les Raanaï, et les Raanaï sont sacrés. Non, les Barbares ne les auraient pas touchés... »

Et il marmonna encore un moment, récitant une litanie pour le dernier voyage de la créature minérale. Les regards se tournèrent vers l'édifice, et on se demanda subitement si ceux qui y étaient soit disant prisonniers n'y étaient pas pour quelque chose...

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Re: La nuit sur l'austral

Messagepar Neith Képhis » 03 Nov 2009, 15:01

« C’est un bien triste spectacle que celui-ci… Mes hommages Seigneur Hétep. » Ajouta Képhis en s’inclinant après avoir mis pied à terre.

Elle respecter l’homme pour son rôle, mais sa déférence se teintait de sympathie pour le jeune homme impatient qui dynamisait régulièrement le conseil de ses frasques. Bien que la cavalière le connut peu de part leur différence de rang, elle avait déjà eut l’occasion de le côtoyé à un conseil sur l’état du bétail ohime.

La dame Oryx venait d’arriver au niveau du demi-dieu après avoir était longtemps en queue de peloton. Peu auparavant, alors qu’elle travaillait encore à l’écurie bien que le disque solaire ai disparut depuis longtemps, elle avait vu par la fenêtre de son appentis passer les soldats mener par le guerrier faucon. Elle s’était lever précipitamment, avait enfourché à la hâte Zaharath, son cheval délavé, et leurs avait emboîté le pas avec un temps de décalage, obligé de galopait un instant dans la ville pour les rattraper. Elle s’était aussitôt enquit au près d’un soldat de la situation et celui ci lui avait fait un compte rendue de ce qu’il s’avait. Bien peu de chose en somme : un chasseur de serpent avait découvert une inconnue qui disait sortir de l’échine de métal et avec laquelle la Reyne Akh Ôr Naphret elle-même s’était entretenue.

Képhis ne regretta pas sa décision hâtive car le Raana étendu à ses pieds serait probablement le seul qu’elle verrait d’aussi près sans craindre pour sa vie. Cependant la vision de cet animal agonisant fit monter l’effroi et la colère en elle. Quelle entité pouvait être assez puissante- non le mot ne convenait pas- assez malsaine pour s’en prendre à un être si respectable ?

"Devrions nous faire embaumer le Raana ou laisser son corps au désert qui lui a donné vie ? " demanda elle à Hétep.

Neith Képhis remerqua alors le jeune Antmosis, celui-ci semblait en proie à une grande agitation. Elle ne le connaissait que de vue pour avoir déjà eut recours à ses antidotes pour soigner une bête malade mais en savait tout de même assez sur lui pour le classer parmi les Ohimes les plus maître de soi de l’oasis. Calme que son métier exigeait de toute façon. Aussi les craintes du jeune homme intriguèrent la gazelle. L’assassina de ce Raana, car il ne pouvait s’agir que d’un crime, ne risquait il pas de leurs attiré la colère des dieux ? Et si les Raanaï eux même se sentait trahis ? La dame Oryx fit aussi tôt part de ses doutes à Hétep, celui-ci, de part son statut, serait plus à même de prendre des mesures.

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Re: La nuit sur l'austral

Messagepar Hétep Ir Kaha » 25 Nov 2009, 16:14

J'espère avoir cerné le caractère de Neith, si ce n'est pas le cas, j'éditerai, fais-moi signe. Je ne savais pas trop quoi ajouter, j'espère que ça ira.


Hétep, poings serrés, tentait vainement de réfléchir. Les griffes avaient entaillées ses paumes et le sang perlait doucement sur ses doigts avant d'aller s'échouer à ses pieds. Là, les gouttes creusaient de minuscules puis vermeils, semblables à ceux qu'érigent les fourmillons pour capturer leurs proies. D'un geste furieux, il ôta son casque et laissa aller ses yeux vers le lointain horizon, lorsque les dunes n'entravaient pas sa vision. Qui avait pu ? Il ne devait pas être loin ! Il chercha, immobile et muet, mais il ne vit rien ni personne hormis le sable à perte de vue et les fennecs timides. Il tressailli lorsqu'il entendit la voix derrière lui et se retourna tout à coup, revenant à l'instant présent comme si la porté de sa vision l'avait transporté sur d'autres territoires. Il se contenta d'un bref hochement de tête afin de saluer celle qui se présentait – ou ne se présentait précisément pas – et l'observa se pencher sur le Raana. Neith Képhis, maître d'écurie, et ce constat fit sourire le Dieu guerrier, bien qu'il soit tout à fait impossible de distinguer un sourire sur un bec !

En tant que chef des armées, il avait eu tout le loisir de l'observer. Lorsqu'il passait en revue ses troupes ou ordonnait une mission, la femme Oryx était là parfois et sa voix se faisait entendre depuis les écuries jusque dans les confins de la grande forteresse militaire. Ses colères faisaient trembler les murs comme le plus valeureux des soldats et éraflait plus d'une fierté mal placée. Elle n'avait pas la langue dans sa poche et montait vite en humeur, au point que certains la craignaient plus que Hétep lui-même. Exigeante et minutieuse, elle n'avait pas son égal dans tout le royaume d'Aphor et ses soins étaient les meilleurs dispensés sur les bêtes. Ses bêtes, à l'entendre en parler. Le contraste entre la gracieuse et douce Oryx dont elle avait hérité des attributs et son caractère infernal avait toujours amusé le chef des armées. Elle était loin, à l'opposée de Tiât et de son calme enveloppant.

« L'embaumer ? Répéta Hétep surpris. Qu'y aurait-il à embaumer ? »

Il oubliait trop souvent qu'il devait être l'un des seuls à se montrer si curieux de tout, au point de lire chaque parchemin, chaque manuscrit, chaque papyrus concernant le sujet qu'il étudiait. Et d'après ce qu'il avait lu des Raanaï, ils étaient des êtres minéraux, façonnés par leur vénérée Quinah dans le sable sans-cesse en mouvement du désert. Se pouvait-il que Neith ignore cela ? Peut-être, après tout, son domaine c'était plutôt les chevaux. Le sien, par ailleurs, était un mystère et un bijou à lui seul. Son regard suivant sa pensée, Hétep cligna des paupières en voyant Lettfeti s'approcher de l'étalon délavé, une pointe d'intérêt dans son port fier de bête indomptée. Ça l'intriguait, ce cheval différent des autres, et le griffon semblait se demander s'il aurait peur comme ses congénères s'il s'amusait à le menacer de ses claquements de bec.

« Les Raanaï sont fait de sable. Sans-doute redeviennent-ils sable à leur mort. Laissons-le, il renaîtra plus loin. » Suggéra le demi-Dieu doucement.

Il avait entendu les inquiétudes de Neith, et les assimilait sans se presser, observant toujours ses Meph Djynn penchés sur la créature. Il les écouta parler d'un hart, une pique ou une hallebarde probablement, des armes peu usités des Barbares. Eux-même leur préférait le sabre. Les coups portés dénotaient en outre d'un acharnement peu commun, comme si celui qui avait frappé y avait soutiré un plaisir manifeste, là où d'autres auraient simplement souhaité dispenser la mort, pour se protéger par exemple. Il y eut des murmures et des inquiétudes sur la barbarie constatée. D'un seul coup, la grande échine métallique n'intéressait plus personne. On voulait savoir, comprendre, et l'angoisse se répandait comme une tempête de sable imprévisible. La colère n'avait pas quittée Hétep. Il voulait savoir et avait tant de choses à accomplir pour sa reine et selon ses ordres. Alors, retrouvant sa mobilité, il ordonna, pondéré.

« Éclaireurs, portez cet augure jusqu'à notre reine et ordonnez, en mon nom, que mon colonel se tienne à sa disposition. Faites surveiller les frontières sud de la cité et accueillez, s'il doit en venir d'autres, le peuple de cette « boîte ». Qu'ils soient nos hôtes mais que vos regards ne les quittent pas un seul instant. Raccompagnez le chasseur de serpent. Meph Djynn, notre objectif est le nord. Il n'y a rien ici, l'échine ne s'ouvrira pas. Neith Képhis, poursuivit-il en s'inclinant à son tour, libre à vous de choisir le chemin que vous souhaitez arpenter. Je serai à l'avant-poste de N'qâta avant de faire route vers l'est. »

Ponctuant ses ordres, il enfila son casque. Ses hommes se mirent en mouvement à la hâte, bousculant les chevaux et éveillant l'intérêt de Lettfeti. Étendu sur le sable fin, le Raana avait cessé de bouger, grande statue de pierre déposée là sur le dos.

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Re: La nuit sur l'austral

Messagepar Neith Képhis » 06 Déc 2009, 01:42

La dame Oryx haussât les épaules, après tout le général Hétep n’avait pas tord, embaumer pareille créature était inutile et un peu fou. Par contre Képhis doutât qu’elle puisse renaître plus loin. La mort était la mort et nul n’y échappait, pas même les Raanaï. Neith préféra ne pas soumettre son opinion aux demi-dieu, elle n’en avait pas le droit, mais elle voulu tout de même susurrer à l’oreille de son cheval son envie de dire la fond de sa pensée au général.
Zaharath s’était cependant éloigné, suivit du regard par le griffon aussi impressionnant qu’indépendant qui suivait parfois Hétep lorsque l’envie lui prenait. Elle avait rarement fréquenté la chimère mais le connaissait suffisamment se méfier de son humour de prédateur et l’oryx éprouva une pointe de fierté en constatant que son compagnon équidé ne s’était pas enfuie à toute allure comme n’importe qu’elle cheval, mais seulement écarté avec prudence.

L’étalon clair comme la glace des sommets lointains se détacher nettement sur le sable plus sombre, Neith l’observa gratter négligemment des vaguelettes au bord d’une dune. Il s’ennuyer... Après tout, un voyage ne leurs ferrait pas de mal à tout les deux et le maître d’écurie avait toujours voulue retourné à N’Qata, lieu de conception de Zaharath, cette excursion à l’Est était peut être le moyen de faire d’une pierre de coup.

La dame oryx se tourna de nouveau vers le général Hétep qui observait ses troupes remballant leurs effets.

« Je songe à me joindre à vous pour cette excursion, l’Est m’intrigue autant que n’importe quel Ohime et à prendre mes aises à la capitale je crains fort un jour de ne plus pouvoir me passer du confort citadin. » Ses oreille tressaillir et elle plissa les yeux, signe chez elle d’un légère amusement passant souvent inaperçu aux yeux de qui ne la connaissait pas. Si les textes louaient la beauté, le courage ou l’intelligence des hommes à têtes d’animaux, les scribes avaient par contre tendance à oublier de parler de l’extrême difficulté pour ces êtres de communiquer visuellement avec leur entourage, difficulté dont Senenmout était le plus à plaindre.

« Je m’en vais quérir auprès de notre Reyne bien aimée l’autorisation de participer à ce voyage et je ne manquerai pas de vous faire part de sa décision. Mes respects général Hétep. »

Sur ces paroles, l’oryx inclina sa tête sculptural, rejoignit son cheval et s’en fut au petit trot.

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Re: La nuit sur l'austral

Messagepar Hétep Ir Kaha » 15 Jan 2010, 16:27

Hétep ne répondit pas, il observait.
Les Meph Djynn se remettre à cheval.
Les éclaireurs se regrouper.
Neith et Zaharath s'éloigner.
Lettfeti s'ébrouer et s'envoler soudain.

La liberté venait de rappeler sa monture et Hétep se retrouvait à présent à pieds. Habitués à ce type de situation, un Meph Djynn lui prêta un cheval qu'un éclaireur avait emprunté pour l'occasion. Tous savaient que le chef des armées n'aimait pas chevaucher ces animaux trop farouches, mais pour l'heure, il n'avait pas tellement le choix. Il jeta un regard vers Antmosis, s'assurant ainsi que ses hommes le prenaient en charge comme cela avait été ordonné. Il n'y avait plus rien à faire ici. L'échine métallique ne livrerait pas son secret. En revanche, un nouveau danger se profilait. Hétep devait protéger les siens et cesser de perdre son temps en observations infructueuses.

« À N'qâta ! » fut le seul ordre qu'il donna.

Sur le sable clair renvoyant les rayons des lunes et des étoiles, le cortège d'hommes et de chevaux se mit en route. Grande tache sombre comme un essaim volant d'un lieu à un autre, quelques uns d'entre eux restèrent en retrait toutefois, plus lents et visant l'oasis, là où la rapidité légendaire des Meph Djynn les portait vers le nord-est.


*°*°*°*°*°*°*°*°*
Sujet terminé

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