ATTENTION
Les messages suivants s'adressent à un public averti (scènes de violence, érotisme). Âmes sensibles, s'abstenir.
Les messages suivants s'adressent à un public averti (scènes de violence, érotisme). Âmes sensibles, s'abstenir.
Source = The Scientist by Felipmars (http://felipmars.deviantart.com/gallery/).
Brumaire, un temps de chien. Du brouillard partout, autour du Dôme et le soleil à peine perceptible qui tente de traverser cette purée de pois. Là-haut, bien au chaud dans les quartiers luxueux de l'Atlas IV, l'un des ingénieurs observe la météo d'un air dubitatif, touillant mollement son café. Le matin ? Non... Une pause parmi tant d'autres, dans cette vie monotone où il n'a manifestement rien d'autre à faire. À une table voisine, les collègues jouent au poker et misent des capsules de bière. Ils se marrent, parce qu'ils ne se voient pas dans une glace... sinon, les pauvres, vous pensez bien qu'ils se feraient pitié ! Pourtant devant l'écran, il y a un homme. Un petit jeune, stagiaire probablement, bizuté sans-doute, de corvée de café qu'il fait si bien et qu'il touille, disions-nous, d'un air dubitatif. Ces collègues lui ont dit que la brume n'allait pas durer, mais depuis le temps qu'ils jouent leurs capsules, ont-ils seulement remarqué qu'elle ne s'était toujours pas levée ?
« Il doit faire froid, en bas...
_ On s'en fout, on est en haut. Rétorqua l'un des employés qui tentait de tricher en lorgnant en biais sur les cartes de son voisin.
_ Oui mais en bas ?
_ On s'en fout il te dit. Ils font comment ceux des Ghettos ? Bon ! Alors ils vont pas crever, ceux des quartiers d'en bas ! »
Mais peu convaincu, le jeune stagiaire se contenta d'un bref silence. Il avala une dernière gorgée de café et appuya sur une série de touches, sous l'indifférence générale.
Dehors, le Dôme scintilla et s'illumina soudain, douce lueur orangée, artificielle et suffisante pour éclairer un peu mieux la Basse-Ville. Au passage, quelques degrés de plus furent distillés dans les rues et les âmes errantes levèrent un regard mi-reconnaissant, mi-accusateur. Savoir que c'était le travail de bien lotis de décider de leur sort, ça les agaçait...
Ça n'agaçait pas le professeur Leirn, Cortesian et scientifique... Bon, d'accord... Ancien professeur et scientifique. Un licenciement ? Non. Ça lui avait pendu au nez un moment, à cause des manipulations douteuses qu'il pratiquait sans relâche, sans aucun sens de l'éthique ou de la morale. Il avait commencé sur des Terriens, si facile à manipuler mentalement qu'ils accouraient presque dans ses caissons en prétendant en avoir eu l'idée géniale eux-même. Il avait ensuite tenté l'exploitation Monteris mais s'était heurté à de curieux revirements... leurs esprits si intelligents – tout du moins chez les hommes – ne restaient pas réceptifs à ses suggestions bien longtemps. Alors il y eut d'autres cobayes... Oui... Des femmes Monteris ! Tellement stupides qu'il était d'une facilité déconcertante d'en faire ce que l'on voulait. Elles ne manquaient à personnes, ces cruches ! Une aubaine et un véritable réservoir. Leirn se servait joyeusement et en faisait littéralement ce qu'il voulait... jusqu'à ce que l'affaire soit découverte. Ses pairs entrèrent dans une colère que vous n'imaginez pas. C'était, au mieux la cour martiale, au pire la peine de mort... et lors de son procès, Leirn eut toute les peines du monde à convaincre toute l'assemblée de son innocence et du bien fondé de ses recherches. Manipuler une salle d'audience dans son intégralité, fut-elle en huis-clos, demandait une énergie plus que déraisonnable, et avouons-le, Leirn n'en ressortit pas indemne...
Aujourd'hui, Brumaire, Dôme « allumé » et Leirn œuvrant en toute clandestinité dans les bas-fonds de la Basse-Ville. Il avait pris sa retraite et s'en tirait avec de vagues rumeurs à son sujet. Il avait emporté un peu de matériel et s'était assagit quelque temps, disaient les journaux. À dire vrai, il s'était surtout refait une santé. Il avait besoin d'être en possession de ses capacités de manipulation complètes pour mettre en route son plan machiavélique. Vous voyez ces scientifiques fous comme on les représente dans les Comics ? Et bien Leirn pourrait être l'un d'entre eux, le regard dingue et la coiffure improbable en moins... En quelques années, il fit venir Alrik seul sait comment une quantité non négligeable de matériel sous des prétextes divers. Du matériel anodin de prime abord, détourné de son usage premier dès le seuil de la vieille bâtisse franchit. Leirn avait réaménagé sa cave. Sa cave, que dis-je...? Un véritable laboratoire clandestin à l'ambiance presque plus lugubre que les pires châteaux hantés de vos cauchemars... Là, coincés entre les colonnades, de gigantesques tubes translucides exposaient d'étonnantes créatures, résultats de manipulations génétiques sur des femmes Monteris... On y reconnaissait les gênes Ventosapodes de ci de là et au fond, l'odeur pestilentielle des excréments vous interpellait vers les cages. Soigneusement rangées (mais loin d'être soigneusement entretenues), elles enfermaient des animaux, ou des hommes parfois... Des Morphes, trophées des Braconniers avec qui Leirn entretenait une relation privilégiée...
Oui, c'était lui l'instigateur du projet 398JH... Dommage que personne n'en ait rien su ! Il s'était retiré des expériences assez tôt, sentant le vent tourner, reniflant la bonne idée. Lui, Leirn, voyait plus grand, plus ambitieux, plus abjecte ! La brume dehors ? Il ne la voyait pas, trop occupé à faire ses relevés au fond de son labo de scientifique fou !
Il se tourna vers l'armoire de refroidissement et posa un regard cruel sur les flacons qui y étaient exposés. Comme trois trophées inestimables, ils étaient étiquetés chacun d'un nom : Cthulhu, Tezcat, Échidna. Dans chacun, rien d'autre que du vide. Rien. Niet. Sauf peut-être là, au fond. Comme un dépôt éthéré et à moitié engourdit par le froid, lueurs aux couleurs improbables...
« Comment allez-vous, mes chéris ? »
Non, il n'a pas parlé. Il n'a fait que penser, comme tout Cortesian qui se respecte... Les Pelel'je, prisonniers dans leurs flacons, l'ont-ils entendu ?
« Il doit faire froid, en bas...
_ On s'en fout, on est en haut. Rétorqua l'un des employés qui tentait de tricher en lorgnant en biais sur les cartes de son voisin.
_ Oui mais en bas ?
_ On s'en fout il te dit. Ils font comment ceux des Ghettos ? Bon ! Alors ils vont pas crever, ceux des quartiers d'en bas ! »
Mais peu convaincu, le jeune stagiaire se contenta d'un bref silence. Il avala une dernière gorgée de café et appuya sur une série de touches, sous l'indifférence générale.
Dehors, le Dôme scintilla et s'illumina soudain, douce lueur orangée, artificielle et suffisante pour éclairer un peu mieux la Basse-Ville. Au passage, quelques degrés de plus furent distillés dans les rues et les âmes errantes levèrent un regard mi-reconnaissant, mi-accusateur. Savoir que c'était le travail de bien lotis de décider de leur sort, ça les agaçait...
Ça n'agaçait pas le professeur Leirn, Cortesian et scientifique... Bon, d'accord... Ancien professeur et scientifique. Un licenciement ? Non. Ça lui avait pendu au nez un moment, à cause des manipulations douteuses qu'il pratiquait sans relâche, sans aucun sens de l'éthique ou de la morale. Il avait commencé sur des Terriens, si facile à manipuler mentalement qu'ils accouraient presque dans ses caissons en prétendant en avoir eu l'idée géniale eux-même. Il avait ensuite tenté l'exploitation Monteris mais s'était heurté à de curieux revirements... leurs esprits si intelligents – tout du moins chez les hommes – ne restaient pas réceptifs à ses suggestions bien longtemps. Alors il y eut d'autres cobayes... Oui... Des femmes Monteris ! Tellement stupides qu'il était d'une facilité déconcertante d'en faire ce que l'on voulait. Elles ne manquaient à personnes, ces cruches ! Une aubaine et un véritable réservoir. Leirn se servait joyeusement et en faisait littéralement ce qu'il voulait... jusqu'à ce que l'affaire soit découverte. Ses pairs entrèrent dans une colère que vous n'imaginez pas. C'était, au mieux la cour martiale, au pire la peine de mort... et lors de son procès, Leirn eut toute les peines du monde à convaincre toute l'assemblée de son innocence et du bien fondé de ses recherches. Manipuler une salle d'audience dans son intégralité, fut-elle en huis-clos, demandait une énergie plus que déraisonnable, et avouons-le, Leirn n'en ressortit pas indemne...
Aujourd'hui, Brumaire, Dôme « allumé » et Leirn œuvrant en toute clandestinité dans les bas-fonds de la Basse-Ville. Il avait pris sa retraite et s'en tirait avec de vagues rumeurs à son sujet. Il avait emporté un peu de matériel et s'était assagit quelque temps, disaient les journaux. À dire vrai, il s'était surtout refait une santé. Il avait besoin d'être en possession de ses capacités de manipulation complètes pour mettre en route son plan machiavélique. Vous voyez ces scientifiques fous comme on les représente dans les Comics ? Et bien Leirn pourrait être l'un d'entre eux, le regard dingue et la coiffure improbable en moins... En quelques années, il fit venir Alrik seul sait comment une quantité non négligeable de matériel sous des prétextes divers. Du matériel anodin de prime abord, détourné de son usage premier dès le seuil de la vieille bâtisse franchit. Leirn avait réaménagé sa cave. Sa cave, que dis-je...? Un véritable laboratoire clandestin à l'ambiance presque plus lugubre que les pires châteaux hantés de vos cauchemars... Là, coincés entre les colonnades, de gigantesques tubes translucides exposaient d'étonnantes créatures, résultats de manipulations génétiques sur des femmes Monteris... On y reconnaissait les gênes Ventosapodes de ci de là et au fond, l'odeur pestilentielle des excréments vous interpellait vers les cages. Soigneusement rangées (mais loin d'être soigneusement entretenues), elles enfermaient des animaux, ou des hommes parfois... Des Morphes, trophées des Braconniers avec qui Leirn entretenait une relation privilégiée...
Oui, c'était lui l'instigateur du projet 398JH... Dommage que personne n'en ait rien su ! Il s'était retiré des expériences assez tôt, sentant le vent tourner, reniflant la bonne idée. Lui, Leirn, voyait plus grand, plus ambitieux, plus abjecte ! La brume dehors ? Il ne la voyait pas, trop occupé à faire ses relevés au fond de son labo de scientifique fou !
Il se tourna vers l'armoire de refroidissement et posa un regard cruel sur les flacons qui y étaient exposés. Comme trois trophées inestimables, ils étaient étiquetés chacun d'un nom : Cthulhu, Tezcat, Échidna. Dans chacun, rien d'autre que du vide. Rien. Niet. Sauf peut-être là, au fond. Comme un dépôt éthéré et à moitié engourdit par le froid, lueurs aux couleurs improbables...
« Comment allez-vous, mes chéris ? »
Non, il n'a pas parlé. Il n'a fait que penser, comme tout Cortesian qui se respecte... Les Pelel'je, prisonniers dans leurs flacons, l'ont-ils entendu ?