« Je... ne savais pas trop ce que c'était vraiment, en fai- Heu, Sayah ne nous laisserait pas mourir ici, quand même ?! »
Mais comme c'était le tour de Vrass d'avancer, il laissa le botaniste et ses yeux grands comme des soucoupes derrière lui. Inutile de dire qu'après ça, Benedikt était plus précautionneux que jamais, et lorsqu'il parcouru le chemin qu'on lui avait indiqué de faire, c'était sur ses gardes qu'il le fit. Il stoppa devant l'entrée de la dernière salle qu'il devait traverser pour voir ce qui s'y trouvait.
Bon, c'était une bande de ragondindons. Pas de quoi s’inquiéter, à priori. Sauf que les Vulnaes n'étaient pas non plus sensé se jeter comme des teignes sur tout ceux qui passaient près d'eux. Donc, à priori, il y avait de quoi s’inquiéter parce qu'il y en avait sept et avaient des dents un peu trop grande pour être inoffensive.
Bordel, toutes ces bestioles étaient des animaux de compagnie ! Benedikt n'avait jamais eu peur d'un seul ragondindon de toute sa vie et voilà qu'il se retrouvait à se demander ce qu'il allait bien pouvoir faire pour ne pas se faire croquer !
Sérieusement, Sayah ?! D'ailleurs, quel intérêt de les balader au milieu d'un tunnel souterrain ? Il était sans doute très heureux que le botaniste ne se rende pas compte qu'une foule entière pouvait le voir, parce qu'il avait fort à parier qu'il se serait suicidé d'embarras en se laissant grignoter par le groupe de ragondindons enragés.
Benedikt s'arrêta à l'entrée de la salle et s'assit par terre histoire de réfléchir. Il n'y avait aucune chance qu'il arrive à tenir les sept à distance avec une longue branche pendant plus de trente secondes. Il allait falloir trouver autre chose. Comme passer au-dessus d'eux. Ça ne grimpait pas, un ragondindon. Ça ne volait pas non plus. Donc ça semblait être la meilleure solution. Encore fallait-il qu'il trouve le moyen de le faire. Il y avait quelques morceaux de roches saillants le long des murs en terre de la salle, mais était-ce que ça suffisait ? Le botaniste n'était pas un pro de l'escalade. En revanche, il avait un bon équilibre et un peu de force dans les bras. Ce n'était pas comme s'il avait une autre solution miraculeuse pour l'instant, de toutes manières.
Benedikt se glissa brusquement dans la salle et grimpa sur le mur le plus proche de lui en utilisant les aspérités de la roche qui ressortaient légèrement. Pas assez rapidement, apparemment, parce qu'entre temps, la troupe de rongeurs s'étaient ramené aussitôt en gloussant, et que l'un d'entre eux venait de réussir à sautiller assez haut pour planter ces incisives dans sa cheville. Benedikt couina de douleur et lui donna des coups de pieds comme il pouvait sans perdre son équilibre, jusqu'à ce que la bestiole retombe par terre, un peu sonné. Puis il entreprit de monter un peu plus haut, s'arrêtant sur un promontoire respectable, c'est-à-dire un endroit où la roche se décalait du mur de moins de dix centimètres – le minimum syndicale pour que Benedikt puisse tenir très inconfortablement sans tomber dans le vide en se plaquant contre le mur, le maximum qu'il pouvait trouver à l'instant -. Le botaniste grogna et baissa les yeux sur son pied ; il pouvait sentir sa chaussette devenir humide à cause du sang, mais ce n'était pas le moment de pleurnicher sur la douleur.
C'était spécialement lent et pas très efficace, mais le botaniste réussit de tout de même à traverser peu à peu la salle entière, creusant la terre là où il n'y avait rien pour l'aider et décidant de son chemin par rapport à la pierre visible, parce que c'était beaucoup plus solide sous ses pas et que c'était ça qui importait. La fine branche devenait à ces moments-là beaucoup pour pratique qu'elle ne l'était le reste du temps à transporter. En-dessous de lui, la bande de ragondindons le poursuivait, tous furieux de ne pas pouvoir l'atteindre. Ils se blessaient même les uns et les autres dans leur rage et Benedikt n'allait pas être déçu de voir ça, parce que s'ils avaient pu s’entre-tuer entre eux, ça aurait été aussi bien.
Il s'arrêta aussi près de la sortie qu'il pouvait, respira un bon coup, sauta pour atterrir par terre et se relever immédiatement afin de courir jusqu'à quitter cet endroit - enfin -. Benedikt avait eu au moins le mérite cette fois-là d'avoir été assez rapide pour que les rongeurs ne le rattrapent pas, et ne puissent plus le suivre lorsqu'il se retrouva dans un tunnel beaucoup petit, à peine assez grand pour permettre à une personne adulte de se tenir debout. Soupirant et jurant contre le commerçant bien connu à peau de serpent, le botaniste continua son chemin en boitillant.