Benedikt bailla et se releva pour s'étirer. Il ne lui fallait pas plus que la promesse de manger gras pour le mettre de bonne humeur au réveil.
« Hmmm, si ! Et une pizza après, ça me va aussi ! »
Le botaniste décida que malgré leurs mauvais choix clairement impressionnants – les terriens avaient quand même réussi à détruire leur propre planète, ce n'était pas rien -, il y avait certaines inventions, notamment au niveau de la nourriture et en terme de gels douche, qui méritaient une franche félicitation. Certes, une pizza n'était pas un hamburger, mais il fallait savoir varier les plaisirs.
Il remit ses chaussures et enfila un pull avant de sortir sur le pas de la porte de la boutique de tatouage, où le soleil étirait de longues ombres un peu partout. Benedikt se fit soudain la réflexion qu'il ne faisait pas si froid que ça pour cette période de l'année alors qu'ils passaient du côté de la Basse-ville ; mais après tout, on était sous le Dôme. Probablement qu'il ne neigerait que pour les fêtes de Noël parce que c'était prévu ainsi et que cela ne risquerait pas de déranger le trafic habituel pendant le reste du mois. Et puis il fallait dire que Ephtéria se trouvait bien plus au nord que l'état Atlante. Le botaniste avait eu l'habitude de devoir casser la fine plaque de glace qui s'était formée à la surface de l'eau du puits de l'orphelinat dès le milieu du mois de novembre.
Il mirent peu de temps à arriver à destination malgré le fait que Benedikt marchait délibérément doucement pour laisser marcher tranquillement Vrass. Quelque part, il se disait que le tatoueur ne se forcerait pas s'il pensait que leur lenteur était simplement dû au petit botaniste ; chose plutôt peu crédible quand on l'avait vu une ou deux fois détaler - quand on ne sait pas se battre, il faut au moins savoir s'enfuir -, mais Benedikt pouvait toujours faire semblant de rien.
L'herboristerie était toujours aussi luxuriante, voir peut-être plus. Le botaniste était presque sûr qu'il n'y avait pas autant de lianes en train d'envahir le plafond, la dernière fois qu'ils y étaient venus. Un grand sourire apparut sur le visage de Benedikt alors qu'il respirait les odeurs qui lui manquait tellement dans les rues goudronnées de la Basse-ville, et qui s'élargit d'autant plus lorsqu'il vit la picaris derrière le comptoir.
« Bonjour Belladona ! Tu vas bien ? »
Il fit glisser le catalogue de la boutique devant lui pour le feuilleter distraitement, prenant à peine le temps de lire ce qui y était écrit.
« J'aimerais bien avoir un flacon de Larmiqueuse, un pot de baume falendula, de l'Esuna, c'est vendu par 5, non ? Et aussi... de la menthise liquide, tiens. Si tu as tout ça, bien sûr. Vrass, tu as quelque chose à prendre ? » Il se retourna vers lui.