L'ombre des chênes

Bruyantes ou silencieuses, sombres ou clairsemées, enchevêtrées de ronces ou paradis... les forêts de Nideyle ne manquent pas d'attrait. Attention, les prédateurs n'y sont pas rares !

L'ombre des chênes

Messagepar Kjeld Ares » 13 Sep 2009, 22:26

ATTENTION
Les messages suivants s'adressent à un public averti (scènes de violence, érotisme). Âmes sensibles, s'abstenir.


Kjeld avait tressaillit en sentant le courant d'air glacial s'engouffrer dans la petite cabane. Une ruine, pour dire la vérité, et son regard était allé vagabonder d'un coin à l'autre de l'unique pièce afin d'en détailler chaque recoin. De grandes toiles d'araignées en dévoraient les plafonds, les attaches du lustre menaçaient de céder, dévorées par la rouille, les rares carreaux étaient fissurés et les lattes du plancher se soulevaient par endroit, gondolées par l'humidité. À vrai dire, ça avait été un miracle de parvenir à allumer un feu dans cette cheminée sur le point de s'écrouler... Seul trônait encore, vissé au mur, le vif d'un cerf rongé par les termites et Kjeld avait serré sa couverture contre de lui à la vue de l'objet macabre. Quelques secondes plus tard, la porte s'était ouverte de nouveau et les chevaux entraient, poussés par la Winghox, pour son plus grand soulagement. On sous estimait souvent la chaleur que pouvaient dégager ces animaux. Il avait sourit, le visage enfoui sous la laine. Zlata n'était pas de celle qui s'offusquait à l'idée même de faire pénétrer une bête dans une maison, quand bien-même il s'agissait de chevaux, encombrants et odorants, c'était le moins que l'on pouvait admettre.

Et puis la porte refermée, il y avait eu un silence un peu gêné. Zlata était retournée à sa place et Kjeld avait finit par revenir à ses questions incessantes, en parfait curieux. Il n'était pas tellement inquisiteur ni agressif mais témoignait d'un intérêt enfantin un peu usant. Puis, lorsque les réponses de Zlata avaient tardé à se faire entendre et qu'elles avaient été plus brèves et moins cohérentes, le jeune homme avait finit par comprendre qu'elle s'endormait et s'était résigné à la laisser en paix. Il avait généreusement réalimenté le feu et avait ensuite étalé les couvertures au sol, comme un domestique docile qui faisait les lits pour ses maîtres. Puis il s'était allongé sur l'une d'entre elles, les mains croisées derrière sa nuque. Son torse nu avait séché et la chaleur fournie par le foyer et les chevaux avait suffit à faire cesser ses tremblements. Seules ses jambes, qu'il avait repliées et qu'il s'évertuait à rapprocher de l'âtre, étaient restées humides et froides. Mais il avait renoncé à retirer ce vêtement, jugeant que Zlata n'apprécieraient pas forcément la vue... Ce qui se passa ensuite, il serait bien incapable de vous en parler, car le sommeil s'était abattu sur lui soudain, jusqu'à ce qu'il finisse par s'endormir.

Il n'avait fait aucun rêve cette fois, et c'est reposé qu'il s'était réveillé, le foyer éteint, la pièce froide. La nuit venait de tomber, la pluie, de cesser. Et à cours de questions à poser, tous deux avaient décidé de repartir. Mauvais cavalier, Kjeld avait bien évidemment ralentit leur progression, se plaignant tantôt d'avoir mal aux fesses, tantôt d'avoir le dos en bouillie... et lorsque Zlata avait voulu galoper dans un moment d'excitation passagère, le jeune homme fit l'exploit de tenir trois foulées avant d'aller goûter aux racines des chiendents...


*°*°*°*°*°*°*°*°*


« Tu verras Kjeld, on s'habitue au goût de la mort... »

Il se voyait et il n'était pas lui. Il se sentait remuer et il ne bougeait pas. Il se sentait haïr alors qu'il avait peur. Devant lui, comme un autre lui-même, un jumeau dément, l'autre secouait Alastar en l'agrippant à la gorge, le regard fou. « Arrête ! » pensait Kjeld de toutes ses forces, mais l'autre ne l'écoutait pas et ne s'acharnait que d'avantage, extirpant des yeux du vieil ivrogne une lueur terrifiée. « Arrête ! » répétait Kjeld. « Arrête ! Arrête ! », et il n'arrêtait pas. La nuit tombait. L'autre se sentait fatigué et lui... aussi. L'autre voulait dormir et Kjeld s'endormait. Lorsqu'il rouvrait les yeux, il gisait au fond de la carriole, le corps douloureux, dans une mare de sang. Lorsqu'il se redressa, Alastar fixait le ciel de son regard vitreux. Lorsqu'il voulu lui porter secours, ses larmes roulèrent sur ses joues, creusant deux sillons curieux dans le sang qui y avait séché. Le vieux était mort, et lui était incapable de se souvenir de quoi que ce soit, et lui tentait de se persuader que les coups portés à sa tête avait effacé un morceau de sa vie. Ça n'aurait pas été la première fois...

Et puis le galop des chevaux se fit entendre et Kjeld se retourna, inquièt. Deux soldats accouraient dans sa direction, l'air furieux. Il voulu s'écarter, mais il était trop tard et les deux hommes l'avaient saisit, chacun par un bras, sans ralentir leur allure. Il vit le sol défiler sous ses pieds et se rendit compte qu'il ne portait plus les mêmes vêtements et qu'il ne saignait plus. Il avait... grandit ? Les soldats l'avaient relâché et il tomba lourdement face contre terre. Il lui sembla que les chevaux le piétinaient tant la douleur était atroce. Il rouvrit les yeux et tenta de se redresser et de nouveau, il le vit, le sentit, le désapprouva.

L'autre tenait une arbalète dont un trait parti en sifflant et alla se planter dans la gorge de l'un des soldats. « Arrête ! » réitérait Kjeld en suppliant. Il vit l'homme tomber et se faire traîner sur plusieurs mètres par sa monture. Il se sentit courir malgré lui et grimper sur le dos de l'animal et il vit, là-bas, une jeune femme. Blonde... des cornes... Des cornes ? Il vit le second soldat tomber suite au cabrer paniqué de son cheval et il se sentit ballotté, malmené, secoué drôlement, jusqu'à réaliser que lui aussi, chevauchait. Et il vit, devant lui, Zlata qui le regardait l'air vaguement affolé. « Arrête ! » ordonnait Kjeld. Mais l'autre n'arrêtait pas. « Arrête ! »


*°*°*°*°*°*°*°*°*


« ZLATA !!! » hurla le jeune homme en se réveillant tout à coup.

Les yeux écarquillés et son cœur battant à tout rompre, il jeta un regard perdu sur ce qui l'entourait : des arbres. Où était-il ? Allongé pour une halte, son cheval sombre aux reflets des cerises estivales mâchonnant quelques feuilles à ses côtés. Il se redressa sur un coude, se souvenant tout à coup de la jeune femme qui partageait sa route et la chercha brièvement des yeux, l'esprit confus. Il secoua la tête, cherchant à y remettre un semblant d'ordre, puis s'assit. Des arbres ? Oui. Ils avaient atteint la forêt des Ombres et cherchaient un bac pour traverser le Lapis avec leurs chevaux. Le vent s'était apaisé, parce que la forêt lui faisait barrage, mais la brume persistait, froide et poisseuse. Un sale temps, véritablement.

Où était Zlata ?

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Messagepar Zlata Bolt » 26 Sep 2009, 14:31

Le carreau atteignit sa cible dans une gerbe de plumes. De hautes bottes s’approchèrent bruyamment de l’oiseau en se dépêtrant difficilement des ronces agressive où leur propriétaire avez attendue avec patience l’arrivé d’un gibier potentiel. Des gouttelettes d’eau volaient en tout sens, projetées par les grand pas de Zlata qui n’avait plus besoin d’être discrète, mais aucun rayon de lumière ne venait s’y accrocher. De soleil il n’y avait pas. De grande écharpes de brume s’étendait entre les tronc noircit par l’eau, accrochant leurs étoles vaporeuses aux buissons épineux et aux branches mortes recouvertes de moisissures, barrant l’horizon d’un mur blanc impénétrable. Seul les piliers des arbres émergeaient de cet univers cottoneux et détrempé comme une aquarelle.

Zlata s’approcha de sa prise et retira le carreau du corps inerte de la perdrix étendue à ses pieds, une prise assez petite qui lui offrirait tout de même deux bon repas. La Winghox se redressa, et repartie dans la forêt à la recherche du coin à champignon qu’elle avait repéré à l’allée. La blonde fit également provision de baie et de noisettes tardives avant de rejoindre le sentier menant à l’unique route de la forêt. De là elle rejoindrait Kjeld sans problème.

Au début la guerrière avait hésité à laisser le jeune homme endormi seul avec les chevaux au bord du chemin. Et puis son ventre avait demandé grâce et elle avait finie par partir chasser. Après tout, Kjeld savait très bien se débrouiller quand il le fallait, non ? Et puis les routes n’étaient plus très fréquentées à cette période de l’année, il ne risquait pas grand-chose.

Un crie retentie, puis plus rien. Zlata s’ébranla aussitôt. Elle zigzagua entre les arbres, esquiva les branches surgissant dans son champs de vision, bondit au dessus des souches. Des branches lui fouettaient le visage. Des oiseaux effrayés s’envolaient sur son passage. Ce crie, s’était Kjeld qui l’avait poussé. Arbalète au poins, carreau enclenché, Zlata était prête à en découdre.

Renonçant à jouer de discrétion -vue l’inquiétant silence de la forêt, on aurait entendue une abeille butiner- elle surgit soudain sur la route principale dans l’espoir de surprendre ses adversaires. Rien. La route était déserte à part Kjeld assis par terre et les deux chevaux. La Winghox déchargea son arme et la raccrocha à sa hanche. Elle s’assit par terre sans mot dire et jeta entre le jeune homme et elle le linge contenant sa récolte.

« Qu’est ce qui t’as prit de hurler comme ça ? » bougonna t’elle.

Bon sang ! Elle avait avalé au moins une mouche en courant !

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Incirrina » 29 Sep 2009, 12:50

Le brouillard avait rampé jusque dans les profondeurs les plus reculées de la forêt. Moins dense toutefois, il permettait d'y voir raisonnablement devant soi ce qui, il fallait bien l'admettre, n'importait que peu à la créature dont il était question ici... En réalité, elle se félicitait de cette brume qui lui permettait de se déplacer sur de longues distances sans crainte de finir desséchée comme ces coquillages craquelés que la mer avait rejetés trop loin. Ses pieds effleuraient doucement l'herbe tendre. Peu habituée à cette station debout, elle se tenait courbée, jambes fléchies et arborait l'air concentré d'une femme cherchant à conserver un semblant d'équilibre. Ses mains tendues devant elle lui assurait de la rattraper en cas de chute. Elle s'arrêtait souvent pour reprendre son souffle, et s'asseyait sans bruit, épiant les sons qui se présentaient à elle. De rares oiseaux chantaient tristement, le bois craquait parfois et la cime des arbres grinçait en se balançant avec paresse. Des bruits qui lui étaient inconnus et qui l'inquiétaient, donnant à sa peau une teinte pâle. Que cherchait-elle, si loin de son milieu naturel ?

Elle sursauta soudain en entendant un cri affolé et bigrement communicatif. Là-bas, un mâle semblait en danger. Incirrina se releva, paniquée, et recula en titubant, angoissée à l'idée de ne pas être capable de regagner sa retraite à temps. L'appel s'était répercuté en écho, bondissant d'un arbre à un autre avec froideur, et bientôt il y eut d'autres bruits. Des branches agitées, des feuilles malmenées, des buissons traversés. La terre elle même se mit à vibrer étrangement, par saccades. Des pas, sans doute. Des pas précipités. La jeune créature resta immobile un instant, épiant encore son environnement. Tout était redevenu calme et Incirrina se risqua à ramper plus loin.

Elle ne tarda pas à arriver sur les lieux, mais se garda bien de se montrer, inquiète. Dissimulée derrière le feuillage d'un Sureau, elle préférait observer un moment et s'assurer ainsi qu'il ne lui arriverait rien. Ses yeux étranges restèrent fixés sur les deux jeunes gens qu'elle distinguait difficilement à travers le brouillard. L'un devait être un mâle, si elle se fiait au cri qu'elle avait poussé. Le second, elle l'ignorait. De sa place, elle cru apercevoir une paire de cornes et ne s'en étonna pas tellement. Elle avait déjà vu des « cornus » sur des bateaux, mais ça avait été bien plus loin d'ici. Elle ne sut pas interpréter la voix rauque de Zlata et jugea qu'il devait s'agir d'un deuxième homme. Ce n'était pas pour l'arranger, mais courageuse, elle se risqua tout de même à se glisser hors de son buisson. L'autre avait juste prononcé les mots « mauvais rêve », ce qui avait déclenché un grognement inquiétant de la part de son compagnon. Et Incirrina s'était figée, lui semblant reconnaître les soupirs de Drakmonniss. Accroupie et prête à s'enfuir, elle les observa encore un moment, hésitante.

L'homme à la longue chevelure de suie l'avait vue et la regardait à présent avec un étonnement flagrant, presque plus affolée qu'elle ne l'était elle.

« Slata... » souffla Incirrina suffisamment fort pour être entendue.

Elle pensa qu'il s'agissait d'une manière de s'interpeller, entre hommes du dessus, et imitait l'appel avec une pointe d'angoisse...

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Amroth » 02 Oct 2009, 18:52

<< Précédemment pour Amroth et Quilbeeg Vulpia : La chanson des vents.
*°*°*°*°*°*°*°*°*


http://nsa09.casimages.com/img/2009/10/02/091002064924216453.png Source = dragon by ~akizhao (http://akizhao.deviantart.com/art/dragon-56081784).

Son vol silencieux l'avait conduit sans effort juste au dessus de la forêt des Ombres. Il cherchait, par l'esprit, sa fille et l'erreur de la nature qui l'accompagnait. L'une lui faisant honneur, l'autre horreur. Il l'aurait tué, l'enfant interdit, s'il n'avait pas été affublé de cette entité fort amusante. Elle était malsaine, son hôte trop doux, et le contraste était plaisant à observer... Oh, il avait tout le temps de distribuer les obstacles, chaque chose en son temps. Pour le moment, il avait un fardeau de taille. Ses paupières clignèrent subrepticement. Là ! L'appel affolé du pleutre, l'instinct belliqueux de son enfant, le souffle méfiant de l'Orphe. Sans intérêt.

Il suivit lentement le cours du Lapis, terrain d'atterrissage approprié compte tenu de son envergure démentielle, et se laissa choir sur la berge avec une telle violence que le sol en vibra jusqu'aux landes septentrionales ! Cette fois, pas de râle discret mais un mugissement profond, menace évidente, sans autre objectif que d'instiller la terreur. Les oiseaux s'envolèrent, les biches suitées bondirent, la panique se répandit et ébranla le sous bois jusque dans les ramages des arbres qui frémirent d'effroi. Il lui faudrait marcher pour atteindre son but. Oh, il aurait pu opter pour une forme moins imposante, mais ça lui plaisait ainsi. Et sous l'impact de ses épaules s'avançant dans la forêt, les troncs craquèrent, gémissant de douleur. Quelques uns cédèrent et furent écarté avec tant de force que les racines en furent soulevées, envoyant des mottes de terres alentours comme l'éclaboussure de la boue lorsque l'on saute dans une flaque. La petite Incirrina s'était éclipsée, réfugiée dans un buisson en frêle et ridicule protection contre l'aberration qui se présentait, faisant sursauter le monde à chacun de ses pas.

À quelques mètres du couple insolite, Amroth s'était arrêté et les toisait de toute sa hauteur, menaçant. Il vit Kjeld serrer ses doigts dans l'herbe et en arracher les brins par touffes entières, totalement affolé. Il y avait de quoi, et il se délecta de la crainte qu'il suscitait chez lui. Il souffla bruyamment et déplia une nouvelle fois son cou monstrueux hérissé d'écailles et d'arêtes osseuses. Sa gueule s'entrouvrit, laissant échapper un souffle rauque qui n'était pas sans rappeler les manifestations d'humeur de Zlata et, sous leurs yeux médusés, le corps de Quilbeeg alla s'échouer dans l'humus, dans un cliquetis de chaînes emprisonnant chevilles et poignets. Mal ? Non. L'Infinitude avait pris soin d'user de ses pouvoir pour guérir les blessures physiques du jeune homme. Frais comme un gardon, bien qu'on ne puisse pas en dire autant de son cœur après ce qu'il venait de lui faire subir. Un miracle qu'il n'ait pas succombé d'une syncope en vol ! Quelle surprise, non ? Ces deux-là ne s'attendaient pas à le revoir de si tôt... et pourtant, il faudrait s'y habituer.

« Pense à ton père, pense à sa mort, pense à ses terres inondées de son sang, de ce sang répandu par la main d’une fille !* L'une d'elle cherche la parricide, elle est en marche et foule les sables, vipère sans tête et sans raison, le combat sera magnifique. » récita la voix caverneuse, lente et pondérée à vous en donner le vertige.

L'encolure reporta sur l'avant-main et les épaules se soulevèrent doucement. Seuls les pupilles restèrent encore fixées au sol lorsqu'il prit son envol puissant, brisant la cime d'un grand pin de ses ailes. Un moment, il y eut un silence pesant où les animaux n'osèrent plus vivre. Puis les feuilles bruissèrent, l'eau chantonna, les oiseaux piaillèrent de nouveau. Seuls restaient encore muets Zlata, Kjeld, Quilbeeg et Incirrina, dissimulée sous son buisson, le cœur battant à tout rompre...



*°*°*°*°*°*°*°*°*
« Non, parricide vil et impur, répliqua la voix ; pense à ton père, pense à sa mort ! pense à cette salle de festins inondée de son sang, de ce sang répandu par la main d’un fils ! » (Walter Scott).

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Zlata Bolt » 08 Oct 2009, 18:14

En apercevant la créature chétive sortir des buissons, le premier réflexe de Zlata fut de pointer son arbalète déchargée vers elle, puis, seulement après , elle songea qu’il serait bond d’y enclencher un carreau. Ce qu’elle fit en pestant à voix basse contre tout ce qui lui passait par la tête : les cauchemars, les buissons, les monstres parlant qui s’y cache, les mouches, les fleurs…

La Winghox hésitait encore sur la façon de recevoir cet étrange apparition –elle n’avait pas l’air très agressive, mais bon sang, qu’est ce qu’elle pouvait être inquiétante quand elle avait prononcé son nom !- quand un grondement monta de la terre. Un cataclysme ! Toute la forêt tremblait, mugissait, un roulement de tonnerre l’emplissait et se propager en vibrations dans chaque troncs, chaque branches. Zlata crut la fin du monde arrivée. Ironiquement, elle se mit à prier Amroth sans savoir que l’infinitude était derrière tout ça. Elle fut projeté au sol et se reçut durement sur les genoux. Le tremblement s’apaisa un instant pour reprendre de plus belle. Quelque chose se rapprochait à toute vitesse, pulvérisant les arbres qui tombaient en gémissant, des myriades d’oiseaux volaient dans le ciel en pépiant à la recherche d’un abris, le monde entier semblait battre aux rythmes de…foulées ?

Zlata cria quelque chose à Kjeld mais il ne sembla pas l’entendre, les hurlements de la forêt couvraient tout ! La Winghox chercha à se relever pour garder à semblant d’efficacité et chue misérablement dans les feuilles mortes détrempées.

Le silence revint soudainement. Succédant au bruit avec une étonnante promptitude. Etait elle devenue sourde ? Non, la terre ainsi ne tremblait plus. Un grondement s’éleva, une vague d’air chaux chargée de souffre prit Zlata à la gorge. La blonde releva la tête. Il se tenait devant elle, immense, monstrueux, divin. Futile esprit revanchard, Zlata pointa son arbalète sur le titan d’écaille avec l’impression angoissante d’être une fourmi. Toujours à plat ventre, immobile, totalement déconnecté de la réalité, elle vit le dragon déglutir un cadavre juste devant son nez. Quilbeeg, Zlata ne réalisa même pas l’importance de l’information.

Et puis alors qu’il semblait évident que quelque chose de plus effroyable ne pouvait se produise, la bête lui parla de son père.

Le dragon, prit son élan et s’élança dans les airs sans autre formes de cérémonies, laissant un Quilbeeg inconscient, une Incirrina paniquées, un Kjeld effarées, et une Zlata dans les choux.

Et puis s’était quoi cette histoire de vipère sans tête ?

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Quilbeeg vulpia » 17 Oct 2009, 19:29

Un dragon…

Il venait d’être sauvé par un dragon…

Il avait failli s’évanouir lorsqu’il l’avait pris dans sa bouche. Il avait sentit son corps tremblé lorsque le dragon c’était apparemment envolé. Il avait bientôt sentit le vent sur sa jambe qui pendait à l’extérieur de la bouche du dragon et il avait réussi à la rentrer parce qu’il commençait à ne plus la sentir à cause du froid. Il c’était ensuite mis en chien de fusil, fermant les yeux dans cet endroit chaud et légèrement humide. Il s’y sentait bizarrement bien, même de mieux en mieux. La douleur le quittait petit à petit, comme si il guérissait… comme si le dragon le guérissait ? Après tout ces créatures étaient tellement légendaires que Quilbeeg ne doutait pas que celui-ci possédait de puissants pouvoirs magiques. Même si il s’était calmé, le jeune homme n’en était pas moins terrorisé car il était à la merci de cette créature…

Après un temps qui parut interminable, Quilbeeg se sentit secoué. Que se passait-il ? Le jeune homme se crispa jusqu’à que le dragon s’immobilise et le pose au sol. C’était donc finis, mais cela ne rassurais pas le… miraculé, car la créature était toujours la. Elle dit quelque chose qu’il ne compris pas, peut être à cause de la stupeur, mais quand le dragon repartit, il reprit peu à peu ses esprit, remarquant les arbres brisés, la silhouette noir dans le ciel… et les trois personnages qui l’entouraient… et qui semblaient aussi désemparer que lui…

« Que… Est-ce… Vous savez ce qui viens de ce passer ? »

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Kjeld Ares » 18 Oct 2009, 15:13

Si le sol de Païlandune avait cessé de trembler, on ne pouvait pas en dire autant de Kjeld ! Ses mains, ses bras, ses épaules même : tout son corps était encore secoué de frissons après le choc qu'il venait de subir. Pour un réveil brutal, c'était un réveil brutal. Tout à coup, son rêve ne lui paraissait plus aussi effrayant. Quelques minutes avant seulement, il s'en voulait pour des futilités – comme le fait d'avoir appelé Zlata dans son sommeil malgré lui – et s'angoissait pour des créatures finalement pas si affolantes que cela. Ah oui... mais au fait, où était-elle passée ? Combien de temps s'écoula avant que le jeune homme soit en mesure de raisonner à peu prés convenablement ? Beaucoup trop. Il épiait, du coin de l'œil, les réactions de la Winghox comme un support à lui-même. Comment, par Amroth, était-elle capable d'un tel calme ? Précisément, sans-doute, parce que la créature monstrueuse qui s'était présentée à eux était plus une Divinité à ses yeux qu'une menace terrifiante...

Les paroles de l'individu jeté à terre le tirèrent de ses réflexions. Cette voix, il la connaissait... Et c'est un regard sidéré qu'il jeta à Quilbeeg, reconnaissant sa chevelure blonde et son allure souple. Le mouvement qu'il fit pour se relever laissait penser qu'il n'était plus blessé, ce qui n'était pas normal, de l'avis de Kjeld. Et lorsqu'il ouvrit la bouche pour parler, aucun son ne sortit. Il ne savait pas trop s'il avait perdu sa voix ou s'il était mort et pensait être vivant... ou bien si le fait de n'avoir rien à dire y était pour quelque chose.

« Zlata..? Sommes-nous morts ? Sommes-nous en Enfer, avec Quilbeeg en guise de pénitence ? » Questionna-t-il à voix basse.

Il n'attendait pas réellement de réponse, mais s'entendre parler le rassurait sur son propre état de santé...

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Zlata Bolt » 28 Oct 2009, 18:15

S’il y a bien une chose à laquelle Zlata ne se serait pas attendus, c’est que le dieu, il ne pouvait s’agir que de cela, leur rapporta Quilbeeg. La calme de la jeune femme était en fait du à un abasourdissement sans commune mesure suivit d’une fatigue soudaine et brutale. La Winghox porta un regard interrogateur à Kjeld, le voilà qui divaguait !

-Nous ne sommes pas mort bien que Quilbeeg soit probablement la châtiment du dieu-dragon, répondit elle sur le même ton.

Elle jeta un coup d’œil au jeune blond. Dans le même intervalle elle constata que les chevaux n’avaient pas bougé d’un pouce et continuait à brouter, et, avec un étonnement décidément croissant, que l’Astalan semblait totalement remis de ses blessures. Deux éléments illogiques et embarrassants pour son esprit embrumé qu’elle préféra attribuer à la magie du dieu sans savoir qu’elle visait juste.

Cherchant désespérément à garder contenance en occupant son esprit avec des actions simples, Zlata se leva, posa son sac à terre près d’un buisson et récupéra la perdrix qui avait roulé un peu plus, miraculeusement épargner par les mouvements chaotiques du titan écailleux. La borgne se rassit sur une souche et commença à plumer l’oiseau avec des gestes qui lui semblait désagréablement maladroit. Elle regarda fixement Quilbeeg et Kjeld :

-Le dieu-dragon ne reviendra pas, ce serait stupide de sa part, grogna t’elle. J’ai faim et j’espère que vous aussi. Si vous ne voulez pas rester les bras ballant aller chercher du bois et faite un feu. Au moins on arrêtera de trembler de froid.

Sur ces mots d’une spiritualité et d’une délicatesse extrême, la Winghox retourna à sa volaille en bougonnant. Ce qui l’agaçait vraiment dans cette histoire c’était non seulement d’avoir perdu tout contrôle sur les événements, mais qu’en plus elle ait comme l’étrange impression d’avoir oublier quelque chose.

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Kjeld Ares » 30 Oct 2009, 14:15

Kjeld s'abreuva une seconde des paroles de Zlata, comme s'il s'agissait d'un élixir capable de remettre son cœur à sa place. Ah, il avait souhaité vivre une aventure excitante, et bien il était servit !

« J'aurai préféré être mort... » Marmonna-t-il sans y penser.

Il s'en voulu presque aussitôt pour cette marque de mépris. Après tout, Quilbeeg n'était pas méchant. Oui, mais il était dangereux, et d'ici qu'il ne se mette à provoquer le premier soldat qu'ils croiseraient, il n'y avait qu'un pas. Le jeune homme se rassit dans une position un poil plus digne. Bof, paraissait-il qu'il avait agressé un soldat lui-même, il y avait peu de temps... Étaient-ils si différents ? Quilbeeg agissait consciemment, au moins, et par lui-même qui plus est. Kjeld se passa une main sur la nuque, épongeant tant bien que mal la sueur qui y coulait. La brume était toujours présente et, la panique passée, exerçait de nouveau sa morsure cruelle. Cherchant à se donner contenance, le jeune homme observa Zlata, la seule à remuer et la seule susceptible de le distraire suffisamment pour le faire redescendre sur Nideyle.

« Le Dieu Dragon ? Vous pensez qu'il s'agissait d'Amroth...? Je veux dire... vous l'aviez déjà vu avant ? » Questionna-t-il bêtement.

Mais lorsqu'il vit les plumes voler en tous sens, il fut pris d'un malaise et se détourna comme chaque fois que la jeune Winghox s'occupait de dépecer un être vivant. Il préférait les fruits secs, mais les fruits étaient rares en cette saison et leur départ précipité dans l'intention – finalement vaine – de se débarrasser de Quilbeeg l'avait empêché d'en faire provision...

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Incirrina » 30 Oct 2009, 14:30

Incirrina s'était tant aplatie au sol, dans cette position typique des proies qui cherchent à se faire oublier, qu'à peu de choses près on aurait pu la croire à moitié enterrée... ou juste aplatie comme si Amroth lui avait malencontreusement marché dessus... Un chewing-gum collé derrière son buisson. Pour unique preuve de vie, son cœur battait la chamade au point de lui en donner le vertige. Elle resta un moment ainsi, totalement paniquée, épiant le moindre bruit suspect malgré le tapage causé par sa respiration haletante et les pulsations, dans ses tempes. Les autres s'étaient remis à parler. Les deux femmes devant, qui semblaient amies, et une autre voix plus à droite. Alors, rassemblant tout son courage, la jeune Ventosapode se risqua à lever doucement la tête. Ses yeux balayèrent rapidement les lieux. Le terrifiant Dragon avait disparu, mais à la place, il y avait un autre individu. Il avait des poils jaunes sur la tête et portaient des bijoux très curieux qui ressemblaient à ses maillons métalliques que les Naos accrochaient à leurs ancres. Incirrina se demanda même comment il faisait pour marcher avec ces bracelets curieux, parce qu'ils étaient reliés l'un à l'autre et semblaient bigrement serrés.

Elle laissa passer quelques minutes, observant les deux jeunes filles se désintéresser du petit blondinet, puis rampa hors de son buisson avec d'infinies précautions. De l'herbe était encore collée sur sa joue droite. Immobile, elle écouta, bien décidée à comprendre ce qui se disait. Sans apprentissage de ce langage, elle ne pourrait pas réclamer ce qu'elle était venue chercher. Elle avait bien appris quelques mots en bondissant comme un dauphin près des navires Astalans, mais incapable d'observer correctement depuis les flots, elle n'avait pas pu en interpréter la signification. Aujourd'hui, elle le devrait.

Louvoyant entre les buissons, elle fit le tour par la gauche afin de se rapprocher de ceux qu'elle considérait comme deux femmes, lorsqu'elle se retrouva nez à nez avec un sac de toile. Elle l'observa un moment, indécise, puis se décida à le ramasser. Sans quitter sa position accroupie, elle avança encore, jusqu'à se mettre à découvert.

« Slata ? » Tenta-t-elle pour la seconde fois.

Et elle tendit le sac avec maladresse, prête à détaler à la moindre alerte. Sa peau arborait une teinte de craie, parfaitement blanche, où ressortaient curieusement son regard : elle était terrifiée. Peut-être qu'ils se montreraient plus conciliants si elle faisait preuve de gentillesse ?

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Shanti » 05 Déc 2009, 17:40

La dernière fois que la lune s'était levée entière, elle avait réveillé les Rêves de Shanti. La fatigue avait assailli l'enfant oeil du monde qui s'était écroulée au sol et s'était endormie aussitôt. Des images étaient apparues, elles allaient et venaient si vite que Shanti ne réussissait pas à en retenir un dixième. La ville où l'humains avaient voulu la pêcher, la mer au levé du soleil, des arbres comme ceux des Anciens, la mer, des falaises, des buffles de deux couleurs en train de paitre, un humain, un pelelj'e, le fleuve qu'elle avait remonté la veille, des rochers entouré de nuages, un golf rempli de rochers, une ville abandonnée où les plantes repoussaient dans des maisons en ruines, des rochers, du sable, un soleil brûlant sur une mer desséchée, un faucon qui survol le sable...

Les paupières de Shanti s'ouvrirent d'un coup. En sueur, la morphe respirait bruyamment et jetait des regards effrayés tout autour d'elle. Qu'elle vision d'horreur ! La mer desséchée, l'eau, pas d'eau, que du sable et du vide! D'un revers de la main, elle essuya son front d'où perlait un liquide précieux écartant dans le même mouvement une mèche de cheveux qui lui barrait la vue. Cette image l'intriguait dans le même temps qu'elle la dégoutait, faisant des efforts pour se calmer elle sentit une légère pression à la racine de ses cheveux. Shanti baissa la tête machinalement vers son petit. Il avait agrippé une grosse mèche de cheveux et tirait dessus pour que sa mère le regarde. Cette dernière put lire de l'incompréhension et de la peur dans ces petites mirettes. Elle serra Ean contre elle en souriant tendrement pour le rassurer. Trop inquiété pour se rendormir, la morphe s'était mise en route dans la lumière naissante de l'aube en direction du fleuve Valper.

Deux jours de marche plus tard, le ciel était devenu noir, une masse immense cacha le soleil pendant quelque seconde avant que le tonner divin ne déchire l'air puis la végétation environnante. Les pleurs d'un bébé terrorisé se font discrètement entendre depuis les ombres de ce qu'il reste de la forêt. Si il y avait bien une chose qui peut secoué un bébé morphe marin à pleurer malgré ce qu'on lui a enseigné c'est bien le rugissement phénoménal d'une infinitude ! Shanti se tient entre deux arbres millénaires couchés au sol un peu plus tôt par l'infinitude. Agenouillée, son harpon brandit à deux mains en direction des cimes prête à se défendre de ce monstre qui a obscurci le ciel, elle ne savait que faire trop affolée comme tout le reste.

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Zlata Bolt » 06 Déc 2009, 01:40

Zlata adressa un regard lourd de sens à Kjeld, au moins étaient ils tout deux d’accord sur le sujet de Quilbeeg. Alors qu’elle s’apprêtait à lui répondre qu’elle n’avait jamais dit que le dragon était Amroth pour la bonne et simple raison qu’elle ne pouvait pas le savoir, mais que tous les dragons étaient des dieux en eux même, elle vit le jeune homme se détourner brusquement sans demander son reste. La Winghox grogna, elle avait oublié que son compagnon de route supportait mal la vue d’animaux morts, étrange pour quelqu’un qui s’amusait à tuer des soldats… enfin pas plus étrange qu’un dragon tombé du ciel pour lui déclamer des vers sur son paternel…Décidément, celui là la poursuivrait jusqu’à la tombe. Le dragon avait parlé, si les maigres souvenirs qui lui revenaient été bons, d’une fille marchant dans le sable et devenus folle. Pas de quoi tondre un bélier en somme pour reprendre une expression des guerriers à cornes.

Perdue de nouveau dans ses pensée ouateuse, Zlata ne remarqua que tardivement l’apparition du monstre blanc. Une créature blafarde, décharnée, et à l’aspect visqueux comme une grenouille s’approcha mi rampant, mi marchant de ses pieds. L’être difforme s’était emparé de son sac qu’elle agitait sous son nez avec un air moqueur en baragouinant des ineptie qui ne pouvais être qu’injure à sa race. Cette vision d’horreur s’ajoutant au très mauvais départ de la journée, Zlata poussa une exclamation d’agacement. Pas de peur, il était flagrant que la créature chétive devant elle ne devait même pas savoir jeter une pierre, mais de rage pur et simple. Toutes les bizarrerie de la nature avait elle décidé de se réunir aujourd’hui, dans cette foret, pour semer la zizanie ? Un criminel recherché, un métisse aux personnalités multiples, une Winghox émancipée, un dragon poète et une femme poisson ! Il y avait de quoi devenir chèvre et Zlata en avait déjà les cornes. Elle se leva brusquement, arracha le sac des mains d’Incirrina et s’éloigna de quelque pas en maugréant.

« Mais c’est pas vrai ça ! »

Qu’est ce qui allait encore bien pouvoir arriver encore ?!

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Incirrina » 13 Jan 2010, 18:07

Effrayée, Incirrina poussa un cri strident et se recroquevilla sur elle-même. Le geste qu'avait fait Zlata pour lui reprendre le sac lui abîma la peau fragile des palmes, entre ses doigts, lui arrachant un petit couinement qui mit fin au cri précédent. La tête dans ses mains, la jeune Ophe ne bougeait plus du tout, épiant les sons qui lui parvenaient et priant que rien ne lui arrive. Au bout d'un moment qui lui sembla interminable, elle se risqua à relever doucement la tête. L'être doté de cornes n'était pas un homme. De plus près, Incirrina pouvait sentir les phéromones, à défaut de pouvoir mieux observer, à cause des vêtements. Son compagnon aux cheveux longs, en revanche, était bien un homme. Curieusement, il semblait plus pacifique que sa moitié, ce qui était assez incohérent pour Incirrina, habituée aux brutes mâles des navires Astalans. De sa place, elle ne vit pas distinctement Quilbeeg toujours enchaîné et décida d'abandonner toute tentative pour entrer en contact avec ce groupe décidément peu rassurant.

Sans faire de bruit, elle recula alors. À ses narines parvinrent l'odeur de la mer, et ça ne venait pas d'elle. Qui ?

Comme un chien remontant une piste, la jeune femme aux attributs de poulpes se fia à ces effluves pour la – ou le – trouver. Elle n'eut pas à chercher longtemps, car déjà, ce fut l'odeur de la crainte qui la guida. La trace était facile à remonter, fort heureusement, car le brouillard empêchait en réalité d'y voir à plus d'une dizaine de mètres... À quelques pas du campement improvisé, elle s'arrêta. Là, dissimulée entre les racines de deux grands chênes malmenés, une femme se tenait sur ses gardes. Incirrina fut en mesure de déterminer le genre de cet individu là immédiatement, grâce notamment à l'absence de vêtement sur son corps. Cramponnée à un harpon, elle semblait plus terrifiée qu'hostile, ce qui rassura en partie Incirrina. Entre ses bras et serrant dans ses tout petits poings une mèche de cheveux de sa mère comme si sa vie en dépendait, un enfant pleurait.

Timide, arborant une teinte à peine moins blafarde, Incirrina s'approcha. Pourquoi ? Elle aurait été incapable de le dire. Sans-doute que les pleurs l'attirait, instinctivement.


>> La suite pour Incirrina et Shanti : Entre soeurs

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Quilbeeg vulpia » 14 Jan 2010, 00:47

Quilbeeg avait du mal à comprendre tout ce qui se passait autours de lui. Cela était peut être dû à son... voyage. Les deux compagnons semblait le considérer uniquement comme un poids. Le jeune homme les comprenait, mais il se disait qu'il lui faudrait tout de même faire attention à ces futures actions et paroles, pour ne pas les conforter dans ce point de vue, voir essayer de leur faire accepter qu'il ne soit pas qu'un crétin. Il se doutait bien que cela serait sans doute difficile, voir impossible, avec la jeune femme cornue, car son caractère ne semblait pas être très... sociable. Contrairement à son compagnon qui, malgré un point de vue au sujet du jeune homme blond qui semblait proche de celui de l'étrangère, semblait bien plus sociable, plus... naïf? Ce termes ne convenait peut-être pas mais Quilbeeg ne trouvait pas d'autre termes si ce n'est celui de gentil. Mais il n'avait rencontré que rarement des personnes qui avaient cette qualité et préfèrerait donc ne pas avancer cela?

Quilbeeg remarqua que la jeune femme commença à dépecer du gibier. Y aurait-il droit? Quand cette pensée lui traversa l'esprit, il se rendit compte qu'il avait assez fin en fait. Le jeune homme qui accompagnait l'étrangère ne semblait pas supporter la vue du sang.

Le jeune blondinet fût tiré de ses pensées par l'accès de colère de l'étrangère. Quand Quilbeeg aperçu l'origine de cette ire, il porta sa main à sa ceinture, comme pour prendre son épée.

"Merde..."


Son épée était effectivement absente. Jiloh l'avait encore, ce qui embêtait grandement l'ex-soldat. Après une rapide inspection, il se rendit compte qu'il n'avait plus aucun équipement. Il se souvint de la créature qu'il avait aperçu peu de temps auparavant.

"Quel était cette... créature?"

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Kjeld Ares » 19 Jan 2010, 14:00

Kjeld tressaillit lorsqu'il aperçu la créature juste derrière eux. Aussi pâle qu'un cadavre habité par une âme aux yeux orangés. Et il avait beau en avoir entendu de plus farfelues dans sa vie de vagabond friand de légendes en tous genres, cette vision quasi fantomatique lui fit froid dans le dos. Zlata ne s'en formalisa toutefois pas plus que cela, mais il fallait bien admettre qu'après l'apparition d'un dragon toisant au moins le palais de Livian lui-même, on ne s'étonnait presque plus de rien. Presque, parce que Kjeld, lui, s'étonnait encore. La première émotion à peine dissipée, voilà qu'une seconde le clouait au sol spongieux de cette maudite forêt. Maudite, c'était bien le terme si l'on écoutait les contes des voyageurs de passage ou – plus simplement – si l'on se contentait d'observer ce qui se déroulait ici... Quand, la créature blafarde aux cheveux plus proches des algues avait-elle pris la peine de faire le tour, au juste ?

Pourtant habitué à passer ses nuits dehors, le jeune homme s'en voulait de ne pas l'avoir entendue se rapprocher. Avec une pointe d'amertume, il pensa que ces rares nuits passées dans les auberges étaient venue à bout de ses réflexes. C'était ainsi, quand on prétendait vivre dans un minimum de confort. Un confort qui n'était pas fait pour lui et auquel il regrettait avoir goûté. En d'autres circonstances en effet, il devinait qu'une telle approche aurait pu se révéler bien moins pacifique. Les brigands de grands chemins appréciaient d'ailleurs fortement ce type de surprise. Alors certes, l'être frêle aux allures de proie terrifiée n'avait rien d'hostile, mais ça aurait pu ! Et Kjeld s'en voulu, en parfait égoïste qui pense que tout n'arrive que par sa faute. Il se promit, intérieurement, de se montrer plus prudent, se mordant la lèvre en constatant les « dégâts ».

Car même si la créature n'avait rien pour inquiéter les deux jeunes gens, elle s'était emparée du sac de Zlata. Et même si Kjeld doutait que sa compagne de route ait pu transporter quoi que ce soit de valeur, il l'avait vu sortir des baumes et autres ustensiles de soins bien pratiques lorsqu'elle avait dû soigner Quilbeeg.

En parlant de Quilbeeg, il se tenait toujours à quelques pas de distance, immobile dans la brume. Et comme la vue du gibier se faisant dépecer vivant n'enchantait pas tellement notre « hybride proscrit », il décida qu'il se sentirait plus à l'aise en faisant quelque chose de plus utile que regarder bêtement ailleurs. Aussi se leva-t-il, chancelant encore sous le coup de l'émotion. Le brouillard dissipé par les grandes ailes du « dieu dragon » – comme l'avait appelé Zlata – se répandait à nouveau autour d'eux, les enveloppant peu à peu de son humidité froide et hostile.

« Et bien, il faut croire que le destin veut que vous partagiez notre route. » fit-il un peu naïvement en arrivant près du jeune homme.

Il examina les fers que Quilbeeg portait aux poignets et aux chevilles, l'air dubitatif. Il n'irait pas bien loin avec pareilles entraves et mieux valait l'en débarrasser. La question était : « Comment ? ». À coup de francisque ? Peut-être, mais Kjeld viserait-il suffisamment juste sans risquer de trancher une main avant d'avoir pu atteindre la chaîne à sectionner ? L'esprit encore confus après ce qui venait de se passer – et qui ne semblait plus inquiéter Zlata – le jeune garçon se mit à réfléchir sur un moyen de venir en aide à Quilbeeg... n'en déplaise à celle qui martyrisait ce pauvre perdrix, là-bas derrière...

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Zlata Bolt » 24 Jan 2010, 01:18

La brume revenait, insidieuse et implacable, comme les mauvaises pensées. De celle qui vous réveille la nuit, en sursaut, après un éprouvant voyage au seuil des songes. Malgré son air buté et son obstination relevant plus de la fierté que de la réelle stupidité, Zlata n’en était pas moi douée d’intelligence. Ce qui venait de se passer au cours des derniers événements donner matière à ruminer. Et pour cela elle devait s’occuper les mains. Ainsi, la créature livide évanouie dans la forêt et une fois son sac mis en sûreté – près d’elle et en compagnie de son arbalète chargée - Zlata s’activa. Elle acheva de plumer la perdrix en laissa à Kjeld la dure tâche de libérer Quilbeeg, ramassa un peu de bois et s’acharna sur ses pierre à feu pour essayer de faire survivre une étincelle au milieu des brindilles humides. A force d’obstination une minuscule flammèche finit par naître et croître en un feu presque acceptable.

Pendant le temps qu’elle octroya à la préparation du camp elle prit le temps de décortiquer l’apparition de l’orphe-poulpe et de classer l’information dans les inexplicables et les hallucinations collectives. Son sac était là, chargé de sa boite mystérieuse, et c’était le plus important. Pour le reste, personne ne pouvait y trouver un sens et ce n’était certainement pas Zlata qui s’y risquerait. Elle, elle se contenterait de tirer sur tout ce qui s’approcherait de trop près à l’avenir, un bon programme en somme.

Elle jeta un œil aux deux garçons. Quilbeeg n’était pas très en forme, et Kjeld avait l’air dépité devant les fers du blond, et ses yeux allaient de ceux- ci à sa francisque. Zlata haussât les épaules, ils leurs auraient fallu une lime ou une râpe, mais elle n’en avait pas. L’idéal aurait été de trouver un maréchal ferrant, une ferme ou un élevage suffisamment complaisant avec les voyageurs –ou opposé au Roy- pour accepter de leurs venir en aide. Mais en plein milieu d’une forêt, cela risquait d’être compliqué. Elle en fit tout de même part à Kjeld avant qu’il ne découpe Quilbeeg à coup de hache.

Elle s’éloigna de quelque pas, armée d’une arbalète, et de la perdrix nudiste bien que celle-ci ne s’avérerait pas vraiment utile en cas d’attaque, et entreprit de dépecer l’animal. Elle revint, déposa le cœur sur les braises en offrande à Amroth, ce qui faillit faire mourir le feu, et murmura une courte prière, après l’arrivé du dragon, elle pouvait au moins se fendre de ça. La Winghox rajouta du bois et entreprit de cuir l’oiseau piqué sur une branche. La guerrière se demanda une dernière fois ce qu’il serait bon de faire, partir à la recherche d’une ferme dès leurs repas engloutie, abandonner Quilbeeg ficelé à un arbre comme un saucisson ou rester dans cette clairière jusqu’au lendemain ? La dernière hypothèse ne lui plaisait guère, ce bois sentait trop le sapin pour être sain.

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Quilbeeg vulpia » 30 Jan 2010, 16:59

Quilbeeg avait entendu l’étrangère exprimer l’idée de trouver quelqu’un qui puisse le délivrer de ses chaînes. C’était effectivement une bonne idée que de mourir sous les coups de haches du jeune homme. Jiloh ne lui avait malheureusement pas attaché que les mains, il ne pouvait donc pas se déplacer sans problème, ni même se battre un peu si besoins était. Le jeune homme blond observa l’étrangère pendant qu’elle priait, et il se demanda si c’était au dieu dragon qu’elle rendait cette prière, mais il ne préférait pas poser la question. Lorsqu’elle embrocha la perdrix, Quilbeeg sentit la faim le tirailler… et il se rendit compte que l’oiseau ferait peut être un repas un peu trop léger pour trois… mais il ne fit pas de commentaire, l’étrangère semblant relativement peu ouverte a la discussion. Le jeune homme s’approcha du feu et s’assit car la brume revenant, le temps était plus frais, et puis il sortait de la bouche d’un dragon où la température est assez élevée.

« Partagez vous l’avis de vôtre compagnon sur le fait que je doive partager vôtre route ? »

Le jeune homme avait quand même tenté le coup de la discussion, car il sentait bien que ce serait elle qu’il faudrait convaincre pour continuer la route avec eux, et il savait bien que si le dieu dragon l’avait déposé auprès d’eux, ce n’était pas pour partir de son côté. Même si l’étrangère vénérait ce dieu, ce n’était pas forcément gagné.

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Kjeld Ares » 30 Jan 2010, 19:31

J'adore définitivement Zlata et la façon que tu as de te mettre à son niveau quand tu joue avec elle. Elle a une façon de penser qui me fait beaucoup rire !


Kjeld se retourna, vaguement inquiet. Il avait entendu un mouvement et la récente promesse qu'il s'était faite le mettait sur ses gardes. Il ne constata rien d'anormal cependant et fut soulagé de constater qu'il ne s'agissait que de Zlata. Sans-doute avait-elle pressentit qu'à trop réfléchir à une manière de libérer Quilbeeg, Kjeld n'était pas prêt de lui ramener la moindre brindille avant des heures, car elle était allée se ravitailler seule. « On n'est jamais mieux servit que par soi-même », disait l'adage. Et le jeune homme s'en voulu de s'être montré une nouvelle fois inutile. D'autant qu'il n'avait finalement pas la moindre idée de comment libérer le jeune blondinet... ce qui le rendait doublement inefficace ! Tout à son observation, il en profita pour jeter un coup d'œil rapide alentours et ainsi vérifier que tout danger était définitivement écarté. La chose pâle et visqueuse semblait avoir disparu pour de bon. Ne restait plus que Zlata, lui-même et Quilbeeg, dont il ne savait pas trop quoi faire...

Et puis comme si la jeune Winghox avait lu ses pensées (ou plus sûrement suivit son regard), elle fit un commentaire assez abrupte sur un moyen plus efficace qu'un coup de francisque hasardeux pour libérer Quilbeeg. Kjeld hocha la tête. Elle avait raison, et ça l'ennuyait. Non pas qu'il soit embarrassé par le fait qu'elle ait pu avoir plus de jugeote que lui, mais il savait que trouver un maréchal-ferrant ou n'importe qui d'autre susceptible de posséder de tels outils signifiait faire un détour. S'attarder. Perdre du temps. Pour quoi ? Pour un jeune homme qui attirait sur lui plus de malchance que même le plus malchanceux des hommes n'accumulerait dans toute une vie. D'après Kjeld, Zlata n'apprécierait décidément pas le « dérangement ». Le jeune repensa, mi-amusé, mi-inquiet, à la jeune enfant qui avait partagé leur route malgré eux. Une gamine insupportable, capable de déclencher chez sa compagne de route des grognements assez éloquents. Et même si Quilbeeg n'avait rien d'un enfant turbulent et malpoli... et bien... il n'en était pas si loin d'après le jeune homme... Et voilà qu'à trop réfléchir à on ne savait quoi d'inutile, Kjeld se fit devancer par le sujet de ses interrogations. Quilbeeg, sans autre sommation, était partit s'asseoir près de Zlata, s'invitant de fait au repas.

Il se passa ensuite une chose assez curieuse...

Kjeld fit la moue. Une moue boudeuse. Lorsqu'il rejoignit les deux autres près du feu qu'il avait été incapable d'aider à allumer, ses mains tremblaient légèrement. Il mit cela sur le compte de sa très récente frayeur, ce qui n'était par ailleurs pas totalement faux. Il fallait dire qu'à moins d'être complètement sourd et aveugle, un tel événement avait de quoi vous retourner pour un moment. Pourtant, ce n'était pas ce qui le contrariait... Car oui. Il était contrarié. Lorsqu'il s'assit à son tour, il jeta un regard amer vers Quilbeeg qui venait de l'ignorer superbement. « Si je dérange, il faut pas se gêner pour le dire, hein » pensa-t-il si fort qu'il fut étonné qu'aucun propos ne s'échappe de sa bouche. Dommage, d'ailleurs. Ça lui aurait sans-doute fait du bien, même s'il ne savait pas trop bien en quoi... Un coup d'œil vers Zlata le renseigna sur son humeur : pas très disposée, comme à son habitude. Ça n'avait rien de très étonnant. Ce qui étonna Kjeld en revanche, ce furent ses pensées à ce moment là. Fugaces, mais vives, comme la douleur fugitive d'une coupure qui vous relance ensuite. Secrètement, il espéra que la Winghox enverrait Quilbeeg aller se faire voir, avec son amabilité naturelle. Pourquoi ? Il n'en avait aucune idée ! Tout ce qu'il savait, c'est que ça lui aurait plu !

Cherchant à calmer des idées qui semblaient émaner d'un autre – ce qu'il ne fallait pas entendre, je vous jure – il approcha ses mains du feu timide. Il regrettait celui de la bicoque, qui avait dégagé de si grandes flammes. À vrai dire, il regrettait même cette journée entière et, réalisant pourquoi, il se recula et fit mine de chercher quelque chose d'utile à faire de ses mains. Aller chercher du bois ? C'était fait. Chasser ? C'était fait. Assommer Quilbeeg ? Euh...

« Je vais remplir les outres, le fleuve n'est pas très loin. »

Aussitôt dit, aussitôt debout. Kjeld s'empara de toutes les outres en leur possession et se dirigea à pas lents vers la mélodie du fleuve, prenant grand soin de piétiner allégrement le sol sous ses pas. C'est que, avec ce brouillard, il lui fallait une piste facile à suivre pour le retour, sans quoi il serait perdu en moins de temps qu'il ne fallait à Quilbeeg pour se mettre en travers de sa route.

Non, vous ne rêvez pas. Kjeld a bel et bien pensé « sa » route...!

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Zlata Bolt » 22 Fév 2010, 02:11

« Non. »

Au moins la réponse avait le mérite d’être claire à défaut d’accueillante. Zlata espérait en tout cas qu’elle n’aurait pas à développer, d’ailleurs elle n’avait aucune envie de conter fleurette à ce qu’elle considérait comme un gamin. La Winghox avait à peine posé son œil bleu sur Quilbeeg avant de répondre et elle jugeait déjà suffisamment poli d’avoir daigné lui accorder un mot, un seul, au lieu de fixer d’un air morne son feu anémique. Elle avait froid, elle avait faim, elle n’aimait pas cet endroit et en plus on lui avait parlé de son père. Bref, tous les éléments clefs étaient réunit pour l’énerver. Alors que Quilbeeg soit venue lui parler, cela relevé presque du suicide !

Vite, elle devait s’activer avant de commettre un meurtre. Ce n’est pas que cette perspective lui paraissait invraisemblable, loin de là puisqu’elle avait déjà été payée pour le faire, mais bon, Kjeld trouverait forcement matière à râler et puis en plus c’était bientôt l’heure de déjeuner et elle ne voulait pas se salir les mains.

Zlata tira sa pipe de son sac, la bourra de tabac et l’alluma au foyer avant de se lever vivement. Elle avisa les deux cheveux à l’attache un peu plus loin, la guerrière ne leurs avait accordé aucune attention lors de l’arrivé du dragon mais maintenant qu’elle y pensait, il ne lui s’emblait pas avoir entendu de hennissements paniqués lors du tumulte général. Peut être un pouvoir du monstre…En tout ils avaient l’air on ne peut plus calme.

La borgne s’approcha du bai pommelé qui lui avait servie de monture la nuit précédente et entreprit de le bouchonner vigoureusement avec un bout de chiffon. Brusquement tirée de sa somnolence par le pansage improvisé, l’étalon fit connaître son mécontentement en tentant de mordre la Winghox. Prompte comme un lézard, Zlata lui colla une tape entre les naseaux avant qu’il ne comprenne ce qui se passait :

« Hevonen oikea! » le gronda t’elle.

Frustrée, le cheval rumina sa rancœur en mâchonnant une feuille. Forte d’un grand sens pratique, Zlata avait choisit de nommé sa monture Hevonen, ce qui en patois Winghox se traduit généralement par cheval.

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Kjeld Ares » 02 Mar 2010, 09:55

Les pensées de Kjeld ne sont pas les miennes, j'ai rien contre toi Quilbeeg, c'est Kjeld qui t'aime pô

*°*°*°*°*°*°*°*°*

Kjeld se pencha prudemment au dessus du fleuve. Il avait trouvé une petite plage abritée des courants et y remplissait ses outres, l'esprit encore tout embrouillé par ce qu'il venait de vivre. Il ne remarqua même pas qu'il s'était accroupit dans l'une des empreintes gigantesques d'Amroth. Tout ce qu'il nota, c'est que la rive était abîmée, mais la nature surgissait de terre de façon bien souvent curieuse et anarchique. Il profita de l'occasion pour se passer de l'eau sur la nuque et se débarbouiller le visage, aspirant l'air à pleins poumons après ce contact glacial et revigorant. La brume s'épaississait, l'enveloppant d'un voile opaque inquiétant. Ce n'était peut-être pas une bonne idée de laisser Zlata seule avec Quilbeeg... Il secoua la tête, un sourire accroché aux lèvres. Après tout, il n'avait pas à s'inquiéter. En tout cas pas pour Zlata... Enfin, Kjeld se leva et entreprit de suivre ses propres traces, en sens inverse. Facile, il avait veillé à ce qu'elles soient bien visibles. De sa distance, il n'entendit pas la réponse que la Winghox fit à Quilbeeg. Pourtant, elle lui aurait plu !

À quelques pas du « campement », le jeune homme sentit une odeur familière flotter dans l'air, et de nouveau, les souvenirs de cette journée passée dans la cabane lui revinrent en mémoire. Il frissonna avant d'accélérer le pas, se sentant subitement furieux à l'idée que Zlata ait pu sortir sa pipe et se mettre à raconter sa vie au premier venu. Il n'aurait jamais dû s'absenter... et il accéléra encore l'allure en apercevant les lueurs timides des flammes crever le brouillard. Lorsqu'il arriva sur le feu, il s'arrêta tout net. Zlata n'était plus là. Pas un bruit, sinon le crépitement du bois humide. Pas un mot, sinon un grognement, à gauche. Manifestement, la jeune femme avait déserté une ambiance trop tendue et bizarrement, cela rassura Kjeld qui s'assit, jetant à peine un regard à Quilbeeg... Il secoua la tête, s'en voulant tout à coup cruellement de se laisser aller à de pareils ressentiments.

« Je suis déjà venu par ici. S'éleva sa voix afin de se faire entendre de Zlata. Il y a des bacs à l'ouest, mais je ne sais pas si les chevaux accepteront d'y monter. Le seul autre moyen de traverser est le pond du Zioh, mais il est farouchement gardé... »

Il laissa passer un silence en observant Quilbeeg d'un air distrait. Puis, comme s'il n'était pas là, il reprit son récit. Petit comme vengeance... mais après tout, Kjeld n'était qu'un gamin dans l'âme.

« Ses chaînes ne passeront pas inaperçues et risquent de nous causer problème. Et s'il est recherché, nous ne passeront nulle part sans être inquiété par la garde... »

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