par Benedikt » 07 Mar 2013, 03:18
Benedikt se sermonna une nouvelle fois sur son idiotie alors qu'il marchait. Il aurait dû se méfier quand Sayah lui avait demandé s'il aimait les jeux de société.
« Ta naïveté te perdra, Benedikt Bloom. » soupira-t-il pour lui-même, quand des instructions qui semblaient venir de nulle part résonnèrent à nouveau dans ses oreilles.
Le botaniste s'arrêta dans la troisième salle, comme indiqué, et regarda autour de lui. Jusqu'ici, il n'avait vu que des bestioles en vrac mortes ou assommées, preuve qu'il y en avait, dans ce tunnel de taupe géante. Il avait aussi vu quelques personnes, plus loin devant lui, et il y avait cette orphe féline qui était au même endroit que lui lorsqu'il avait ramassé la branche qu'il tenait à présent derrière lui à deux mains. Ça ne lui disait pas ce qui allait se p-
Benedikt sursauta lorsque qu'un coup de vent assorti d'un objet non identifié passa à trois centimètres de son oreille. Il se retourna immédiatement, et s'aperçut bien vite que ce n'était pas qu'on venait de lui lancer quelque chose, mais tout simplement un vulnae. Accompagné d'une petite troupe, même. Au moins, ce n'était pas des animaux dangereux, pensa-t-il, ils ne lui feraient aucun mal. Il n'avait qu'à attendre ic-
Apparemment, la compagnie à plume appréciait beaucoup de le déranger dans ses pensées. En fait, elle faisait un peu plus que ça. Elle s'était à présent jeté sur le botaniste toutes griffes et bec dehors, comme autant de petits monstres ailées, arrachant des protestations sonores de la part de ce dernier. Depuis quand les vulnaes se comportaient comme ça ?! Mais qu'est-ce que Sayah leur avait fait !
Benedikt battit rapidement en retraite et réussit éventuellement à se réfugier dans la salle où il était passé peu avant. Bizarrement, les horrible bestioles ne l'avaient pas suivi, ce qui lui faisait supposer qu'un enchantement les en empêchait, mais le botaniste avait besoin de pouvoir avancer. Il allait falloir, comme disait si bien la voix sifflante de l'orphe reptile, qu'il s'en débarrasse.
« Très-bien. Il faut savoir être ingénieux, dans la vie. » raconta pour lui-même Benedikt en baissant les yeux sur ce qu'il avait dans les mains. « D'accord, pour me défendre, j'ai... un bâton d'environ un mètre, aucune connaissance de méthodes de combat que ce soit avec des personnes ou des animaux, et... »
Le botaniste lâcha la branche et tira sur son pull. « ...Bientôt quelque chose d'utile, peut-être. » Il retira le vêtement à contrecœur – en t-shirt, cela ne faisait que laisser aux satanées piafs plus de facilité à enfoncer leurs becs et leurs griffes dans sa chair -, et noua toutes les extrémités à l'exception de celle du bas. Ce n'était pas très grand, puisque c'était à la taille du botaniste, mais c'était déjà ça, et ses ennemis ne l'étaient pas vraiment non plus. C'était un sac-à-vulnae.
Jetant un coup d’œil avant pour établir où ils se trouvaient, il revint dans la galerie en courant et se jeta sur un des oiseaux en train de chercher à manger sur le sol. Après une ou deux minutes de bagarre, il réussit à le fourrer dans son pull et referma le sac improvisé avec un jappement de victoire, ignorant les autres jusqu'à l'un d'eux s'emmêle dans ses cheveux et commence à se débattre joyeusement. Malheureusement, c'était exactement la chose à ne pas faire avec des boucles, et la bestiole se retrouvait de plus en plus privée de ses mouvements. Ce qui ne l'empêchait pas de lui faire mal, bien sûr.
« Maiiiiiss laaacchhee-mooii, sale bêêête ! »
Vacillant d'un pied sur l'autre alors qu'il essayait d'éviter les attaques des quatre autres, le botaniste finit inévitablement par se vautrer par terre dans un océan de poussière. Bon point, il venait d'assommer celui qu'il avait sur la tête. Mauvais point, il avait un vulnae inconscient sur la tête. Problème, impossible de démêler la boule de plumes de ses cheveux avec les autres qui semblaient avoir pris offense de la situation malheureuse de leur congénère et redoublaient d'ardeur. Le botaniste réussit tout de même à en attraper un nouveau en plein vol et à le fourrer dans son sac improvisé avant que le premier ne s'échappe.
Ça commençait à bien faire. Il en restait deux et le botaniste en avait eu marre dès le début de se faire griffer et mordre, comme on pouvait s'en douter. Il ramassa la branche par terre et laissa tomber son pull plein de croassements, bloquant la seule ouverture avec son pied, pour se concentrer sur un vulnae qui faisait un large cercle autour de lui pour lui foncer dessus. Une seconde plus tard, l'oiseau rencontra avec violence la dureté du bois qui fendait l'air et parti en vrille pour finir sa course quelques mètres plus loin. Benedikt s'arrêta et jeta un regard inquiet dans sa direction – est-ce qu'il l'avait tué ?! -, mais le dernier encore capable de s'énerver contre lui s'écrasa contre sa joue, y laissant plusieurs profondes coupures faite par ses griffes. Heureusement plutôt réactif, le botaniste ignora les griffures sur ses mains et l'attrapa par la queue, ce qui l'arrêta brusquement. Il s'accroupit aussitôt et l'enfouit dans le tissus en compagnie des autres.
Il n'y en avait pas d'autres ? C'était fini ? Benedikt se laissa tomber sur les fesses et souffla un bon coup, puis se releva en traînant son pull rempli d'oiseaux poilus. Il trottina jusqu'à celui qui gisait encore sur le sol et se pencha sur lui. Il semblait dans les vapes et pas très bien, mais il n'était pas mort, c'était déjà ça, aussi le botaniste le ramassa et le mit avec les autres en se confondant en excuses. Maintenant, il avait le temps de démêler celui qu'il avait dans les cheveux. Ce fut fait en grommelant, et Benedikt le rajouta rapidement à son butin avant de laisser ce dernier par terre, bloqué par une pierre.
« Vraiment désolé. » murmura-t-il une dernière fois à l'intention des bestioles avant de repartir d'un pas mal assuré, frottant son cuir chevelu endolori et grimaçant devant les griffures qui recouvraient ses mains, ses bras, son visage et tout ce qui avait été porté des vulnaes.